Les Conquistadors (partie I) : Hernan Cortès
1492 : après de multiples refus, le plus gros forceur de la Renaissance parvient à trouver un financement pour son projet bancal. Christophe Colomb, génois de sang, obtient l’accord du couple royal d’Espagne : Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. Après avoir essuyé nombre de refus, Colomb peut enfin mettre le cap sur Cipango (AKA le Japon d’aujourd’hui, va comprendre). Pourtant, le bougre en demande beaucoup, toujours exigeant malgré les échecs : il veut être nommé vice-roi des terres découvertes (s’il en découvre), avoir la possession du dixième de la fortune que ses découvertes rapporteraient, avoir le titre d’amiral de la Mer Océane, tout cela étant transmissible à ses héritiers alors qu’il est Génois (et un cookie en plus Christophe ?). Après avoir traversé la Mer des Ténèbres (l’Atlantique), il atterrit à Haïti. Colomb n’aura pas l’occasion d’explorer les terres beaucoup plus que ça, il trouve les îles des Caraïbes (nom qui provient d’une féroce tribu amérindienne vivant dans ces îles par ailleurs) et découvre les côtes américaines sans les explorer. Il passe quand même 8 ans en voyage, tout ça pour que ce soit Amerigo Vespucci qui voie son nom porté par-delà les siècles par la postérité. Ce dernier nomme le continent « Mundus Novus » pour la première fois, on donnera donc son prénom « Amerigo » au continent. Faut dire que Colomb était persuadé d’avoir trouvé l’Inde, il appelait donc ces terres les indes occidentales, d’où le nom (peu cohérent aujourd’hui) d’« indiens » qu’on nommera donc « amérindiens » ensuite (pas futfut MAIS logique le génois). Après la mort de Colomb, on apprend que l’Asie est encore loin, l’océan Pacifique est découvert et nommé ainsi par Balbao car il est calme comme un lac. On sait aussi qu’un puissant empire prospère dans les terres du Mexique actuel. Christophe Colomb a ouvert la voie, il a illuminé la Mer des Ténèbres, les Conquistadors en profiteront.
Le premier des deux plus grands conquistadors se nomme Hernan Cortès. Et cette histoire d’empire croulant sous l’or l’intéresse quelque peu (un empire ? Et si on allait le détruire ? De l’oseille ? Et si on allait se servir ?). Cortès part de Cuba, désormais base aménagée des Espagnols, et appareille dans le golfe du Mexique le 21 avril 1519. Il fonde Villa Rica de la Vera Cruz en détruisant toutes les idoles de ces pauvres amérindiens (« vous vous trompez, vos dieux sont faux ! » « Prouve donc l’existence du tien, homme blanc » « Euuh … »). Cortès, avec 400 Espagnols, 15 chevaux, 10 canons, se lance à la conquête de l’empire Aztèque dont la puissance est prépondérante dans la région. Il rencontre rapidement les ambassadeurs aztèques. Montezuma II (ou Moctezuma) est l’empereur. S’il est normalement intrépide et tout puissant, il offre ici des cadeaux aux Espagnols qu’il craint. Mais pourquoi une telle crainte ? Excellente question Jacqueline ! Un peu de mythologie aztèque ? Attention, les noms sont imbitables (te voilà prévenu).
Dans la mythologie aztèque, Quetzalcoatl est le dieu de l’amour (mais l’amour un peu vénère). Ce dernier contrôlait la région en maître sage. Puis, le frère de Quetzalcoatl : Huitzilopochtli, le dieu de la guerre, décide de prendre le pouvoir (j’avais prévenu pour les noms). Huitzilopotchli chasse donc Quetzalcoatl du pouvoir. Mais en partant par la mer des Caraïbes, il promet qu’il reviendra se venger avec des hommes blancs à barbe. Oui oui, tu as bien lu. Dans la mythologie aztèque, les hommes blancs à barbe représentent l’apocalypse finalement. Du moins pour ceux qui vénèrent Huitzilopotchli : comme Montezuma par exemple. Devine ce qu’est Cortès, et ce que sont ses hommes ? Je te le donne en mille … Emile : des hommes blancs à barbe. Sur un niveau de coïncidence allant de « oh ta gueule Roger » à « c’est forcément un complot des Illuminatis » tu placerais la barre où ? Au-dessus du second ? On est d’accord. Au demeurant, le dieu de l’amour vient casser la gueule de celui de la guerre, on comprend que Montezuma appréhende un peu.
