Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie VIII) : le début de la campagne de Russie (1812)

Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie VIII) : le début de la campagne de Russie (1812)

Napoléon était au zénith de sa puissance en Europe mais son système, déjà, se fissurait. La Russie tsariste et la France impériale ne pouvaient guère s’entendre en 1812. Depuis 1697-1698, Pierre le Grand avait initié une politique occidentale pour la Russie. Au XVIIIe siècle, la Russie s’était étendue et, par la guerre de Sept Ans notamment (1756-1763), sérieusement penchée sur les affaires européennes. Au-delà du conflit interminable avec l’Empire ottoman, Catherine II, dite Catherine la Grande, avait initié la lubie allemande : une volonté russe de gérer les affaires allemandes. La Suède sur le déclin, il ne restait plus que la Pologne sur le chemin. Les partages successifs de la Pologne en 1772, 1792 et 1795 entre l’Autriche, la Prusse et la Russie, permirent à cette dernière de s’approcher de son objectif. La France impériale devait la frustrer de toute avancée douze ans plus tard avec Tilsit en 1807. La Russie, impliquée désormais dans les affaires européennes au point d’envoyer des armées jusqu’en Italie et en Suisse sous Paul Ier, ne pouvait rester de marbre malgré l’échec de 1807. A Tilsit, Alexandre Ier renonçait temporairement au rêve de sa grand-mère Catherine et aux ambitions occidentales forgées par son aïeul Pierre le Grand. Pour atténuer les tensions, Napoléon n’avait rien trouvé de mieux que d’occuper les Russes en relançant une guerre qu’il avait lui-même arrêtée de force : la guerre russo-ottomane reprit, après la paix du 24 août 1807, début 1810. Tant Français, qu’Anglais et Autrichiens refusaient l’expansion russe vers les Balkans : un subtil jeu diplomatique s’y déroulait par les tensions russo-ottomanes. Napoléon ne pouvait laisser la Russie aller plus au sud, eu égard de son nouvel allié autrichien, et prenait une place de médiateur. L’Empire ottoman, déçu de voir la France en médiateur et non en traditionnel allié, se rapprochait de l’Angleterre. Napoléon autorisait, à dessein, la Russie à s’établir sur le Danube, provoquant la fureur du sultan ottoman et le retour de la guerre en 1810. Pendant ce temps, Londres se rapprochait de Saint-Pétersbourg malgré l’état effectif de guerre déclarée par la Russie sur l’Angleterre à cause de la France. La constance avec laquelle la France soutenait les Ottomans déclinants face aux Russes pour empêcher ces derniers d’accéder à la Méditerranée, le renversement d’alliances par le mariage entre Napoléon et Marie-Louise de Habsbourg, la création du duché de Varsovie et le Blocus continental grevant franchement l’économie russe donc mal appliqué à la fureur de Napoléon ; il y avait maille à partir dans la désormais fébrile alliance franco-russe, imposée par un vainqueur sur un vaincu brimé dans ses ambitions.

Le Premier Empire français en 1812 : France en violet, vassaux en bleu et zone d’influence (trait rouge)

Les prétextes de la guerre, au-delà du Blocus et de l’Oukase (loi russe imposant largement des produits de luxe français) étaient le mariage impérial français et l’annexion par la France d’Oldenbourg. Cette terre appartenait par le mariage de la sœur du tsar, à la zone d’influence russe. La France l’annexa, ce qui lui permit de juger de la mauvaise application du Blocus continental. Alexandre Ier fut furieux de l’annexion, Napoléon du constat qui en découla. Il fut décidé dès 1811, en Russie, que la guerre devait être menée contre la France. Le plan consistait à envahir le duché de Varsovie, faire entrer la Prusse dans la guerre, puis fondre sur la Confédération du Rhin. L’Autriche serait plus dure à convaincre, le diplomate Metternich ne voulait pas d’une guerre. La Prusse en réalité, la refusait également : Frédéric-Guillaume, entouré de modérés, n’avait de toute façon pas les finances. La Suède jouait un double-jeu : Bernadotte assurait la Russie de son soutien malgré sa guerre contre l’Angleterre mais proposait 60 000 hommes à Napoléon contre les Russes si ce dernier l’autorisait à annexer la Norvège. Bernadotte restait pour l’instant du côté français. La tentative russe de soulever des soutiens en Pologne échoua lamentablement. Il ne restait que l’Angleterre comme potentiel allié de Saint-Pétersbourg. Les troupes russes s’amassaient aux frontières. Napoléon répondit en l’imitant.

