Rappel : Après la défaite athénienne à Syracuse en 413 av. J.-C. et la disparition de l’essentiel de sa flotte, la ligue de Délos était prête à se soulever tandis que Sparte engageait le reste de la flotte athénienne à Speiraion (en 412 av. J.-C.), Symé, Chios et Érétrie (en 411 av. J.-C.). La guerre de Ionie venait de débuter. Athènes perdit de suite l’Eubée (411 av. J.-C.). Les Spartiates s’étaient établis dans le fort de Décélie en Attique et faisaient peser une menace constante sur Athènes tout en attirant les esclaves athéniens. Sur la mer, Sparte cherchait à couper les voies de ravitaillement d’Athènes, l’amenant à déclencher la bataille navale de Cynossème dans l’Hellespont. La victoire athénienne restaura la confiance de la cité en sa marine. En parallèle, Alcibiade quitta Sparte car un complot visant à l’assassiner y grandissait : il changea de nouveau de camp. Quelques semaines après Cynossème, les Péloponnésiens provoquèrent une nouvelle bataille navale à Abydos et furent à nouveau vaincus. Ils furent encore défaits lors de la bataille de Cyzique en mars 410 av. J.-C. Athènes reprit Périnthe, Byzance et Thasos en 410 et 409 av. J.-C. Censés être presque vaincus après la Sicile, les Athéniens faisaient preuve d’une incroyable capacité de résilience. Les amiraux athéniens, tels que Thrasybule, Théramène et Alcibiade démontraient là tout leur talent. Les Spartiates firent une offre de paix, qu’Athènes refusa avec hauteur. Mais les Athéniens commirent l’erreur de rester sur la défensive de 410 à 407 av. J.-C. Sparte formait une nouvelle flotte avec les subsides perses, engageait des mercenaires et désigna le brillant Lysandre comme amiral. En 407 av. J.-C., un accord fut conclu entre Lysandre et le satrape perse d’Asie Mineure pour un crédit à solde illimité en or, mercenaires, bois, argent, vêtements … Tout le nécessaire pour une flotte. Dès lors Lysandre attaqua systématiquement les navires de ravitaillement athéniens. Au printemps 406 av. J.-C.[1], il engagea une bataille navale à Notion contre la flotte d’Alcibiade alors que ce dernier était absent. Lysandre écrasa la flotte athénienne et Alcibiade tomba à nouveau en disgrâce. La cité perdait ainsi son amiral le plus compétent et populaire.

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[1] Dans cet article et ce dossier, toutes les dates sont sous-entendues avant Jésus-Christ, sauf indication contraire.

A l’heure de la bataille navale de Notion, la flotte athénienne, alignant 108 trières, était alors environ égale à celle des Péloponnésiens en termes d’effectifs. Quelques mois plus tard, la flotte péloponnésienne, désormais forte de 140 à 170 trières, défit l’amiral athénien Conon au large de Mytilène. Les Athéniens perdirent quelque 30 trières. Toujours en 406, les deux flottes se retrouvèrent à nouveau au large des côtes ioniennes, pour une bataille navale décisive. Malgré quelques victoires, les batailles navales de Speiraion, Symé, Chios, Érétrie, Abydos, Cynossème, Cyzique et Notion avaient coûté 84 trières et 16 000 marins à Athènes en cinq ans. Bien que les Péloponnésiens aient perdu 160 trières et quelque 30 000 marins, soit le double, ces pertes étaient catastrophiques pour Athènes. Et pourtant, la cité-État puisa dans ses ultimes ressources, épuisant le fonds d’urgence et faisant fondre tout ce qui pouvait être transformé en monnaie. Ainsi, Athènes construisit 80 nouvelles trières en quelques mois. Les équipages étaient un mélange de citoyens – riches ou pauvres -, d’étrangers et d’esclaves, tous à priori peu ou pas expérimentés. Qu’importe, Athènes parvint à réunir 150 trières pour la bataille des Arginuses (dont 10 trières fournies par Samos). Après bientôt trente ans de guerre, la peste, le désastre de Sicile, la guerre d’usure d’Ionie, Athènes trouvait le moyen de rassembler l’une des plus importantes flottes qu’on n’ait jamais vu en Grèce.

