Brièvement : Alexandre le Grand (356-323 av. J.C)
Le royaume de Macédoine intégra la civilisation grecque sous le règne d’Alexandre Ier (498-454*) en aidant la ligue grecque durant le dernier affrontement contre la Perse lors de la Seconde Guerre médique (480-479). Puis, une ère de prospérité se présenta à la Macédoine sous le règne du roi éclairé Archélaüs (413-399) qui réforma l’Etat et l’armée, tout en profitant du fait que les Grecs s’enfoncent dans la guerre du Péloponnèse (431-404). Philippe II de Macédoine monta sur le trône en 359 et épousa Olympias qui donna naissance à Alexandre. Philippe réforma l’armée sur le modèle grec et agrandit le territoire du royaume de Macédoine, conquérant le territoire au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Sa puissance montait au détriment d’Athènes. Surtout, Philippe gagna un siège au Conseil amphictyonique et se confronta à Périnthe et Byzance, soutenues par Athènes. Il ambitionnait de rassembler la Grèce pour mener une guerre contre l’Empire perse achéménide. Alexandre, lui, impressionnait déjà et avait la confiance de son père pour exercer la régence du royaume malgré son jeune âge.
*Sauf indication contraire, toutes les dates de cet article sont sous-entendues avant Jésus Christ.
Philippe II de Macédoine parvint, notamment par sa victoire à la bataille de Chéronée en 338, à vaincre la Grèce pour lui imposer sa tutelle, par l’intermédiaire de la ligue de Corinthe. Seulement voilà, lui qui voulait affronter l’Empire perse achéménide fut assassiné en 336. Son fils, Alexandre III, prit alors la couronne du royaume de Macédoine. Il passa deux années à de nouveau assujettir la Grèce (excepté Sparte). Une fois cette domination rétablie, il se réappropria les projets de son paternel. En 334, il était enfin prêt.
Il traversa l’Hellespont et s’attela à la libération de l’Asie Mineure. Très vite il affronta une première armée perse, envoyée par Darius III mais commandée par le grec Memnos. La bataille du Granique s’acheva sur une victoire nette des Macédoniens en 334 av. J.C. Fort de ce premier triomphe, Alexandre libéra tout le littoral jusqu’à Halicarnasse. Il buta sur Milet, ville portuaire réfractaire. Cet obstacle surmonté, il envahit entièrement l’Asie Mineure et se présenta aux portes de la Syrie. Là l’attendait Darius III, à la tête d’une nouvelle armée. Alexandre devait choisir entre avancer péniblement avec un danger sur ses arrières ou revenir sur ses pas pour affronter une armée bien supérieure en nombre. Il opta pour la seconde option. Ainsi débuta la bataille d’Issos en 333.
Après avoir vaincu par deux fois les armées achéménides (au Granique en 334 et à Issos en 333), Alexandre s’attela à l’invasion de la Syrie. L’île-cité de Tyr essaya alors d’imposer sa neutralité. Le conquérant macédonien, irrité, s’en alla mener le siège de Tyr de janvier à juillet 332. L’île-cité finit par tomber et un massacre y fut perpétré par les Macédoniens. Le message était clair : Alexandre ne tolérerait aucune résistance. Gaza, en Palestine, se décida pourtant également à résister. Bien moins robuste que Tyr, Gaza céda plus rapidement et n’échappa pas au massacre. Alexandre continua sa route jusqu’en Egypte, où il fut accueilli comme un dieu et nommé pharaon. Le conquérant aurait pu s’en retourner en Macédoine si Darius III n’avait pas rassemblé une nouvelle grande armée en Mésopotamie. L’épopée n’était pas terminée, les Achéménides avaient encore de la ressource.
La bataille de Gaugamèles, en octobre 331, scella le destin de Darius III. Dès sa victoire acquise, Alexandre débuta une véritable traque. Le roi de Macédoine voulait rattraper Darius III pour prendre sa place et gouverner le monde. Dans cette frénétique poursuite, Alexandre entra dans les capitales de l’Empire perse achéménide sans coup férir : Babylone, Suse, Persépolis et Ecbatane. A Persépolis, Alexandre laissa ses hommes massacrer la population et piller la ville. Le motif : une vengeance pour les guerres médiques. La vraie raison : il fallait laisser les soldats amasser du butin et assouvir leurs plus bas désirs. Bessus, cousin de Darius, trahit le roi des Rois. Il nourrissait le projet de le livrer mais finit par le tuer. Alexandre, qui n’avait pas souhaité cette finalité, se devait de poursuivre Bessus qui avait la légitimité nécessaire pour revendiquer le trône. Cette traque mena les Macédoniens à l’extrémité orientale de l’Empire perse, en Sogdiane et en Bactriane. Les Macédoniens montraient des signes de lassitude et, plus grave, acceptaient mal l’orientalisation d’Alexandre. Ce dernier voulait trouver l’Océan Extérieur : la limite du monde. Bessus fut livré au roi, seulement pour être remplacé dans la dissidence par un certain Spitamène.
