La Seconde Guerre mondiale (partie IV) : 1942

La Seconde Guerre mondiale (partie IV) : 1942

1942- De Midway à Stalingrad, la balade prend fin ici

Rappel : En Europe, l’Allemagne, après avoir vaincu la Pologne, la Norvège, les Alliés à l’ouest, puis la Yougoslavie et la Grèce dans les Balkans, se lance à l’assaut de l’URSS de Staline. La surprise et la supériorité militaire la mènent aux portes de Léningrad et Moscou. Arrivée en hiver et fatiguée, la Wehrmacht est repoussée devant la capitale soviétique. Pour aider Mussolini en Afrique du nord, Hitler envoie Rommel et l’Afrika Korps. Rommel progresse puis se voit repoussé. Dans le Pacifique, les Japonais décident de franchir le Rubicon en attaquant à Pearl Harbor les Américains, le 7 décembre 1941. S’ensuit une multitude d’offensives implacables dans le Pacifique sud. Hitler déclare la guerre aux Etats Unis.

Europe en janvier 1942 (puissances de l’Axe en noir)

L’année 1942 promet du fun. Commençons donc par une petite conférence à Wannsee le 20 janvier. On n’est pas sur un confcall avec ton N+2 mais bien plus sur la « solution » à la question juive (comprenez, cher lecteur, la solution finale : le génocide des Juifs). Mais pourquoi maintenant ? Parce que la campagne en URSS prend un sale coup d’arrêt donc les Nazis se disent qu’il faut accélérer le mouvement pour « purifier l’espace de vie » (Lebensraum) de l’Empire Allemand (censé durer 1 000 ans : mdr). On commence donc cette année sous les meilleurs auspices, enchaînons avec le front germano-soviétique. Celui-ci est à l’arrêt, à 150 km de Moscou. Léningrad est toujours assiégée et Staline, « petit père des peuples » qu’il est, a laissé à dessein les civils dans la ville, refusant de les évacuer pour que les soldats se battent jusqu’à la fin. Le résultat de cette joyeuse réflexion sera funeste, on y reviendra. Moscou est pour le moment hors d’atteinte mais Staline amoncelle le gros de ses forces dans cette zone en vue d’une nouvelle attaque allemande. En effet, tous pensent que le Moustachu va réitérer son attaque sur la capitale soviétique l’été venu. C’est mal connaître Hitler qui, malgré les dires des rageux, est un bon stratège pour le moment (avec de bons généraux). Son plan est pour le moins inattendu mais répond intelligemment à des impératifs militaires. Cette phrase un poil trop compliquée, cache une réalité simple : le Führer, pour mener sa guerre, a besoin de pétrole. Les champs pétrolifères roumains ne suffisent pas à alimenter ses actions sur plusieurs fronts (la guerre du désert ne se fait pas sans pétrole non plus, cimer les ritals).

Hitler vise Stalingrad au sud. Pourquoi ? Plusieurs raisons l’expliquent : il cherche d’abord à foncer dans le Caucase, pour atteindre les champs pétrolifères de Bakou (bien plus au sud que Stalingrad). Là intervient une division de son armée (encore !) : le groupe A ira dans le Caucase, direction Bakou, le groupe B ira sur Stalingrad. Pourquoi ce groupe B ? Pour contourner le gros des forces soviétiques (qui chill devant Moscou), passer la Volga (plus grand fleuve de l’URSS) et atteindre directement la zone industrielle soviétique. Hitler, par son plan, surprend son adversaire, prend du pétrole et en prive son adversaire (45% du pétrole soviétique sort de Bakou), bloque les approvisionnements (importants) Alliés qui passent par la Perse et transitent par le Caucase pour aider l’URSS, détruit le tissu industriel de son adversaire, rase (au passage) la ville qui porte le nom de Staline (idéologie in da place) et fait un mouvement en tenaille qui détruira les Soviétiques. Sur le papier, son plan est magistral. En réalité, la chance lui fera défaut et l’acharnement lui sera fatal.

Mais, avant toutes choses, Hitler procède à la reconstruction de son armée meurtrie. La première moitié de l’année 1942 verra un formidable renouvellement, le Führer est d’une redoutable efficacité. D’ici l’été, son armée, sur l’immense front soviétique, sera de nouveau prête à rouler sur Ivan (surnom donné par les Allemands aux Soviétiques).

