La Seconde Guerre mondiale (partie VI) : 1944 (part I)

La Seconde Guerre mondiale (partie VI) : 1944 (part I)

1944- USA et URSS dans l’abus, l’Allemagne déchirée, le Japon écrasé

Rappel : Hitler est victorieux de 1939 à 1941. En 1942-1943, le coup d’arrêt de Stalingrad qui voit disparaitre une armée entière puis la bataille de Koursk renversent le court de la guerre. Les Allemands sont contraints à la défense contre des Soviétiques dont les forces ne cessent d’augmenter notamment grâce aux aides occidentales. Léningrad est toujours assiégée mais Moscou est hors de danger, le front, en son centre et au sud, ayant été sévèrement enfoncé par l’Armée rouge. Après avoir définitivement perdu l’Afrique du nord aux Alliés, Hitler s’efforce de faire piétiner leur avance en Sicile puis en Italie. Cette dernière tente de sortir de la guerre mais est immédiatement envahie par les Allemands. Le Japon souffre face aux Américains et voit ses possessions lui être dérobées une par une. Embourbés en Chine, stoppés en Birmanie, les Japonais perdent du terrain dans le Pacifique. La puissance économique prend peu à peu le pas sur le zèle militaire.

Bienvenue en 1944, le plus beau pays du monde – la France – se libère (presque tout seul … presque). Le IIIe Reich sombre, l’Italie est hors-jeu, l’URSS avance sans grande difficulté, le Japon perd sa marine. L’Allemagne ne peut affronter sa Némésis soviétique et a de plus en plus de difficultés à pallier ses manques. Pourtant, les années 1943 puis 1944 atteignent des records de production en Allemagne, et ce malgré les bombardements massifs et intempestifs des Alliés. Ce « miracle » est l’œuvre d’Albert Speer, architecte puis ministre de l’armement et de la production (il a plus d’une compétence à son actif).

Situation en Europe de janvier à juin 1944

Sur le front germano-soviétique, 1944 débute avec la fin du siège de Léningrad. L’URSS ne se concentre plus uniquement sur le sud du pays et vient enfin briser l’un des sièges les plus longs et meurtriers de l’histoire de 872 jours (un peu longuet) le 27 janvier 1944 (oui, Staline aurait pu délivrer la ville bien plus tôt, mais il aime établir des records, ok ? Il a le droit d’avoir des hobbies). Pourquoi ce siège ? La question est plutôt de savoir pourquoi les Allemands n’ont pas attaqué la ville. La raison est simple, le groupe d’armées nord allemand a une immense flemme de se jeter dans des combats de rue similaires à ceux de Smolensk (et plus tard de Stalingrad), ils se contentent donc d’affamer la ville et de bombarder (pas fous les gars). Staline refusant d’évacuer pour que la ville tienne, le résultat est sans appel : c’est une boucherie côté soviétique avec plus d’un million d’âmes perdues (pas loin de 3,5 millions de personnes touchées en comptant les blessés et malades).

Front de l’est en mars 1944

Le groupe d’armées nord n’est cependant pas l’objectif principal, les offensives soviétiques sont bien plus sévères dans le sud en ce début d’année. La Crimée est isolée.  Le Grand Amiral Dönitz influencera Hitler pour le persuader que la Crimée peut être tenue (même toi tu sais que c’est encore une connerie). Glissant lentement vers la folie, Hitler espère encore lancer une attaque depuis la Crimée sur les arrières des lignes soviétiques. De toute manière, l’occupation de la Crimée mobilise des Soviétiques et Hitler compte sur un long siège de Sébastopol (bah ouais, les Allemands avaient mis plus de 10 mois à prendre la ville, donc logiquement ce sera la même dans l’autre sens, non ?). Malgré la volonté du Führer de tenir la ligne de défense sur le Dniepr (qui est déjà largement balayée), von Manstein fait le forcing pour se retirer et éviter un encerclement (Hitler : « meurs pour rien stp. » Von Manstein : « nein. »). Nous avons là un schéma typique de la réalité sur le front de l’est. Hitler promeut une défense dite fixe. Von Manstein, un poil plus réfléchi, met en place une défense dite élastique : il recule beaucoup puis lance une contre-attaque sur les unités soviétiques qui se sont lancées trop rapidement à sa poursuite, étendant de trop leurs lignes logistiques. Cette technique de défense permet au front de tenir, d’être cohérent, augmente les pertes soviétiques. Le seul défaut est que cette technique nécessite plus de carburant : ça tombe bien, c’est exactement ce que le IIIe Reich n’a pas. Pour résumer, sans von Manstein, le front de l’est serait tombé en miettes (on remercie le bon von Manstein d’avoir permis à la guerre de durer svp).

