Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie XI) : la Campagne de France (1814)

Le Premier Empire et les guerres napoléoniennes (partie XI) : la Campagne de France (1814)

Les Coalisés étaient à la frontière naturelle de la France. La Confédération du Rhin, dont la déliquescence était déjà avancée, acheva de s’effondrer. Seule la Saxe, occupée par les Coalisés, restait fidèle : se rendre aux Coalisés signifiait pour elle perdre son territoire. L’alliance franco-allemande n’était plus. L’Allemagne et l’Espagne tombées, l’Italie sombrant, la France était acculée à son sanctuaire national. La déclaration de Francfort écartait les divergences et donnait priorité à la défaite de Napoléon. Metternich envoya pourtant unilatéralement une proposition de paix que Caulaincourt accepta le 2 décembre, date symbolique. C’est que Russes et Anglais voulaient détrôner Napoléon, l’Autriche n’y tenait pas. Metternich dut prétendre la réponse trop tardive et prétendre que c’était une ruse pour apaiser les Coalisés. La déclaration de Francfort démontrait la solidité comme la faiblesse de la Quadruple alliance, la Sixième Coalition. Du reste, la France attendrait : priorité à la Hollande et la Belgique. La révolte grondait en Hollande, animée par les partisans de la maison d’Orange. Le général Molitor devait défendre la frontière, laissant la situation dégénérer à Amsterdam le 15 novembre, La Haye le 17, Rotterdam le 19. Les Prussiens envahirent Hollande comme Belgique, découvrant le nord de la France.

Maréchal d’Empire Jean-de-Dieu Soult (1769-1851)

Au sud, 170 000 Anglais, Portugais, Espagnols et Siciliens attaquaient 75 000 Français. Wellington ne commandait directement que 25 000 hommes car Londres craignait que les troupes espagnoles puissent saccager la France et y provoquer un soulèvement patriotique semblable à celui de 1793. Les Anglais, largement absents des armées coalisées, entraient en premiers en France le 7 octobre 1813. Wellington évita péniblement la destruction des villes et villages français et dut renvoyer les Espagnols. Puis il attendit, voyant Metternich négocier. Soult, lui, demanda à Suchet, en Catalogne avec 15 000 hommes, d’attaquer les arrières de Wellington : il n’en fit rien. La grande bataille de la Nive (ou Saint-Pierre d’Irube), le 10 décembre, épuisa les deux armées, neutralisant le front sud jusqu’à février 1814.

En Italie, Eugène tenait avec talent tête aux Austro-bavarois avec 56 000 hommes (20 000 Français). Luttant vers Rivoli, Eugène tenait sur l’Adige, comptant sur Mantoue. Le vice-roi refusait toute négociation n’impliquant pas Napoléon. Murat fut moins fidèle : il refusa d’envoyer 30 000 Napolitains à Eugène, voulait sauver son trône et rêvait d’unifier l’Italie ; Caroline Bonaparte, lasse, n’empêcha pas son mari de traiter avec l’ennemi. Murat s’apprêtait à attaquer Eugène avec 40 000 Napolitains. L’Illyrie tombée, son gouverneur, Fouché, se rendit à Naples, comprit tout et n’empêcha rien. Il envoya son rapport un mois en retard pour empêcher une réaction de Napoléon. Murat, roi de Naples, maréchal et grand amiral d’empire, cavalier d’exception, beau-frère de Napoléon, trahit son empereur le 12 février 1814, fort des promesses autrichiennes. « La conduite du roi de Naples est infâme et celle de la reine n’a pas de nom » écrivit Napoléon à Fouché.

