La guerre du Péloponnèse (partie VII) : début de la guerre de Ionie et résilience athénienne (413-406 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie VII) : début de la guerre de Ionie et résilience athénienne (413-406 av. J.-C.)

Rappel : Profitant de la « paix » de Nicias, Athènes se laissa convaincre par le parti de la guerre, mené par Alcibiade, qui préconisait de répondre à la demande d’aide des cités siciliennes en attaquant Syracuse. Une manière de priver les Péloponnésiens d’une partie de leur ravitaillement et de potentiels renforts mais aussi de piller une grande cité. C’était pourtant également attaquer l’une des plus grandes cités grecques démocratiques, ce qui allait à l’encontre de la propagande athénienne et en diminuait la portée. Ceci revenait également à s’engager dans un long et dangereux périple alors que les cités tributaires étaient sur le point de se soulever et Sparte prêt à repartir en guerre. C’était tout risquer. Mais Athènes s’était enfin remise de la peste et décida de la grande expédition en 415 av. J.-C[1]. Après une traversée sans accroc, l’expédition perdit immédiatement un de ses trois généraux, Alcibiade, accusé par l’Assemblée d’un crime religieux. Celui-ci, condamné à mort s’il rentrait à Athènes, se rendit à Sparte et poussa les Lacédémoniens[2] à reprendre la guerre en leur donnant l’idée de la tactique qui ferait des ravages contre Athènes : établir une armée en Attique dans un fort, Décélie, pour que l’armée puisse y rester sur le long terme et se protéger des contre-attaques athéniennes. Il leur suggéra également d’aller quérir l’aide financière de l’Empire perse pour bâtir une flotte capable de concurrencer celle d’Athènes. Cette dernière, par ailleurs, se dégradait car elle devait maintenir un blocus constant sur Syracuse. Les stratèges Lamachos et Nicias n’ayant pas réussi à attaquer et assiéger Syracuse de suite, les Syracusains surmontèrent l’effet de surprise. Lamachos, mort au combat, seul Nicias, le plus mou des trois généraux d’origine, restait. Il entreprit de construire un mur de circonvallation autour de Syracuse, mais bien trop lentement. Les Syracusains firent sortir de terre des murs de contre-approche et demandèrent l’aide des Péloponnésiens. Spartiates et Corinthiens, sous les ordres du Lacédémonien Gylippe, débarquèrent en Sicile et renforcèrent tant l’armée que la flotte syracusaine tout en empêchant les Athéniens de terminer leur mur. Après plusieurs batailles terrestres et navales, l’expédition athénienne tourna au désastre et, malgré des renforts athéniens menés par Démosthène, l’armée et la flotte d’Athènes furent étrillés.


[1] Dans cet article et ce dossier, toutes les dates sont sous-entendues avant Jésus-Christ, sauf indication contraire.

[2] Lacédémone et Sparte désignent la même ville, tout comme on parle indifféremment de Spartiates ou de Lacédémoniens.

Bien que ruinés, les Athéniens avaient payé des mercenaires thraces pour partir en Sicile en 413. Ceux-ci n’avaient pu partir à temps. Il s’agissait donc d’en faire usage pour que l’argent dépensé ne soit pas gaspillé. Dirigés par Diéitréphès, ils attaquèrent la ville portuaire de Mycalesse, membre de la Confédération boétienne, en Grèce centrale. Athènes avait demandé à cette troupe de piller la côte pour rembourser leur solde. Les murs de Mycalesse étant en mauvais état, les Thraces rentrèrent sans problème puis pillèrent et massacrèrent, y compris dans une école. L’immoralité du geste semblait plus importante que les précédents. Les Grecs avaient, semble-t-il, accepté qu’une cité qui décidait de résister – donnant lieu à un siège – méritait la mort en cas de victoire. À Mycalesse, les Athéniens attaquèrent une ville sans en faire le siège et sans sommation puis massacrèrent. La violence continuait son escalade.

