La guerre civile espagnole et l’Espagne franquiste (partie VIII) : offensive sur l’Ebre, fin de la guerre et lutte doublement fratricide côté républicain (juin 1938-mars 1939)

La guerre civile espagnole et l’Espagne franquiste (partie VIII) : offensive sur l’Ebre, fin de la guerre et lutte doublement fratricide côté républicain (juin 1938-mars 1939)

Rappel : La chute du pays Basque décida la République à agir avant que les Asturies ne connaissent le même sort. Franco étant occupé au nord, les républicains entendaient attaquer au centre. L’évincement de Largo Caballero par les communistes, porteur de ce projet, eut le fâcheux effet de retarder l’offensive, ce qui en détruisit le potentiel. La République jeta ses hommes dans la fournaise en juillet 1937, autour de Brunete. La réaction franquiste ne se fit pas attendre et l’offensive fut repoussée. Alors, les républicains réitérèrent, mais cette fois en Aragon, visant Belchite et Saragosse fin août 1937. Les franquistes, qui venaient d’obtenir la capitulation des Asturies, purent là aussi réagir efficacement et repousser l’offensive. Les républicains, qui cherchaient désormais à gagner la paix, s’essayèrent à une offensive sur un saillant du front franquiste, à Teruel, en décembre 1937. Non seulement les républicains furent repoussés, mais en plus cette offensive incita Franco à pousser son avantage en atteignant la mer Méditerranée, ce qui coupa en deux le territoire républicain. Le Frente Popular, à vrai dire maintenant quasi exclusivement communiste, ne pouvaient plus désormais compter que sur un conflit européen de grande envergure pour redresser la situation. Or, celui-ci semblait poindre à l’horizon : il fallait tenir.

Sur le front de Valence, les offensives franquistes de Valiño, Varela et Solchaga s’étaient brisées sur les défenses républicaines. Cette nouvelle redressa le moral républicain et permit à Vicente Rojo de mettre en œuvre un plan audacieux : franchir l’Ebre en plusieurs points et attaquer sur 80 km entre Mequinenza (en amont) et Cherta (en aval). L’offensive débuta dans la nuit du 25 au 26 juillet 1938. Rojo jeta dans la fournaise 90 000 républicains, soutenus par 70 à 80 batteries d’artillerie légères, nombre de batteries de DCA, une aviation encore solide, des barges de transport (notamment pour blindés) et de débarquement ainsi que des ponts de bateaux. Attaqués par surprise en une vingtaine de points, les franquistes réagirent judicieusement : ils abandonnèrent la première ligne pour éviter l’encerclement. Les républicains progressèrent de 5 à 15 kilomètres tout au plus, sauf au centre où Lister perça sur 40 kilomètres. Des semaines de combats meurtriers suivirent. L’armée populaire brilla une dernière fois. Les brigadistes français furent par ailleurs héroïques mais sévèrement entamés.

Vision tactique de la bataille de l’Ebre (25 juillet – 16 novembre 1938)

Les républicains ne parvinrent qu’à prendre l’espace, dans une boucle de l’Ebre, entre Fayon et Cherta (non loin de Tortosa). Saragosse était encore éloigné. Ces succès initiaux, insuffisants pour créer l’avantage que Rojo espérait, eurent néanmoins des répercussions internationales. Alors que la crise des Sudètes était devenue internationale, cette progression républicaine affaiblit grandement la position de Franco, qui fit l’objet de critiques. Avec la conférence de Munich, regroupant la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne en 1938, l’Espagne ne risquait-elle pas de faire partie d’un accord d’ensemble ? La France, en cas de conflit européen, n’attaquerait-elle pas l’Espagne franquiste ? Alors, Franco se déclara neutre en cas de conflit européen. Simultanément, le Caudillo s’attela à jeter contre les républicains toutes ses ressources. Le pilonnage avec l’aviation et l’artillerie fut constant. Pour autant, les républicains creusèrent des tranchées protégées par les hauteurs et tinrent la ligne jusqu’en septembre. Pendant tout le mois d’août, la ligne ne bougea pas et on se battit pour des collines pierreuses sous un soleil de plomb. Les aviations s’affrontèrent et les Polikapoc 1-16 russes se montrèrent supérieurs aux Me-109 allemands. Mais quand bien même les républicains disposaient d’un meilleur matériel, l’inexpérience des pilotes espagnols fit la différence. Les républicains perdirent, à minima, 90 appareils pendant la bataille de l’Ebre.