Pour la première fois depuis la Sicile, Athènes disposait de la supériorité numérique. Les Péloponnésiens alignaient environ 120 trières sous les ordres de Callicratidas (l’amiral ayant vaincu Conon au large de Mytilène). Il y avait là, rassemblées proche des îles Arginuses, 270 trières et 50 000 marins. On ne sait toujours pas, à ce jour, comment exactement les Athéniens parvinrent à écraser les Péloponnésiens dans cette bataille. Les équipages inexpérimentés et les trières neuves, construites à la hâte donc de qualité douteuse, n’empêchèrent pas les Athéniens de détruire 70 trières péloponnésiennes et de l’emporter. Mais les Spartiates n’avaient que faire de ces pertes : les marins étaient des mercenaires et trières comme équipages étaient payés par l’or perse. À l’inverse, la population d’Athènes fut scandalisée d’apprendre que 26 trières avaient été perdues avec tout leur équipage. Les dix amiraux athéniens furent jugés à leur retour à Athènes. Pourquoi ? Des marins naufragés auraient été abandonnés de nuit, alors qu’une tempête se déchaînait, d’après les rumeurs. C’était là une faute religieuse. Six des dix généraux furent exécutés (dont le dernier fils survivant de Périclès), les autres s’exilèrent (dont Thrasybule). Cette folie collective est à relier au traumatisme de la peste durant laquelle offrir les rites funéraires était impossible. Athènes avait surmonté la peste mais était encore profondément malade et elle finit par le payer. L’Assemblée repoussa une nouvelle offre de paix des Spartiates mais n’attaqua pas la flotte adverse et perdit ainsi son avantage.

En octobre 405, après quatre jours d’inaction de la part de Lysandre et sa flotte péloponnésienne, les amiraux athéniens revinrent au rivage pour se ravitailler. Mais ils étaient trop loin de leur base, obligeant les marins à s’éparpiller sur terre. Athènes manquait clairement d’amiraux compétents, après avoir poussé les meilleurs à l’exil. Lysandre ne laissa pas passer l’occasion. Le 5^e jour, il attaqua la flotte athénienne dont les trières étaient tirées sur la plage, à Aigos-Potamos. Quelques-unes, seulement, purent prendre la mer pour se défendre mais furent écrasées. Athènes perdit, ce jour-là, 170 de ses 180 trières. Lysandre, répondant sûrement aux multiples crimes de guerre athéniens, exécuta 3 000 ou 4 000 marins de la flotte athénienne qui s’étaient rendus. Ce massacre représentait plus de victimes que les deux grandes batailles d’hoplites de la guerre – Délion et Mantinée – rassemblées. Les Athéniens avaient plusieurs fois tués ou jeté par-dessus bord des marins péloponnésiens sans scrupules, ils en payaient là le prix. Techniquement, pas moins de 300 navires et 60 000 marins (dont 180 navires et 36 000 marins Athéniens) « participèrent » à la bataille décisive d’Aigos-Potamos. La flotte athénienne n’existait plus.

Lysandre augmenta les effectifs de sa flotte jusqu’à atteindre 200 trières. Il laissa alors des trières dans les ports stratégiques et régna en maître sur la mer Égée, ne laissant plus passer les ravitaillements athéniens et en proclamant partout la fin de l’empire de ces derniers. Ce n’est qu’à ce moment, lorsque Lysandre se montra avec sa flotte devant le Pirée, que les deux rois de Sparte : Agis, qui campait avec son armée dans la forteresse de Décélie en Attique depuis 213, et Pausanias se décidèrent à marcher sur Athènes. Les Péloponnésiens posèrent ainsi sur Athènes le dernier siège du conflit. La guerre du Péloponnèse compta 21 sièges (dont les encerclements de garnison) sur 27 ans de guerre. Notons que certains de ces sièges furent longs de plusieurs années et que la guerre ne dura que 21 ans en ôtant les années de la paix de Nicias. Globalement, il y eu donc presque constamment une cité assiégée pendant toute cette guerre dont des actions militaires touchèrent le monde des Hellènes de Syracuse en Sicile à Byzance sur les rives de la mer Noire : soit 1 500 km de distance !

