Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie VII) : l’apogée territoriale et politique (1810-1811)

Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie VII) : l’apogée territoriale et politique (1810-1811)

Au faîte de sa puissance après le traité de Schönbrunn, Napoléon voulait aller toujours plus loin, craignant de détraquer la machine s’il s’arrêtait. Un attentat contre sa personne manqua de l’arrêter de force, le 12 octobre 1809. Napoléon décida de résoudre le problème papal. Pie VII refusait les investitures de l’Empire, de reconnaître Murat à Naples, Joseph à Madrid, soutenait l’insurrection espagnole et aurait, disait-on, un accord secret avec l’Autriche. Napoléon ordonna l’annexion des Etats pontificaux depuis Vienne, le 17 mai 1809. Charlemagne avait donné des terres au Pape il y a mille ans ; Napoléon, son successeur proclamé, les reprenait. Pie VII, avec tristesse, signa en représailles la bulle Quum memoranda : l’excommunication de Napoléon et ses sujets ainsi que, pour l’Empereur, l’anathémisation (signifiant vouer à la malédiction divine). Ce dernier ordonna l’arrestation de ce « fou furieux » en des termes flous, chose faite la nuit du 6 juillet 1809. Echo à Pie VI mort en captivité sous le Directoire en 1799, Pie VII était arrêté sous l’Empire et assigné à résidence. Le régime ne put étouffer l’annonce de l’excommunication. Napoléon ne pensait pas que son ordre d’arrestation, conditionné, serait appliqué. Il répondit pourtant à la recrudescence de la fronde ecclésiastique, véritable grève. Les frondeurs furent déportés. Napoléon demanda à contrecœur le divorce à Joséphine, stérile, le 30 novembre. Cambacérès, aux compétences juridiques solides, dut trouver une alternative à la bénédiction papale, pour le moins compromise : le mariage religieux avait été prononcé la veille du sacre de Napoléon (à la demande expresse de Joséphine), en privé. Or, sans témoins, le mariage était irrégulier, donc non valable. Toutefois, pour l’Eglise, si Napoléon se remariait, il serait officiellement bigame.

Marie-Louise d’Autriche, impératrice des Français (1810-1814)*

Qu’importe, Napoléon chercha un mariage utile avec la Russie, qui traîna les pieds. Le choix de l’Empereur, 40 ans, se porta finalement sur l’archiduchesse autrichienne Marie-Louise, 18 ans. Vienne accepta immédiatement. Ce choix faisait entrer Napoléon Ier dans la famille royale française, devenant petit-neveu par alliance de Louis XVI ! Mais plus que ça, cette union assurait une alliance avec l’Autriche, puissance démographique et militaire, stabilisant le centre de l’Europe et faisant barrage aux ambitions russes. L’empereur renouait ainsi avec la politique de Louis XV et Louis XVI : une alliance avec Vienne contre Londres ! Marie-Louise étant une Habsbourg, Napoléon rajoutait à sa dynastie une filiation avec Louis XIV et Charles Quint ! C’était aussi une manière de se rapprocher du dernier souverain du Saint Empire Romain germanique, donnant plus de légitimité à son influence sur la Confédération du Rhin. L’héritier de la Révolution créait une dynastie à la légitimité séculaire. Talleyrand jubilait. Ce changement d’alliance menaçait cependant la Russie. La famille de Napoléon, ses frères, Murat et les Beauharnais n’étaient pas spécialement heureux de voir s’éloigner la couronne impériale. Napoléon voulait beaucoup d’enfants et il fut décrété que le premier serait roi de Rome. Le 11 mars 1810, le mariage par procuration fut conclu. Ironie de l’Histoire, Berthier, maréchal d’Empire mais surtout prince de Wagram, représenta Napoléon, tandis que l’archiduc Charles, adversaire de Napoléon à Wagram, représentait l’empereur François Ier ! Le 27, les époux se retrouvèrent à Compiègne où ils accomplirent leur devoir conjugal. Le 1er avril, le mariage civil était prononcé.

*Pour les souverains, seules les dates de règne sont indiquées pour plus de clarté.

