Brièvement : la guerre civile espagnole et l’Espagne franquiste (1936-1975)
Pour l’Espagne, le XIXe siècle fut synonyme de décadence. Le pays perdit son vaste empire, fut grevé par trois guerres civiles carlistes, vit la monarchie et la République se succéder et connut six constitutions en un siècle. Si l’économie espagnole bénéficia de la Première Guerre mondiale, les salaires ne progressèrent pas et les paysans continuèrent à s’appauvrir. L’Espagne se stabilisa un temps sous la dictature douce de Primo de Rivera (1923-1930), puis la monarchie prit brutalement fin en 1931. Elle fut remplacée par la Seconde République espagnole, instaurée par les partis de gauche qui y monopolisèrent le pouvoir malgré les victoires législatives de la droite. Le nouveau régime bafoua à plusieurs reprises sa propre Constitution et expérimenta des soulèvements en 1932, 1933 et 1934. La République refusa que la droite ne gouverne des suites du jeu démocratique en 1933, 1934 et 1935 : le président Zamora préféra dissoudre plusieurs fois les cortes. En février 1936, le Front populaire l’emporta et le président Azaña forma son gouvernement. Mais les tensions, du fait de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche, qui souhaitaient l’une comme l’autre une guerre civile pour régler leurs comptes, consumaient le régime. La violence devint quotidienne en Espagne et les militaires fomentèrent, sous la direction du général Mola, un coup d’Etat. Mais pour cela, ils avaient besoin du général Franco.
Francisco Franco Bahamonde, né à El Ferrol en 1892, s’était vu contraint de s’engager dans l’infanterie et y avait gravi si rapidement les échelons en risquant sa vie au Maroc durant la guerre du Rif qu’il était devenu le plus jeune général de division d’Europe. Se refusant à participer à la Sanjurjada en 1932 (tentative de coup d’Etat), il ne fut pas prématurément mis à la retraite mais seulement écarté de Madrid. Pourtant, il fut rappelé pour mener la stratégie de la répression contre la révolte des mineurs d’Asturies en 1934 et devint chef d’état-major en 1935. Ecarté de nouveau en 1936 aux îles Canaries avec l’accession au pouvoir du Frente Popular, rien ne semblait pourtant pouvoir le faire s’insurger contre le régime. Or, pour son soulèvement face au Frente Popular, le général Mola avait impérativement besoin du soutien du général Franco. Le 13 juillet, l’assassinat du royaliste Calvo Sotelo par les gardes d’assaut décida Franco à faire volte-face.
En ralliant le Mouvement au dernier moment, le général Franco donna au soulèvement orchestré par le général Mola une chance de l’emporter. Les forces qui se soulevèrent mélangeaient phalangistes (fascistes), religieux (surtout catholiques), carlistes (royalistes), monarchistes (d’autres royalistes), extrémistes … Franco fut l’auteur de la première grande victoire nationaliste qui consista à faire passer l’armée espagnole d’Afrique en Andalousie. Il obtint également, à cette occasion, le soutien de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie. En Espagne, Mola lança des colonnes armées vers toutes les villes importantes du nord du pays, verrouilla la frontière franco-espagnole et attaqua Madrid sans parvenir à emporter la capitale. Pendant ce temps, le général Goded échoua à prendre Barcelone et fut capturé. Franco, lui, s’empara d’une bonne partie de l’Andalousie et se lança vers Madrid depuis le sud. Il fit jonction avec les hommes de Mola en août 1936. En parallèle, Franco soigna son image médiatique, se rendit indispensable dans les relations diplomatiques, intégra la Junte de Défense Nationale et prépara un gouvernement. Son aspiration à diriger le Mouvement était claire dès le départ.