Invasion de la France en 1814

La Suisse se déclara neutre en décembre 1813, ce qui autorisa les Coalisés à allonger un front allant de la Manche à la Méditerranée sans discontinuité, sans oublier les Pyrénées. Prusse et Russie voulaient détrôner Napoléon, l’Autriche souhaitait la régence de Marie-Louise jusqu’à la majorité de Napoléon II, l’Angleterre préférait le retour des Bourbon (Louis XVIII). Autriche et Angleterre voulaient négocier, ne pas précipiter les opérations militaires. Pour Napoléon, c’était la campagne de la dernière chance : il voulait obliger à négocier, non pas vaincre. Pour cela, il lui fallait hommes comme argent. Les centimes additionnels et certains impôts doublés rapportèrent 77 millions de francs ce premier semestre, sur les 562 escomptés. Les dépenses suivaient, elles, les prédictions : 548 millions. Napoléon comptait sur 500 000 hommes et même 900 000 in fine ! Il fallut déchanter : Soult manœuvrait avec 50 000 Français, Eugène avec 40 000 et 150 000 étaient au nord, pour partie assiégés. En étant optimiste, l’Empire comptait 250 000 soldats éclatés sur trois fronts, manquant d’équipements et d’expérience, touchés par le typhus. La population française, lasse, rejetait violemment les conscriptions, les élites et fonctionnaires étaient découragés. Napoléon disait être entouré d’« aboyeurs de paix » et vit le Corps législatif le tancer par une diatribe de Lainé le 29 décembre : du jamais vu en quatorze ans. Les Royalistes attendaient le bon moment. Avant la campagne, Napoléon liquida deux mauvais souvenirs : Ferdinand VII et Pie VII. Il tenta en vain la paix avec le premier et dut forcer le second à rentrer à Rome. Napoléon devait chausser « ses bottes et résolutions de 1793 », il le fit : Napoléon renouait avec le panache du général Bonaparte. Il n’avait que 60 000 Français sous sa férule mais, comme il le disait alors « 60 000 hommes et moi, cela fait 160 000 ».

Invasion de la France et Europe coalisée en 1814

Les Coalisés entrèrent en France en janvier. L’armée de Bohême, 200 000 hommes, celle de Silésie, 46 000 hommes et celle du Nord, 48 000 hommes, formaient la majorité des forces d’invasion. En réserve, 300 000 hommes assiégeaient des places en Allemagne, les empêchant de participer à la campagne de France. Avec Wellington, 420 000 Coalisés envahissaient directement la France. En Italie, Eugène affrontait 75 000 Autrichiens avec 48 000 hommes. Napoléon quitta Châlons et affronta l’armée de Silésie, forte de 60 000 hommes, le 29 janvier 1814, avec 34 000 hommes seulement. Les Prussiens de Blücher perdirent 6 000 hommes et furent vaincus, Napoléon perdait 4 000 hommes. C’était pourtant là des nouvelles recrues avec peu d’instruction mais débordantes d’enthousiasme. Blücher s’étant replié vers l’armée de Bohême, Napoléon lutta le 1er février à La Rothière avec 36 000 Français contre 100 000 Coalisés de Blücher soutenus par 70 000 Coalisés supplémentaires en réserve. Les Coalisés voulaient envelopper les Français et leur couper la retraite. Napoléon tint fermement La Rothière, la perdit puis la reprit. Enfin, il perça l’encerclement pour se replier au-delà de l’Aube. Il avait perdu 6 000 hommes, les Coalisés également !

Feld-maréchal Gebhard Leberecht von Blücher (1742-1819)

Les Coalisés pensaient être rapidement à Paris et adoptèrent un plan faisant fi de la résistance française, marchant en deux colonnes vers la capitale, l’une le long de la Marne, l’autre le long de la Seine. De plus, Blücher avait trop espacé ses échelons. Napoléon, le seul à garder son calme et à apprécier la situation avec justesse, replié sur Nogent, en profita, débutant la campagne des six jours. A Champaubert, Napoléon annihila une unité de 3 500 hommes de l’armée de Silésie de Blücher. L’armée de Silésie était désormais coupée en deux. Aux prises avec Macdonald à Meaux, la partie avancée de l’armée de Silésie se replia en constatant sa situation. Napoléon défit avec 15 000 Français 30 000 hommes de l’armée de Silésie à Montmirail, faisant 4 500 victimes pour 2 000 Français, puis à Château-Thierry où elle s’était repliée, infligeant 3 000 pertes* supplémentaires. Blücher continuait lui sa marche vers Paris. Il fut bloqué à Vauchamps, le 14 février, par la Garde de Drouot et la cavalerie de Grouchy, perdant 6 000 Prussiens pour 600 Français ! Malheureusement, Napoléon ne put définitivement anéantir l’armée de Silésie : l’armée de Bohême de Schwarzenberg, qui avait avancé plus lentement, menaçait désormais Paris. Napoléon avait infligé, avec 30 000 hommes, plus de 31 000 victimes à Blücher.

*Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.

