La guerre du Péloponnèse (partie V) : affrontements en Chalcidique et paix de Nicias (424-415 av. J.-C.)
Rappel : Les années 426 et 425 av. J.-C. virent la fin des invasions péloponnésiennes de l’Attique pour la première phase de la guerre (431 – 421 av. J.-C.). En 426 av. J.-C., les Péloponnésiens renoncèrent à l’invasion annuelle du fait d’une recrudescence de la peste à Athènes, alourdissant le bilan funeste de cette maladie : quelque 70 000 morts en Attique, un épisode qu’Athènes mettra quinze ans à surmonter. En 425 av. J.-C., l’invasion, menée par Agis, roi de Sparte et fils d’Archidamos II, fut écourtée par un débarquement inopiné des Athéniens dans le sud-ouest du Péloponnèse, à Pylos. La réponse spartiate, sous la férule du général Brasidas, tourna à la catastrophe : bloqués sur l’île de Sphactérie, les Spartiates furent étrillés à distance par les troupes non-conventionnelles des Athéniens et 120 soldats d’élite se rendirent. C’est l’existence de ces 120 otages qui mit un terme aux invasions péloponnésiennes de l’Attique après 425 av. J.-C. Après quoi, Athènes multiplia, sans grands résultats, les bastions similaires à Pylos tout autour du Péloponnèse pour entraver l’afflux de marchandises vers Sparte et ses alliés. De son côté, Sparte se décida à imiter Athènes et enrôla des troupes non-conventionnelles à partir de 425 av. J.-C. En 424 av. J.-C.[1], Athènes se décida à attaquer la Boétie pour tenter de sortir Thèbes de la guerre et provoqua, de ce fait, un combat d’hoplites à Délion. Les Athéniens et leurs alliés, dont les plans avaient été contrecarrés, furent en réalité surpris dans leur retraite et complètement écrasés par les Boétiens, notamment du fait de leurs troupes non-conventionnelles.
[1] Dans cet article et ce dossier, toutes les dates sont sous-entendues avant Jésus-Christ, sauf indication contraire.
La première grande bataille d’hoplites avait enfin eu lieu. Celles-ci étaient toujours très réglementées. Les hommes combattaient en phalange, il fallait donc apprendre à bouger avec sa formation et non en tant qu’individu. Le bouclier du voisin de droite protégeait la moitié du corps de l’hoplite positionné à sa gauche. Les combats faisaient relativement peu de victimes mais pouvaient décider de l’issue d’une guerre en moins d’une heure. La bataille de Délion, si elle ne décida pas l’issue de la guerre, ne dura que quelques minutes. Les hoplites ne pouvaient combattre très longtemps car ils devaient soutenir 30 kilos de cuirasses sous un soleil de plomb caractéristique des étés méditerranéens (leur épuisement explique en partie pourquoi les fuyards n’étaient normalement pas pourchassés ; l’autre raison étant que fuir était déjà une honte suprême qui hantait la vie – surtout politique – d’un homme). Par ailleurs, le casque leur recouvrait les oreilles, les privant en grande partie de l’ouïe tandis que l’avant du casque limitait leur vision. Le combat entre deux phalanges soulevant beaucoup de poussière, les combattants ne voyaient de toute façon presque rien au-delà d’un mètre devant eux. Les hoplites des différentes cités-États ayant tous des équipements similaires, il n’était pas rare que des hoplites soient désorientés au point de lutter et tuer certains camarades. D’autres cédaient à la panique, voire déféquaient dans leur cuirasse … Une fois le combat engagé et malgré les pertes relativement légères, il faut rappeler que les batailles d’hoplites devaient être un enfer à vivre. C’est ce qui explique que la meilleure armée de Grèce était la plus disciplinée : les Spartiates.
Les armes de trait (archers, frondeurs …) n’étaient pas admises et les phalanges devaient s’affronter dans une plaine plate. Ainsi étaient les règles, du moins de -700 à -500. La panoplie de l’hoplite coûtait environ trois mois de salaire et marquait un statut social. Du moins avant la guerre du Péloponnèse. Car durant celle-ci, l’Etat se chargea d’équiper les pauvres et mit sur pieds des troupes légères nécessitant un investissement moins lourd. Après la peste et vu la tournure que prenait la guerre, le statut social n’avait plus d’importance. Non seulement des pauvres revêtirent la cuirasse de l’hoplite, mais surtout des pauvres recrutés en tant qu’infanterie légère purent tuer des riches isolés hors de leur phalange.