Offensive de Rommel de 1942

En Afrique du nord, Rommel, après avoir reculé, lance une nouvelle offensive en direction du Sinaï (il veut prendre l’Egypte quoi, le front d’Afrique du nord c’est une partie de ping-pong faut l’savoir). L’offensive, lancée le 21 janvier, surprend les Britanniques et ne marque un coup d’arrêt qu’à la ligne fortifiée de Gazala : Rommel n’a plus de ravitaillement. Après une pause nécessaire, Rommel part de nouveau à l’attaque le 26 mai : il perce la ligne Gazala, prend Tobrouk mais est accroché à Bir Hakeim par des troupes de la France Libre (YES LES BG DAMN ! La France a encore tout fait !) et se casse les dents lors de la 1ère bataille d’El Alamein (une ville égyptienne à 100 km à l’ouest d’Alexandrie) en juillet 1942. Ce sera la seconde et dernière grande offensive de l’Axe sur ce front. Alexandrie aurait été atteinte que la flotte Britannique aurait été chassée de Méditerranée, Rommel aurait alors bénéficié d’un point de ravitaillement sûr et aurait pu s’enfoncer bien plus dans le Proche Orient. Du reste, les Britanniques contre-attaquent avec les opérations « Lightfoot » et « Supercharge » le 23 octobre.

L’Empire du Japon à son expansion maximale (1942)

Partons de nouveau en Asie où le Japon fait peur. En janvier 1942, l’invasion de la Malaisie est complétée par celui qu’on nomme « le Rommel japonais » j’ai nommé : Yamashita Tomoyuki*. Fin janvier, alors que les Britanniques abandonnent la Malaisie, lui pousse sur Singapour, réputée imprenable … Tu commences à connaitre le destin de ce qui est infranchissable (#Ardennes) ou imprenable : la réputation tombe. La « forteresse imprenable » tombe en 7 jours … Voilà voilà. Le 15 février 1942, la capitulation de Singapour arrachera des mots durs à Churchill, qualifiant le fait de « la pire des catastrophes » et « la plus grande capitulation » de l’histoire militaire britannique. Les forces britanniques étaient mal entrainées, ne disposaient d’aucun tank, n’avaient pas la flotte qu’ils auraient dû avoir, avaient un général peu compétent (Arthur Percival), faisaient face à un talentueux homologue, Tomoyuki, et disposaient d’une aviation surclassée autant en nombre qu’en qualité du matériel par les redoutables Mitsubishi A6M dits « Zéro ». Dur de gagner dans ces conditions.

*A noter qu’en japonais, le nom vient avant le prénom, usage que je me propose de respecter ici.

Le Japon se permet même de bombarder Darwin au nord de l’Australie (ce qui n’a aucun impact militaire mais seulement un impact moral) par pure courtoisie (les Alliés lui rendront la monnaie de sa pièce plus tard, comme chacun sait). Du 19 au 27 février, la bataille de la mer de Java voit la marine japonaise vaincre la flotte alliée sans grand peine. Il faut dire que les Alliés, regroupés sous le commandement de l’ABDA (American-British-Dutch-Australien) rassemblent un semblant de flotte incapable de fonctionner correctement malgré un compétent contre-amiral néerlandais du nom de Doorman. Une terrible défaite alliée qui ouvre la voie aux Indes néerlandaises (actuelle Indonésie). Avec les succès répétés et ininterrompus des Japonais nait une haine raciale et surtout une peur irrationnelle américaine. Aux USA, on craint une attaque sur la côte ouest. Et pour cause, en 1942, 110 000 des 127 000 Japonais américains (ou d’ascendance japonaise), dont 80% sont naturalisés américains, sont internés dans des camps. Cette crainte maladive s’adoucit progressivement mais des Japonais resteront dans les camps américains jusqu’à la fin de la guerre.

Avec l’invasion des Philippines, conduite par le général Homma Masaharu, l’île de Bataan devient vite un siège de la résistance américaine après la chute de la capitale : Manille. MacArthur, dur à cuire, a fait deux grosses erreurs au début de l’offensive mais résiste désormais farouchement, bien qu’il ne cesse de reculer. Il s’échappera de l’archipel, laissant une faible résistance sur l’île de Bataan, avec cette phrase demeurée célèbre « I shall return ! », une promesse qu’il honorera (parole de scout). Parallèlement, en mars ce sont Java et Sumatra qui tombent devant le général Imamura Hitoshi et en avril vient le tour de Bornéo. Les Indes Néerlandaises regorgent de ressources, ce qui est la raison même de ces attaques incessantes des Japonais. Finalement, les Philippines tombent totalement le 8 mai 1942. Une marche de la mort, c’est-à-dire une marche extrêmement longue, sans pause ni vivres, donc potentiellement fatale, s’ajoutera au calvaire des Américains.

