La guerre de Sécession (partie XIX) : les sièges d’Atlanta et de Petersburg, les fronts figés (été 1864)

La guerre de Sécession (partie XIX) : les sièges d’Atlanta et de Petersburg, les fronts figés (été 1864)

Rappel : Dans l’Union comme dans la Confédération, les impératifs de la guerre et les revers militaires fragilisèrent la position des présidents Lincoln et Davis. Le premier avait besoin de victoires militaires pour remporter les prochaines élections présidentielles. Le second subissait les contrecoups des revers militaires significatifs de l’été 1863 (Vicksburg et Gettysburg). Pourtant, la Confédération pouvait encore espérer renverser la tendance en l’emportant sur le champ-de-bataille pour favoriser une victoire démocrate dans le Nord, face à Lincoln, en 1864. Pour échapper à ce sort, Lincoln fit de Grant le généralissime des armées de l’Union. Celui-ci prit personnellement la direction sur le théâtre oriental face au redoutable général Lee. En Virginie, Grant engagea les hostilités par la bataille de la Wilderness. Sur le théâtre occidental, le commandement militaire échut au général Sherman qui attaqua d’emblée la Géorgie.

Après la dure bataille de la Wilderness, Grant repartit instamment à l’attaque. Il tenta plusieurs manœuvres pour flanquer Lee mais n’y parvint jamais. Se détachant de Spotsylvania, les deux armées se retrouvèrent à North Anna River (22-27 mai). Les Confédérés étaient déjà solidement ancrés sur le terrain, poussant Grant à aller toujours plus sur sa gauche, vers Richmond. Les deux armées se retrouvèrent à Cold Harbor.

La cavalerie de Sheridan tint ce carrefour jusqu’à l’arrivée des deux armées début juin. Grant essayait toujours de provoquer une bataille en terrain découvert pour infliger à Lee une défaite totale. Mais ce dernier manœuvrait habilement pour empêcher cette situation d’advenir. En cela, Lee poussait à une guerre d’usure où il était toujours sur la défensive derrière des tranchées, occasionnant deux fois plus de victimes dans l’armée du Potomac. Ainsi, en un mois d’incessants combats, les Fédéraux avaient perdu environ 44 000 hommes et les Confédérés environ 25 000 (ce dernier nombre est une estimation). Pour ne rien arranger, le mental des Fédéraux commençait à flancher à force d’être constamment sur le qui-vive. Cette défaillance physique et mentale touchait à vrai dire les deux armées et pas seulement les soldats : A. P. Hill et Ewell craquèrent momentanément chez les Confédérés, si bien qu’il fallut remplacer Ewell par Early. Grant, pour sa part, pensait que le moral de son armée était meilleur que celui de l’armée adverse. Il attaqua de front à Cold Harbor le 3 juin 1864. Les Fédéraux ne passèrent pas même la première ligne de tranchées et furent étrillés : Grant perdit 7 000 hommes en un jour, Lee 1 500. Devant ce patent échec, Grant reconnut son erreur. Ce mois de batailles de tranchées avait eu un effet traumatique sur les Fédéraux.

Jubal Early (1816-1894), lieutenant général confédéré.
Vision tactique de la bataille de Cold Harbor (31 mai – 12 juin 1864).

Le général en chef des armées de l’Union ne s’arrêta pas pour autant. Il conçut un plan complexe faisant intervenir trois forces : l’armée du Potomac devait se diriger vers Petersburg ; la cavalerie de Sheridan devait passer derrière les lignes, couper le ravitaillement et rejoindre la troisième force, celle venant de la vallée de la Shenandoah, auparavant commandée par Sigel. Cette dernière se replia en Virginie occidentale à la première véritable menace. Il faut dire qu’en Virginie septentrionale, les maquisards confédérés, sous les ordres de John Singleton Mosby, faisaient des ravages et épiaient les mouvements des armées pour en attaquer systématiquement les éléments isolés. Une bonne partie du ravitaillement fédéral passant dans la Shenandoah fut entravée par ces maquisards pendant toute la guerre. Enfin, Lee prit très au sérieux cette menace sur ses arrières et envoya des renforts. Sheridan, de son côté, affronta avec 7 000 cavaliers de l’Union 5 000 de ses homologues confédérés, dirigés par Wade Hampton, réputé l’homme le plus riche de la Confédération. Le combat fit rage près de Trevilian Station les 11 et 12 juin. Les cavaleries se séparèrent après avoir perdu chacune environ 20% de leur effectif, faisant de cet affrontement de cavalerie le plus meurtrier de la guerre. Mais Sheridan n’alla pas beaucoup plus loin dans son raid.

