Brièvement : la Révolution française et les guerres révolutionnaires (1789-1799)

Brièvement : la Révolution française et les guerres révolutionnaires (1789-1799)

Louis XVI, roi de France (1774-1793)

Plantons de prime abord le décor. Avant la Révolution, la France était un pays à l’économie prospère malgré des difficultés financières émanant des deux guerres précédentes (guerre de Sept Ans en 1756-1763 et la guerre d’indépendance américaine en 1778-1783 concernant l’engagement de la France), toutes deux menées contre la Grande-Bretagne. Les idées des Lumières et la mouvance libérale gagnaient en importance et la Révolution américaine ainsi que sa constitution en 1787 furent de réels exemples. La doctrine révolutionnaire, également inspirée de la littérature allemande, vit le jour en France. Louis XV avait dissous les Parlements car ceux-ci bloquaient sans cesse sa politique. Louis XVI céda plus facilement et rétablit les Parlements dans leurs droits. Le peuple n’était pas particulièrement pauvre comme on le dit parfois, le gouvernement, lui, manquait sérieusement de fonds car ses finances étaient mal gérées.

C’est dans cette situation qu’éclata le scandale du collier de la Reine. Ce scandale, un coup monté, faisait miroiter à un peuple français qui n’aimait guère la reine Marie-Antoinette pour sa nationalité autrichienne, que cette dernière était prête à dépenser une somme énorme pour un collier. Louis XVI envoya les accusés devant les Parlements, ayant confiance en la justice sur laquelle il n’avait pas la main. Les Parlements acquittèrent les accusés. Les Notables, contre-pouvoirs naturels des Parlements en temps normal, se rangèrent derrière ceux-ci. Tous demandaient la réunion des Etats généraux. Louis XVI essaya de dissoudre les Parlements sans y parvenir. Le roi réorganisa ses dépenses car le Clergé refusa de lui prêter l’argent dont il avait besoin, créant le mécontentement des nobles. La résistance venait ainsi des Parlements, l’hostilité au pouvoir venait de la noblesse, le refus d’aider venait du clergé. Louis XVI céda à nouveau et les Etats généraux furent organisés pour mai 1789. Partout en France furent rédigés des cahiers de doléances et élus des députés : 1 100 députés se retrouvèrent pour les Etats généraux.

Serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789
Prise de la Bastille le 14 juillet 1789

Mirabeau et le Tiers Etat décidèrent de court-circuiter le système en édifiant l’Assemblée nationale le 17 juin. Le 19, le Clergé s’engageait à leurs côtés à une courte majorité. Le 20 juin 1789, le fameux serment du Jeu de Paume voulait qu’ils ne se séparent pas tant que la Constitution ne serait pas votée. Le 26 vint la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Paris sombra dans le chaos et la famine sans réaction royale. Louis XVI n’avait pas mobilisé de troupes, pensant naïvement que tout se passerait pour le mieux. La foule s’attaqua aux Tuileries, à l’hôtel de police, à la prison de la Force. Des armureries furent prises. Puis la Bastille tomba le 14 juillet 1789. Les biens du clergé furent saisis et l’inflation monta pour ne plus s’arrêter avec la création des assignats, une monnaie papier. Les ecclésiastiques furent traqués, l’anticléricalisme prédominait, Louis XVI s’en offusqua et tenta la fuite de Varennes en 1791. Il fut rattrapé et déchu de ses maigres pouvoirs restants. La révolution s’étouffant, les Girondins particulièrement multiplièrent les provocations envers l’Autriche, ennemi héréditaire de la France mais pourtant son alliée depuis la guerre de Sept Ans (1756-1763). Ainsi se forma la Première Coalition européenne antifrançaise en 1792. L’Ancien Régime fut alors aboli et la Première République française fondée en septembre 1792, prenant la forme de la Convention nationale. A l’Assemblée nationale, les Girondins essayèrent sans succès d’écraser la minorité montagnarde jacobine. Celle-ci répliqua par le procès du Roi : quiconque voterait contre son exécution serait considéré comme royaliste et, pire, comme coupable d’un acte anticonstitutionnel car l’ayant détrôné. Louis XVI fut condamné à la guillotine à une voix près et fut ainsi exécuté le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette le 16 octobre.

Exécution de Louis XVI à la guillotine le 21 janvier 1793

A l’extérieur, la guerre de la Première Coalition (1792-1797), regroupant Autriche, Prusse, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal, Royaume de Sardaigne, Toscane, Naples, Russie, Provinces-Unies et des états allemands débuta. Tous faisaient la guerre à la France, royaume le plus peuplé d’Europe, pour contenir la révolution mais également parce que la France revendiquait des frontières naturelles, c’est-à-dire allant jusqu’au Rhin, englobant de fait la Belgique et les Pays-Bas actuels (Pays-Bas autrichiens et Provinces-Unies à l’époque). Pour ne rien arranger, à l’intérieur de la France, un soulèvement dit Fédéraliste (en partie royaliste) créa des poches de résistance sur le territoire après que Paris eut relégué la province au second rang, écarté les Girondins et exécuté le roi. En particulier Lyon, Marseille, Toulon et la Vendée (royaliste, religieuse, contre l’enrôlement de masse de la Convention). La France plongeait dans la Terreur.