Tout au nord du front, l’URSS s’en prend enfin à la Finlande. Les guerres dites de Continuation puis de Laponie se dérouleront en parallèle des combats centraux de la Seconde Guerre mondiale. Au sud, l’Armée rouge capture en mai Odessa mais aussi … Sébastopol (le 10). Et ouais, la ville est enlevée en un assaut, loin du siège escompté par les Allemands (#MoustachuTrèsDéçu). La poche de Crimée, censée jouer un rôle important, tombe avec peu de résistance. L’URSS attaque également sur le centre du front, et pas qu’un peu mon pote. Le 22 juin 1944, elle déclenche l’opération Bagration (soit exactement 3 ans après le début de l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS). Cette offensive, sur le centre, vise à rejoindre la frontière d’avant-guerre (1941) : donc le milieu de la Pologne. Les Allemands ne s’attendaient pas à une telle attaque (surprise motherfucker !). Le groupe d’armées centre ne survivra pas à cette épreuve : nous y reviendrons.

L’année 1944 est peut-être la plus horrible au niveau de la Shoah. Les Nazis, pressés par leurs défaites à l’est, vident les camps de la mort qui sont majoritairement situés en Pologne (dont certains noms tristement célèbres comme Chelmno, Treblinka, Sobibor ou encore le plus célèbre d’entre eux, j’ai nommé Auschwitz II-Birkenau). Pour les vider, deux solutions apparaissent aux bourreaux : tuer tout le monde ou déplacer les détenus (affaiblis au maximum par une alimentation presque inexistante et le travail forcé) avec des marches de la mort, donc des transferts vers d’autres camps durant lesquels beaucoup perdent la vie et trouvent enfin une forme de paix.

Invasion de l’Italie par les Alliés (1943-1944)

En Italie, les Alliés ne réussiront à percer la Winter Line qu’après plusieurs assauts majeurs de janvier à mai 1944 (mention spéciale aux forces coloniales de l’empire français, des boss). Là, les Américains ont la possibilité de détruire la 10ème armée allemande qui se replie. US culture oblige, ils préfèrent entrer en vainqueurs dans Rome le 5 juin 1944 (non défendue, déclarée ville ouverte). Ce choix se payera au prix fort plus tard. Les Alliés remontent la péninsule italienne et sont arrêtés devant la Gothic Line au nord de l’Italie.

Un jour après la chute de Rome, la première capitale de l’Axe à être capturée, se déroule le D-Day. Le 6 juin 1944 (AKA 6/6/4/4, si t’arrives à retenir la formation 4/4/2, tu peux faire un effort pour cette date), les Alliés débarquent en Normandie. Quelques commentaires sportifs à ce propos : l’équipe des Alliés fait une feinte digne des plus grands cadrage-débordements du XV de France en faisant croire aux Allemands qu’ils débarqueront au Pas-de-Calais, l’équipe Wehrmacht part dans le décor, l’esquive du tacle est sublime !  Les Alliés entrent dans la surface de réparation (les plages de Normandie) et déclenchent une frappe magistrale qui passe un gardien surcoté nommé Mur de l’Atlantique : GOAL ! (Enfin c’était quand même horrible hein). A préciser que la feinte qui consiste à faire croire que les Alliés débarqueront vers Calais (opération Fortitude au sein de Bodyguard) comprend une technique d’enfant : une armée en carton, littéralement … C’est tellement con que c’est du génie.

Débarquement de Normandie le 6 juin 1944

L’opération Overlord (du débarquement à Paris), commence par l’opération Neptune qui voit 5 470 navires débarquer 156 000 soldats en un jour sur les plages Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Pour soutenir le débarquement et fortifier la tête de pont, l’aviation alliée lâche également 16 300 parachutistes aux deux extrémités de la zone de débarquement. Les fortifications côtières allemandes (AKA le mur de l’Atlantique) trop peu gardées en Normandie, tombent. Ce mur de l’Atlantique, construit par la redoutable Organisation Todt (OT) comprenait de puissantes défenses sur tout le littoral français mais aussi belge, néerlandais, danois et norvégien. Le nombre de casemates était de 15 000. Rommel, chargé d’ériger cette ligne à partir de 1943, n’ira pas de main morte. Heureusement Hitler croit au débarquement de Calais et ne défend donc pas assez bien cette fabuleuse ligne.