Alexandre s’aventura en Inde après avoir fait taire les rébellions de Sogdiane et Bactriane. En s’alliant avec un prince local, il se trouva à faire la guerre à un autre prince indien, Poros. Ainsi, Alexandre le Grand dut défaire un prince indien sur la rive de l’Hydaspe lors de la bataille éponyme en 326. La voie vers le sous-continent indien et, pensait le conquérant, vers l’Océan Extérieur ouverte, Alexandre continua. Le roi de Macédoine se confronta alors au seul obstacle qu’il ne pouvait surmonter : son armée refusa de franchir l’Hyphase et d’avancer plus en avant dans la jungle indienne. Alexandre fut contraint de rebrousser chemin au soulagement de sa troupe. Il ne perdait pourtant pas son objectif de vue. Il décida ainsi de longer le Golfe persique plus au sud, un bout de l’Océan Extérieur selon lui.
De retour d’Inde, Alexandre retrouva son empire en lambeaux. L’absence prolongée du conquérant y avait semé la corruption et excité les ambitions. En 324 av. J.C, Alexandre s’attela à la tâche de restaurer son autorité sur ses terres. Mais là n’était pas son plus grand projet. Celui qui, désormais, se disait un dieu, voulait opérer une fusion des cultures occidentale et orientale. Pour cela, il organisa les noces de Suse, 10 000 mariages entre ses guerriers et des femmes perses. Après quoi, il voulut intégrer à son armée occidentale des éléments orientaux. Le refus de son armée fut catégorique et violent. Alexandre répliqua avec brutalité et obtint satisfaction. Il fallait désormais aller plus loin dans le métissage des peuples.
Le grand projet d’Alexandre fut de créer une religion unique dont il aurait été le dieu. C’était rassembler les croyances occidentales et orientales, multiples et antagonistes. La logique grecque et la volonté d’échapper au pouvoir des dieux ne pouvait être associées à l’adulation du surnaturel et des divinités en orient. Alexandre obtint néanmoins d’être reconnu comme un dieu par tous les Grecs, comme il l’était déjà par tous les orientaux. Si la fusion des croyances n’était pas encore réussie, le conquérant macédonien établissait déjà des plans pour faire le tour de l’Afrique par la mer et l’invasion de l’Europe. Il était toujours en quête de l’Océan Extérieur. Alexandre était heureux en 324. Ça ne dura pas. Héphestion, son meilleur ami, presque son âme sœur, décéda brutalement à la fin de l’année. Quelque chose venait de se briser en Alexandre, il perdit sa capacité de concentration. L’été 323 venu, alors qu’il semblait enfin surmonter la mort d’Héphestion et finissait d’organiser la circumnavigation autour de l’Afrique, il fut pris d’une forte fièvre qui le terrassa dans la nuit du 11 au 12 juin 323, à 32 ans seulement.
Sa mort, inattendue et soudaine, provoqua une lutte de pouvoir entre ses différents généraux. Ceux-ci étaient trop ambitieux pour se rassembler autour du fils d’Alexandre le Grand, Alexandre IV Ægos, né un mois après le décès du conquérant. La lutte de pouvoir se déchaîna entre les Diadoques (« successeurs ») pendant un demi-siècle et toute la famille d’Alexandre le Grand fut progressivement exécutée de 323 à 310. Le sang d’Alexandre représentait un enjeu géopolitique trop important pour être laissé à l’un des généraux sans qu’un ou plusieurs autres ne cherchent à l’en priver.
Figures Historiques principales :
Alexandre le Grand (356-323 av. J.C) : roi de Macédoine (336-323 av. J.C), pharaon d’Egypte (331-323 av. J.C) et roi des rois perse (330-323 av. J.C).
Philippe II de Macédoine (382-336 av. J.C) : roi de Macédoine (359-336 av. J.C), père d’Alexandre le Grand.
Olympias (v375-316 av. J.C) : reine consort de Macédoine (358-316 av. J.C), mère d’Alexandre le Grand.
Héphestion (v356-324 av. J.C) : meilleur ami et bras droit d’Alexandre le Grand.
Darius III (v380-330 av. J.C) : roi des Rois de l’Empire perse achéménide (336-330 av. J.C), adversaire principal d’Alexandre le Grand.
Memnos (ou Memnon) de Rhodes (v380-333 av. J.C) : général mercenaire grecque de Darius III (durant la bataille du Granique notamment).
Bessos (ou Bessus) (?-329 av. J.C) : cousin de Darius III, vice-roi (satrape) de Bactriane, traitre et assassin du roi des Rois Darius III.