Peu de ville avaient des fortifications et les plus grandes cités (Syracuse, Corcyre, Corinthe, Athènes – reliée au Pirée -, Argos, Byzance, Samos, Mytilène) étaient également des villes portuaires, sous-entendant la nécessité d’une supériorité maritime pour mener un siège complété d’un blocus. Notons qu’Athènes avait surtout attaqué ses tributaires, rarement des villes neutres ou ennemies et très rarement par voie terrestre ; les sièges n’étaient donc pas tant une affaire de coût-bénéfices (car ils coûtaient toujours bien plus qu’ils ne rapportaient) qu’une question de réputation. Thèbes se devait d’écraser Platées tout comme Athènes aurait vu tout son empire vaciller si elle avait accepté le soulèvement de Potidée ou Mytilène. Platées, Potidée et Mytilène donnèrent des leçons aux belligérants. Dès lors, Athènes et Thèbes préférèrent agir de manière préventive dès les premiers signes de sédition : Athènes avait ordonné à Chios d’abattre les murs dont elle s’était juste dotée en 425, Thèbes avait profité des pertes importantes des Thespiens à Délion pour ordonner à la ville d’en faire de même.

Le siège (poliorkia) comprenait souvent des travaux de sapes. Ceux-ci, dans un sol généralement rocailleux, étaient toujours détectés. Les défenseurs effectuaient alors des travaux de contre sapes pour éviter que l’assaillant ne fasse par exemple effondrer sa galerie sous les murs de la ville pour en saper les fondations. L’emploi du feu, parfois envisagé, fut surtout efficace à Délion contre les palissades en bois. Les tours de sièges et les catapultes n’existaient pas encore (elles seront inventées le siècle suivant) et béliers et tortues offraient des options limitées, expliquant les difficultés de la poliorcétique d’alors et des pertes systématiquement plus élevées chez les assaillants. Les cités dotées de murs étaient peu nombreuses au début de la guerre. Et on peut se demander pourquoi les Grecs avaient si peu réfléchi à des manières de vaincre une cité protégée par des murs. Après l’invasion perse, Sparte avait sommé les cité-États de détruire leurs murs pour que les Perses ne s’emparent d’aucune place forte. Les Lacédémoniens[2] avaient surtout peur qu’Athènes n’influencent les Grecs et que les hoplites, force de Sparte, deviennent obsolètes. Une victoire militaire devait reposer sur le courage et la discipline, non sur les armes et les innovations, ce qui explique que les Grecs fussent capables des constructions les plus raffinées mais pas d’inventer de suite des machines pour détruire les murs. Le génie grec avait plutôt trouvé sa place dans la philosophie, l’art, … D’autre part, les paysans ne voyaient pas l’intérêt d’investir une fortune et des milliers d’heures de travail dans la construction de remparts destinés à protéger les villes, donc les pauvres. Surtout, bâtir des murs n’était pas jugé courageux et était une négation de l’esprit de la bataille d’hoplites. Cette dernière, par la discipline de la phalange, resserrait les liens entre les hommes ; tandis qu’un siège exacerbait les tensions et les dissensions.

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[2] Lacédémone et Sparte désignent la même ville, tout comme on parle indifféremment de Spartiates ou de Lacédémoniens.

La réalité rattrapa pourtant la guerre du Péloponnèse qui connut bien plus de sièges que de batailles rangées. Pour ce siège final d’Athènes, les Spartiates n’ayant pas les moyens de prendre les murs, il fallut attendre la famine et les tensions politiques pour que la ville capitule enfin en mars 404. Les démocrates furent renversés et le gouvernement des Trente, une oligarchie, qui se mit en place. C’était l’une des conditions de la reddition, avec une limitation de la flotte d’Athènes à 12 trières, la destruction des murs, une alliance militaire avec Sparte, la liberté pour tous les États tributaires et le retour des exilés. Sparte avait accepté de ne pas raser la ville en contrepartie, ce qui irrita profondément Corinthe et Thèbes, qui auraient également souhaité tuer les hommes et vendre femmes et enfants comme esclaves.

Le peuple athénien était sous le choc mais espérait encore voir Alcibiade revenir à la tête d’une flotte. Ils se fourvoyaient : il n’y avait plus de flotte, il n’y avait plus d’Alcibiade non plus d’ailleurs. Celui-ci fut assassiné en 404. Par qui ? Les Trente qui craignaient sa popularité à Athènes ? Pharnabaze voulant se débarrasser d’un homme qui pouvait lui attirer des problèmes ? Un mari ou frère d’une femme qu’il avait séduit ? Lysandre ? On ne le sait pas. Les Spartiates occupèrent un temps Athènes. Pourtant, les vainqueurs ne le restèrent pas longtemps. L’allié d’hier, Thèbes, allait devenir l’ennemi de demain pour Sparte. Lysandre ramena les Méliens chez eux, à la fin de la guerre. Ils massacrèrent les colons athéniens et reprirent leurs terres. La même chose se passa à Mytilène, Naupacte et Skionè. La guerre était terminée.