Campagne japonaise de Birmanie en 1942

La Birmanie est également tombée. Rangoon, la capitale, est prise le 8 mars, tandis que la célèbre ville de Mandalay tombe elle le 1er mai. Les Japonais menacent directement l’Inde britannique mais le commandement des forces Britanniques est donné au très compétent Harold Alexander. Du moins le commandement est-il bon du côté britannique. Car des forces chinoises nationalistes (3 armées : 100 000 hommes) sont également envoyées dans la fournaise Birmane mais sous les ordres de Joseph Stilwell, un américain, qui n’écoute pas le réaliste Alexander et avance tête baissée. Ces armées chinoises, prêtées par Tchiang Kaï-shek d’une part pour conserver le ravitaillement terrestre américain transitant par la Birmanie mais aussi dans le cadre de l’entente sino-américaine, sont ainsi encerclées et massacrées. Stilwell s’en sort. Les Japonais sont alors bloqués par la mousson qui rend le terrain impraticable : l’Inde est sauvée. Le Japon manquait de pétrole, de caoutchouc et d’acier à cause de l’embargo occidental. S’il n’avait pas laissé libre court à sa politique expansionniste, il aurait dû lâcher prise sur les conquêtes de Chine si durement acquises. La Chine de Tchiang Kaï-shek, par ailleurs, ne s’avoue pas vaincue et continue la lutte depuis les contrées les plus éloignées. Au demeurant, la Chine de 1942, est triple : la Chine nationaliste de Tchiang Kaï-shek, la Chine communiste de Mao Tsé-Toung et la Chine fantoche sous occupation japonaise.

La Chine en 1942

La situation chinoise fin 1942 est complexe : Tchiang Kaï-shek occupe l’arrière-pays chinois et se voit isolé des Alliés par la chute de la Birmanie et de la façade maritime chinoise en 1942. Son parti nationaliste, le Kuomintang, supporte alors presque toute la charge japonaise. Presque oui, car Mao tient le nord de la Chine. Le Parti Communiste Chinois (PCC) a largement profité de l’invasion japonaise car les nationalistes étaient sur le point de les exterminer en 1937. L’invasion japonaise détourne largement l’attention de Tchiang Kaï-shek, ce qui sauve le PCC. En août 1940, Mao passe à l’attaque en lançant une vaste offensive dans le nord de la Chine contre les Japonais : c’est la « bataille des Cent-Régiments » (mensonge : il y a 104 régiments !), 200 000 communistes font reculer les Japonais. Ces derniers, surpris, lâchent du terrain, puis contre-attaquent à grand renfort de gaz et de troupes de Manchourie (donc provenant de l’armée dite du Kwantung). Les communistes laissent entre 18 000 et 22 000 tués et blessés dans l’affaire, contre 3 000 à 4 000 Japonais (38 000 selon le PCC bien sûr). Malgré les pertes, Mao remporte là une grande victoire médiatique et politique. Les communistes deviennent populaires, gagnent en nombre et en réputation. Par ailleurs, Yan’an, capitale de la Chine communiste, attire de plus en plus de Chinois, dont des nationalistes. Le prix à payer est une plus grande attention de la part des Japonais, ce qui mène à une politique japonaise de représailles qu’on appelle la « campagne des trois tout : tout tuer, tout brûler, tout détruire » lors de laquelle 2,7 millions de Chinois sont massacrés de 1942 à 1945.