A la fin de l’été 1936, Franco avait le choix entre emporter Madrid encore mal défendue et sauver Tolède, que l’Espagne républicaine avait décidé de reprendre. Contre l’avis de tous, Franco opta pour Tolède, symbole d’une part, mais surtout un fabuleux tremplin médiatique et politique pour lui permettre d’atteindre son objectif : devenir l’unique dirigeant de l’Espagne nationaliste. Avec le sauvetage de Tolède le 27 septembre, Franco parvint à faire infléchir les autres généraux nationalistes de la Junte de Défense nationale (excepté Cabanellas) qui firent de lui le généralissime. Par ailleurs, la chute de Tolède amena les soldats marocains franquistes à massacrer les blessés républicains. Ceci n’était qu’un exemple des horreurs perpétrées par les deux camps dans cette guerre civile. Nationalistes comme républicains, anarchistes et communistes poursuivirent ceux jugés comme des ennemis de l’intérieur pour les exécuter. Les armes, contrairement à l’horreur, manquaient en Espagne. Alors, chaque camp se tourna vers d’autres pays d’Europe. Les républicains échangèrent l’or de l’Espagne contre des armes à la France et l’URSS tandis que les nationalistes trouvèrent, on l’a dit, un appui auprès de l’Allemagne nazie puis de l’Italie fasciste. Si cette dernière s’engageait largement dans le conflit, c’était surtout parce que la France avait décidé de ne pas intervenir. Celle-ci ne put prendre parti parce que le Royaume-Uni resta neutre et menaça Paris de rompre l’alliance si la France faisait un choix différent. Léon Blum était pourtant très favorable à l’Espagne républicaine mais fut également ralenti par les politiques radicaux et la droite française. Il se contenta alors d’envoyer du matériel.
L’afflux de matériel s’accompagna d’un afflux humain des deux côtés. Les républicains formèrent ainsi les Brigades internationales, certainement les formations les plus intellectuelles de l’histoire. Celles-ci furent majoritairement composées de Soviétiques et de Français ainsi que, plus marginalement, de Britanniques, d’Américains, d’Italiens, de Bulgares, de Polonais, d’Autrichiens … Le Frente Popular profita également d’un excellent matériel, surtout soviétique. Pour sa part, l’Espagne franquiste bénéficiait d’un soutien matériel et humain allemand (notamment concernant la puissance aérienne avec la Légion Condor) et italien (notamment avec le CTV, part non négligeable de l’infanterie franquiste). Perfusées par les puissances étrangères, les forces se rééquilibrèrent.
Les cartes ainsi rebattues, Franco ne put emporter Madrid. Il échoua devant la capitale républicaine face aux Brigades internationales et au matériel soviétique – en particulier les chars T-26 et l’aviation –. Cette résistance républicaine était également à mettre au crédit du nouveau gouvernement formé par Largo Caballero, bien plus déterminé que son prédécesseur. Frustré dans ses ambitions, le Caudillo (surnom de Franco) tenta, début 1937, de couper un axe de ravitaillement républicain à l’est de la capitale. A nouveau, il échoua à la bataille du Jarama (février 1937), plus grande bataille de matériel de la guerre, puis à la bataille de Guadalajara (mars 1937), durant laquelle les Italiens du CTV infligèrent de lourdes pertes à l’adversaire mais ne purent percer la ligne républicaine à cause de la pluie. En parallèle, l’Espagne franquiste fut reconnue comme Etat par quelques pays en 1936 (l’Allemagne et l’Italie bien sûr, mais aussi le Portugal, le Salvador et le Guatemala).
En 1937, le gouvernement de Largo Caballero était parvenu à faire s’entendre la myriade de mouvances républicaines et à redresser la situation. Pourtant, il ne résista pas au PCE qui s’imposa en anéantissant le POUM (mouvement marxiste anti-stalinien) et en prenant l’ascendant. Largo Caballero démissionna et Juan Negrin, véritable marionnette du PCE, prit sa suite, laissant aux communistes encore davantage de contrôle. La situation militaire ne cessa pour autant d’évoluer. Au début de l’été 1937, les franquistes s’élancèrent contre Bilbao, Santander et Gijon pour mettre à genoux la partie nationaliste des Asturies et du Pays Basque, loyale à la République, dirigée par José Aguirre. C’est alors qu’advint le controversé bombardement du village de Guernica le 26 avril 1937 par la Légion Condor.