Spitamène (370-328 av. J.C) : général de l’Empire perse achéménide, il livre Bessus à Alexandre mais mène aussi une rébellion en Sogdiane et en Bactriane contre le conquérant macédonien.
Antipater (397-319 av. J.C) : général macédonien de Philippe II de Macédoine puis régent de Macédoine (334-319 av. J.C) sous Alexandre le Grand et Diadoque après la mort de ce dernier.
Parménion (v400-330 av. J.C) : général macédonien sous Philippe II de Macédoine puis sous Alexandre le Grand, meilleur général d’Alexandre durant la première partie de ses conquêtes, notamment au Granique, à Issos et à Gaugamèles, il est exécuté sur ordre d’Alexandre pour la conspiration de son fils à l’encontre du conquérant.
Cratère (v370-321 av. J.C) : général macédonien d’Alexandre le Grand, meilleur général d’Alexandre dans la seconde partie de ses conquêtes, après la mort de Parménion.
Néarque (v360-v300 av. J.C) : amiral macédonien et ami d’Alexandre le Grand.
Perdiccas (v355-321 av. J.C) : général macédonien à qui Alexandre fait assez confiance pour lui donner son sceau après la mort d’Héphestion.
Antigone le Borgne / Séleucos / Ptolémée / Cassandre / Lysimaque / Polyperchon : les Diadoques (avec Antipater) qui se partagent l’empire du défunt Alexandre le Grand et s’engagent dans des luttes de pouvoir fratricides.
Barsine / Roxane / Statira / Parysatis : les femmes d’Alexandre le Grand par ordre de mariage.
10 dates importantes :
356 av. J.C : naissance d’Alexandre, fils de Philippe II de Macédoine et d’Olympias d’Epire, futur Alexandre III de Macédoine et Alexandre le Grand.
338 av. J.C: bataille de Chéronée, victoire décisive de Philippe II de Macédoine (aidé par Alexandre) contre les coalisés grecs. Cette victoire marque la soumission de la Grèce au royaume de Macédoine avec la création de la Ligue de Corinthe.
336 av. J.C : assassinat de Philippe II de Macédoine et intronisation d’Alexandre III de Macédoine.
334 av. J.C : début de la conquête de l’Empire perse achéménide et victoire d’Alexandre au Granique.
333 av. J.C : victoire décisive d’Alexandre sur une seconde armée achéménide, cette fois dirigée par Darius III en personne.
332 av. J.C : siège de Tyr puis siège de Gaza. Alexandre entre ensuite en Egypte et est fait pharaon.
331 av. J.C : nouvelle victoire décisive sur Darius III à Gaugamèles.
330 av. J.C : assassinat de Darius III par son cousin Bessus (Bessos).
326 av. J.C : invasion de l’Inde et bataille de l’Hydaspe. L’armée macédonienne refuse de franchir l’Hyphase. Alexandre doit faire demi-tour.
323 av. J.C : mort soudaine d’Alexandre le Grand. Début de la période hellénistique et des Diadoques.
Articles affiliés, les parties du grand dossier sur le sujet :
Sources (texte) :
Weigall, Arthur (2019). Alexandre le Grand. Paris : Éditions Payot & Rivages, 512p.
Benoist-Méchin, Jacques (2009). Alexandre le Grand. Millau : Tempus Perrin, 352p.
Green, Peter (2012). Les Guerres médiques. Paris : Tallandier, 448p.
Sources (images) :
https://www.historia.fr/carte-blanche-%C3%A0-franck-ferrand/lhistoire-bascule-%C3%A0-salamine (carte résumant les guerres médiques)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_II_(roi_de_Mac%C3%A9doine) (Philippe II de Macédoine)
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mergence_de_la_Mac%C3%A9doine (domination de la Macédoine)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_le_Grand (domination de la Macédoine, parcours haché d’Alexandre jusqu’à Halicarnasse puis Issos, puis Babylone et de retour à Babylone)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Issos (bataille d’Issos avec représentation)
https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/le-siege-de-tyr-limpossibilite-dune-ile-9735.php (île de Tyr)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Gaugam%C3%A8les#/media/Fichier:Charles_Le_Brun_Bataille_d’Arbelles.jpg (bataille de Gaugamèles)
https://alchetron.com/Hecataeus-of-Miletus (océan extérieur)
http://antikforever.com/guerres_batailles/batailles/portes_persiques_hydaspe.htm (bataille de l’Hydaspe)
https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Lexp%C3%A9dition_dAlexandre/1009142 (Empire full avec détails)
http://epopeealexandre.canalblog.com/archives/2010/03/01/17191430.html (mort d’Alexandre)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Diadoque (diadoques cartes)