Le 30 octobre 1938, dans la nuit, les troupes aragonaises et navarraises de Valiño permirent enfin aux franquistes d’avancer en prenant de vitesse les défenseurs républicains. Les 1er et 2 novembre, la ligne républicaine se disloqua. Le 7, la dernière hauteur tenue par les républicains fut enlevée. Le 16, ils se résignèrent à repasser l’Ebre dans l’autre sens. Durant cette longue bataille de l’Ebre, les franquistes perdirent 30 000 hommes, dont 6 500 tués ; tandis que les républicains faisaient état de 60 000 hommes perdus, dont 10 à 12 000 tués. Pour ne rien arranger, ces derniers avaient perdu énormément de matériel. Le combat devint par la suite presque exclusivement espagnol : Mussolini rappela 10 000 Italiens le 20 octobre et les Brigades internationales furent dissoutes le 15 novembre après différents accords avec les puissances européennes. Une division italienne et des aviateurs allemands restaient auprès de Franco. Fin novembre 1938, l’issue de la guerre ne faisait plus de doute.

Carte montrant l’évolution de la guerre de 1936 à 1939 avec les détails des actes de guerre.

La confiance en la résistance de Barcelone, que beaucoup pensaient imprenable, était mal placée. La ville était la proie d’une famine du fait de la présence d’un million de réfugiés, les appels aux armes des syndicats étaient restés lettres mortes et le moral de l’armée républicaine, encore forte de 400 000 hommes, était au plus bas. Le général Davila, en face, déploya l’armée du Nord de Franco. Quelque 500 avions franquistes s’en voyaient opposer 80 par les républicains. Le 23 décembre 1938, Franco passa à l’attaque. La ligne républicaine s’effondra immédiatement. Seule le 5e corps de l’infatigable Lister opposa une résistance et tint jusqu’au 3 janvier 1939. Yagüe et Solchaga se retrouvèrent sur la côte catalane et prirent Tarragone le 17 janvier tandis que Valiño attaquait depuis le nord en essayant de bloquer la route menant à la France. Le 26, Barcelone tomba sans véritable résistance. Contrairement à ce qu’avaient avancé les responsables politiques, la capitale catalane n’avait pas été défendue avec acharnement. La retirada républicaine était la conséquence d’un moral anéanti et du gouvernement républicain qui s’exila en France alors que Madrid n’était pas encore tombé.

Dans la capitale, justement, se préparait un coup d’Etat. Les républicains estimaient nécessaire de former un gouvernement sans les communistes. Ils étaient persuadés que les écarter leur permettrait de signer une paix honorable avec Franco. Alors, Besteiro, figure socialiste de premier plan, rival politique de toujours de Negrin, prit les devants. Mais il savait que Franco exigerait de traiter avec un militaire. Il demanda alors au colonel Sigismond Casado, chef de l’armée du centre depuis mai 1938, un fidèle de la République jusqu’à Teruel et qui avait rejoint l’avis de Besteiro depuis, de jouer ce rôle. Negrin tenta jusqu’au bout de négocier avec ceux qui formèrent le Conseil national de la défense à Madrid le 4 mars 1939. Il promut Casado général pour se le mettre dans la poche (tout en l’écartant du commandement de l’armée du centre au profit du communiste Modesto), menaça même, mais rien n’y fit. Il faut dire que le président Azaña appelait encore à la résistance avec les communistes alors que lui se trouvait à l’abris en France. Negrin et Azaña avaient perdu toute crédibilité. Le 5, le Conseil annonça leur destitution. Du 6 au 9, Negrin, des amis socialistes, des cadres du PCE et des chefs militaires (dont Lister et Modesto) quittèrent le pays en avion.