La chute du pays Basque décida la République à agir avant que les Asturies ne connaissent le même sort. Franco étant occupé au nord, les républicains entendaient attaquer au centre. L’évincement par les communistes du porteur de ce projet, Largo Caballero, eut le fâcheux effet de retarder l’offensive, ce qui en détruisit le potentiel. La République jeta ses hommes dans la fournaise en juillet 1937, autour de Brunete. La réaction franquiste ne se fit pas attendre et l’offensive fut repoussée. Alors, les républicains réitérèrent, mais cette fois en Aragon, visant Belchite et Saragosse fin août 1937. Les franquistes, qui venaient d’obtenir la capitulation des Asturies, purent là aussi réagir efficacement et repousser l’offensive.
Les républicains, qui cherchaient désormais à gagner la paix, s’essayèrent à une offensive sur un saillant du front franquiste, à Teruel, en décembre 1937. Non seulement les républicains furent repoussés, mais en plus cette offensive incita Franco à pousser son avantage en atteignant la mer Méditerranée, ce qui coupa en deux le territoire républicain. Le Frente Popular, à vrai dire maintenant quasi exclusivement communiste, ne pouvaient plus désormais compter que sur une paix sans représailles ou un conflit européen de grande envergure pour redresser la situation. Or, celui-ci semblait poindre à l’horizon : il fallait tenir.
Alors, la République lança, en juillet 1938, une offensive de la dernière chance sur l’Ebre. Ce fut la dernière bataille d’envergure de la guerre. En novembre 1938, vaincus, les républicains perdirent leur combattivité. Barcelone tomba sans résistance en décembre. Début 1939, les républicains tentèrent d’évincer les communistes du gouvernement pour négocier plus facilement la paix avec Franco. Une guerre civile dans la guerre civile s’engagea dans Madrid, où les communistes écrasèrent les socialistes mais furent ensuite vaincus par les anarchistes. Les franquistes, attendant patiemment que leurs ennemis se déchirent, marchèrent sur Madrid une fois les communistes vaincus. La capitale déposa les armes en mars, sans résister, tout comme l’Espagne républicaine. La guerre était terminée.
Notons, avant de continuer, que la terreur fut de mise des deux côtés. Selon les meilleures estimations, les républicains firent environ 68 000 victimes (exécutions sommaires, assassinats) contre 58 500 côté franquiste, dont 29 000 après la guerre. Toutefois, ce dernier nombre de 29 000 est certainement 20 à 30% en deçà de la réalité. Le nombre total des victimes de la répression franquiste (pendant et après la guerre) atteindrait alors quelque 65 à 67 000 morts. In fine, ce décompte macabre donne autant de victimes aux deux répressions, à ce détail près que le nombre républicain ne comprend que les années de guerre. Pourtant, Franco ne fut jamais un enfant de cœur. Le fait est que les républicains contrôlèrent longtemps, durant la guerre, toutes les plus grandes villes du pays.
La fin de la guerre civile espagnole venue, Franco installa un pouvoir autoritaire et épura l’Espagne. Le pardon ne fut jamais une option. Nombre d’Espagnols s’exilèrent, surtout vers la France, qui fit ce qu’elle put pour les accueillir en catastrophe. Par la loi, la justice, la traque, l’emprisonnement, les exécutions sommaires, Franco élimina ou emprisonna tous ceux qui avaient montré des accointances avec la république depuis 1934 et n’avaient pas fui. Cependant, le Caudillo n’instaura pas un Etat fasciste à proprement parler, mais fit naître le national-catholicisme, s’appuyant sur la tradition et l’Eglise. La fusion de tous les courants nationalistes fut orchestrée par Serrano Suñer, beau-frère de Franco qui lui avait également permis la formation de son premier gouvernement durant la guerre en 1938. Franco instaura un nouvel ordre moral en Espagne et se prépara à gouverner son pays alors que l’Europe plongeait dans le second conflit mondial.