Le duché d’Oldenbourg, en vert foncé au milieu mais également deux petites parties (« OLD ») enclavées dans le Holstein

Ainsi, Napoléon rassembla une immense armée, dite des « Vingt Nations » aux confins de l’Europe. En passant par l’Europe, l’Empereur s’assura le soutien de la Confédération du Rhin mais également de la Prusse et de l’Autriche. Le 24 février 1812, la Prusse s’engagea à fournir 20 000 hommes, le 14 mars les Autrichiens s’engageaient pour 30 000 hommes et 60 canons. La Suède ne participerait pas. Il faut dire que Napoléon avait fait occuper par Davout la Poméranie suédoise en janvier. Bernadotte se rapprocha de l’Angleterre. Un traité franco-danois fut signé le 7 mars assurant la présence de 12 à 15 000 Danois couvrant le nord de l’Allemagne contre une attaque suédoise ou un débarquement anglais. Le 8 avril, Alexandre Ier envoya un réel ultimatum à Paris avec des conditions de paix inacceptables. Napoléon n’en fut pas surpris et fit mine de vouloir sauver la paix. On oublie souvent de partager les torts de la guerre contre la Russie : Napoléon n’est pas le seul à avoir poussé les hostilités politiques vers leur pendant militaire. Le 12 mai, Napoléon organisa la réunion de Dresde : une formidable opération diplomatique durant laquelle il rencontra nombre de ses alliés. Alors que 250 000 Français luttaient encore en Espagne, l’armée des « Vingt Nations » comptait 356 000 Français de l’Empire (donc pour partie Belges, Hollandais, Italiens, Allemands), 50 000 Polonais, 27 000 hommes du royaume d’Italie, 30 000 de celui de Naples, 30 000 de l’Autriche, 29 000 de la Prusse, 30 000 de la Bavière, 20 000 de Saxe, 25 000 de Westphalie, 12 000 du Wurtemberg, 8 000 de Bade, 20 000 des autres états de la Confédération du Rhin mais encore des Espagnols, Portugais, Suisses … En tout, 680 000 hommes rassemblés au bord du Niémen dans la Grande Armée reconstituée. Pourtant, « seuls » 400 à 450 000 allaient initialement passer le Niémen, pour moitié des Français. Les autres le passeraient plus tard ou pas du tout.

La Grande Armée s’étirait sur 650 km ! Napoléon en commandait le centre avec 208 000 hommes des corps de Davout (1er), Oudinot (2e) et Ney (3e), de la cavalerie de Murat et comprenant bien sûr la Garde impériale (19 800 hommes) de Mortier et Bessières. Eugène de Beauharnais commandait à 68 600 hommes dont une majorité de Bavarois que dirigeait Gouvion-Saint-Cyr. Jérôme Bonaparte commandait 80 000 hommes dont ses 25 000 Westphaliens, 35 000 Polonais de Poniatowski et 19 000 Saxons de Reynier. Macdonald avait sous sa férule les 29 000 Prussiens de Yorck et 11 400 Polonais. Enfin, les 30 000 Autrichiens de Schwarzenberg, les 25 200 hommes de Victor et les 45 700 d’Augereau étaient en réserve. A part le prussien Yorck, l’autrichien Schwarzenberg et le polonais Poniatowski, les commandants étaient tous français.

Tout était prêt pour l’invasion. Par ailleurs, il est à noter le travail incroyable fourni par Napoléon : il traita des questions les plus diverses, les plus précises, toujours avec une connaissance très poussée du sujet et en n’omettant rien, de la couleur des vestes aux mouvements des masses, en utilisant une quantité proprement phénoménale de sources, notamment topographiques. Une erreur d’appréciation se faufila néanmoins dans ses plans, et pas des moindres : il pensait pouvoir faire vivre sur le terrain son immense armée. C’était sous-estimer l’état de délabrement des deux rives du Niémen, occupées par les armées russe et européenne (Vingt Nations). Malgré l’effort fourni, toutes les troupes ne seraient pas équipées convenablement au début de cette guerre que Napoléon considérait comme la dernière nécessaire pour assurer son système … Menée contre les « barbares du Nord. »

La guerre russo-ottomane se termina le 28 mai 1812 : Napoléon avait perdu là un pari, les troupes russes ne seraient pas pour partie occupées sur un autre front. Quoi qu’il en soit, le 22 juin 1812, la Grande Armée franchissait le Niémen. La Sixième Coalition naissait.