Les généraux n’étaient souvent que des hommes lambda mais avec une plus forte probabilité de mourir. Ils étaient toujours en première ligne sur l’aile droite. La position de général n’était pas franchement enviable. Ils furent presque tous tués au combat, jugés, exilés, destitués, poursuivis ou exécutés (Militade, Thémistocle, Pausanias, Aristide, Cléon, Brasidas, Gylippe, Lysandre, Alcibiade, Trasybule, ou Épaminondas …) sauf les rois de Sparte (quoique parfois tués). Les chefs athéniens étaient particulièrement exposés à des jugements après la bataille, que ce soit une défaite ou une victoire. Pas moins de 22 chefs élus athéniens furent tués au combat pendant la guerre du Péloponnèse (12% de tous les commandants). Si, aujourd’hui, les militaires ayant du succès envisagent de se lancer en politique, c’était l’inverse dans la Grèce du Ve siècle. Les généraux étaient d’abord des politiciens qui devaient répondre de leurs actes. Pendant les batailles, ils étaient par ailleurs souvent stratégiquement inutiles. Il fallait marcher droit vers l’ennemi et l’engager. Haranguer les hommes et montrer l’exemple était leur rôle principal pendant les combats. À Délion, le Thébain Pagondas coordonna l’infanterie et la cavalerie et donna significativement plus de profondeur à son aile droite ; c’était là les balbutiements de la stratégie (dispositions en profondeur, utilisation de réserves, coordination des armes …). Celle-ci se développerait au IVe siècle avec Epaminondas, Philippe et Alexandre le Grand.
Quoi qu’il en soit, les Thébains venaient de remporter une double victoire : ils avaient vaincu les Athéniens et, dans le processus, les Thespiens dont ils se méfiaient tant avaient payé le plus lourd tribut de l’armée boétienne. Les Thespiens, représentant 10% de l’armée, avaient subi 60% des pertes des Boétiens. Si bien que Thèbes put ordonner à Thespis d’abattre ses murs d’enceinte peu après Délion sans que la cité ne puisse réagir. La raison évoquée par Thèbes ? Une accusation de sympathie avec Athènes.
En hiver 424, alors que les Boétiens assiégeaient les restes de l’armée athénienne à Délion, Sparte assiégeait Lèkythos. Lorsque la place tomba devant les Lacédémoniens[2], Brasidas tua tous les défenseurs athéniens. La ville fut rasée et les terres consacrées aux dieux, comme à Platées. En 423, une nouvelle bataille d’hoplites eut lieu. Dans le Péloponnèse, Mantinée affronta les Tégéates dans une bataille violente mais mineure. Les deux ailes droites se proclamèrent victorieuses et la bataille dura jusqu’à la tombée de la nuit. A vrai dire, il dut y avoir de nombreuses petites batailles comme celle-ci, car la guerre du Péloponnèse n’empêchait pas les Etats de régler leurs différends frontaliers. Cette bataille impliquant Mantinée est surtout intéressante en cela qu’elle préparait un autre affrontement, qui aura lieu cinq ans plus tard.
[2] Lacédémone et Sparte désignent la même ville, tout comme on parle indifféremment de Spartiates ou de Lacédémoniens.
Si Cléon et Démosthène n’étaient pas des généraux conventionnels, le Spartiate Brasidas non plus. On l’avait vu défendre Méthone (430) et attaquer Pylos (425). Il s’appliqua, en 424, à réprimer une révolte démocratique à Mégare. Son échec à Pylos le marqua à vie : il décida de lui aussi attaquer Athènes sur son terrain et sur ses arrières. Pour cela, nous l’avons dit, il recruta des Péloponnésiens, des mercenaires, mais surtout les « Brasidéens » : 700 hilotes. En deux ans, il prit Amphipolis (nord-est de la Grèce), une importante colonie athénienne en décembre 424 et préparera la sédition dans les villes environnantes. Brasidas avait, à dessein, attaqué une zone riche en bois de qualité, en or et en argent. Excepté le capital humain, c’étaient là tous les ingrédients indispensables à la construction et l’entretien de la flotte athénienne. Il s’empara également de Skionè.
Alors qu’Athènes venait de mener un blocus sur Nisaia à son terme fin 424, la cité s’activa pour répondre aux actions de Brasidas en Chalcidique (nord-est de la Grèce). En avril 423, Athènes lança immédiatement l’assaut sur Mendè dont les portes furent ouvertes par des complices à l’intérieur. Ils laissèrent ensuite les démocrates de Mendè massacrer les aristocrates. Les Athéniens poursuivirent leur effort. Ils rentrèrent immédiatement dans Toronè, par une brèche dans les murs, et chassèrent la garnison spartiate. Les femmes et les enfants furent vendues comme esclaves. Quelque 700 hommes furent envoyés à Athènes en otages (ils furent libérés avec la paix de Nicias en 421). Les Athéniens se portèrent alors sur Skionè qui, pour sa part, subit le même sort que Platées. La ville fut assiégée de 423 à 421, isolée du monde par un mur de circonvallation. Lorsque Skionè capitula, les hommes furent exécutés, les femmes et les enfants vendus comme esclaves et les terres furent données au Platéens. Les Athéniens voulurent faire de Skionè un exemple. Pendant le siège de Skionè, les Athéniens n’étaient pas restés inactifs. En 422, alors qu’ils expulsaient tous les habitants de Délos de leur ville dans la partie sud de la mer Égée, et qu’ils assiégeaient Skionè au nord-est de la Grèce, ils voulurent également en finir avec Brasidas. Celui-ci se trouvait un peu plus au nord-est, dans Amphipolis, qu’il avait libéré.