Après un énième scandale impliquant Fouché, son ministère de la Police lui fut retiré le 3 juin 1810. Ce scandale impliquait Louis Bonaparte, roi de Hollande : il était question de commerce et de paix avec l’Angleterre. Savary remplaça Fouché et le régime se renforça : presse davantage contrôlée (quatre papiers dans Paris, surveillés par Savary, Rémusat et Portalis), réhabilitation des prisons d’état, inactives depuis la prise de la Bastille, députés congédiés pour un an, Code Pénal instauré en novembre avec une peine de mort omniprésente, le juridique réformé ; l’Empire différait de la Terreur mais devenait assurément autoritaire. Un changement générationnel du personnel impérial marqua ce renforcement institutionnel : les émigrés revenaient, les révolutionnaires se faisaient vieux. Echo de la réorganisation interne, l’infatigable Napoléon réorganisa l’externe, source prochaine de problèmes. Rome, annexée le 17 février, devenant la seconde ville de l’Empire, le gallicanisme primait désormais sur le catholicisme. Louis, qu’on disait le frère préféré de Napoléon, l’irritait profondément en montrant de la mauvaise volonté à fournir des hommes et seconder les Français, attisant le sentiment anti-français, permettant l’affaire de Walcheren en 1809 (débarquement anglais refoulé par la France). Le 2 juillet 1810, il abdiqua après le dernier scandale. Le 9, la Hollande était annexée par l’Empire. En Suède, Gustave IV fut déposé en mars 1809 au profit de son oncle qui devint Charles XIII. Celui-ci fit la paix avec la France le 6 janvier 1810, appliquant le Blocus continental. Agé, Charles devait trouver un héritier : Bernadotte, maréchal français fut choisi pour améliorer les relations avec Napoléon ! Pourtant, Les deux hommes se détestaient. La Suède s’assurait, à dessein, une indépendance vis-à-vis de la France. Napoléon proposa d’autres candidats, en vain, il accepta alors. Bernadotte fut fait prince de Suède le 21 août 1810. Napoléon pensait tenir un solide allié malgré leur relation, il demeurait son maréchal ! Il se trompait.

Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), maréchal d’Empire

Malgré un nouveau débarquement anglais et la bataille indécise de Talavera, les maréchaux contrôlaient presque toute la péninsule ibérique à l’été 1809. La Grande Armée fut portée à 300 000 hommes, l’Andalousie tomba devant Soult tandis que Masséna, « l’enfant chéri de la Victoire », secondé par Junot et Ney, allait en finir avec les Anglo-portugais. Masséna étrilla les Espagnols à Ciudad-Rodrigo le 10 juillet 1810, écrasa les Portugais à Almeida le 28 août mais butta sur la ligne fortifiée de Torres Vedras, devant Lisbonne. Napoléon pensait la question hispanique réglée et refusa de la clore lui-même.

L’Allemagne remodelée en 1809-1810, l’économie anglaise vit enfin l’inflation gravement l’atteindre. Il y avait plus important, Marie-Louise accouchait. Napoléon, qui voulait beaucoup d’enfants, voyant sa femme souffrir, ordonna : « Le salut de la mère doit prévaloir sur toute autre considération. » Le soir du 20 mars 1811 naissait François Charles Joseph Napoléon, roi de Rome. 101 coups de canons furent tirés selon la tradition (21 pour une fille). Paris et Vienne étaient en liesse : cela faisait bien longtemps qu’une archiduchesse autrichienne n’avait enfanté d’héritier mâle. Rome resta silencieuse. 1811 marquait l’apogée territoriale de l’Empire français. Le dénommé Grand Empire englobait la France, la Belgique, la Hollande, le nord de l’Italie, la Catalogne, des terres suisses et allemandes et les provinces Illyriennes. La France comptait 83 départements en 1790, elle en avait désormais 130, 44 millions de « Français », 40 millions d’alliés (Italie, Confédération du Rhin, Naples, Westphalie, duché de Varsovie), sur 170 millions d’Européens.

Le Premier Empire français à son apogée territoriale : France en violet, vassaux en bleu, le trait rouge (zone d’influence) pourrait être prolongé en Russie pour 1811

Une altercation larva entre l’empereur et son beau-frère, maréchal et roi de Naples : Murat. L’Empereur le soupçonnait d’avoir pris part au complot Talleyrand-Fouché visant à le remplacer en cas d’échec en Espagne. Napoléon l’écarta de la campagne de 1809, l’empêcha de conquérir la Sicile, menaça d’annexer ses terres. L’entourage de Murat, pro-français, devint pro-napolitain. Les relations s’assainirent cependant : c’était partie remise. En Espagne, Joseph était impuissant : il voulait apaiser son royaume, on ne l’écoutait pas. Il obtint de son frère des promesses : argent, autorité, droit de grâce (pour se faire aimer du peuple), fonctionnaires espagnols … Il n’aura rien. Napoléon traita personnellement avec les rois et ducs allemands, leur témoignant de l’importance. Eux qui souffraient du Blocus continental se montraient patients. Illustrons le propos : les exportations anglaises, avec un indice 100 en 1799, passèrent à 82,8 en 1809, 60 en 1810, 1 en 1811 ! Inversement, les produits français, pour les Allemands, constituaient 98,6% des importations en 1812.

Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse (1797-1840)

En Prusse, le personnel politique était renouvelé, des réformes importantes menées, l’industrie et l’administration réorganisées. Le moral des troupes se relevait, notamment grâce à Blücher. Le nationalisme prenait place : la nation importait désormais davantage que les seigneurs. Pour les grades, l’origine sociale était abandonnée pour le mérite, imitant Napoléon. Les jeunes prussiens étaient formés en masse sans entrer dans l’armée, contournant les limites de Tilsit. La Prusse, pourtant, était ruinée et devait s’acquitter de 100 millions d’indemnités : les troupes d’occupation françaises restaient en conséquence. Frédéric-Guillaume décida alors de satisfaire Napoléon. Le blocus fut parfaitement appliqué au détriment de la santé économique fragile du royaume. Le parti anti-français reculait. A l’hiver 1810, un document de Napoléon fuita, intentionnellement ou non, ordonnant de se méfier de la Prusse : la crise fut désarmée en ce que la Prusse proposa de participer à une guerre contre la Russie. Napoléon prétendit être en excellents termes avec le tsar. Napoléon se méfiait de l’Autriche mais réduisit ses indemnités de guerre. Vienne était loin d’avoir les ressources pour la guerre. Le 16 mars 1811, Bernadotte reçut les pouvoirs de Charles XIII, trop faible. Bernadotte accusait la récente perte de la Norvège à la Russie. Les relations franco-suédoises étaient faussement convenables. La Suède avait pourtant fermé ses ports aux navires neutres (souvent anglais sans pavillon) en juillet 1810 et déclaré la guerre à l’Angleterre le 17 novembre, rentrant pleinement dans le système napoléonien. Bernadotte voulait son indépendance, Napoléon voulait le contrôler. Bernadotte se prêta au double-jeu, souhaitant être du côté victorieux et pensait déjà à intégrer une coalition anti-française.

A l’apogée de l’Empire en 1810-1811, trois taches ternissaient le tableau : l’Espagne, le pape et la crise économique. Cette dernière, la plus grave du règne de Napoléon, était moderne du fait des secteurs industriel et financier et ancienne car également agricole. Le Blocus continental fragilisa une économie que la tendance libéraliste du gouvernement refusait de renforcer par l’emprunt, provoquant les faillites. La crise sociale se déclara lorsque le grain vint à manquer. L’immobilier s’effondra, ruinant les plus riches et la misère provoqua nombre de suicides. Outre-Manche, l’inflation était alarmante mais le gouvernement investissait massivement. Napoléon fut contraint, durant la phase paroxystique de la crise, d’adoucir le blocus par la politique de « la France avant tout », sauvant l’économie anglaise de l’étouffement, pourtant objectif premier du blocus. A l’été 1810, aux médiations inutiles suivaient les mesures de Napoléon contre Pie VII : application du Code civil (avec le divorce) à Rome, le nombre des paroisses romaines tomba de 80 à 20, 370 curés n’avaient plus de paroisse, certains furent déportés. Napoléon voulait établir le Saint Siège à Paris, pour mieux en contrôler l’activité. L’Empereur convoqua un Concile national religieux pour statuer sur les questions importantes … Sans le Pape. Napoléon déchanta rapidement : le Concile donna raison à Pie VII qui, lui, refusait un ultimatum de l’Empereur. Napoléon installa le Pape à Fontainebleau et exila à nouveau des religieux.

James Madison Jr (1751-1836), 4e président des Etats-Unis (1809-1817)