Les Alliés s’orientent alors vers Cherbourg, un port dont l’importance donnerait une plus belle tête de pont et faciliterait la logistiques et les ravitaillements. Le 30 juin, la ville est capturée mais le port est détruit (#RicainsContrariés), il ne sera restauré qu’en septembre. Qu’à cela ne tienne, la tête de pont de Normandie et ses ports artificiels démentiels (Mulberry A et B) déversent déjà constamment troupes et matériel en France. Caen est le prochain objectif. Montgomery va se casser les dents sur cet objectif. La « guerre des haies » dans les bocages normands commence le 3 juillet, elle donne un superbe avantage aux défenseurs allemands et ne prend fin que le 19 juillet. L’opération Overlord prend énormément de retard et la bataille de Normandie va durer jusqu’à fin août. Pourtant, les Alliés disposent d’une supériorité aérienne écrasante : ils construisent 49 aérodromes du D-Day au 28 août (30 américains et 19 britanniques). Mais la météo est étrange et une tempête qui n’arrive qu’une fois tous les cinquante ans à cette période de l’année frappe la tête de pont. Mulberry A est trop endommagé. Heureusement, Mulberry B est vite réparé. Il faut aussi dire qu’en face, la Wehrmacht est toujours une armée très puissante et deux divisions sont particulièrement pugnaces : la Panzer Lehr et la 12ème Panzer SS. Les Allemands auraient pu réellement menacer de rejeter les Alliés à la mer si Hitler ne cultivait pas une obsession pour ce débarquement à Calais auquel il croit dur comme fer. Comme il croit que la Normandie est une vaste diversion, il retient des divisions en arrière. On imagine le désastre s’il n’était pas aussi buté car les Alliés sont déjà salement embourbés en Normandie. Eisenhower envisagera même un autre débarquement en Bretagne pour prendre l’adversaire à revers (opération Chastity) mais y renoncera lorsque les Américains parviendront enfin à prendre Cherbourg puis la Bretagne.

Montgomery lui, tente de nouveau de prendre Caen, sans succès. Une troisième tentative suit. La ville sera malheureusement durement bombardée par les Alliés avant d’être prise. Le 21 juillet, Caen est capturée, en ruine. Les Américains lancent alors l’opération Cobra le 25 juillet, permettant d’anéantir la Panzer Lehr et de sortir de l’enfer. Les Américains atteignent enfin Avranches. L’opération Cobra est une superbe percée, elle prend fin le 31 juillet. Hitler aura bien entendu tenté des contre-offensives, notamment sur Falaise du 10 au 21 août, sans succès durable. La contre-offensive de Falaise s’avère même très dangereuse pour les Allemands. Du 20 au 31 août, en revanche, les Alliés ne parviennent pas à refermer la poche et laissent échapper 205 000 Allemands de Normandie.

Avant de passer à la suite, il est 3 remarques que je me dois de faire. La première concerne les bombardements en France : après l’armistice franco-allemand et de manière croissante, ce sont les Alliés (Britanniques et Américains) qui ont bombardé sans relâche le territoire français, souvent à très haute altitude pour protéger pilotes comme avions au détriment de la précision, tuant de 60 à 75 000 Français de 1940 à 1944 (fun fact : ils manquent parfois tant leur cible qu’ils détruisent tout sauf le bâtiment visé, true story : pendant le bombardement de Nantes le 16 septembre 1943, témoignage de Simone Bollardière qui y a survécu : « Place royale [Nantes], tous les magasins, tous les cafés ont brûlé, tout est par terre, le seul bâtiment debout, qui a résisté, où il y a pas eu un mort, ce sont les Allemands, la Kriegsmarine »). Il s’agissait de déstabiliser le Reich (en faisant d’ailleurs 4 fois plus de morts en Allemagne que ce qu’a causé le Blitz allemand aux Anglais) et de mettre à mal la collaboration (je reviendrai sur ce point). La seconde (… remarque évidemment, faut suivre) est qu’au 1er juillet, alors que Caen est déjà attaquée, von Rundstedt (un talentueux maréchal allemand) est limogé par Hitler. Ce qui nous intéresse n’est pas tant l’évènement que la raison : von Rundstedt considère que la guerre est perdue. Avec l’URSS qui avance sans pouvoir être arrêtée, les Alliés en Italie et désormais en France, cette guerre sur trois fronts est impossible pour le IIIe Reich. Les généraux n’y croient plus. Ceci m’amène à ma dernière remarque, de taille : l’opération Walkyrie.