Brasidas entreprit de défendre Amphipolis, qui fut attaquée par les Athéniens, dirigés par Cléon, en octobre 422. Les assaillants perdirent 600 hommes, les Spartiates 7. Mais les deux chefs, Brasidas et Cléon, comptaient parmi les victimes. Sparte perdit là un excellent général, charismatique et usant des techniques non conventionnelles. Il fut enterré en héros et libérateur. Ainsi, alors que les Athéniens s’échinaient à tenter les hilotes du Péloponnèse en brandissant la liberté, Brasidas brandissait le même étendard au nord-est, avec des hilotes dans son armée … et ce alors qu’il faisait partie de l’Etat le plus répressif de Grèce. Les deux rivaux usaient de realpolitik. Brasidas avait fait plus de mal à Athènes avec ses troupes non-conventionnelles que l’armée de 60 000 Péloponnésiens d’Archidamos ayant envahi l’Attique en 431. Brasidas répara l’affront de Pylos. Ces deux événements, Pylos et Amphipolis, amenèrent les belligérants à la paix de Nicias.
En 421, Athènes et Sparte, épuisés, conclurent une paix qui ne serait qu’une trêve, néanmoins longue de 6 ans : la paix de Nicias (421-415), du nom du conservateur athéniens qui la négocia. Athènes devait se remettre de la peste, des invasions de l’Attique et de Délion tandis que Sparte vivait une crise de confiance en ses capacités militaires depuis Pylos et Sphactérie. Pylos ne fut, par ailleurs, pas rendue pendant cette paix de Nicias, contrairement aux otages pris à Sphactérie, qui eux le furent. Athènes s’était pourtant engagé à rendre Pylos, comme Sparte s’était engagé à rendre Amphipolis, aucun ne tint parole. Thèbes, Corinthe, Mégare et Élis, toujours en guerre avec Athènes, protestèrent, en vain. Cette paix ne pouvait être pérenne en cela qu’elle ne réglait pas le fond du problème qui avait déclenché les hostilités : Athènes faisait toujours peur. Ce fut donc un simple bellum interruptum. Et encore, la paix de Nicias, censée durer cinquante ans, n’était ni une paix ni une véritable trêve. La guerre continua, simplement pas officiellement. Car officiellement, Athènes et Sparte avaient conclu une alliance défensive.
Le parti de la guerre d’Athènes, mené par Alcibiade, monta un grand plan. Il s’agissait de négocier avec Argos pour lever une coalition péloponnésienne hostile à Sparte. Élis, Argos et Mantinée, gagnées à la démocratie, pouvaient répondre favorablement. Corinthe et Thèbes, qui en voulaient à Sparte pour la paix de Nicias, n’étaient pas près d’intervenir. Cependant, l’Assemblée athénienne fit l’erreur de ne pas réélire Alcibiade stratège. L’alliance antispartiate ne bénéficierait donc que d’une aide athénienne superficielle. Entre 420 et 418, Sparte ne réagit pas vraiment à la naissance de cette alliance antispartiate. Ce n’est qu’à l’été 218 que le jeune roi spartiate Agis se décida à agir. Il entra en Arcadie avec 18 000 hommes et affronta, un peu par hasard, les alliés sur la plaine de Mantinée vers le 1er août.