412 marqua la reprise de la guerre civile à Lesbos après un affrontement des flottes athénienne et spartiate pour soutenir leur camp respectif. Cette même année, les démocrates de Samos tuèrent les oligarques de la cité. Simultanément, Chios connaissait une période de deux années d’agitation : les démocrates furent massacrés, poussant Athènes à régulièrement piller la cité ; tout ceci déclenchant une révolte d’esclaves et un épisode de famine. En 411, 200 personnes furent assassinées à Samos, 400 exilées et tant les terres que les biens des riches furent saisis par les démocrates. Lesbos, Samos, Chios : tous ces points de tension se trouvaient dans la partie orientale de la mer Égée. En réalité, l’épicentre de la guerre s’était justement placé là après la Sicile : la guerre d’Ionie (411-404), au large de la côte éponyme, fut la dernière grande étape de la guerre du Péloponnèse qui prenait là une tournure largement maritime.

En 413-412, le monde semblait se liguer contre Athènes qu’on croyait incapable de se relever après le désastre sicilien. La ligue de Délos (477-404), véritable empire maritime d’Athènes, se désagrégeait. La Ionie et les cités de la partie orientale de la mer Égée furent les premières à secouer le joug athénien. La Perse offrit son aide financière aux Péloponnésiens pour construire une nouvelle flotte et anéantir Athènes. On estime généralement que c’est Alcibiade qui, après avoir soufflé l’idée de s’installer à Décélie, aurait incité les Spartiates à demander l’aide financière de la Perse. Un Conseil des Anciens fut créé à Athènes pour tempérer les excès de l’Assemblée et trouver des solutions. Cette situation, peu démocratique, préfigurait la révolution oligarchique de 411. Le fonds d’urgence fut entamé pour la première fois. Il fallait rebâtir la flotte, et vite.

Carte représentant la ligue de Délos, dirigée par Athènes, avant la guerre du Péloponnèse.

Arrêtons-nous un instant sur les navires employés dans cette guerre maritime. Les trières furent inventées vers fin du VIe siècle, sûrement par les Phéniciens. Ces curieuses embarcations privilégiaient légèreté et équilibre plutôt que navigabilité et sécurité. Trois rangs de rameurs, expliquant le nom des navires, étaient à priori superposés : les thalamites (thalamos) tout en bas, les zygites au milieu (la traverse principale s’appelait la zyga) puis les thranites, les rameurs les plus expérimentés, sur le rang le plus élevé. Une trière embarquait 170 rameurs qui pouvaient atteindre les 50 coups d’aviron à la minute pour une vitesse de 10 nœuds lors des batailles. L’ordre et la discipline étaient indispensables pour une synchronisation parfaite des 170 rameurs.

Vision schématique de l’intérieur d’une trière grecque.

A vrai dire, une trière ne pouvait pas accueillir beaucoup plus d’hommes. Transporter une armée se faisait au détriment d’une partie des rameurs expérimentés. Plus les navires comptaient d’hoplites, plus les navires perdaient en efficacité. Notons que 2/3 des rameurs ne voyaient pas la mer : les deux premiers rangs, dans la coque, qui ramaient donc à l’aveugle et selon le rythme imposé par les thranites. Les trières étaient équipées d’un éperon de 200 à 250 kilos. Lancée à une vitesse de 10 nœuds, la trière avait une force potentielle de 50 tonnes à l’impact ! Des milliers de litres entraient dans le navire éventré quand le navire assaillant se dégageait. Le navire ayant éperonné donnait immédiatement ordre de ramer dans la direction opposée pour faire couler sa victime. On ne sait pas vraiment comment cet ordre pouvait être entendu dans la cohue.

Autre schéma d’un l’intérieur d’une trière grecque avec, de gauche à droite les différents rangs : thranites, zygites et thalamites.

L’élément stratégique crucial, pour une bataille navale à cette époque, était la position de départ car les manœuvres pendant la bataille étaient longues et difficiles donc presque inenvisageables. Il existait de nombreuses manières de mourir sur une trière. Ces dernières ne pouvaient accueillir beaucoup de combattants. Marins comme rameurs étant désarmés, voire nus, les hoplites pouvaient les massacrer sans difficulté s’ils n’étaient plus protégés. Une trière coulait rarement véritablement du fait de sa légèreté ; les débris flottaient, permettant de réparer les navires par la suite. Remorquer les navires « coulés » représentait ainsi des économies importantes et un enjeu essentiel après la bataille. Les équipages de trières coulées, s’ils étaient encore vivants, étaient souvent tués par des flèches, lances et autres projectiles alors qu’ils essayaient de rejoindre le rivage. Tuer ou laisser se noyer les équipages adverses était courant, voire indiqué car la perte d’un équipage expérimenté était une perte bien plus douloureuse pour un Etat que ne l’était celle de la trière sur laquelle il naviguait (bien que la trière soit elle-même un investissement substantiel). À défaut de les tuer, certains amiraux préféraient couper une main ou les pouces des rameurs prisonniers.