Pour clore cette guerre, il faut en dresser le bilan. La société grecque fut chamboulée par la guerre du Péloponnèse du fait d’un changement de l’ordre établi : des centaines de milliers d’esclaves furent affranchis en s’engageant dans l’infanterie ou la marine tandis que nombre de citoyens devenaient esclaves parce que leur ville était tombée. La guerre brisa les codes : le statut social n’importait plus, les esclaves étaient enrôlés en masse et pouvaient tuer des hoplites. Conserver un exclusivisme, fondement du fonctionnement de la société grecque, était alors bien compliqué. Cette guerre montra également qu’il fallait désormais tuer le plus possible, pas simplement être courageux. Les Macédoniens exploiteront cette métamorphose. Sans compter que l’image noble de l’hoplite fut durement frappée par la reddition de Sphactérie. Le conflit révéla en sus l’importance de l’argent et du nombre. C’est l’Etat le plus traditionnellement isolé qui triompha en recevant de l’argent perse et en engageant des mercenaires.

La guerre était autrefois courte ou au moins nationale et glorieuse (contre les Perses). La guerre révéla cette fois-ci le visage qu’on lui connait bien aujourd’hui. Découvrant l’horreur d’un conflit long et sans lois, les Grecs se prirent à redouter la guerre. Les Acharniens, La Paix et Lysistrata d’Aristophane ou Andromaque, Hélène, Hécube et Les Troyennes d’Euripide font part des pires aspects de la guerre. Or, ces œuvres ont toutes été écrites pendant la guerre du Péloponnèse.

La guerre fut longue, ruineuse, civile, bouscula bien des traditions … Mais les raisons de la défaite d’Athènes interrogent davantage que les raisons du succès de Sparte. Alors, pourquoi Athènes s’inclina-t-elle ? Déjà, Athènes luttait contre les trois plus grandes cités-Etat de Grèce (Sparte, Thèbes, Corinthe) et soutint l’effort et sa supériorité maritime malgré la peste, humilia Sparte jusqu’à la mener à demander la paix. Pourtant, Athènes chercha toujours à éviter l’affrontement terrestre avec Sparte, ce qui la poussa à essayer d’attaquer sa rivale de manière indirecte, jusqu’à aller attaquer Syracuse, une ville démocratique plus grande qu’elle et très éloignée. Elle fit du même coup souffrir sa propagande. Les raisons de la défaite d’Athènes peuvent se résumer à la liste suivante : la peste, l’expédition en Sicile et les conseils d’Alcibiade à Sparte (intervenir en Sicile, s’établir à Décélie et utiliser l’argent perse pour bâtir une flotte). Notons que cette liste tant à montrer qu’Athènes a causé sa propre perte, comme on l’avait deviné par les exils des stratèges et le refus des propositions de paix de Sparte lors de la guerre d’Ionie. L’Assemblée athénienne faisait peur aux généraux, les poussant à la prudence ou à l’audace en fonction de ce qu’ils pensaient déceler de l’opinion publique. Enfin, rappelons que la peste enfanta des tensions dans Athènes qui eurent pour conséquences des sorties offensives mal préparées et des coups d’Etat désastreux (en 411 et 404).

Mais la fin de la guerre du Péloponnèse annonça-t-elle véritablement le déclin de la Grèce comme on le prétend souvent ? À court terme, on pourrait le penser. La guerre met fin à la Pentécontaétie (l’âge d’or d’Athènes). Sparte imposa une oligarchie à Athènes (qui ne tint que jusqu’à fin 403). Les cités tributaires, « libérées », se virent également imposer des oligarchies faibles, ce qui permit aux Perses de prendre la direction de l’Asie Mineure. Mais le peuple athénien resta soudé, les problèmes de ravitaillement durèrent 6 mois tout au plus. En 394, Athènes défit la flotte spartiate dans la bataille navale de Cnide. Certains historiens considèrent d’ailleurs que cette bataille constitue la véritable fin d’une guerre du Péloponnèse (qui aurait alors duré 38 ans). En 393, les murs d’Athènes furent reconstruits et une ligne de fortification émergea aux frontières de l’Attique. En 378, Athènes créa la seconde Confédération athénienne, cette fois-ci sans tribut ou confiscation de terres, sans exploitation. Cette confédération se voulait équilibrée et, par-là, était proche de la ligue délienne. La confédération disposait d’une flotte d’environ 300 trières qui surveillaient la mer Egée.