La guerre civile espagnole prit fin le 1er avril 1939. La Seconde Guerre mondiale débuta – en Europe – le 1er septembre 1939. Peu importait alors la tentation de la guerre pour Franco. Son pays était exsangue et manquait de tout. Surtout que l’Allemagne s’était alliée à l’URSS, berceau de l’ennemi viscéral de Franco : le communisme. Tout cela pour envahir la Pologne, un pays catholique. Les relations s’améliorèrent lorsque l’Allemagne nazie remporta sa victoire éclair sur la France en 1940. Pour autant, Hitler n’avait pas besoin de l’Espagne. Même quand le Royaume-Uni se révéla plus opiniâtre que prévu lors de la Bataille d’Angleterre, Hitler ne se montra pas prêt à accepter les conditions de l’Espagne pour une entrée en guerre. En 1941, lorsque l’Allemagne lança l’invasion de l’URSS, les relations germano-espagnoles se réchauffèrent franchement. Pour Franco, la tentation d’une entrée en guerre était alors grande. Mais ses généraux l’en dissuadèrent.
L’entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941 et le débarquement des Alliés en Afrique du Nord en novembre 1942 éloignèrent pour de bon la possibilité d’une entrée en guerre de l’Espagne. Franco s’appuya dès lors sur sa théorie des guerres multiples : l’Espagne soutenait l’Allemagne dans sa guerre contre l’URSS, était neutre dans la guerre opposant l’Allemagne et l’Italie aux démocraties occidentales et soutenait les démocraties occidentales contre le Japon. Par ce jeu d’équilibriste, le régime national-catholique de Franco traversa la guerre. Pour autant, le parti royaliste était fort à l’intérieur, réclamant le retour de Don Juan sur le trône d’Espagne. Cleement Athlee, remplaçant Winston Churchill, Roosevelt et Staline s’accordèrent pour condamner l’Espagne franquiste et lui fermer les portes de l’ONU. La mort de Roosevelt, en avril 1945, laissa la place à Truman, qui se préoccupait de la puissance soviétique et beaucoup moins du régime franquiste ouvertement anti-communiste.
Du reste, l’opposition intérieure des royalistes grandissait. Franco y répondit en critiquant la faiblesse de la monarchie que des élections avaient suffi à faire tomber ; tout comme il critiqua la République, qui jamais n’était parvenue à imposer l’ordre. La tempête interne passée, il restait l’ostracisation internationale. Les Etats-Unis, l’URSS, la France et le Royaume-Uni avaient convenu, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, de ne pas accepter l’Espagne franquiste dans l’ONU. La France ferma sa frontière pyrénéenne en 1946. Qu’importe, cette exclusion internationale souda le peuple derrière le régime franquiste et permit à Franco et l’amiral Blanco de faire proclamer un royaume social-catholique en 1947. Les années 1947-1948 entérinèrent un revirement international crucial : les Etats-Unis et l’URSS plongeaient dans la guerre froide. Alors, Franco, dont l’ennemi principal avait toujours été le communisme de la Russie soviétique, devint agréable au bloc occidental. Il était « la sentinelle de l’Occident », le seul qui avait perçu, avant tout le monde, le péril rouge. En 1948, Don Juan lui-même accepta de rencontrer Franco pour renoncer au trône et assurer le futur de son fils, qui devait succéder au Caudillo. Le blocus de Berlin (1948-1949), la victoire de Mao en Chine (1949) et la guerre de Corée (1950-1953) rapprochèrent plus encore l’Espagne et le bloc occidental. Madrid et Washington signèrent un premier traité d’aide financière de la seconde envers la première. En 1952, l’entrée du président Eisenhower à la Maison blanche consacra la coopération américano-espagnole et la France cessa de subventionner le gouvernement républicain espagnol en exil : on ne cherchait plus d’alternative pour l’Espagne. En 1953, le Vatican signa un concordat avec le régime franquiste. En 1955, l’Espagne intégra l’ONU. La victoire totale à l’internationale ne trouvait pourtant pas d’écho dans les affaires internes.