Les communistes, sans surprise, ne se laissèrent pas écarter du gouvernement. Alors, ils attaquèrent Madrid. Les franquistes, pendant ce temps, ne bougeaient pas, observant leurs adversaires se déchirer dans un affrontement doublement fratricide. Les communistes prirent presque toute la capitale. Le Conseil de Défense, acculé par les communistes du 1er corps d’armée dirigé par Luis Barcelo, fut sauvé par l’intervention du 4e corps de Cipriano Mera, à majorité anarchiste, venant du front de Guadalajara. Le 10 mars, vaincus, les communistes se rendirent au Conseil de Défense et négocièrent en demandant à être épargnés de représailles. Ils ne furent pas entendus. Les communistes passèrent devant les tribunaux militaires, Barcelo fut exécuté sur-le-champ. Pendant ce temps, les franquistes avaient repris leur progression et étaient aux portes de Madrid. Casado, entré en contact avec les franquistes pour négocier dès février 1939, ne demandait à présent qu’une paix sans représailles. Du reste, une condition déjà demandée par le gouvernement Negrin depuis plusieurs mois. N’obtenant rien, Casado demanda à la France et au Royaume-Uni de l’aide pour évacuer une partie de la population. Le 26 mars 1939, l’armée républicaine déposa les armes et rompit les rangs.

Valence et Alicante devinrent la destination de nombre d’Espagnols souhaitant quitter le territoire mais peu de navires vinrent. Massés sur le port d’Alicante, 12 à 15 000 Espagnols attendaient. Le 30 mars, la division italienne Littorio, la dernière en Espagne, entra dans Alicante et isola le port de la ville. Les 30 et 31, une vague de suicides eut lieu dans le port. Le 1er avril 1939, 1 200 Espagnols, les derniers occupants du port d’Alicante, se constituèrent prisonniers.

Carte de la fin de la guerre et de la retirada

Maintenant vient le temps du bilan. La guerre terminée, il faut en expliquer l’issue. Le matériel des belligérants provenant de leurs alliés européens respectifs en majorité, celui-ci s’était révélé déterminant. L’Espagne républicaine avait récupéré tout le matériel ancien de l’Europe démocratique et de l’URSS avec des centaines de modèles d’armes, une diversité amenant des problèmes évidents. En sus, elle se fit extorquer de l’argent de tous les côtés : les commissions d’intermédiaires entre les États et l’Espagne se multiplièrent, des commissions excessives furent appliquées par les Soviétiques sur l’or espagnol et Moscou vendit son matériel à l’Espagne avec un taux de change divisé par deux en moyenne. En tout, on estime que l’aide soviétique coûta 200 millions de dollars à l’Espagne républicaine alors qu’elle aurait dû payer cette aide 140 à 150 millions.

L’Espagne franquiste, pour sa part, reçut du matériel neuf de ses alliés fascistes (Allemagne et Italie) au prix juste. C’est que les puissances fascistes voulaient véritablement mettre leur matériel à l’épreuve pour pouvoir en corriger les défauts. Une telle volonté les amena à fournir un matériel de qualité. De plus, ce matériel fut vendu aux franquistes à crédit. Si les fascistes voulaient être remboursés, il fallait que les franquistes gagnent la guerre, amenant l’Italie et l’Allemagne à sérieusement s’impliquer dans le conflit. Ainsi, l’Espagne nationaliste fut bien mieux servie par les puissances fascistes que l’Espagne républicaine par les puissances démocratiques et l’URSS.

Le 29 octobre 1936 marqua la première intervention des chars (les T-26 A soviétiques) dans la guerre d’Espagne avec la bataille de Madrid. Au total, la République reçut 350 chars T-26 A et B soviétiques ; mais également plusieurs BT-7 trop peu blindés. De l’autre côté, les Allemands fournirent 190 chars légers Panzer I, rapidement jugés médiocres, puis des Panzer II et Panzer III. Les Italiens livrèrent, eux, 149 chars CV33 et CV35. Tous les chars fascistes étaient inférieurs en qualité aux chars soviétiques plus lourds, mieux armés, plus rapides, mieux protégés bien que moins maniables. Seulement, des Espagnols inexpérimentés servirent les chars soviétiques et les républicains s’en tinrent à la théorie française de l’ordre dispersé, le char accompagnant l’infanterie ; là où il fut utilisé comme une puissance de rupture par les franquistes, sous l’impulsion du colonel allemand von Thoma. Cette doctrine, émanent du colonel Jean-Baptiste Estienne, soutenu par Charles de Gaulle, John Fuller (responsable de l’attaque de chars de Cambrai le 20 novembre 1917) ou encore Heinz Guderian (qui modèlera la campagne de France en 1940), ne fut pas suivie par les républicains. Seul Enrique Lister essaya de l’imposer, en vain. Elle fut utilisée par les franquistes avec succès à Brunete en 1937 et en Aragon par la suite. Les Allemands, conscients de la supériorité des chars soviétiques, en capturèrent 60 pour les réutiliser.