Représentation d’une trière grecque

Les trières étaient des embarcations particulièrement instables. Le déplacement d’un seul homme sur le pont pouvait nuire à la synchronisation des rameurs et, par extension, à leur efficacité. Elles étaient également très sensibles aux vents. En 429, la flotte athénienne décrivit des cercles autour de la flotte corinthienne en formation jusqu’à ce que le vent se lève, disperse les navires corinthiens, fasse paniquer leurs marins et entraîne leur défaite à Phorminon. Les Athéniens, pendant la majeure partie de la guerre, profitèrent également d’un ascendant moral. Connus comme les meilleurs marins grecs, les Athéniens étaient redoutés par leurs ennemis qui, de ce fait, étaient davantage sujets à la panique lorsqu’ils devaient affronter les trières de la cité de Périclès. En sommes, Athènes était aussi crainte sur mer que Sparte et Thèbes sur terre. Cette supériorité morale impliquait néanmoins que les Athéniens ne considéraient comme satisfaisantes que les victoires écrasantes.

Une partie des riches athéniens étaient appelée, chaque année, à servir l’État pour un an en tant que triérarque. Ce système de triérarchie était un honneur pour les riches mais représentait aussi un coût. L’État payait pour une partie du navire mais le triérarque devait payer l’équipage et les dépenses quotidiennes. Comme le citoyen ayant avancé les frais de sa trière la dirigeait souvent, il avait tout intérêt à recruter le meilleur équipage possible, ne serait-ce que pour préserver sa vie ! Les triérarques dépensaient donc bien plus que le minimum syndical. C’est cette triérarchie qui, par une philanthropie militaire obligatoire, permit à l’État athénien de toujours avoir une flotte qui dépassait ses moyens. Il est intéressant de souligner ici que les plus pauvres souhaitaient donc la guerre parce qu’ils pouvaient être employés sur les navires. Les riches d’Athènes payaient pour la flotte et leur Etat ne faisait rien pour protéger leurs terres d’Attique contre les Péloponnésiens postés à Décélie. En somme, les riches étaient obligés de dépenser pour la flotte et s’appauvrissaient d’autant plus du fait des ravages de l’Attique : la grogne montait. Athènes augmenta par ailleurs largement ses tributs pour entretenir la flotte, mais ce n’était pas suffisant. Pourtant, des 500-600 talents versés par les 200 cités-États tributaires du début de la guerre, on était passé à 1 200 ou 1 300 talents de tribut en 425 !

La plupart des cités, par manque d’expérience, essayaient juste d’accrocher les navires adverses pour transformer la bataille navale en bataille terrestre sur mer. Ce fait explique que les Spartiates, incapables de manœuvrer pour éperonner de flanc, aient décidé de renforcer leurs éperons pour faire plus de dégâts lors d’un choc frontal. Il existait pourtant des techniques de batailles navales. Les Athéniens, en particulier, les utilisaient. Les plus connues étaient le diekplous (navigation à travers), une colonne traversant les lignes adverses ; et le periplous (navigation autour), un débordement de l’adversaire sur les côtés. Seuls les Athéniens souhaitaient les batailles en haute mer ; les autres cités n’engageaient le combat que proche du littoral où la houle était plus clémente ; ce qui explique que les grandes batailles aient eu lieu dans le Golfe de Corinthe, vers l’Hellespont ou au large de la côte Ionienne. Une dernière technique était courante lors des batailles proches du littoral : pousser l’adversaire vers les roches pour le mettre hors de combat.