Pour autant, la guerre fratricide entre Tchiang Kaï-shek et Mao Tsé-Toung ne prend fin qu’en 1941 (et encore). A l’instar de la bataille de Huangqia qui voit 11 000 nationalistes mis hors de combat en 1940 face aux communistes ou encore les 7 000 communistes capturés à Maolin en janvier 1941. Mao, pour sa part, est toujours subordonné à l’URSS. Cette dernière joue sur tous les tableaux : elle soutient d’abord Tchiang Kaï-shek qui est alors vu comme le seul capable d’endiguer l’expansion impérialiste du Japon en Asie. Et cela, alors même que Tchiang mène ouvertement une campagne d’extermination contre le PCC. En 1941, avec l’invasion allemande, l’URSS change de politique en Asie, signant le 13 avril 1941 le pacte de non-agression nippo-soviétique avec le Japon. Staline abandonne sa politique pour sa propre protection mais soutient toujours la résistance : il n’a clairement pas intérêt à ce que la Chine vacille car le Japon pourrait bien se retourner contre l’URSS ensuite. On a bien vu que les forces de l’Axe ne s’encombraient pas forcément de leurs engagements de non-agression et le Japon n’était alors pas encore engagé contre les Etats-Unis. Cherchant toujours à endiguer la puissance japonaise, Staline force ainsi les communistes et les nationalistes à former un « front uni » qui, on l’a vu, ne signifie pas que des affrontements fratricides n’interviendront pas mais aura au moins le mérite d’en réduire le nombre. De mauvaise grâce, Tchiang et Mao tiendront ce « front uni » car l’URSS menace celui qui le briserait de représailles. Du reste, ni Tchiang, ni Mao, n’aurait intérêt à laisser tomber le front uni. Mao mène par ailleurs une purge dans le PCC le 1er février 1942, devenant par cette occasion le « Grand Timonier », le chef incontesté des communistes chinois.

La dernière Chine est celle de la collaboration : le régime de Nankin, un état fantoche sans saveur en territoire occupé par les Japonais. Ce régime n’a aucun impact, du moins jusqu’à ce que Chou Fo-hai en deviennent l’homme fort et qu’il se rapproche du généralissime Tchiang Kaï-shek dans leur haine commune des communistes, préparant ainsi l’après-guerre. Les Japonais essayeront de procéder à des « opérations de charme » au travers de ce gouvernement fantoche pour tenter d’obtenir une reddition de la Chine nationaliste du Kuomintang (Tchiang), faisant valoir les valeurs du panasiatisme qui, dirigé par le « grand frère japonais », combattrait les colonisateurs et les Occidentaux. Mais il est trop tard, le Japon restera seul dans sa lutte. Et pour cause, les Occidentaux, les Etats-Unis en première ligne, ont également leurs intérêts dans la survie de la Chine de Tchiang. Celle-ci, pour commencer, pareille à la région de Mandchourie, attire un tiers des troupes japonaises. Ensuite, la Chine semble prometteuse pour installer de multiples aérodromes permettant à des bombardiers long-rayon d’atteindre le Japon même. Les Etats-Unis comptent d’ailleurs sur la Chine pour être un grand état démocratique qui portera l’Asie après la guerre (*ricanement lointain de Mao*) ! Dès lors, l’abreuver en matériel est primordial. Depuis 1942, malheureusement, la route de Birmanie est fermée car contrôlée par les Japonais. Un pont aérien est alors installé au-dessus de l’Himalaya : la « Bosse ». Un pont aérien qui entrainera les USA en vue de celui de Berlin au début de la guerre froide. Cette aide est vitale pour la Chine mais agace quelque peu les Britanniques : c’est autant d’aide qui ne leur revient pas alors que le régime de Tchongking (Tchiang) ne parait que peu enclin à attaquer les Japonais. Surtout, c’est miser sur un régime foncièrement anticolonialiste pour régir l’Asie d’après-guerre. Pour les USA, cette vision est conforme à la leur, mais l’Empire Britannique, en premier lieu car première puissance coloniale, ne s’en réjouit guère. Concernant l’aide financière, c’est être de mauvaise foi de la part des Britanniques : rappelons que, sur toute la durée de la guerre, l’aide financière des Etats-Unis sera pour 12 547 200 000 de dollars (60% du total) destinée aux Britanniques ; pour 4 806 760 000 de dollars destinée à l’URSS (23%) ; pour 1 673 000 000 de dollars destinée à la France (8%) et pour seulement 1 464 000 000 dollars destinée à la Chine (7%).

Les Japonais sont confiants, tandis que le moral des Alliés est au plus bas. Mais un évènement, en plus de certaines résistances héroïques, montre la volonté d’en découdre. Doolittle, dont le nom se prête bien à la situation, en fera peu mais assez : il veut montrer que Tokyo n’est pas à l’abri d’un raid Allié (alors même qu’envoyer ne serait-ce qu’un avion jusqu’à la capitale japonaise est un délire de logistique). Il y parvient : le 18 avril 1942, quelques bombes sont lâchées sur Tokyo.