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Espagne franquiste, qui conservait les modèles allemand et italien, bâtissait beaucoup mais ne dégageait que peu de rentabilité, ne permettant pas d’augmenter les salaires. La situation se trouvait aggravée par la pénurie de nourriture que l’isolement international ne pouvait résoudre, prolongeant le rationnement jusqu’en 1952. Un important remaniement du gouvernement par Blanco plaça Arbrurua à la tête du ministère de l’industrie et du commerce. Celui-ci, en libéralisant le marché extérieur et les importations, permit, avec l’aide américaine décidée en 1953, d’engager l’économie espagnole sur la voie de la croissance. Pourtant, les mauvaises récoltes de 1954, l’hiver rude de 1956, les brutales augmentations de salaire décidées par Giron, le ministre du Travail, aux pires moments (hiver 1954 et 1956), ainsi que la perte du Maroc (devenu indépendant en 1956), engendrèrent une révolte universitaire, l’inflation, la pénurie, la crise économique et une crise institutionnelle poussant Franco à procéder, le 21 février 1957, au plus important remaniement qu’il aurait à faire à la tête de l’Espagne. La Phalange perdit largement en influence au gouvernement, un rude général fut nommé à l’Intérieur pour dompter les étudiants et des technocrates furent placés dans les ministères de l’économie et des Finances. Ces derniers redressèrent la balance commerciale en révisant le taux de change de la peseta (attirant les investissements étrangers) et engagèrent l’Espagne sur le chemin de l’Etat de droit. La politique de rigueur budgétaire permit l’essor de l’économie espagnole et l’Espagne intégra la BIRD et le FMI en 1958. A la fin des années 1950, Franco ne dirigeait plus que partiellement le pays, la vieillesse faisant son œuvre. Mais la succession n’était pas encore assurée.
Avec l’élection du pape espagnol Paul VI au Vatican, le régime franquiste perdit, jusqu’à la fin, son pilier religieux. La perte de ce soutien, dès 1963, fut un coup durement encaissé. Franco n’en perdait pas pour autant confiance en la solidité de son appareil politique. Le remaniement gouvernemental de 1962 porta rapidement ses fruits. La fin du régime de Franco en Espagne, et plus particulièrement la dernière décennie, fut l’occasion d’un assouplissement de l’Etat policier que suivit la facilitation d’une transition démocratique. En 1965, Iribarne, ministre de l’Information, parvint à arracher à Franco une loi mettant fin à la censure de la presse. Un nouveau remaniement cette même année favorisa les monarchistes. En juillet 1969, le Caudillo se décida sur la question de la succession en désignant Juan Carlos, fils de Don Juan, pour une restauration de la monarchie Bourbon après sa mort. De fait, les capacités intellectuelles et physique de Franco déclinaient dangereusement. Déjà en 1967, il avait fait de Carrero Blanco le vice-président et lui laissait la réalité du pouvoir. Cet état de fait fut officialisé en 1973 lorsque Franco accepta enfin de dissocier les fonctions de président et chef du gouvernement (poste dévolu à Blanco).