La Russie avait préparé la guerre. L’armée avait été réformée selon le modèle français, basé sur les divisions et les bataillons. Les effectifs de l’armée régulière étaient passés de 225 000 en 1811 à 460 000 en 1812, dont 80 000 cavaliers, appuyés par 1 600 canons ! L’artillerie russe devenait supérieure à son homologue française autant en quantité qu’en qualité. Trois armées russes, formées de corps à la française, étaient prêtes. Les Cosaques, redoutables dans la guérilla, formaient une armée irrégulière de 110 000 hommes, une milice de 235 000 hommes fut levée et devait combler les pertes. Ainsi, en Russie, 857 000 hommes attendaient l’invasion française. La 1ère armée occidentale du général Barclay de Tolly et du tsar, forte de 120 à 130 000 hommes, était positionnée à Vilna (Vilnius). A 50 km plus au sud, le prince Bagration commandait à 35 à 50 000 hommes de la 2ème armée occidentale, au nord des marais du Pripiat. Au sud des marais, une dernière armée, d’observation, forte de 45 000 troupes irrégulières (recevant rapidement 48 000 hommes supplémentaires), formait la 3ème armée. Après bien des hésitations, la stratégie défensive doublée de la politique de la terre brûlée, proposée par le général Barclay, fut adoptée. Beaucoup s’indignèrent parmi les élites russes mais après tant de défaites, détruire son propre territoire, affamer la Grande Armée, la soumettre à une impitoyable guérilla, la laisser se perdre dans l’immensité russe non cartographiée, rendant les manœuvres dangereuses, était le seul moyen restant pour vaincre les redoutables soldats français dirigés par l’un des plus grands génies militaires de l’Histoire.

Le sacrifice consenti par la population russe dans cette guerre patriotique était immense : des villes et des villages furent rasés en grand nombre, rare image d’une armée désolant son propre pays. Du reste, il y avait un précédent : Wellesley avait affamé avec succès l’armée du Portugal de Masséna devant la ligne Torres Vedras en détruisant les terres. Le plan de Barclay était d’éviter toute bataille générale face à un Napoléon qu’on estimait trop fort dans un tel cas de figure. La résolution russe se confronta à une armée des Vingt Nations dont la plupart étaient des alliés des Français qui ne souhaitaient pas une nouvelle victoire française. Les unités françaises elles-mêmes luttèrent moins efficacement car dispersées dans d’autres unités. Seuls les Polonais servirent toujours efficacement les Français. Napoléon laissa par ailleurs les Français au centre de son discours d’entrée de campagne, ce qui ne favorisait pas l’enthousiasme des alliés. La Grande Armée qui se lança dans les steppes russes du 22 juin au 1er juillet 1812 comptait environ 380 000 hommes, appuyés par plus de 1 000 canons. Une puissante réserve de 130 000 hommes devait combler les pertes.

Napoléon voulait détruire rapidement l’armée de Barclay à Vilna et y porta ainsi son premier effort. La ville fut évacuée et l’armée russe recula, abandonnant la ville sans combattre. Barclay suggéra à Bagration de se retirer vers Minsk. Le soldat russe souffrait déjà de cette retraite, clairsemant les rangs. Les élites craignaient que les idées révolutionnaires portées par les Français ne résultent en un soulèvement des serfs. Dans la Grande Armée, les contingents commencèrent à disparaître par la désertion. Le désordre, déjà, s’installait. Au franchissement du Niémen, la Grande Armée comptait 60 000 malades de la dysenterie dès le départ. Très vite, les chevaux tombèrent, la famine s’installa, la météo aggrava les souffrances et le manque d’eau se fit ressentir. Napoléon s’arrêta pendant quinze jours à Vilna pour rétablir la situation logistique et sanitaire, menaçant d’échec le plan initial.

Campagne de Russie en 1812, centrée sur la progression de Napoléon (trait bleu pour le moment)
Jérôme Bonaparte (1784-1860), roi de Westphalie (1807-1813)

L’Empereur relança ses armées pour tenter de détruire celle de Bagration. Il confia à Davout la mission de prendre Minsk pour fixer les forces de Bagration et à son frère Jérôme Bonaparte d’envelopper Bagration par le sud. Davout, avec 40 000 hommes, atteignit son objectif, Minsk tomba le 8 juillet. Jérôme, accusant des retards, ne put mener à bien la sienne, épargnant Bagration de la destruction. Napoléon, furieux, humilia son frère qui décida de rentrer en Allemagne. A sa décharge, Jérôme s’était vu imposer par son frère un planning de marche très ambitieux. Napoléon, d’ordinaire si juste dans cet exercice, avait fait une erreur. Les hommes, diminués, commencèrent à se suicider.