De son côté, l’armée du Potomac arrivait devant Petersburg le 15 juin. La ville était seulement défendue par Beauregard et 2 500 hommes. Mais l’avant-garde de l’Union hésita devant les fortifications. L’attaque en resta, de ce fait, limitée. Lee arriva juste à temps pour frustrer les attentes de Grant. Lorsque ce dernier ordonna, avec Meade, d’attaquer Petersburg le 17 juin, les 70 000 Fédéraux traînèrent les pieds. Depuis le 2 mai, l’armée du Potomac avait perdu 65 000 hommes ! Celle de Lee plus de 35 000. Les copperheads avaient de quoi reprendre du métier dans le Nord endeuillé. Pourtant, Grant avait cantonné l’armée très mobile de Lee à la défensive sur une siège et l’avait fait reculer de 130 km. Sherman, en Géorgie, parvint aux mêmes résultats mais sans les pertes atroces.

Dans sa campagne vers Atlanta, Sherman ne combattit que rarement Johnston. Les deux hommes manœuvraient mais n’engageaient pas les hostilités. À vrai dire, Johnston était quelque peu le McClellan du Sud. En 1862, en Virginie, il n’avait eu de cesse de reculer sans combattre pour trouver une meilleure position ou en notant son infériorité numérique (véritable, pour le coup, la comparaison avec McClellan trouve ici sa limite). En 1863, il avait constamment fui le combat devant Vicksburg. En Géorgie, il fit de même. À chaque fois, un détail l’empêchait d’attaquer. Mais soyons réalistes, il alignait 65 000 hommes, Sherman en avait presque le double. Si Sherman n’attaquait pas, pour sa part, c’est aussi parce que la Géorgie était particulièrement adaptée à la défense. Toujours est-il que Johnston, comme Lee, recula de 130 km. Sherman s’assura par ailleurs de mettre temporairement hors de combat Forrest, le terrible cavalier sudiste qui s’attaquait à ses voies de ravitaillement et de communication. Coincer et vaincre l’insaisissable cavalier confédéré ne fut pas une mince affaire. Il fallut s’y reprendre à deux fois. La première fois fut d’ailleurs la pire humiliation de l’Union sur le théâtre occidental de toute la guerre : Forrest l’emporta avec deux fois moins d’hommes à Brice’s Crossroads dans le Mississippi le 10 juin, mettant en déroute 8 000 Fédéraux. Le 14 juillet, enfin, 14 000 Fédéraux défirent les 7 000 hommes de Forrest à Tupelo et blessèrent ce dernier.

Vision tactique de la bataille de Brice’s Cross Roads (10 juin 1864).

Les armées de Sherman et Johnston se firent une énième fois face à trente kilomètres d’Atlanta. Johnston était retranché sur le mont Kennesaw, une position défensive assez puissante. Sherman, excédé de ne pas parvenir à ses fins, tenta une attaque frontale inutile et sanglante dans laquelle il perdit 3 000 hommes, soit cinq fois plus que Johnston. Cette bataille, se déroulant sous une forte chaleur, eut le mérite de redresser le moral des Confédérés, malgré la soif qui les tiraillait. La confiance en Johnston était intacte. Sherman avait perdu, depuis le début de sa campagne, 17 000 hommes, Johnston 14 000. Tous théâtres confondus, l’Union avait perdu 90 000 hommes en deux mois et n’était pas vraiment plus proche de la victoire.

Joseph Johnston (1807-1891), général confédéré.

Jefferson Davis le savait, Atlanta représentait un nœud de communication essentiel pour la Confédération : il n’était pas question de la laisser tomber sans agir. Et c’est exactement ce que Johnston semblait être en passe de faire. Davis releva alors Johnston de son commandement mi-juillet et le remplaça par Hood. C’était troquer la prudence d’un stratège pour l’agressivité outrancière. Lee, qui s’opposa à ce changement, décrivit Hood ainsi : « Il est tout lion, sans rien de renard. » En un mot, c’était rendre service aux Fédéraux. Mais perdre Atlanta sans combattre aurait fini d’enterrer le moral sudiste. Hood attaqua dès le 20 juillet. Il focalisa son offensive sur le général Thomas, dont les hommes traversaient le bras d’eau de Peachtree Creek. Cette attaque, trop tardive, fut repoussée.