Le roi Agis plaça à gauche 600 Skirites, de solides montagnards à moitié citoyens qui avaient souvent la tâche ingrate de tenir la gauche avec des centaines d’hilotes ; au centre se trouvaient des Spartiates et des Arcadiens tandis que la droite était tenue par des Tégéates et des Spartiates. Un millier de cavaliers Boétiens complétaient les effectifs. Cette armée hétéroclite montrait les difficultés démographiques qui allaient bientôt faire exploser le système social des Lacédémoniens. En face, l’alliance antispartiate disposait d’un nombre équivalent d’hommes. La droite était formée par les Mantinéens et des professionnels d’Argos et d’Arcadie ; le centre et la gauche étaient composées du reste des troupes d’Argos et, tout à gauche, d’un millier d’Athéniens. Ce contingent d’Athènes, très limité, donnait également 300 cavaliers aux insurgés. Les contrecoups de la peste peuvent encore expliquer en partie cet engagement limité. C’est ainsi pendant la paix de Nicias que les deux principaux protagonistes de la guerre du Péloponnèse s’affrontèrent pour la première fois sur le champ de bataille. Mais les Athéniens, sûrement par crainte de mettre fin à la paix s’ils envoyaient trop d’hommes, optèrent pour ce qui est très souvent la pire solution : la demi-mesure. Si Athènes avait fourni plus d’hommes, la bataille de Mantinée aurait peut-être tourné en faveur des antispartiates. Or, ces alliés étaient les cités les plus puissantes du Péloponnèse après Sparte. Une telle défaite aurait dissuadé Corinthe et Thèbes de rejoindre à nouveau Sparte contre Athènes et aurait déclenché une crise majeure dans le Péloponnèse, sûrement aggravée par le soulèvement des hilotes. C’était d’autant plus vrai que les alliés surprirent les Lacédémoniens par leur férocité. Mais les Spartiates arrivèrent à bout de la gauche des alliés avant que les Mantinéens n’arrivent à bout des Skirites de la gauche spartiate. Les Athéniens s’enfuirent avec la gauche des alliés tandis que les Spartiates, dans une parfaite démonstration de discipline quasi-robotique, se portèrent sur le centre ennemi qui se disloqua à son tour. Pendant ce temps, l’aile droite des insurgés triomphait enfin de l’aile gauche adverse. Le triomphe des alliés fut de courte durée. Victorieux localement, ils désespérèrent en constatant la tournure globale de la bataille. Ils affrontèrent tout de même les Spartiates avant de fuir.
Les Spartiates avaient tué, en une heure, 1 100 ennemis en perdant 300 des leurs. Toutefois, l’aile droite des insurgés avait repoussé les Skirites et dépassé le centre spartiate. En fait, pendant un court moment, les Mantinéens auraient pu s’engouffrer dans cette brèche – que le roi Agis ne parvint pas à combler pour cause d’insubordination – et attaquer les Spartiates dans leur dos avant que les Athéniens ne partent en déroute, ce qui aurait peut-être changé l’issue de la bataille. Mais les alliés hésitèrent, ne voulant pas affronter les terribles spartiates, et préférèrent piller les bagages de l’armée adverse.
Qu’importe la paix de Nicias, Athènes ne se privait pas de piller et attaquer partout : Lamsaque, Milet, Andros, Mélos, des villages siciliens, mais aussi en Lydie, à Lesbos, en Bithynie et en Carie. Tandis que les Spartiates attaquaient, eux, Salamine, Hysiai (417, où ils tuèrent tous les hommes libres), Argos (fin 417, dont ils rasèrent les murs que les démocrates commençaient à construire), Iasos, Clazomènes, Kéos, Lesbos. Le cas le plus marquant est Mélos, qui fut attaquée par les Athéniens en mai 416. Mélos s’était soulevé pour sa liberté et également parce que les Athéniens avait été plus généreux avec Potidée et Mytilène que les Spartiates avec Platées et Hysiai. Mélos refusa de capituler à l’arrivée des Athéniens. Les Méliens se battaient pour la même liberté que les Athéniens face à Xerxes 65 ans plus tôt. Les Athéniens méprisèrent pourtant la « folie » des Méliens qui se dressaient contre une cité qui avait toujours mené ses sièges à leur terme … Ce qui était vrai pour encore un an. Athènes avait décidé depuis quelques années de devenir aussi intraitable que Sparte avec les cités assiégées. C’était une stratégie peu judicieuse sur le long terme. Dans la Grèce du Ve siècle, les sièges se finissaient plus souvent grâce à une trahison d’un citoyen assiégé que par les assaillants prenant les remparts. Se montrer cruel de manière systématique n’allait pas encourager les trahisons. À court terme, les trahisons continuèrent. D’ailleurs les démocrates complotèrent dans Mélos après 6 mois de siège.
En 415, Mélos, affamé et ne recevant aucune aide de Sparte, capitula. La ville fut pillée par Athènes. Tous les hommes en âge de combattre furent tués, les femmes et les enfants furent vendus comme esclaves. Pour remplacer ce peuple, Athènes installa à Mélos 500 colons athéniens. Tout ceci tenait d’une décision de l’Assemblée athénienne. Mélos, comme Skionè, avait cessé d’exister.
Sources (texte) :
Hanson, Victor Davis (2005). La guerre du Péloponnèse. Paris : Flammarion, 593p.
Orrieux, Claude et Schmitt Pantel, Pauline (2020 pour la 4e édition). Histoire grecque (4e édition mise à jour). Paris : PUF, 511p.
Sources (images) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brasidas (Brasidas)
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicias (Nicias)