Alors pourquoi parle-t-on de décadence ? On peut avancer au moins deux raisons qui sont autant de biais. D’abord, notre source principale d’information vient d’Athènes elle-même. Les Athéniens virent évidemment en cette guerre une catastrophe et firent facilement le lien entre cette catastrophe et la suprématie macédonienne qui survint en 340. Ensuite, nous sommes également biaisés par notre calendrier. Le calendrier des Grecs débute avec les premiers jeux olympiques, celui des Romains débute avec la création légendaire de Rome (que nous plaçons au 21 avril 753 av. J.-C.). Le nôtre, créé au VIe siècle, vient de la naissance de Jésus Christ. Ce choix a, par un heureux hasard, placé la fin de la guerre du Péloponnèse à la fin de ce V^e siècle qui vit rayonner Athènes. Les historiens aiment qualifier les siècles, faisant du XVIII^e siècle celui des Lumières ou du XX^e celui du modernisme… Ils firent pareil avec le V^e av. J.-C. La guerre du Péloponnèse débuta avec les nobles Périclès et Archidamos et se termina avec Alcibiade et Lysandre, des hommes totalement différents. Euripide et Sophocle, les deux grands auteurs grecs de la tragédie, moururent probablement en 406, l’un comme l’autre. La mort brutale (des suites d’un jugement) de Socrate en 399, considéré comme un esprit des Lumières, marque à merveille la fin d’un temps ! C’est voir une rupture où il n’y en a pas. Athènes se redressa rapidement de la guerre, tout comme le reste de la Grèce. Malgré les pertes importantes, c’est essentiellement le traumatisme psychologique qui marqua la société.

Le bilan humain de cette guerre est impossible à dresser. Les auteurs de l’antiquité ne donnaient que rarement des chiffres, encore moins des chiffres précis. Il était souvent question d’un « grand nombre » de morts. En compilant toutes les données, on estime qu’au moins 100 000 Athéniens moururent pour des raisons liées à la guerre (peste y compris). Évidemment, la guerre dans son ensemble fit bien plus de victimes. Concernant les pertes matérielles, elles sont encore plus difficiles à établir. Les Athéniens perdirent quelque 400 ou 500 trières et sortirent ruinés de la guerre. La Grèce, dans son ensemble, dut perdre environ 1 000 trières.

Après la guerre, Sparte s’isola rapidement de nouveau et, sans l’or perse, ne parvint pas à gérer son empire. Sujets à la corruption, les Spartiates furent incapables de remplacer les Athéniens et leur empire implosa. Des principaux protagonistes de la guerre, Thèbes fut la cité qui subit le moins de pertes. Ce coût léger explique en partie comment les Thébains parvinrent à devenir les nouveaux maitres de la Grèce en écrasant Sparte au début du IV^e siècle.

Le stratège (donc général) était, avant la guerre du Péloponnèse, un citoyen lambda qui allait mourir en première ligne. Avec la guerre du Péloponnèse, l’image du général évolua, bien que la majorité périrent. Sparte, pourtant un État refermé sur lui-même, donna à cette guerre ses meilleurs tacticiens : Brasidas, Gylippe, Lysandre, des hommes qui changèrent le cours de la guerre par leur talent. Ces généraux, mais aussi Alcibiade, ouvrirent la voie à des généraux adorés, puis à des chefs charismatiques comme le Thébain Épaminondas ou le Macédonien Alexandre le Grand au IV^e siècle. Les généraux commençaient à être plus que des politiciens, ce qui mena la Grèce classique vers son terme et permit le début de la période hellénistique.

Sources (texte) :

Hanson, Victor Davis (2005). La guerre du Péloponnèse. Paris : Flammarion, 593p.

Orrieux, Claude et Schmitt Pantel, Pauline (2020 pour la 4^e édition). Histoire grecque (4^e édition mise à jour). Paris : PUF, 511p.

Sources (images) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Arginuses (vision tactique de la bataille des Arginuses)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Aigos_Potamos (lieu de la bataille d’Aigos-Potamos)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lysandre (navarque Lysandre)

https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/La_guerre_du_P%C3%A9loponn%C3%A8se_431-404_avant_J-C/1313188 (résumé de la guerre du Péloponnèse)