Pendant ce temps, McPherson, comme si souvent depuis le début de cette campagne, avait pour ordre de contourner les défenses confédérées. Après son échec à la bataille de Peachtree Creek, Hood se retrancha sur les puissantes défenses d’Atlanta et attaqua l’armée du Tennessee de McPherson le 21 juillet. Les Fédéraux repoussèrent férocement les Confédérés. Pourtant, ce combat coûta la vie au général McPherson, qui avait refusé de se rendre. Sherman le remplaça par Howard, de l’armée du Potomac, à qui il ordonna de couper la voie ferrée vitale à l’effort des Confédérés. Hood réagit en la défendant énergiquement lors de la bataille d’Erza Church le 28 juillet. En huit jours et trois batailles, Hood avait perdu 15 000 hommes contre 6 000 pour Sherman. Mais il avait tenu Atlanta, dont le siège commençait. Certains habitants d’Atlanta restèrent malgré la menace, gonflant le moral des Sudistes.

Vision tactique du siège d’Atlanta et des batailles associées (bataille de Peachtree Creek le 20 juillet 1864, d’Atlanta le 22 juillet et d’Erza Church le 28 juillet).

Devant Petersburg, Grant buttait toujours. Pire : les 15 000 Confédérés de Jubal Early, envoyés dans la vallée de la Shenandoah par Lee, se menaçaient désormais Washington. La capitale de l’Union avait de puissantes défenses mais peu de défenseurs. Grant dut se séparer de son excellent 6e corps qu’il envoya protéger Washington. Et effectivement, si Early fit quelques ravages dans les environs, il n’attaqua jamais sérieusement la capitale fédérale, qu’il considérait – à raison – trop puissante. Dans ces tranchées tenues par le 6e corps et sous attaque des Confédérés, Lincoln vint observer pour la première fois un des combats qu’il avait provoqués. Le 12 juillet, avec son haut de forme, il regarda plusieurs fois au-dessus du parapet, se mettant en danger et s’attirant cette réplique cinglante d’un capitaine qui ne l’avait pas reconnu : « Baissez-vous donc, espèce d’abruti, si vous ne voulez pas être touché ! » Un conseil qu’il suivit.

Early parvint à rebrousser chemin jusqu’à la Virginie sans être anéanti, ce qui eut le don d’agacer Lincoln et Grant. Ce dernier rassembla les différentes forces qui poursuivaient Early sous le commandement unique de Sheridan et lui ordonna de « le traquer jusqu’à la mort ». Sheridan, après avoir réorganisé sa force hétéroclite, se montra à la hauteur. Pendant ce temps, des hommes de Burnside, devant Petersburg, entreprirent de creuser un tunnel de 170 mètres de long pour faire sauter, au moyen d’une mine, les défenses confédérées. Or, l’histoire militaire nous enseigne qu’on ne peut creuser plus de 130 mètres de tunnels sans s’exposer à de graves problèmes de ventilation. Le génie, qui ne prit pas part dans cet ouvrage et moqua les soldats qui s’y attelèrent, avait tort. Ces derniers creusèrent effectivement leur tunnel, amenant de l’air au moyen de tuyaux. Tout était prêt et une unité noire devait avancer de front pour exploiter la brèche. Pourtant, juste avant l’assaut, à l’aube du 30 juillet, Meade, avec l’accord de Grant, changea ce dernier paramètre. Des troupes blanches ouvriraient la voie. Meade n’avait pas confiance en ses soldats de couleur. Grant, lui, craignait le scandale si l’offensive était ratée : on lui prêterait la volonté de jeter des Noirs dans des opérations suicidaires. Toujours est-il que ce changement démoralisa gravement Burnside qui décida de ne pas commander. L’officier choisi pour mener l’offensive le fut à la courte paille. Le sort désigna un alcoolique notoire aux états de services médiocres.

Vision tactique de la bataille du Cratère lors du siège de Petersburg (30 juillet 1864).