Bataille de Midway (1942)

Une bataille aéronavale importante se déroule les 7 et 8 mai : la bataille de la mer de Corail. Deux porte-avions (les champions des flottes) à ma droite chez les ricains, deux porte-avions + un porte-avion léger à ma gauche chez les Nippons. Les navires ne se verront jamais : la bataille se fait par avions interposés. On appelle ça une « bataille au-delà de l’horizon ». Les deux camps clament la victoire, c’est pas clair … Faisons une autre bataille pour nous départager ! BAM, bataille maritime de Midway du 5 au 7 juin 1942 (au milieu du Pacifique : Midway, littéralement au milieu du chemin quoi). Spoil : les ricains ont gagné. Les Japonais ont plus de porte-avions mais leurs codes secrets ont été décryptés par les ricains : la défaite est décisive pour la simple raison que les Japonais ne pourront pas vraiment remplacer leurs porte-avions (ils en perdent 4, les USA seulement 1). Par ailleurs, les Japonais manquent beaucoup de chance durant cet affrontement aéronaval. La confiance abusive de Yamamoto en sa victoire et le fait qu’il disperse ses forces finit d’achever l’armada, pourtant immense car la plus grande jamais rassemblée, des Japonais. Insistons encore sur le fait que les Américains avaient craqué les codes Nippons, ce qui aide. Les USA donnaient déjà priorité au théâtre européen (« Germany first »), doctrine qui vacillait devant les coups d’éclats japonais et qui se voit ici enfin confirmée : le Japon est moins dangereux (ce genre de non-respect).

Offensive allemande en URSS : Fall Blau (1942)

Le vent a tourné dans le Pacifique, mais qu’en est-il de l’extrémité est de l’Europe ? En juillet, le plus grand port de Crimée, Sébastopol, assiégé depuis septembre 1941, tombe enfin. Mais plus important encore, le 17 juillet 1942, l’opération Fall Blau commence (Fall Gelb, Fall Rot, Fall Blau, les Allemands aiment les couleurs). Kharkov est prise et Stalingrad en vue.  La 6ème armée du général Friedrich Paulus, inventeur même du plan Barbarossa (AKA l’attaque de l’URSS), fonce sur Stalingrad. La Luftwaffe de Göring procède à un bombardement massif de la ville pour faciliter la vie aux troupes. Grave erreur : les Soviétiques kiffent les bâtiments détruits (et les clémentines à Noël), surtout quand ils permettent de planquer des mitrailleuses. Stalingrad est devenu une forteresse. D’effroyables combats de rue, pires que ceux de Smolensk, ont lieu. Staline envoie rapidement des renforts pour tenir la ville. On se bat pour chaque maison, chaque immeuble, chaque pièce. L’usine de tracteurs et les usines Octobre rouge et Barricade deviennent des lieux emblématiques de Stalingrad en résistant aux attaques de la Wehrmacht. Les Soviétiques n’ont pas tous des armes. Ils sont souvent lâchés en face des lignes allemandes avec un fusil pour deux. Celui des deux qui n’est pas armé porte les munitions et doit attendre que son poto décède gentiment pour prendre le fusil : le bonheur à l’état pur (pense-y la prochaine fois que tu trouves que ta journée est merdique). Une véritable boucherie dont l’enjeu est également idéologique. Staline ne veut pas voir la ville portant son nom prise par Hitler. Les Allemands prennent 90% de la ville.

Les puissances de l’Axe atteignent leur expansion territoriale maximale en 1942

Les Soviétiques lancent alors l’opération Uranus : ils percent les lignes de l’Axe des deux côtés de Stalingrad sur les secteurs italiens, hongrois et roumains. Les Soviétiques complètent l’encerclement le 23 novembre 1942, piégeant 250 à 300 000 soldats de l’Axe. Joukov, excellent maréchal soviétique, est à l’origine de ce plan. La 6ème armée Allemande est prise au piège et l’hiver va l’achever. Une tentative de sauvetage menée par le général Hoth et pensée par von Manstein aboutit presque en fin d’année mais Hitler a demandé de tenir et Paulus est (pour le moment) prompt à respecter les ordres. Le maréchal Hermann Göring, ministre de l’air, chef de la Luftwaffe, assure qu’il pourra ravitailler l’armée piégée. Le ravitaillement existera en effet mais se fera avec difficulté et sera largement et chroniquement insuffisant : la nourriture, les munitions viennent à manquer et les maladies se multiplient.