Un court aparté sur les Etats-Unis est intéressant. Aidés par la France pour leur indépendance vis-à-vis de l’Angleterre (1775-1783), les présidents George Washington et John Adams avaient pourtant conservé des relations commerciales convenables avec Londres. La rupture de la paix d’Amiens (1803) amena la Royale Navy à saisir les navires américains car transportant des produits coloniaux français ou espagnols. La présidence de Thomas Jefferson vit les tensions monter avec l’incident de la frégate Chesapeake (juin 1807) qui captura des marins américains : les importations anglaises furent interdites puis les Etats-Unis se fermèrent à tout commerce extérieur avec l’Embargo Act le 22 décembre 1807. La manufacture américaine se développa, les prix du coton et du tabac chutèrent. James Madison, quatrième président (4 mars 1809), francophile, provoqua la dégradation des relations anglo-américaines. Le 18 juin 1812, les Etats-Unis déclarèrent la guerre à l’Angleterre. A deux voix près, l’Empire français aurait connu le même sort. Madison comptait récupérer des terres qui lui appartenaient de droit depuis le traité de Paris (1783) et que l’Angleterre avait gardées. S’engagea alors la « deuxième guerre d’Indépendance ». Une première offensive américaine fut repoussée et Détroit fut occupée par les Anglais (août 1812). Une contre-attaque au printemps et à l’été 1813 vit les Américains n’être repoussés qu’au sud de Montréal. Les Anglais, délivrés en partie du problème napoléonien en 1814, lancèrent une terrible offensive avec 14 000 hommes depuis le Canada. Washington tomba et brûla, déclenchant une vive résistance américaine. Le 8 janvier 1815, le général Andrew Jackson, bientôt président, triompha des Anglais à la bataille de la Nouvelle-Orléans. Le 24 décembre 1815, la paix entérinait un statu quo. Gardons ces événements en tête.

Revenons en Espagne où Soult, Augereau, Suchet, Macdonald, Victor et Kellermann assuraient la victoire en 1810, tandis que Masséna s’enfonçait vers le Portugal. Wellesley (bientôt marquis de Wellington), ayant abandonné ses alliés espagnols, écrasés par sa faute à Ciudad Rodrigo en juillet, se repliait vers Lisbonne. Une haine réciproque gangrénait le commandement français : Masséna et ses deux subordonnés temporaires Ney et Junot. La victoire fut néanmoins de la partie. Mais Masséna ignorait l’existence de la ligne Torres Vedras et fit l’erreur de s’arrêter cinq jours en route, laissant l’ennemi se replier. Les Français affrontèrent pourtant les Anglo-portugais de Wellesley avant qu’ils ne s’abritent derrière leur ligne : Masséna subit de lourdes pertes alors même qu’il opposait aux 52 000 hommes de Wellesley 66 000 des siens. Masséna laissa son armée se reposer, puis découvrant la ligne Torres Vedras, décida d’attaquer avec toutes ses forces sans réserve stratégique puissante : il voulait faire plier les fortifications sous le nombre. La guérilla portugaise le mit d’emblée dans une position délicate et 3 500 Français furent faits prisonniers dans un hôpital. Bloqué par les fortifications le 10 octobre, Masséna se trouva avec un rapport de force franchement défavorable : 41 000 hommes contre 70 000.

Campagne française en péninsule ibérique de 1808 à 1811

Retraitant et étant imprudemment suivi par Wellesley, Masséna ordonna à Ney d’attaquer, qui refusa. Ce dernier fut vainqueur quelques jours plus tard sur l’avant-garde adverse mais Masséna ne lui porta pas assistance assez rapidement pour obtenir un succès éclatant. Puis Wellesley écrasa le corps Reynier à Sabugal, forçant Masséna à la retraite. Bessières, avec 60 000 hommes, refusa de l’aider car n’admettant en aucun cas son commandement. Masséna agit donc seul, défaisant Wellesley à Fuentes de Onoro en mai, sans exploiter la victoire. Retraitant de nouveau, il fut remplacé par Marmont. Soult aurait pu aider Masséna également, mais refusa de le faire sans ordre précis de l’empereur. L’Espagne manqua d’être vaincue avant que la retraite de l’armée du Portugal de Masséna ne perturbe la quasi-victoire française. Wellesley se porta contre l’armée de Soult. Accroché et perdant 7 000 hommes à Albuera, Soult revint à la charge, le corps de Marmont en soutien, et força Wellesley à retraiter. Suchet, plus au nord, obtenait la victoire à Tarragone et Montserrat, gagnant le bâton de maréchal le 8 juillet 1811. Il fut victorieux jusqu’au siège de Valence.

Joseph lui, voulait appliquer ses mesures intelligentes. On ne l’écouta pas. Il menaça encore d’abdiquer, on ne l’écouta pas plus. Napoléon donnait toujours raison à ses maréchaux et humiliait régulièrement son frère. Le caractère pour le moins changeant de la zone de contrôle de Joseph l’empêcha de diriger quoi que ce soit. Pis, Joseph devait entretenir les 350 000 Français engagés sur son territoire sans argent, ni des taxes, ni de Napoléon. Les soutiens du régime se faisaient rares.