Le 20 à l’aube, la mine sauta, créant un cratère long de 60 mètres sur 20 et profond de dix. L’explosion avait pulvérisé tout un pan des défenses de Lee et fait fuir les défenseurs sur 200 mètres de rayon. Les Fédéraux, peu ou pas commandés, attaquèrent de manière désordonnée. Les soldats blancs, fascinés par le cratère, s’aventurèrent dedans plutôt que de le contourner. Les défenses confédérées se reformèrent et l’artillerie eut tout le loisir de pilonner cette masse informe qui grouillait dans le cratère. Ladite bataille du Cratère, au potentiel exceptionnel, fut un lamentable échec opérationnel. Les échecs de l’Union devant Petersburg et Atlanta firent plonger le moral des nordistes. Les copperheads démocrates s’en frottaient les mains : Lincoln n’était pas près d’être réélu. Pourtant, Farragut avait obtenu d’importants succès à Mobile. Il y avait forcé le passage avec sa flotte et neutralisé trois forts en août. Il n’avait pas pris Mobile, certes, mais il empêchait désormais le fonctionnement du dernier port des forceurs de blocus dans le golfe du Mexique.

En 1864, des agents confédérés furent envoyés au Canada pour encourager un soulèvement des copperheads dans l’Union. C’était demander à des pacifistes de prendre les armes, de surcroît contre leur gouvernement. Et puis, les pacifistes nordistes avaient pour objectif l’arrêt des combats et le rétablissement de l’Union telle qu’elle était en 1860. Un projet strictement contraire à celui de l’indépendance de Jefferson Davis. Les agents laissèrent les copperheads dans leur illusion et fomentèrent plusieurs actions telles que libérer des prisonniers confédérés ou soulever le peuple. Toutes les tentatives échouèrent. Lincoln, qui savait que des espions confédérés agissaient depuis le Canada, se garda bien de museler les démocrates comme il l’avait fait les années précédentes. Il ne fallait fournir aucun prétexte pouvant déchaîner une foule. Ces tentatives échouèrent surtout devant la tiédeur des copperheads. C’est que les démocrates avaient de bonnes chances de l’emporter légalement aux élections. Alors, les Confédérés se contentèrent de financer cette campagne.

Lincoln imposa comme prérequis aux négociations de paix l’abolition de l’esclavage et la réintégration des Etats confédérés dans l’Union. Exactement l’inverse de ce qu’exigeait Davis. Mais ce furent les Confédérés qui ouvrirent un semblant de négociations que Lincoln repoussa, donnant le beau rôle à Richmond. Avec cette manœuvre, Washington semblait être la seule à s’opposer à toute négociation raisonnable de paix. Lincoln permit alors à un journaliste et un colonel de proposer la paix à Davis, qui la refusa évidemment, car son prérequis était l’indépendance et la conservation de l’esclavage. Mais ce refus fit moins de bruit que celui de Lincoln. Les démocrates fermèrent les yeux sur l’exigence d’indépendance et assurèrent que l’abolition de l’esclavage seule faisait capoter les négociations. Un éditorial démocrate tout à fait habituel lançait : « Des dizaines de Blancs devront encore mordre la poussière pour satisfaire la passion du Président pour les Noirs. » Lincoln refusait de trahir les Noirs. Mais sa détermination chancelait en cet été 1864. Les démocrates le pressaient d’abandonner l’abolition de l’esclavage comme condition sine qua non, les républicains radicaux lui disaient qu’il n’exigeait pas assez. Sur le point de céder, Lincoln organisa le nécessaire pour proposer à Davis une paix n’ayant pour condition que l’union des Etats, mais se ravisa finalement.

Pour les élections, Lincoln avait face à lui un candidat sérieux : McClellan. Pourtant, celui-ci était belliciste, ce qui divisa le parti démocrate. Le général assura qu’il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour obtenir la paix sans verser plus de sang. Le parti le désigna comme candidat avec un vice-président farouchement pacifiste et ouvertement favorable au Sud avec de surcroît un programme pacifiste qui fit espérer le Sud. Si Richmond n’essuyait aucun revers militaire d’ici novembre, les élections permettraient certainement la fin de la guerre et l’indépendance. Mais Richmond allait en subir un, de revers : la chute d’Atlanta, en septembre 1864.