Opération Torch (1942)

En Afrique du nord, où il fait définitivement plus chaud, Bernard Montgomery est nommé à la tête des forces Alliées en août 1942. Fin octobre-début novembre 1942, la troisième bataille d’El Alamein sera décisive sur ce front (souvent dite « seconde bataille d’El Alamein » si on considère la bataille courant du 30 août au 5 septembre comme la bataille de Alam Halfa). Montgomery est patient, Rommel impulsif. La différence se fera là. Bon Montgomery a aussi deux fois plus de tanks (dont les meilleurs sont les Sherman américains) et d’hommes… Il est possible que ça joue … Pourtant Rommel et Montgomery perdent autant de chars (Rommel n’est pas mauvais, le bougre). Montgomery attire les réserves germano-italiennes de Rommel pour mieux les annihiler. La bataille prend fin début novembre, l’Afrika Korps n’est plus que l’ombre de lui-même. Le 8 novembre, l’opération Torch condamne Rommel : les Alliés débarquent en Algérie et au Maroc. C’est là concrétiser, ou presque, ce que Staline appelait depuis longtemps de ses vœux : un second front (bien que le véritable second front s’ouvrira en 1944). La guerre du désert est désormais sur deux fronts. Pire encore : Rommel est proche de l’Egypte et vient de perdre, il doit retourner en vitesse en Tunisie pour faire face et protéger la « Forteresse Europe » dont la botte italienne est une porte d’entrée atteignable depuis l’Afrique du nord. Hitler décide de sécuriser le sud de la France, désormais exposé aux débarquements Alliés, faisant de la ligne de démarcation de l’histoire ancienne en novembre 1942. En clair, la Zone Libre n’existe plus.

En Asie, après Midway, les US débarquent dans les îles Salomon que les Japonais attaquent depuis fin 1941. La bataille de Guadalcanal prendra alors cours. Les deux camps s’acharneront dans la jungle (parce que c’est tellement plus drôle !). Cette île, non cartographiée est infernale en été : la chaleur se couple aux pires espèces tropicales (araignées, serpents et moustiques en première ligne). L’enjeu principal sera, tout au long, l’aérodrome Henderson Field, construit par les Japonais, capturé par les Américains. A cette bataille se joint celle de Buna, similaire et proche. Le Japon, après la mer de Corail et Midway, est à bout de souffle et doit panser ses plaies. L’empire du Soleil-Levant ne peut se permettre une guerre d’attrition. C’est exactement ce que sera Guadalcanal. Les combats sont autant sur terre que sur mer. Pour la Marine Impériale, les affrontements de la bataille des îles Salomon orientales (23-24 août 1942), du Cap-Espérance (11-12 octobre), de Santa-Cruz (24-26 octobre), de Guadalcanal (12-15 novembre) et de Tassafaronga (30 novembre-1er décembre) sont meurtriers. Sur terre, le constat est le même. Les Japonais installent un ravitaillement récurrent de leurs troupes, de nuit, avec des destroyers, ce que les Américains surnommeront (avec affection certainement) le « Tokyo Express ». Avec la clôture de l’année 1942 commence la décadence militaire de l’Axe.

Sources (texte) :

Keegan, John (2009). La Deuxième Guerre mondiale. Paris : Perrin, 817p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1941-1943. Paris : Tallandier, 448p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1943-1945. Paris : Tallandier, 576p.

Bernard, Nicolas (2016). La Guerre du Pacifique, 1941-1945. Paris : Tallandier, 816p.

Lopez, Jean ; Wieviorka, Olivier (2015). Les mythes de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 350p.

Lopez, Jean ; Aubin, Nicolas ; Bernard, Vincent (2018). Infographie de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 192p.

Sources (images) :

http://ufacbagnolet.over-blog.com/article-35275559.html (guerre du désert)

https://www.pinterest.com/pin/480126010250149535/ (empire Japon 1942)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Yenangyaung#/media/Fichier:Japanese_Conquest_of_Burma_April-May_1942.jpg (campagne de Birmanie 1942)

https://wholedude.com/2015/07/23/special-frontier-force-reviews-hump-airlift-operation-1942-1945/ (Chine en 1942)

http://forummarine.forumactif.com/t8731-il-y-a-75-ans-la-bataille-de-midway (bataille de Midway)

https://www.themaparchive.com/the-caucasus-junenovember-1942.html (opération Fall Blau)

https://sites.google.com/site/worldwar1amandaodonnell/project-definition (Axe au paroxysme)

http://liberationtrilogy.com/wp-content/uploads/2013/01/aad-small-map.png (opération Torch)

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