La guerre civile d’Espagne débuta par la mise en place par Franco du premier pont aérien de l’Histoire afin de faire passer ses troupes du Maroc à l’Espagne. Ceci annonçait l’importance qu’allait prendre l’aviation dans tout conflit. L’URSS livra 154 bombardiers (93 SB-2 Katuiska et 62 Polikarpov R-Z Natacha) et 716 chasseurs Polikarpov de divers modèles (I-15 chatos et I-16 moscas au début de la guerre, puis bien d’autres). Les Français livrèrent 101 appareils, d’une moindre qualité, à la République. Les Italiens dotèrent les franquistes de 660 appareils (350 chasseurs, 310 bombardiers), notamment des bombardiers bimoteurs Fiat BR 20-Cigogna et trimoteurs Savoia Sa-579. La Légion Condor fut dotée, au cours de la guerre, de 67 Junker-JU 52, de 93 Heinkel HR-51 B, plus de 70 Messerschimdt Me-Bf 109 de différentes séries (B à E), des bombardiers Heinkel 111 ainsi que les fameux Junker-JU 87 Stukas qui furent tant redoutés pour leurs piqués très précis pendant la Seconde Guerre mondiale. À partir du printemps 1937, les nationalistes obtinrent la supériorité dans le ciel grâce aux appareils allemands, bien qu’une partie de ceux-ci soient considérés moins bon que leurs équivalents soviétiques. Encore une fois, les Soviétiques entraînaient souvent des Espagnols là où les Allemands pilotaient eux-mêmes leurs avions. Il est également possible que les Soviétiques aient voulu limiter les pertes au début de la guerre pour ne pas subir la colère de Staline : l’URSS vivant alors la Grande Terreur. Ceci explique peut-être l’usage insuffisant de l’aviation républicaine au début de la guerre, au moment où elle avait l’avantage aérien. L’aviation fut décisive dans plusieurs grandes batailles : Brunete, Belchite ou encore l’Ebre. Les ports débarquant du matériel soviétique furent durement touchés par les bombardements tandis que le pilonnage des villes, sans objectif militaire, préfigura la Seconde Guerre mondiale. Ces attaques avaient pour objectif de détruire le moral à l’arrière. Une telle tactique ne fut pas seulement utilisée par les franquistes : les républicains bombardèrent à de nombreuses reprises (Ovideo deux fois, Cordoue, Grenade, Huesca). Les nationalistes furent néanmoins plus violents avec leurs bombardements sur Madrid, Durango ou encore Guernica pour les Allemands et Barcelone ou Tarragone pour les Italiens. Quelque 16 000 Allemands se formèrent avec la guerre d’Espagne. Une précieuse expérience avant le conflit mondial. Les pilotes soviétiques furent moins nombreux (2 000 à 3 000) et une partie fut victime de la purge soviétique.