Vision tactique de la Campagne de France (1814)

Schwarzenberg, apprenant l’arrivée de Napoléon, ordonna un arrêt de trois jours dans la progression « afin d’attendre le développement des manœuvres de l’empereur Napoléon. » Etrange ordre que celui-là. Napoléon en profita pour attaquer en détail l’armée de Bohême : Victor étrilla un corps entier le 17 février, faisant 5 000 tués, blessés et prisonniers ; le maréchal poursuivit sa manœuvre, repoussant les Wurtembergeois au-delà de la Seine ; Macdonald repoussa les Bavarois ; Oudinot repoussa Wittgenstein et ses Autrichiens. L’armée de Bohême, secouée, retraita pendant trois jours pour s’établir à Troyes. Schwarzenberg avait même proposé en catastrophe un faux armistice à Napoléon, ce qu’il refusa. Poussé à une grande bataille par les Coalisés, Schwarzenberg préféra fuir avec 150 000 hommes face aux 70 000 Français de Napoléon !

Maréchal d’Empire Edouard Mortier (1768-1835)

Le 23 février, les Coalisés retraitaient. Le tsar et le roi de Prusse exigèrent que Blücher continue son chemin vers Paris. Il fallut pourtant renforcer Blücher qui, par ses défaites, disposait désormais de moins de 50 000 hommes. Napoléon alignait 74 000 hommes, appuyés de 350 canons. Avec la guérilla des paysans français livrée contre les Coalisés cruels en territoire occupé, la situation de Napoléon venait de significativement s’améliorer. Blücher relança son armée vers Paris le 25 février et, jugeant des renforts non nécessaires pour mettre en échec le corps de Marmont, n’attendit pas. Il pensait que Marmont se replierait : erreur de jugement. Aux 48 000 hommes de Blücher, Marmont opposa ses 6 000 Français, menant un efficace combat de freinage jusqu’à ce que Mortier vienne lui prêter main forte, portant à 10 000 Français ses forces : Blücher ne parvint pas à franchir la Marne devant cette force. Il renonça à franchir la Marne à Meaux mais bougea à la faveur de la nuit. Marmont et Mortier en profitèrent pour culbuter des unités prussiennes puis, le 1er mars, empêchèrent à nouveau Blücher de passer la Marne. Celui-ci allait encore tenter sa chance le lendemain lorsqu’il apprit que Napoléon était sur ses arrières. Il retraita avec précipitation. L’armée de Silésie était fatiguée et son moral sérieusement atteint. Elle était sur le point d’être détruite.

Pourtant, la garnison de Soissons, qui devait encore tenir un jour pour voir le corps prussien l’assiégeant renoncer, capitula. L’armée de Silésie était sauvée. Cette reddition de Soissons est considérée comme ayant ruiné les chances de Napoléon de vaincre les deux armées coalisées et de remporter la campagne de France, faisant de Soissons le pendant de Waterloo. Gardons-nous d’aller trop loin, dans le meilleur des cas, Napoléon aurait gagné du temps. Les Coalisés avaient une capacité avoisinant le million d’hommes. Blücher voulut inverser la vapeur et provoqua le combat à Craonne en supériorité numérique et sur un terrain l’avantageant. Cela ne l’empêcha pas d’être vaincu à nouveau. Napoléon perdait 5 000 Français, Blücher 5 500 hommes.

Se repliant vers Laon, renforcé, Blücher affronta à nouveau Napoléon. Ce dernier avait 37 000 Français, Blücher alignait 85 000 hommes ! Le premier jour, le 9 mars, fut équilibré. Dans la nuit, une unité prussienne attaqua les Français endormis, causant de lourdes pertes et compromettant les chances de Napoléon dans la grande bataille qui s’annonçait. Le corps de Marmont tint cependant le terrain, sauvé du désastre par des renforts dans ce combat de nuit. Le lendemain, Napoléon mena sa bataille de manière offensive. L’Empereur avait intimidé ses adversaires et en profita pour retraiter. Il avait pourtant perdu 6 000 hommes pour 3 500 Coalisés. Blücher n’osa pas poursuivre l’Empereur. Schwarzenberg était toujours hésitant, bien qu’ayant fait reculer Macdonald. Augereau, disposant de 28 000 hommes vers Lyon, reculait lentement alors que Napoléon le chargeait de prendre Genève.

Campagne de France (janvier-avril 1814)

Macdonald se repliait sur Provins, Augereau sur Lyon, Soult sur Toulouse, Napoléon sur Soissons. Pourtant, l’Empereur créa un plan offensif. Arrivé à Soissons, Napoléon réorganisa sa petite armée et apprit la chute de Reims, ce qui permettait la communication entre les deux armées coalisées. L’Empereur devait leur ôter cet atout. Le 13 mars, Napoléon écrasa avec 8 000 hommes le corps coalisé qui tenait Reims, dont le chef avait été assuré de la destruction de l’armée de Napoléon. Les Français perdaient 700 hommes, les Coalisés la moitié d’un corps d’armée. Le doute rongea les Coalisés. Schwarzenberg, sans nouvelles de Blücher, écrivit : « Je n’ai pas de nouvelles et j’avoue que je tremble. Si Blücher essuie une défaite, pourrai-je livrer moi-même bataille, car si je suis vaincu quel triomphe pour Napoléon et quelle humiliation pour les souverains de repasser le Rhin à la tête d’une armée battue. » Napoléon, le 17 mars, se porta sur l’armée de Bohême avec 23 000 Français.