Franco, cramponné au pouvoir, n’en lâchait que difficilement les prérogatives. Du reste, Blanco ne fut officiellement chef du gouvernement que quelques mois car il fut assassiné par l’ETA, une organisation terroriste basque, en décembre 1973. A sa suite vint Carlos Arias Navarro, un incompétent. Bien que ne dirigeant plus le pays de facto, Franco ne lâcha provisoirement le pouvoir que de juillet à septembre 1974 alors que, proche de la mort, il était gravement malade. Il récupéra une partie du pouvoir lorsque sa santé s’améliora et, constatant l’incompétence de Navarro, récupéra les pleins pouvoirs pour quelques mois. Après un infarctus le 15 octobre 1975, il perdit connaissance le 14 novembre et décéda le 20. Il était alors atteint de la maladie de Parkinson, d’une cardiopathie, d’un ulcère digestif aigu et récurrent avec hémorragies abondantes et répétées, d’une péritonite bactérienne, d’une broncho-pneumonie, d’un choc endotoxique et fit un arrêt cardiaque.
Figures historiques principales :
Francisco Franco Bahamonde (1892-1975.) : chef d’Etat-major (1935-1936), chef d’Etat de l’Espagne (1936-1975) et président du gouvernement (1938-1973).
Miguel Primo de Rivera (1870-1930) : militaire puis homme d’Etat – dictateur – d’Espagne (1923-1930).
Manuel Azaña (1880-1940) : écrivain, journaliste et homme d’Etat espagnol, ministre de la Guerre (1931-1933), président du gouvernement provisoire (1931), président du Conseil des ministres (1931-1933 puis en 1936) puis président de la République espagnole (1936-1939).
José Sanjurjo (1872-1936) : général espagnol s’étant essayé à un coup d’Etat en 1932, la « Sanjurjada » mais ayant échoué.
Francisco Largo Caballero (1869-1946) : homme d’Etat espagnol, président du Conseil des ministres (1936-1937) et ministre de la Guerre (1936-1937).
Juan Negrin (1892-1956) : homme d’Etat espagnol, président du Conseil des ministres (1937-1939).
Emilio Mola y Vidal (1887-1937) : général et principal instigateur du soulèvement de 1936, surnommé « El Director ».
Ramón Serrano Súñer (1901-2003) : ministre du Gouvernement -Intérieur, presse et propagande – (1938-1940) puis ministre des Affaires étrangères (1940-1942).
Don Juan de Bourbon (1913-1993) : infante et prétendant légitime au trône d’Espagne (1941-1977).
Juan Carlos Ier (1938 – ) : roi d’Espagne (1975-2014).
Luis Carrero Blanco (1903-1973) : amiral, sous-secrétaire de la présidence (1951-1967), vice-président (1967-1973) puis chef du gouvernement espagnol (1973).
Carlos Arias Navarro (1908-1989) : maire de Madrid (1965-1973), ministre de l’Intérieur (1973) puis président d’Espagne (1973-1976).
Dates importantes :
4 décembre 1892 : naissance de Francisco Franco Bahamonde à El Ferrol.
1898 : défaite de l’Espagne dans la guerre l’opposant aux Etats-Unis, provoquant la perte de ses dernières colonies. L’importance de la flotte diminue, empêchant Franco d’intégrer la marine et l’Espagne se rattache à sa dernière possession coloniale, le Maroc, où brillera Franco.
Avril 1931 : fin de la monarchie et proclamation de la Deuxième République espagnole.
Janvier 1932 : tuerie de Castilblanco, des gardes républicains assassinés amenant des représailles.
Janvier 1933 : soulèvement contre la République.
Octobre 1934 : soulèvement ouvrier dans les Asturies contre la République suite à l’application tardive du principe démocratique par l’intégration au gouvernement de la droite victorieuse aux législatives.
7 janvier 1936 : dissolution des cortes par le président – de gauche – Zamora pour écarter la droite du gouvernement, nouvelle atteinte à la démocratie.
16 février 1936 : la gauche l’emporte aux législatives, portant le Frente Popular au pouvoir mais auquel le PSOE, plus important parti de gauche, ne veut pas participer.
Février à juillet 1936 : explosions, sabotages, rixes, manifestations, grèves dans toute l’Espagne.