Barclay se repliait sur Vitebsk, 160 km plus loin. Bagration voulut l’y rejoindre mais Davout intercepta sa marche le 23 juillet. Bagration parvint à s’échapper de nouveau, occasionnant la perte* de 3 000 Russes, s’orientant vers Smolensk. Davout, qui n’avait pas son corps d’armée au complet, n’avait pu vaincre son adversaire. Éclater le meilleur corps d’armée de la Grande Armée pour soutenir l’effort d’autres corps n’était pas une brillante idée de Napoléon. L’Empereur accrocha Barclay à Vitebsk mais ne parvint pas à y provoquer un vrai affrontement : Barclay se replia vers Smolensk. Napoléon, qui voulait éviter le rassemblement des deux armées russes, avait échoué. L’Empereur, surpris, dut marquer un arrêt à Vitebsk devant l’état déplorable de son armée : des 200 000 hommes avec lesquels il avait pris Vilna, il ne lui en restait guère plus que 125 000. Barclay était lui aussi diminué, n’ayant plus que 90 000 hommes. Plus au nord, Oudinot affrontait Wittgenstein et causait 7 000 pertes russes supplémentaires au prix de 1 000 tués et 1 500 blessés. Pour autant, les maréchaux étaient d’avis d’arrêter la campagne de Russie à Vitebsk, eu égard de la situation de l’armée et du ravitaillement. L’Empereur approuva.

*Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.

Général Michel Barclay de Tolly (1761-1818)

Pourtant, Napoléon fit le choix de poursuivre la campagne, poussé par sa nature. Ayant réorganisé son armée, il pouvait lancer 121 000 hommes sur Smolensk. Barclay, dont la stratégie était aussi efficace qu’impopulaire, fut contraint d’accepter de ne pas laisser tomber la sainte Smolensk sans combattre. Alors qu’il commençait une prudente contre-attaque, les forces françaises tentaient un débordement de grande envergure, poussant Barclay à se retrancher dans Smolensk. Les Russes disposaient de 75 000 hommes pour défendre la ville. Napoléon attaqua la ville le 16 août 1812. Davout, Ney et Poniatowski assaillirent Smolensk sous une chaleur de plomb. Les Russes essuyèrent de sévères revers à chaque contre-attaque attentée. L’artillerie française fit des ravages en tirs tendus d’abord puis, lorsque les Russes se retranchèrent derrière les puissants murs de la vieille ville, en tirs courbes. Dans la nuit, Barclay ordonna l’abandon de Smolensk. La Grande Armée déplorait 7 000 hommes perdus ; les Russes 14 000. La vodka fut un ennemi du soldat russe, le privant de ses réflexes et sens. Les combats se poursuivirent un temps dans les faubourgs nord, combats durant lesquels Davout tirait sur l’ennemi parmi ses hommes, tel un grenadier normal. Les Français passaient le Dniepr.

Général Jean-Andoche Junot (1771-1813)

Barclay ne parvint pas à bien organiser la retraite de son armée, se perdit et revint vers Smolensk par erreur. Il dut lutter pour se replier vers Moscou. A Valoutina Gora, il manqua d’être annihilé mais Junot, grand général français d’expérience, refusa d’engager son corps de westphaliens, sans raison particulière, malgré l’instance de Murat. Ce signe du ciel sauva Barclay d’un désastre. La Grande Armée avait perdu quelque 14 000 hommes dans les combats autour de Smolensk, les Russes 30 000 ! Gouvion Saint-Cyr défit Wittgenstein à Polotsk le 19 août, faisant plus de 4 000 victimes russes. Gouvion Saint-Cyr y gagna son bâton de maréchal. Napoléon s’élançait à présent vers Moscou. Barclay de Tolly, après ses échecs à Smolensk, fut remplacé par Koutouzov. Barclay n’avait jamais eu le titre de commandant en chef, certainement en raison de ses origines géorgiennes. Koutouzov, russe de naissance, en disposa lui, ce qui facilita grandement la conduite des opérations. Ce grand chef militaire avait dans la main 104 000 hommes, 8 000 Cosaques et 10 à 30 000 miliciens pour défendre Moscou. Koutouzov voulait combattre à la régulière : il choisit un terrain l’avantageant, proche du village de Borodino, où coulait la rivière Moskova. Il fit bâtir trois redoutes* formant lesdites trois flèches de Bagration et, comme point d’appui principal, la grande redoute. Ces redoutes, places fortes hérissées de canons, couvraient une grande plaine dans laquelle étaient disposés des pièges à loup pour enrayer les mouvements de la cavalerie française. Une dernière redoute, faisant office d’avant-poste de la grande redoute fut créée. Le 5 septembre 1812, la conquête de cette dernière par Murat coûta 5 000 hommes à la Grande Armée et 7 000 aux Russes. Le 6 septembre, Napoléon, malade, inspecta le terrain. Il était solidement défendu et privait la Grande Armée, diminuée, de sa supériorité de manœuvre. Napoléon devait attaquer frontalement. Ainsi les Russes imposaient une bataille à front continu : l’effet majeur était de prendre les trois flèches de Bagration et la grande redoute. L’Empereur avait 124 000 hommes, dont 24 000 cavaliers, face à 130 000 Russes, dont 17 000 cavaliers. La Grande Armée alignait 587 canons, les Russes 637.