Napoléon voulait ainsi attaquer les 100 000 hommes de Schwarzenberg de flanc avec 25 000 hommes pendant que la tête de l’armée buttait sur les 30 000 hommes de Macdonald. Schwarzenberg se replia en marche forcée vers Troyes avant que les combats ne commencent. Pourtant, le 20 mars, l’hésitant Schwarzenberg décida de livrer une grande bataille à Arcis-sur-Aube. Napoléon fut surpris par ce changement d’esprit. Les Français cédèrent à un vent de panique devant autant d’hommes. Napoléon dût rallier lui-même les cavaliers en les haranguant devant un pont : « Qui de vous passera avant moi ? » L’arrivée de la Grade et le retour des cavaliers permirent à Napoléon de livrer bataille. Il envoya des renforts à Ney qui luttait en grave infériorité numérique. Schwarzenberg, avec 100 000 hommes, attaquait, hésitant, 25 000 Français. Les Coalisés furent repoussés le 20 mars jusque tard dans la nuit.

Napoléon combattait avec ses hommes, eut son cheval tué sous lui. Schwarzenberg, constatant la résistance française, décida de rester en position défensive le 21 mars. Napoléon, interprétant cette posture comme une retraite, reprit l’offensive, ayant reçu quelques renforts, avec 30 000 hommes. La réalité le mena à rompre le contact et à retraiter devant 100 000 hommes. Schwarzenberg mit du temps avant de repartir à l’offensive et 6 000 vétérans d’Espagne tinrent Arcis-sur-Aube face à 50 000 hommes, permettant la retraite de Napoléon. Avec 100 000 hommes, les Coalisés n’avaient, en deux jours, toujours pas réussi à vaincre une force comparablement dérisoire ! De plus, à Arcis-sur-Aube, les Français perdirent 5 000 hommes, soit autant que les Coalisés ! A Saint-Dizier, Napoléon remporta sa dernière victoire, écrasant la moitié d’un corps russe, soit 5 000 hommes perdus pour les Coalisés. Cela signifiait que les deux armées convergeaient vers Paris, ce qui n’augurait rien de bon.

Pendant la campagne de France, Napoléon investit Caulaincourt de grands pouvoirs pour négocier avec les Coalisés. Ceux-ci refusèrent d’abord de recevoir Caulaincourt, puis imposèrent des conditions très dures. Conditions qui s’adoucirent après ladite campagne des six jours. Mais Napoléon, constatant ses flambantes victoires, retira ses pouvoirs à Caulaincourt, espérant mieux. Le congrès de Châtillon ne déboucha sur rien. Napoléon négocia surtout avec l’Autriche, plus favorable. Au sud, Soult, abandonnant Bordeaux pour résister à Toulouse, provoqua un événement autrement important : la « révolution du 12 mars » royaliste. Les Coalisés y voyaient un peuple favorable à une restauration royale. Les Vive le Roi ! fusèrent sur le chemin de Wellington avant que les 42 000 Français de Soult ne soient défaits à Toulouse le 10 avril par 52 000 hommes de Wellington.

A Paris, Joseph Bonaparte assurait le commandement de quelque 40 000 hommes d’une qualité hétérogène, allant de la Vieille Garde aux sapeurs-pompiers avec 200 pièces d’artillerie. Fallait-il défendre Paris ? L’hésitation fut levée par une lettre de Napoléon à son frère : les dignitaires, Marie-Louise et son fils devaient quitter Paris et éviter la capture : « Ne quittez pas mon fils, et rappelez-vous que je préférerais le savoir dans la Seine plutôt que dans les mains des ennemis de la France ». Joseph comptait sur Mortier et Marmont pour défendre Paris. La population fut armée. On accuse souvent Joseph de traitrise pour avoir fait sortir les dignitaires de Paris, alors qu’il suivait un ordre clair de son frère. A Fère-Champenoise, Marmont, aidé de Mortier, mena un combat rétrograde avec 20 000 Français contre … 200 000 Coalisés. Les Coalisés attaquèrent Paris avec 110 000 hommes le 30 mars à 5h du matin. Marmont résista et fit même reculer les Russo-wurtembergeois à Belleville, Romainville et Pantin tandis que Mortier souffrait à Aubervilliers et que Moncey tenait une barrière à Clichy. La plaine de Saint-Denis ne pouvait être défendue par si peu d’hommes. Le 31 mars à 2h du matin, après 9 000 pertes françaises et 12 000 Coalisés, la capitulation de Paris fut signée.