Première Coalition antifrançaise (1792-1797)
Résumé des menaces intérieures et extérieures en 1793

A l’extérieur, la Première Coalition fut contenue partout, dont sur le front principal qu’était le Rhin (quelques batailles décisives : Valmy, Wattignies, Wissenbourg) et à l’intérieur, la révolte fédéraliste fut écrasée par une affreuse répression. Lyon et Toulon furent assiégées, à moitié rasées et les condamnations à mort furent nombreuses. La guerre de Vendée vit s’affronter l’armée républicaine et les royalistes vendéens et bretons. L’armée de la Convention ne se priva pas d’atrocités, si bien que certains parlent d’un génocide, bien que son aspect soit plutôt celui d’un massacre si l’on s’attache à la définition. La Terreur ne s’arrêta pas pour autant. La Convention montagnarde versa dans la dictature et étendit son contrôle, digne d’un communisme avant l’heure, avec la réquisition des denrées, le contrôle du commerce et le maximum (prix maximum pour une denrée malgré l’inflation), la traque des opposants et un anticléricalisme plus strict encore.

Maximilien de Robespierre (1758-1794)

Robespierre, l’Incorruptible, l’Etre Suprême de la religion de la Convention, n’était pas le seul à donner la direction de la Convention et les actions locales les plus atroces étaient bien souvent spontanées. Le rôle véritable de Robespierre dans la Terreur est sujet à débats. Quoi qu’il en soit, en 1794, il commit l’erreur d’accuser sans nommer. Trop de députés étaient visés, tous avaient peur de lui. Ils chassèrent alors Robespierre du pouvoir et le firent guillotiner le 10 Thermidor an II (28 juillet 1794). La Terreur, tyrannie jacobine, s’acheva par peur des députés, accouchant de la Convention thermidorienne. En 1794 et 1795, la France parvint non seulement à contenir la Première Coalition mais également à avancer contre elle, prenant toute la rive gauche du Rhin, annexant la Belgique et fondant la République batave, cadette de la française. La Convention thermidorienne, instable et financièrement condamnée par une inflation délirante, fut sauvée d’une révolte par un certain général Bonaparte en octobre 1795.

Le général Napoléon Bonaparte (1769-1821)

Le régime changea pourtant de forme, ne gardant que ce qui formait l’exécutif : le Directoire. L’inflation grimpa encore plus rapidement. A l’extérieur, le Directoire gagnait sur tous les fronts, sauf sur les mers. Le front du Rhin étant momentanément bloqué, le général Bonaparte se vit confier l’armée française d’Italie en 1796. Le général mena la campagne d’Italie en 1796-1797, une prouesse de stratégie et de rapidité contre l’ennemi principal de la France : l’Autriche. Il défit ainsi cinq armées avec sa seule armée d’Italie, en une année (quelques batailles : Montenotte, Millesimo, Dego, Castiglione, Arcole, Rivoli). En 1797, le général Bonaparte mit fin à la guerre de Première Coalition presque à lui seul et négocia, par ailleurs seul, les conditions de la paix. Le Directoire ne pouvait se passer de son général le plus efficace et n’avait plus son mot à dire. Par ailleurs, le général Bonaparte sauva de nouveau le régime par un coup de force fin 1797.

Première campagne d’Italie 1796-1797
Bataille des Pyramides (21 juillet 1798)

Après la paix de Campoformio (1797), le Directoire ambitionna d’envahir l’Angleterre par une opération amphibie en 1798. Il fut demandé au général Bonaparte de s’en occuper. Celui-ci persuada le Directoire de l’échec que l’opération connaitrait et proposa à la place une expédition en Egypte pour couper la liaison commerciale la plus courte entre la Grande-Bretagne et son empire colonial. L’expédition d’Egypte, militaire et scientifique, fut alors entreprise. La force du général Bonaparte débarqua en Egypte, territoire de l’Empire ottoman, jusque là neutre et historiquement allié à la France. Cette agression injustifiée provoqua la guerre de Deuxième Coalition (1798-1802). Bonaparte vit sa flotte se faire étriller par les Britanniques à Aboukir mais écrasa les forces ottomanes et s’empara de l’Egypte puis poussa au Proche-Orient avant de revenir sur ses pas (quelques éléments importants : la bataille des Pyramides, la prise du Caire, le siège de Saint-Jean-d’Acre et la bataille terrestre d’Aboukir). En Europe, le Directoire était dans une situation délicate : les fronts italien et allemand reculaient, seul le front en Suisse tenait, maintenant la cohérence du front français (quelques batailles : Magnano, Novi, Trebbia, deuxième bataille de Zurich). Bonaparte, revint au plus vite en France, en octobre 1799, laissant la gestion de l’Egypte au général Kléber.