Les voyages se faisaient également proches des côtes. Pour aller en Sicile, les Athéniens contournèrent le Péloponnèse, remontèrent vers la mer Adriatique et rejoignirent le bas de la botte italienne puis la longèrent jusqu’à la Sicile, limitant au maximum les longs trajets sans escales que les trières étaient incapables d’effectuer. Ces escales déversaient des milliers d’hommes sur la plage. C’est pourquoi Athènes avait besoin de son empire, qui lui offrait des lieux d’escales. Ces escales nécessitaient une grande organisation qui fit défaut aux Athéniens à deux instantes clés : en Sicile où les marins furent souvent pris en chasse par la cavalerie adverse et à Aigos-Potamos (nous y viendrons). Les trières ne pouvaient naviguer plus de quelques heures et ne pouvaient stocker assez d’eau potable pour un long trajet. Tout ceci fait relativiser l’idée d’un blocus maritime étanche. Les navires devaient être nettoyés au moins tous les cinq jours pour faire sécher le bois et enlever l’odeur d’excréments… Une trière bien entretenue pouvait tenir 25 années de service. Cette espérance de vie expliquait pourquoi Athènes devait construire vingt nouvelles trières par an, dans un roulement perpétuel pour maintenir sa flotte de 300 navires.

De plus en plus de rameurs étrangers intégrèrent la flotte athénienne après la peste et la Sicile. Sur les dix dernières années de la guerre, de ce fait, perdre ces équipages revenait non seulement à perdre un précieux capital humain mais fragilisait de plus la fidélité des tributaires qui supportaient mal de voir leur sang couler pour Athènes. Les batailles d’hoplites faisaient quelque 10-15% de pertes maximum ; les batailles navales se terminaient parfois avec la disparition d’une flotte entière. Or, les grandes batailles de la guerre d’Ionie impliquèrent de nombreux navires : 162 navires, 33 000 marins à Cynossème et 263 navires, 55 000 marins aux Arginuses pour les seules grandes batailles de 411. La guerre d’Ionie allait compter pas moins de sept affrontements majeurs en sept ans. Alors qu’Athènes avait difficilement tenu la barre en 412 et 411, passant même par une révolution oligarchique (en 411), qui ne dura pas, la flotte péloponnésienne avait raclé les fonds de tiroirs pour rassembler une centaine de trières dès 413, faisant ainsi jeu égal avec les Athéniens. Et puis, cette flotte disposait de bons officiers grâce aux Corinthiens et Syracusains tel qu’Ariston, amiral corinthien, meilleur pilote de la flotte syracusaine. Tout ceci sans compter sur les fonds illimités que les Perses venaient de mettre à disposition des Péloponnésiens.

La guerre d’Ionie se déroula finalement sur une surface assez restreinte. Rien que dans l’Hellespont (les Dardanelles) et la Propontide (Marmara), on peut compter les batailles de Cynossème, Cyzique et Aigos-Potamos, qui se déroulèrent toutes dans un rayon de 90 km pour un total d’au moins 50 000 pertes ! Mais procédons dans l’ordre. La flotte athénienne n’était pas encore remise de la bataille navale du Grand Port de Syracuse que déjà Sparte engageait le reste de la flotte à Speiraion (en 412), Symé, Chios et Érétrie (en 411). Aucune de ces batailles ne fut décisive. Mais la flotte athénienne étant en lambeaux, la perte d’une trentaine de trières supplémentaires et de 5 000 marins était une catastrophe. Athènes ne pouvait se permettre une guerre d’usure. C’est exactement ce qu’allait être la guerre d’Ionie.

Sparte cherchait avant tout à couper les voies de ravitaillement d’Athènes, notamment celle venant de la mer Noire. De cette volonté découla la bataille navale de Cynossème (kynossema) dans l’Hellespont. Là, 76 navires athéniens, dirigés par le brillant Thrasybule, défirent 86 trières péloponnésiennes durant l’été 411. Les Péloponnésiens y perdirent 36 trières et 7 000 hommes d’équipage. Après tous les désastres, cette victoire rendit la confiance aux Athéniens malgré la perte de l’Eubée cette même année (411). Les succès athéniens motivèrent la fomentation d’un complot contre Alcibiade à Sparte. Celui-ci ayant par ailleurs eu une aventure avec la reine de Sparte, préféra à nouveau changer de camp. Il trouva Tissapherne, le satrape perse de Lydie et de Carie pour le rapprocher d’Athènes. Le satrape acceptait de ne plus financer Sparte et d’aider Athènes à condition que la démocratie soit abandonnée au profit d’un régime oligarchique. Cette condition motiva la tentative d’oligarchie de 411 que nous avons évoqué. Bien que cette tentative ait échoué, Tissapherne resta neutre et Alcibiade fut pardonné après un vote à Athènes.