Montezuma pensait faire partir Cortès et la prophétie en payant les Espagnols. C’est mal connaitre la cupidité européenne. Cortès, attiré par la richesse des présents, met le cap sur Tenochtitlan (AKA Mexico car Mexitl est l’autre nom de Huitzilopotchli), la capitale de l’empire Aztèque (outstanding move Montezuma !). Sur la route, il rencontre les Tlaxcaltèques, dont le nom est imbitable. Ces derniers sont les ennemis des Aztèques, ils sont un peu ce fameux village d’irréductibles… Cortès tente l’alliance et la diplomatie. Ça ne se passe pas super bien : 4 000 Tlaxcaltèques attaquent les 800 Espagnols et Amérindiens de Cortès (volontairement enrôlés les Amérindiens, BIEN SUR). Les Tlaxcaltèques n’ont jamais vu de chevaux, encore moins de canons. Si les premiers les effraient, les seconds les terrifient. Ils pensent que les Espagnols ont le tonnerre avec eux. Cortès l’emporte presque sans aucune perte. Bien que dirigés par le réputé Xicotenga, les Tlaxcaltèques sont totalement défaits. Dès lors, les Espagnols sont nommés « Teules » : demi-dieux.
Pourtant, Xicotenga est borné, il ne veut pas céder face aux Teules. Il attaque avec tout ce qu’il a, forces que Cortès estimera à 100 000 hommes : Cortès boit vraisemblablement trop de café ou peut-être aspire-t-il de la drogue dure en quantité industrielle ? En tout cas, il gonfle sûrement le chiffre. Cortès n’avait de cesse de proposer la paix. Après une nouvelle défaite, Xicotenga se soumet enfin. Pour appuyer le côté divin des Espagnols, la chance s’invite encore une fois (ou le complot ?) …
Éteint depuis plus de deux siècles, le Popocatepetl, volcan considéré par les Tlaxcaltèques comme le dieu du feu, s’est réveillé. Il fallait interpréter ce signe. Des Conquistadors gravirent le volcan, alors en pleine activité, chaussés de sandales, menés par Diego de Ordaz, jusqu’à son sommet (5 452 mètres !), ce que personne n’avait fait avant (« Monte le volcan en activité avec des sandales Ordaz » « Bah non, t’es con » « C’est un ordre » « Mierda »). Les Tlaxcaltèques furent ainsi persuadés de la divinité des Teules, les Espagnols, et leur chef Cortès qui est à présent nommé « Malinche », c’est-à-dire la réincarnation de Quetzalcoatl. Montezuma, suant à grosse gouttes devant ces signes, tente encore d’acheter le départ de Cortès. Voyant que ça ne fonctionne pas, il l’invite dans sa capitale (« Dégage stp » « Non » « Bienvenue. »). L’empereur tente ici un coup de poker. Cortès doit passer par Cholula, une ville sainte des Aztèques : c’est une embuscade. Cortès, dans Cholula, sent le coup arriver. Les Espagnols, bien qu’en sous-nombre, massacrent 3 000 Cholultèques dans la « tuerie de Cholula » : le nom a le mérite d’être clair. La ville brûle deux jours durant.
Montezuma, qui commence à se noyer dans son seum, s’excuse pour ce désagrément et dit ne pas avoir été au courant (« J’ai vu, je sais qui c’est, je ne dirais rien »). Cortès fait mine de le pardonner et continue sa route vers Tenochtitlan. Les deux hommes se rencontrent enfin devant la capitale aztèque. Cortès est invité avec les Espagnols, ils logent dans le temple d’Axayacatl (hôtel 5 étoiles + ptit dej). Les Conquistadors entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Cortès, prenant le traditionnel « fais comme chez toi » un peu trop au sérieux, fait prisonnier Montezuma en découvrant les rites sacrificiels. Personne ne réagit (« On a capturé votre empereur Montezuma ! » « Qui ça ? »). Une embuscade provoque la mort d’un espagnol mettant à mal leur réputation de Teules. Apprenant la chose, Cortès jette les coupables au feu et entrave de fers Montezuma, dont la duplicité est soupçonnée, (« Vous faites des sacrifices humains ?! Bande de sauvages ! Jetez-les au feu ! … Bien sûr vivants ! Pourquoi cette question ? »). Il bafoue aussi les fondements religieux en mettant à bas les idoles. Cortès fait arrêter Cacamatzin et Cuitlahuac, rois de Texcoco et d’Iztapalapa (deux villes indispensables au système aztèque) ainsi que le seigneur de Coyoacan pour étouffer toute révolte. La monarchie aztèque n’est plus.