Si la guerre d’Espagne fut le banc d’essai pour les armements de la Seconde Guerre mondiale, elle fut également le laboratoire du siècle. En Espagne, tous les totalitarismes se confrontèrent : divers fascismes, socialisme révolutionnaire, communisme stalinien, intégrisme catholique, et intégrisme libertaire. Les villages et communes d’Aragon, de Catalogne ou du Levant expérimentèrent de nombreuses tentatives de mise en place d’une collectivisation à des degrés différents. Ces tentatives furent assez souvent couronnées de succès. L’expérience de la collectivisation fut particulièrement répandue en Aragon. Les terres des riches et des grands propriétaires furent extorquées, la monnaie parfois bannie. Cette nouvelle forme de société se montra toutefois intolérante en termes de mœurs, loisirs et religion ; la liberté y était parfois théorique : l’assemblée générale ou le conseil qui se formait dans chacun de ces villages décidait de tout. Certains métiers devinrent communaux, ainsi les boulangers ou les forgerons. Ceux-là travaillaient donc pour la collectivité. Les excès puritains se multiplièrent dans l’Espagne républicaine : il n’était par exemple plus question de bien s’habiller ni de mettre du rouge à lèvres, sous peine d’être exécuté. Dans les villes, la CNT et l’UGT se partageaient souvent le pouvoir. Les usines furent largement réquisitionnées et confiées à des collectifs d’ouvriers. Un tel changement fonctionna dans quelques cas mais fut néfaste dans beaucoup d’autres. L’indice de la production du textile catalan, pour une base 100 en janvier 1936, tomba à 83 dès mai (alors que la guerre n’avait pas débuté) puis 39 en janvier 1937, 29 en mai, 24 fin décembre. A Alcoy, à l’inverse, la production de l’usine textile se maintint sous la férule du comité de gestion. La collectivisation des services urbains (notamment de transport) de Barcelone fut un autre succès. La collectivisation du milieu agricole, plus compliquée, fut généralement mieux réussie.

Paradoxalement, les communistes s’opposèrent fermement au rêve de collectivisation des anarchistes et soutinrent le respect de la propriété privée. Les communistes estimaient que ce n’était pas le bon moment. Après avoir anéanti les trotskistes du POUM, le PCE commença à attaquer la CNT en 1937 lorsque Largo Caballero fut lâché par tous ses soutiens, sauf les anarchistes. Les communistes cherchèrent à prendre le contrôle petit à petit. Rappelons que le gouvernement du Front Populaire, avant le soulèvement du Mouvement, ne comptait ni socialiste, ni communiste, ni anarchiste. C’était une république bourgeoise. Ce n’est que le 4 septembre, avec le gouvernement Caballero, que les socialistes et les communistes accédèrent au pouvoir. Si les communistes se montrèrent si peu révolutionnaires, c’est qu’ils savaient qu’il fallait monter en puissance et vaincre les fascistes avant de s’imposer. Et puis, l’URSS souhaitait maintenir de bonnes relations avec la France et le Royaume-Uni, voire les inciter à participer à la guerre. Pour cela, il ne fallait pas se montrer plus révolutionnaire que de raison. Alors que le « Cinquième Régiment », véritable arme d’adhésion pour les communistes, était créée, Largo Caballero cherchait à montrer au monde que son gouvernement s’appuyait sur toutes les tendances populaires, dont les anarchistes. D’où leur entrée au gouvernement le 3 novembre alors que Madrid était menacé.

L’arrivée des armes soviétiques qui sauvèrent Madrid conférèrent à l’URSS, donc aux communistes, un immense prestige. Le PCE recruta à tour de bras, surtout parmi les ouvriers et les paysans. En septembre 1937, le PCE comptait 330 000 membres. Ce nombre demeurait trop faible pour lutter contre la CNT et ses 900 000 membres. Seulement voilà, le PCE s’était allié à l’UGT, qui comptait, elle, deux millions d’adhérents. La calomnie envers la CNT et le POUM éculée, le POUM éliminé, Caballero écarté, il ne restait plus aux communistes qu’à mettre un homme du PSOE manipulable au pouvoir : Negrin. Celui-ci, sans être communiste, s’aligna constamment avec les désirs de Moscou. En 1939 pourtant, l’Espagne ne comptait plus pour Staline qui, déçu de la réaction des démocraties occidentales lors de la conférence de Munich, s’apprêtait déjà à signer le pacte germano-soviétique. Ainsi, l’Espagne lui échappa et Franco y imposa son national-catholicisme.

Sources (texte) :

Bennassar, Bartolomé (1995). Franco. Paris : Perrin, 415p.

Bennassar, Bartolomé (2004). La guerre d’Espagne et ses lendemains. Paris : Perrin, 559p.

Sources (images) :

http://cmscw.50webs.com/history/ebro.html (vision tactique de la bataille de l’Ebre)

https://i.imgur.com/3aPYbCQ.jpg (carte résumant l’évolution de la guerre)

https://www.monde-diplomatique.fr/publications/l_atlas_histoire/a54063 (carte de la fin de la guerre)

Les commentaires sont clos.