Coup d’Etat du 18 Brumaire an VIII

Le Directoire, critiqué pour sa situation financière, militaire et son expédition d’Egypte, vacillait. On proposa alors au brillant général Bonaparte, auréolé de ses victoires, de faire un coup d’Etat, ce qu’il fit le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799). Le Consulat était né, le général Bonaparte était l’un des trois consuls. La Révolution française s’achevait. Pour en terminer le récit, terminons la guerre de Deuxième Coalition. Le Premier consul et général Bonaparte mena son armée en Italie et y vainquit les Autrichiens à Marengo. Une autre victoire française, celle-ci en terres allemandes, à Hohenlinden, fit flancher l’Autriche qui signa la paix de Lunéville en 1801. En Egypte, Kléber fut assassiné en 1800 après de nouveaux succès militaires, puis une armée Britannique débarqua et vainquit péniblement les Français. La paix d’Amiens de 1802, entre la France et la Grande-Bretagne, se fit avec une évacuation française de l’Egypte. La Grande-Bretagne ne respecta pas la paix.

Figures historiques principales :

Des rois : Louis XVI en France, George III de Hanovre en Grande-Bretagne, François II du Saint Empire romain en Autriche, Paul Ier de Russie, Frédéric-Guillaume II puis Frédéric-Guillaume III de Prusse, Charles IV d’Espagne.

Des révolutionnaires ou hommes d’états fortement impliqués : Robespierre, Danton, Marat, Mirabeau, Desmoulins, Brissot, Hébert, Collot d’Herbois, Fouché, Talleyrand, Sieyès, Condorcet, Barras, La Fayette (également général).

Des généraux : Bonaparte, Dumouriez, Masséna, Jourdan, Moreau, Carnot, Kléber, Pichegru, ainsi que quelques royalistes de la guerre de Vendée comme La Rochejaquelein, Charrette, Cathelineau …, des commandants des coalitions comme Brunswick, Cobourg, Wurmser, Souvorov, l’archiduc Jean …

5 dates importantes :

14 juillet 1789 : prise de la Bastille.

21 septembre 1792 : Première République française.

21 janvier 1793 : Louis XVI guillotiné.

10 Thermidor an II (28 juillet 1794) : Robespierre guillotiné, fin de la Terreur.

18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) : coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, le Consulat est créé.

Article centré sur la Révolution française de 1789 à 1793 et la chute de l’Ancien Régime
Article sur la menace extérieure à la Convention : la Première Coalition (1792-1793)
Article sur la menace intérieure, la révolte fédéraliste
Article sur la situation interne française et la mise en place de la dictature de Robespierre
Article sur la transition de la Convention montagnarde sous la Terreur et Robespierre à la Convention thermidorienne
Article sur les débuts de la première campagne d’Italie du général Bonaparte
Article sur la fin de la première campagne d’Italie de Bonaparte et la fin de la Première Coalition
Article sur l’expédition d’Egypte et l’évolution de la marine révolutionnaire française
Article sur la guerre de Deuxième Coalition en Europe, avant le retour de Bonaparte
Article sur la naissance du Consulat, marquant la fin de la Révolution française et la fin de la guerre de Deuxième Coalition antifrançaise

Sources (texte) :

Gaxotte, Pierre (2014). La Révolution française. Paris : Tallandier, 529p.

Marill, Jean-Marc (2018). Histoire des guerres révolutionnaires et impériales 1789-1815. Paris : Nouveau Monde éditions / Ministère des Armées, 544p.

Sources (images) :

https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/5581-louis-xvi-roi-de-france-1774-1793-biographie.html (Louis XVI)

http://www.carnavalet.paris.fr/fr/collections/le-serment-du-jeu-de-paume-le-20-juin-1789 (serment du Jeu de Paume)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_la_Bastille (prise de la Bastille)

https://jeune-nation.com/actualite/jdj/testament-de-louis-xvi.html (exécution de Louis XVI)

https://slideplayer.fr/slide/501710/ (carte de la Première Coalition)

http://le-lutin-savant.com/g-napoleon-premier-empire-geographie.img/Premi%C3%A8re-coalition-1792-1797-Dunkerque-Jemmapes-Valmy-Flerus-Coblence-Toulon-Bordeaux-Mayence-Turin-.jpg (résumé des menaces sur la France en 1793)

https://fr.wikiquote.org/wiki/Maximilien_de_Robespierre (Robespierre)

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Generale_Bonaparte_in_Italia.jpg (Bonaparte)

http://www.napopedia.fr/fr/Campagnes/uitalie (Première campagne d’Italie)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Pyramides (bataille des Pyramides)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27%C3%89tat_du_18_Brumaire (18 Brumaire)

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