Loin des mouvements d’armées sur un front, cette opération, le 20 juillet 1944, désigne un attentat de la Wehrmacht, donc des chefs militaires, à l’encontre d’Hitler. Lors d’une réunion, une bombe est placée sous une table en bois. L’explosion sera responsable de la paralysie temporaire du bras droit d’Hitler, ses jambes sont brûlées, ses deux tympans perforés. Le bois de la table était trop épais, de plus Hitler se trouvait derrière un des pieds de la table, ce qui a sans doute sauvé la vie du Führer. Cet attentat avait pour but un coup d’Etat après la mort d’Hitler pour arrêter la guerre. Les conséquences en seront l’obligation pour plusieurs militaires d’importance de se suicider (comme Rommel par exemple bien que sa duplicité ne soit pas avérée), une méfiance maladive et une folie exacerbée pour le Führer (le con considère sa survie comme un signe divin, évidemment). Cet attentat n’est pas le premier auquel réchappe Hitler, on peut également citer l’attentat du 8 novembre 1939 à Munich.

Débarquement de Provence le 15 août 1944

L’opération Bagration à l’est, la capture de Rome au sud et l’opération Overlord à l’ouest ne laissent que peu d’espoir de victoire allemande. Pourtant Hitler ne lâchera rien jusqu’à la fin. La libération de la France se poursuit, passant par Avranches et Falaise. Au sortir des bocages normands, les Alliés mettent le cap sur Paris. Le 15 août 1944, un second débarquement d’envergure scelle le sort de la campagne : l’opération Dragoon en Provence. Beaucoup des troupes françaises sont présentes (la majorité de celles qu’on a en réalité). Jean de Lattre de Tassigny, ce sublime bg, libèrera tout seul le sud de la France (bon, oui, avec les Canadiens, les Américains et les Britanniques mais on est là hein : 260 000 soldats de l’armée B quand même !). « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré » l’est le 25 août 1944 (citation de de Gaulle bien sûr). Par ailleurs, la première unité à y rentrer est la 2ème DB du général Leclerc (DB = Division Blindée), nos alliés nous laissant cet honneur.

Dans le Pacifique, l’année 1944 est celle de l’exécution des deux plans américains simultanés. Les Américains se décident enfin à affronter la base navale de Truck. Cependant, l’amiral Koga Mineichi*, qui a remplacé le défunt Yamamoto, y retire ses forces, à raison : Truck est anéantie par des raids les 17 et 18 février 1944. Nimitz voulait également prendre d’assaut Truck mais son supérieur hiérarchique, l’amiral Ernest King, s’y refuse. Toujours est-il que les îles Marshall sont tombées. Truck pourrira, tout comme la garnison de Rabaul que MacArthur laisse sur son chemin. Le général s’attaque dès lors à la base d’Hollandia, ce en quoi il est fortement aidé par les renseignements américains. MacArthur débarque en avril et coupe ainsi 60 000 Japonais de l’empire. Tout comme les 100 000 Japonais de Rabaul, ils seront obligés d’errer dans la jungle, mourant de faim et de maladie. Une attaque est tout de même tentée mais ne résulte qu’en la perte** de 10 000 hommes côté Japonais. Koga, pourtant, prévoit un plan magistral ! Mais son avion s’écrase en mars 1944 dans les Philippines, tuant l’amiral sur le coup ; des guérillos remettent ainsi les plans de l’attaque aux Américains : le sort s’acharne. Pour remplacer Koga, on fait appel à l’amiral Toyoda Soemu, un fanatique intelligent mais négligeant la logistique et surestimant ses forces. Toyoda reprend les plans de Koga et, pressé par le gouvernement de Tôjô Hideki, cherche l’affrontement. Il faut dire que Nimitz menace les Mariannes et MacArthur Biak, dernière étape avant les Philippines : il est urgent de réagir pour le Japon, encore faut-il ne pas réagir dans la précipitation. Toyoda est convaincu qu’il peut obtenir l’éternel « nouveau Tsushima », une bataille décisive. Toyoda manque de réalisme et néglige la logistique pour son opération « Victoire ».