*Une redoute est une fortification militaire sans angle rentrant, complètement fermée.

Napoléon devant Borodino (1812)
Prince général Piotr Ivanovitch Bagration (1765-1812)

Le 7 septembre débuta la bataille de la Moskova (nommée Borodino par les Russes). Koutouzov attendait Napoléon sur son aile gauche, où se trouvait la grande redoute. L’Empereur préféra prendre le village de Borodino pour y placer 38 pièces d’artillerie, permettant d’écraser sous un feu constant l’énorme masse de 90 000 Russes disposés sur les deux km séparant la grande redoute des trois flèches de Bagration. Ney et Davout, appuyés par 100 canons supplémentaires, donnèrent l’assaut sur les trois flèches de Bagration. La première flèche tomba à 7h, en même temps que Borodino, les deux autres à 7h30 avec l’intervention de Junot pour relancer l’offensive. Bagration contre-attaqua et récupéra la position. Ney contre-attaqua à son tour pour anéantir une division russe entière et reprendre les flèches. Là, l’infanterie de Ney repoussa huit contre-attaques de Bagration qui fut, lors de la dernière d’entre elles, sérieusement blessé (provoquant sa mort trois semaines plus tard). Son armée, paniquée par cette perte, fut retirée du feu. A 14h, la Grande Armée monta à l’assaut de la grande redoute. Eugène prit la redoutable position avec l’aide d’une nombreuse cavalerie. Les Russes contre-attaquèrent férocement et la grande redoute ne cessa de changer de main avant qu’une charge de cavalerie française ne la reprenne définitivement à 15h, au prix de deux hommes d’exception : Montbrun et Caulaincourt, morts successivement à la tête de cette colonne. Au demeurant, une colonne de cavalerie prenait une redoute défendue par de l’infanterie !

Plan tactique de la bataille de la Moskova (7 septembre 1812)
Prince feld maréchal Mikhaïl Koutouzov (1745-1813)

Murat, Ney et Davout réclamèrent l’intervention de la Garde pour terminer le combat. Duroc, Berthier et Bessieres conseillèrent au contraire de garder cette réserve pour un combat suivant. Napoléon, toujours frileux concernant l’utilisation de sa Garde chérie, pencha pour le second camp, empêchant peut-être de détruire entièrement l’armée russe. Pour pallier cette décision, Napoléon rassembla 400 canons et pilonna les dernières forces russes, décimant ces malheureux. Koutouzov ordonna la retraite. Les Russes avaient perdu 44 000 hommes dont environ 15 000 tués ! La Grande Armée avait, elle, perdu 6 547 tués et 21 453 blessés. Les Russes, perdant un tiers de leurs effectifs, ne pouvaient plus combattre, contrairement à la Grande Armée. Le chirurgien de talent Larrey, spécialisé en amputations, en fit 200 ce jour-là. Le 15 septembre, Napoléon entra dans Moscou.

Sources (texte) :

Marill, Jean-Marc (2018). Histoire des guerres révolutionnaires et impériales 1789-1815. Paris : Nouveau Monde éditions / Ministère des Armées, 544p.

Lentz, Thierry (2018). Le Premier Empire. Paris : Fayard / Pluriel, 832p.

Sources (images) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_Empire (Premier Empire à l’apogée)

http://thejollyjoe.blogspot.com/2017/04/1808-1810-duchy-of-oldenburg-infantry.html (carte du duché d’Oldenbourg)

https://www.napopedia.fr/fr/Campagnes/russie (carte campagne de Russie)

https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Bonaparte (Jérôme Bonaparte)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Barclay_de_Tolly (Barclay de Tolly)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Andoche_Junot (Junot)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Moskova (Napoléon avant la bataille de la Moskova)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Piotr_Ivanovitch_Bagration (général prince Bagration)

https://www.napopedia.fr/fr/Campagnes/moskowa (vision tactique de la bataille de la Moskova)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Koutouzov (prince feld maréchal Koutouzov)

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