Le 26 août, l’armée de Sherman disparut, mettant fin au siège d’Atlanta. Ce n’est que le 30 août que Hood comprit pourquoi. Les Fédéraux avaient levé le siège pour s’attaquer à une voie ferrée vitale pour Atlanta, obligeant Hood à sortir de la ville. Celui-ci tenta trop tardivement une contre-attaque et fut laminé par les Fédéraux. Hood repoussé, Sherman put couper la voie ferrée, provoquant l’évacuation d’Atlanta le 1er septembre. Les Confédérés y détruisirent tout ce qui avait un potentiel militaire. La chute d’Atlanta remettant en cause le discours pacifiste démocrate, McClellan se ravisa et tempéra sa volonté de négocier précédemment exprimée. Ce revirement divisa les démocrates mais ils ne disposaient d’aucun autre candidat tangible. Chez les républicains, il n’était plus question de remplacer Lincoln, à nouveau chef victorieux. Le 22 septembre, les républicains radicaux firent en sorte de retirer Frémont de la course. Lincoln pouvait s’appuyer sur plus que la chute d’Atlanta : Sheridan était passé à l’action dans la vallée de la Shenandoah.

John B. Hood (1831-1879), lieutenant général confédéré.

Après avoir montré une inhabituelle prudence du fait du renforcement d’Early par deux divisions de Lee, le général de l’Union décida d’agir seulement lorsqu’il apprit que l’une de ces deux divisions de renforts était repartie au sud. Le 19 septembre, Sheridan, 37 000 hommes, attaqua Early, 15 000 hommes, à Winchester. Sheridan fit reculer son adversaire de 30 km, puis de 100 km en attaquant par surprise la nouvelle position confédérée après avoir grimpé une falaise le 22 septembre. Lee envoya une division d’infanterie et une brigade de cavalerie en renforts car la vallée de la Shenandoah était vitale à son ravitaillement. Or, Sheridan mettait en œuvre la seconde partie des instructions de Grant : ravager la vallée pour priver les Confédérés en Virginie de leurs vivres. Même les pro-union virent leurs champs ravagés et leurs bêtes saisies. Sheridan fut intraitable, ordonnant de ne laisser aux habitants que « leurs yeux pour pleurer ». Après quoi, Sheridan s’en retourna à Washington pour une conférence stratégique le 16 octobre.

Le danger représenté par la force du général Early, proche de Washington (1864).

Early en profita pour attaquer dans la nuit du 18 au 19 octobre les troupes de l’Union privées de leur commandant. La surprise fut totale et l’armée fédérale fut bousculée. Les Confédérés pensaient avoir emporté la décision mais le 6e corps n’était pas encore intervenu, tout comme la cavalerie fédérale. Et puis, Sheridan, petit déjeunant à Winchester, partit au triple galop quand il entendit au loin tonner l’artillerie. Sur le chemin, il ordonna aux fuyards de remonter au front et fut suivi par des centaines d’entre eux, donnant là le meilleur exemple d’autorité naturelle sur le champ de bataille de la guerre de Sécession. Il fit attaquer la cavalerie sur les flancs et l’infanterie de front, refoulant l’armée d’Early qui se désintégra dans la fuite après avoir repassé Cedar Creek. Les Fédéraux firent un millier de prisonniers et capturèrent des fourgons de ravitaillement.

Pendant ce temps, Grant avait progressé de quelques kilomètres devant Petersburg. Il avait également capturé un fort à quelque dix kilomètres de Richmond. Dans la capitale confédérée, les hommes valides de moins de 50 ans furent tous mobilisés pour défendre les tranchées, deux ministres y compris (malgré leurs protestations). Grant essaya de pousser son avantage, en vain. Mais il étira plus encore les lignes de Lee qui, d’après ce dernier, étaient trop fines pour résister sans renforts. Les victoires et la fébrilité de la Confédération convainquirent de nombreux vétérans partis de l’armée de se réengager. Les républicains connurent un regain de popularité.

Source (texte) :

McPherson, James M. (1991). La guerre de Sécession. Paris : Robert Laffont, 1020p.

Sources (images) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jubal_Anderson_Early (général Early)

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Cold_Harbor (bataille de Cold Harbor, vision tactique)

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Brice%27s_Cross_Roads (vision tactique de la bataille de Brice’s Cross Roads)

https://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_E._Johnston (général Johnston)

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Atlanta (siège d’Atlanta et batailles associées)

https://en.wikipedia.org/wiki/Siege_of_Petersburg (siège de Petersburg)

https://en.wikipedia.org/wiki/John_Bell_Hood (général Hood)

https://en.wikipedia.org/wiki/Third_Battle_of_Winchester (situation avant la bataille de Winchester)

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