13 juillet 1936 : assassinat du royaliste Calvo Sotelo.
17 juillet 1936 : soulèvement du Mouvement initié par le général Mola.
Aout – septembre 1936 : passage de l’armée du Maroc en Espagne sous les ordres de Franco.
27 septembre 1936 : sauvetage de Tolède par Franco.
28 septembre 1936 : Franco devient le généralissime du soulèvement.
1er octobre 1936 : Franco reçu les pleins pouvoirs.
8 – 23 novembre 1936 : bataille de Madrid, victoire républicaine.
6 – 27 février 1937 : bataille de Jarama, jeu blanc, défaite stratégique franquiste.
8 – 17 mars 1937 : bataille de Guadalajara, victoire républicaine.
Mai 1937 : affrontements entre le POUM anti-stalinien et les communistes à Barcelone, résultant en la démission de Largo Caballero, remplaçé par Negrin.
31 mars – octobre 1937 : invasion franquiste du Pays Basque et des Asturies par la campagne du nord.
26 avril 1937 : bombardement de Guernica par la Légion Condor.
6 – 26 juillet 1937 : bataille de Brunete, victoire franquiste.
24 août – 6 septembre 1937 : bataille de Belchite, victoire tactique républicaine.
15 décembre 1937 – 22 février 1938 : bataille de Teruel, victoire franquiste, le territoire républicain est coupé en deux.
25 juillet – 16 novembre 1938 : bataille de l’Ebre, victoire franquiste.
26 janvier 1939 : chute de Barcelone.
1er avril 1939 : fin de la guerre civile espagnole.
1er septembre 1939 – 8 mai 1945 : Seconde Guerre mondiale en Europe.
1945-1947 : l’Espagne au bagne des nations.
1947-1948 : revirement d’opinion avec le déclenchement de la guerre froide.
1952 : fin du rationnement en Espagne et début de la coopération avec les Etats-Unis du fait de l’élection de Dwight Eisenhower.
1953 : le Vatican signe un concordat avec l’Espagne franquiste.
1955 : l’Espagne intègre l’ONU.
1956 : indépendance du Maroc et crise protéiforme en Espagne
21 février 1957 : plus important remaniement du régime franquiste.
1958 : l’Espagne intègre la BIRD et le FMI.
1963 : l’Espagne perd le soutien du Vatican de Paul VI.
1965 : fin de la censure de la presse.
1969 : Franco annonce que Juan Carlos, de la dynastie Bourbon, prendra sa suite.
1973 : Blanco devient le chef du gouvernement et est assassiné quelques mois plus tard, le 20 décembre.
20 novembre 1975 : mort de Francisco Franco.
Sources (texte) :
Bennassar, Bartolomé (2004). La guerre d’Espagne et ses lendemains. Paris : Perrin, 559p.
Bennassar, Bartolomé (1995). Franco. Paris : Perrin, 415p.
Sources (images) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Franco (Francisco Franco)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Emilio_Mola (Mola)
https://viva.villeurbanne.fr/histoire/2016/l-affaire-des-grenades (carte de l’Espagne en août 1936)
https://www.monde-diplomatique.fr/publications/l_atlas_histoire/a54063 (provenance brigadistes)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Largo_Caballero (Largo Caballero)
http://www.historyisnowmagazine.com/spanishcivilwarmaps (cartes Espagne fin 1937 et mi-1938)
https://historiographical.tumblr.com/post/25639332862/generalissimo-francisco-franco-reviewing-his (Franco assistant au défilé de ses troupes dans Madrid, 1939)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ram%C3%B3n_Serrano_S%C3%BA%C3%B1er (Serrano Súñer)
https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/spain/11977881/Germany-still-paying-pensions-to-Spains-Nazi-volunteers-during-Second-World-War.html (Franco et Hitler à Hendaye)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_de_Borb%C3%B3n_y_Battenberg (Don Juan)