Louis-Gabriel Suchet, maréchal d’Empire (1770-1826)

En juillet 1811, Berthier prit le commandement de la guerre d’Espagne sans pour autant, comme Napoléon avant lui, quitter Paris. Il y avait six armées en Espagne : celle du Midi (Soult, 90 000 hommes), du Portugal (Marmont, 50 000 hommes), d’Aragon (Suchet, 51 000 hommes), du Nord (Dorsenne remplaçant Bessières, 100 000 hommes), de Catalogne (Macdonald, 30 000 hommes), et du Centre (Joseph, 25 000 hommes). Aux 350 000 Français (dont seulement 291 000 de combattants, les autres étant malades ou blessés) s’opposaient 30 000 Anglais, 80 000 Espagnols et 20 000 Portugais. Dorsenne défaisait les Espagnols à San Martin de Torres puis Wellesley, avec Marmont, à Ciudad Rodrigo. Suchet fut souvent victorieux, surtout lorsque Macdonald fut appelé à Paris et lui laissa le commandement d’une seconde armée. L’année 1811 se terminait en faveur des Français, tout comme s’ouvrit 1812 avec la chute de Valence devant l’habile Suchet. Les atrocités accompagnèrent comme d’habitude succès comme défaites. Début 1812, l’Espagne n’avait jamais été aussi proche d’être « pacifiée ». Pourtant Napoléon préleva 60 000 hommes dont la Garde impériale et des chefs talentueux pour sa campagne de Russie tout en gardant un commandement distant des événements d’Espagne qu’il était bien incapable de maîtriser de si loin, ne fusse que pour le temps des communications.

Auguste Frédéric Viesse de Marmont, maréchal d’Empire (1774-1852)

Wellesley, épargné par l’hésitation de Marmont, relança une offensive alors que Marmont prenait ses quartiers d’hiver. Le généralissime anglais avait trois raisons pour cela : le Portugal, ravagé, ne pouvait plus nourrir son armée, les relations étaient mauvaises avec les Portugais comme avec les Espagnols et Wellesley voulait obliger les Français à se concentrer contre lui. L’armée française, en pleine réorganisation, Marmont dispersait ses hommes, croyant à tort les batailles terminées pour cette année. Ainsi, Wellesley put s’emparer de Ciudad Rodrigo très faiblement défendue le 25 janvier 1812. Profitant de l’incapacité des Français à coordonner leurs mouvements, Wellesley s’enfonça dans le sud vers Soult et prit Badajoz. La situation venait de changer en 3 mois.

A Madrid, entre mauvaise récolte et guérilla, la famine s’installait. Du reste, le roi menaçait toujours d’abdiquer. A Paris, Napoléon, absorbé dans sa planification de la campagne de Russie, consentit enfin à regrouper toutes les divisions sous l’autorité de Joseph. Les maréchaux n’écoutèrent pas. Joseph, lui, organisa une nouvelle expédition vers le Portugal. Wellesley prit Salamanque le 28 juin. Joseph voulut concentrer ses forces avec celles de Marmont, se privant de fait du soutien de Soult. Wellesley attaqua avant que la concentration des forces ne soit effective. Le 22 juillet 1812, à Arapiles, Wellesley prit immédiatement l’avantage. La blessure de Marmont et de son successeur finirent de sceller la défaite. Les Anglo-portugais l’emportèrent alors que les Français reculaient avec 15 000 pertes* sur leurs 50 000 hommes. La route de Madrid était ouverte. Soult, au sud, risquait d’être enfermé. Wellesley s’empara de Madrid le 16 août. Après cette victoire, Wellesley fut l’incontestable commandant des forces anglo-hispano-portugaises dans la péninsule ibérique.

*Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.

Sources (texte) :

Marill, Jean-Marc (2018). Histoire des guerres révolutionnaires et impériales 1789-1815. Paris : Nouveau Monde éditions / Ministère des Armées, 544p.

Lentz, Thierry (2018). Le Premier Empire. Paris : Fayard / Pluriel, 832

Sources (images) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Louise_d%27Autriche (impératrice Marie-Louise)

https://www.herodote.net/_Sergent_Belle_Jambe_roi_de_Suede-synthese-2410-345.php (Bernadotte)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_Empire (Premier Empire à l’apogée)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Guillaume_III (Frédéric-Guillaume de Prusse)

https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Madison (Madison, 4e président américain)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Napol%C3%A9on_Ier_en_Espagne (campagne française d’Espagne)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Gabriel_Suchet (maréchal Suchet)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Viesse_de_Marmont (maréchal Marmont)

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