*A noter qu’en japonais, le nom vient avant le prénom, usage que je me propose de respecter ici.

**Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.

En attendant, 20 000 marines débarquent sur l’île de Saipan le 15 juin. C’est ici l’un des trois objectifs des Mariannes qui revêtent une importance particulière : Saipan, Guam et Tinian. Pourquoi ? Parce qu’à partir des Mariannes, le Japon se trouve à portée des bombardiers B-29. Les Mariannes ouvrent qui plus est sur les Philippines, Formose (actuel Taiwan) et le Japon. Les Etats-Unis ont également l’intention de garder ces îles après la guerre. L’opération « Forager », les débarquements du 15 juin 1944 à Saipan, du 21 juillet à Guam et du 24 juillet à Tinian, voient 127 571 soldats débarquer sous la protection des 535 navires de la 5ème flotte de l’amiral Raymond Spruance. Pas convaincu de l’exploit ? Rappelons que cette opération commence neuf jours après le débarquement de Normandie et que la distance qu’il fallait parcourir revient au même qu’un débarquement en Normandie … Depuis New York. Par ailleurs, Toyoda renonce à la défense de Biak pour obtenir sa « bataille décisive » dans les Mariannes. Ça tombe bien, MacArthur avait gravement sous-estimé les capacités défensives de Biak, Toyoda le sauve ainsi. Ozawa Jisaburô, esprit brillant de la Marine Impériale, conduit l’opération. Il pense pouvoir anéantir les Américains grâce aux aérodromes de Guam et Saipan. Ses avions ont de surcroît de plus grands rayons d’action que ceux des Américains, il pourrait ainsi combattre tout en restant hors de portée. Pourtant Spruance s’est appliqué à détruire les aérodromes de Saipan et Guam. Le 19 juin 1944 s’engage la bataille aéronavale. Les pilotes japonais manquent d’expérience, ils sont détectés par les radars américains. Spruance met donc en place une couverture aérienne. Les chasseurs de modèle Hellcat américains et la DCA étrillent les Japonais dans cette embuscade, vague après vague. Cette bataille sera d’ailleurs surnommée « The Great Marianas Turkey Shoot » (« le grand tir au pigeon des Mariannes » si t’es pas bilingue). Et pour cause, des 298 appareils japonais, 216 sont abattus pour le prix de 30 avions américains ! Pour ne rien arranger, les sous-marins américains du Silent Service coulent deux porte-avions. Spruance, pourtant, refuse d’anéantir la flotte d’Ozawa : son objectif premier est de protéger les débarquements. Le lendemain, Ozawa, surestimant les dégâts infligés aux Américains, attaque de nouveau. Repéré tardivement par les Américains, les Japonais subiront tout de même une attaque aérienne. Pourtant, la journée est déjà bien avancée, les appareils Américains, revenant de nuit, auront bien du mal à atterrir. Sur 216 appareils américains, 20 sont abattus par les Japonais … Environ 80 sont perdus lors du retour et de l’atterrissage (parfois amerrissage) catastrophique. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes : un porte-avions léger et deux pétroliers coulés, quatre porte-avions et un cuirassé sont endommagés. Mais de fait, l’aviation nippone n’existe plus vraiment. En Asie comme en Europe, le retour de flamme frappe l’Axe de plein fouet.

Sources (texte) :

Keegan, John (2009). La Deuxième Guerre mondiale. Paris : Perrin, 817p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1941-1943. Paris : Tallandier, 448p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1943-1945. Paris : Tallandier, 576p.

Bernard, Nicolas (2016). La Guerre du Pacifique, 1941-1945. Paris : Tallandier, 816p.

Lopez, Jean ; Wieviorka, Olivier (2015). Les mythes de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 350p.

Lopez, Jean ; Aubin, Nicolas ; Bernard, Vincent (2018). Infographie de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 192p.

Sources (images) :

http://barelook.co/map-of-europe-during-ww2.html# (Europe janvier-juin 1944)

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-front-de-l-est-3-213111 (front est mars 44)

http://anpi-lissone.over-blog.com/article-luglio-1943-dalla-sicilia-l-attacco-alla-penisola-91888462.html (campagne d’Italie 1943-44)

https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2014/06/05/debarquement-hommage-aux-veterans-en-normandie-et-ballet-diplomatique-a-paris,1196847.php (06/06/44)https://sfrpresse.sfr.fr/article/c971488b-7f8c-4383-a90f-9a12b93f2b8f (débarquement Provence)

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