Les Coalisés dans Paris (mars 1814)

Au défilé des Coalisés dans Paris, les Vive le Roi ! se firent entendre. En réalité quelques royalistes seulement le criaient et avaient payé d’autres pour en faire autant. L’effet fut immense. Talleyrand mena son « coup d’Etat » le 31 mars 1814, devenant président du gouvernement provisoire. Les sénateurs votèrent ensuite l’acte de déchéance de Napoléon Ier, avançant que l’Empereur n’avait pas respecté son serment et la Constitution. Napoléon faisait toujours peur, 40 000 Français dans la main, la fidélité de l’armée et quelques maréchaux encore, les autres militant pour la paix. Marmont avait décidé de passer à l’ennemi avec son corps pour forcer Napoléon à négocier. Celui-ci était à Fontainebleau, d’humeur changeante : combattif ou dépressif. Il voulait relancer l’offensive le 4 avril. Les maréchaux Ney, Lefebvre et Moncey auraient alors menacé Napoléon de mutinerie s’il ne renonçait pas, la fameuse et hautement improbable « scène des maréchaux ». Caulaincourt, Marmont, Ney et Macdonald rencontrèrent le tsar à Paris pour négocier. C’était la fin de la campagne de France.

Napoléon à Fontainebleau (avril 1814)

Macdonald remit Dupont, le vaincu de Baylen, ministre de la Guerre du gouvernement provisoire (non reconnu par Napoléon), à sa place : « Depuis quand cherche-t-on à se venger d’une injustice personnelle aux dépens de son pays ! » Malheureusement, le corps de Marmont (12 000 hommes), commandé par intérim, passa à l’ennemi alors que le maréchal avait annulé l’ordre. Napoléon étant amputé du quart de ses forces, le tsar refusa la régence de Marie-Louise et exigea l’abdication de l’Empereur. Napoléon connut un dernier sursaut de zèle et se résigna enfin à abdiquer le 11 avril 1814. Le traité de Fontainebleau déshéritait la lignée Bonaparte, Napoléon conservait son titre d’empereur mais devait s’exiler sur l’île d’Elbe qu’il posséderait en pleine souveraineté. Il pouvait être accompagné de 400 fidèles et la France devait verser, à lui et sa famille, des pensions annuelles conséquentes (2 millions de francs pour Napoléon). Dans la nuit du 12 au 13 avril, Napoléon, déchu, tenta de se suicider avec un poison qu’il avait au cou depuis la campagne de Russie : la mort, pareille à l’Europe, ne voulut pas de lui. Le 20 avril, l’Empereur adressa ses mythiques adieux à la Garde impériale dont les premiers mots sont : « Soldats de ma Vieille Garde, je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l’honneur et de la gloire. » et les derniers : « Adieu mes enfants. »

Adieux de Napoléon à sa Garde

Sources (texte) :

Marill, Jean-Marc (2018). Histoire des guerres révolutionnaires et impériales 1789-1815. Paris : Nouveau Monde éditions / Ministère des Armées, 544p.

Lentz, Thierry (2018). Le Premier Empire. Paris : Fayard / Pluriel, 832p.

Sources (images) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-de-Dieu_Soult (maréchal Soult)

https://www.napoleon-histoire.com/premiere-abdication-de-napoleon-le-consulat-et-du-premier-empire/ (invasion et campagne de France en 1814)

https://www.lhistoire.fr/portfolio/carte-campagne-de-France (campagne de France et la Sixième Coalition)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gebhard_Leberecht_von_Bl%C3%BCcher (feld-maréchal Blücher)

https://theatrum-belli.com/campagne-de-france-1814-comment-une-serie-de-victoires-tactiques-menent-a-une-defaite-strategique/ (vision stratégique de la campagne de France)

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Mortier (maréchal Mortier)

https://www.herodote.net/La_campagne_de_France-synthese-1894-109.php (les Coalisés dans Paris)

https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/napoleon-ier-a-fontainebleau-le-31-mars-1814/ (Napoléon à Fontainebleau)

https://histoire-image.org/fr/etudes/adieux-napoleon-garde-imperiale-20-avril-1814 (les adieux à la Garde)

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