Cortès s’empare du trésor aztèque. Montezuma lui amène ses biens en lui adressant ces mots : « excuse l’insignifiance de ces présents, mais je n’ai plus rien. Vous m’avez déjà tout pris. » (On est quand même sur environ 6 millions de dollars d’aujourd’hui en or, moi je l’excuse volontiers). À tout moment, les Amérindiens massacrent les Espagnols : ils sont 400 000 contre 400 Espagnols, c’est tendax comme rapport de force quand même. Mais ils n’en font rien. Après cette soumission un peu facile commencent les revers de fortune : il était temps. Panfilo de Narvaez débarque à Vera Cruz. Ce cher Narvaez est envoyé par Velasquez, gouverneur de Cuba, ennemi de Cortès. En parallèle, les Aztèques reçoivent enfin le signe des dieux leur demandant de verser le sang des Espagnols (« regardez, les nuages montrent clairement un espagnol qui se fait égorger ! » « Moi je vois un cheval perso »). Cortès part de la capitale pour affronter Panfilo de Narvaez avec 80 hommes, il en laisse 70 derrière lui sous le commandement du très compétent Alvarado (avec 400 Tlaxcaltèques). Cortès rassemble ses forces dispersées dans l’empire et tente la diplomatie avec Narvaez, lui proposant même de partager la gloire avec lui. Ce dernier, avec 900 Espagnols, 1 000 Cubains ainsi que canons et chevaux, fait la sourde-oreille.
A Tenochtitlan, Alvarado permet la célébration de deux dieux aztèques. La fête se transforme en bain de sang quand elle dégénère et est réprimée durement. La révolte prend de l’ampleur (« Moi Teule, toi pas pouvoir me … » *hache dans la trachée*). Alvarado est totalement dépassé, retranché dans le temple d’Axayacatl, il joue son ultime atout : il menace de tuer Montezuma II. La foule se calme. Cortès, de son côté, attaque à l’aube avec 400 hommes et arrache in extrémis la victoire à Narvaez. Celui-ci se soumet et se joint à Hernan Cortès. Il vient avec 400 hommes, il repart avec 1 300 hommes et quelques milliers d’indiens : Cortès, quand il mène une bataille, il gagne des hommes, c’est de la magie noire. De retour à Tenochtitlan, Cortès comprend trop tard que c’est un piège : les Amérindiens assiègent la ville le 24 juin 1520. Après deux sorties avortées (« ils ont des petits cailloux, mon armure est déjà rayée ! Abort mission ! »), l’atout est joué : l’empereur Montezuma II demande aux Aztèques de déposer les armes. Ces derniers, sous les ordres de son frère Cuitlahuac, le tuent d’un coup de fronde (la tuile !). Cortès organise alors une fuite peu glorieuse. Les Amérindiens progressent vite. A la lueur de la nuit, les Espagnols se frayent un chemin hors de la ville entre le 30 juin et le 1er juillet 1520. Ils sont repérés. Les Espagnols, cupides à en mourir (littéralement), sont surchargés en or. Tenochtitlan est construite sur le lac Texcoco, ce qui sous-entend une fuite sur des pontons sous le feu ennemi : seuls 400 Espagnols et des Tlaxcaltèques s’en sortent. Cette nuit marque profondément les Espagnols, c’est la Noche Triste.
Cortès se retire à Tlaxcala, accueilli en héros par Xicotenga. Le conquistador a compris qu’il fallait contrôler le lac Texcoco. Il fait donc transporter les navires en pièces détachées du golfe du Mexique à Tenochtitlan (!). Velasquez (de Cuba, ennemi de Cortès), envoie des renforts : il pense que c’est encore Narvaez aux commandes. Après de longues préparations, Cortès dispose donc de 13 navires et 16 000 canots, 550 Espagnols, 40 cavaliers et plus ou moins 25 000 Amérindiens (pas tous volontaires tu t’en doutes). Cuitlahuac, chef de la résistance aztèque, est mort de la petite vérole (maladie européenne). C’est Cuhautemoc, cousin de Montezuma II, qui prend sa place.
Le 26 mai 1521, Cortès lance son attaque. La résistance est farouche. Ni la force, ni la diplomatie ne marchent. Le conquistador opte alors pour le blocus : il coupe l’approvisionnement en eau et nourriture. La famine fait 500 morts chez les Aztèques. Après 75 jours d’agonie, l’assaut final est lancé. 15 000 Aztèques sont massacrés lorsqu’ils tentent de prendre la fuite. Le baroud d’honneur sera tenu par Cuhautemoc en personne et quelques Aztèques. Le 13 août 1521, Tenochtitlan capitule. Cuauhtemoc, « l’aigle qui descend » : signe symbolique de la fin d’un empire par l’étymologie d’un nom, se rend. C’est la fin de l’empire Aztèque.
Sources (texte) :
Descola, Jean (2017). Les Conquistadors. Paris : Tallandier, 602p.
Sources (images) :
https://es.wikipedia.org/wiki/Imperio_azteca#/media/Archivo:Aztec_Empire_-_es.svg (Empire Aztèque et son évolution)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hern%C3%A1n_Cort%C3%A9s#/media/Fichier:Hernan_Fernando_Cortes.jpg (cortes)
https://annoyzview.wordpress.com/2015/05/04/the-lost-treasure-of-montezuma/ (Montezuma)
https://www.planetminecraft.com/project/tenochtitlan-804826/ (Tenochtitlan)
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