Quelques semaines après la victoire de Cynossème, non loin de là, à Abydos, les Péloponnésiens provoquèrent une nouvelle bataille navale et furent à nouveau vaincus. Ils perdirent encore 30 trières et des milliers d’hommes. En mars 410, les Péloponnésiens furent à nouveau vaincus dans la bataille navale de Cyzique où ils perdirent 60 trières (dont 20 étaient syracusaines). Alcibiade joua par ailleurs un rôle clé dans les victoires athéniennes d’Abydos et de Cyzique, cette dernière mettant fin à la carrière de l’amiral spartiate Mindaros. Athènes reprit Périnthe, Byzance et Thasos en 410 et 409. Censés être presque vaincus après la Sicile, les Athéniens faisaient preuve d’une incroyable capacité de résilience. Les amiraux athéniens, tels que Thrasybule ou Théramène, démontraient là tout leur talent. Les Spartiates, dépités, firent une offre de paix. Athènes la refusa avec hauteur et se prit à penser que récupérer la mainmise sur toute la mer Égée, donc récupérer la Ionie et faire reculer les Perses, était possible. Mais les Athéniens commirent l’erreur de rester sur la défensive de 410 à 407.

De fait, la guerre ne se résumait pas aux affrontements maritimes. Décélie attira plus de 20 000 esclaves de l’Attique, d’après Thucydide. Ceux-ci cherchaient la liberté et étaient prêts pour cela à combattre dans le camp adverse. La peine était double car les esclaves étaient essentiels pour les armées : si on estime que 100 000 hoplites luttèrent durant cette guerre (en combinant les effectifs engagés par toutes les grandes villes), au moins 50 000 esclaves les accompagnèrent ; ils remplacèrent également 1/5 des rameurs sur la flotte athénienne (soit 10 000 hommes) et eurent une place centrale sur la flotte péloponnésienne. On s’en souvient, la fuite des esclaves avaient déjà durement touché l’armée athénienne en Sicile. Depuis Décélie, les Péloponnésiens avaient la possibilité de véritablement enrayer l’activité agricole d’Athènes. Le roi Agis II organisa même une attaque sur Athènes, en 410, mais renonça à la dernière minute du fait de son infériorité numérique.

À l’autre bout de la Grèce, Corcyre (nord-ouest de la Grèce) sombrait de nouveau dans la guerre civile en 410. Ce nouvel affrontement entre l’aristocratie en faveur d’une oligarchie et les plus pauvres pro-démocratie fit quelque 1 500 morts. En 409, Pylos, tenue par les Athéniens et des Messéniens depuis dix-sept ans, tomba enfin au sud-ouest du Péloponnèse. C’était enlever une grosse épine du pied de Sparte. En 406, le roi Agis quitta à nouveau Décélie pour attaquer Athènes, cette fois avec 30 000 hommes. Mais Athènes n’offraient qu’un combat aux pieds de ses murs, sous la couverture des archers tirant depuis les remparts. A nouveau, Agis renonça.

Alors qu’Athènes se positionnait sur la défensive de 410 à 407, Sparte formait une nouvelle flotte avec les subsides perses et engageait des mercenaires à tour de bras. Surtout, la fin de carrière de Mindaros impliquait de trouver un nouvel amiral. Le hasard fit que Lysandre, peut-être l’amiral grec le plus brillant depuis Thémistocle, fut choisi. Ce fin tacticien allait faire des ravages. En 407, un accord formel fut conclu entre Lysandre et Pharnabaze (dirigeant la satrapie perse d’Asie Mineure) pour un crédit à solde illimité en or, mercenaires, bois, argent, vêtements … Tout le nécessaire pour une flotte. On ne s’étonnera pas, dès lors, que Lysandre attaqua systématiquement les navires de ravitaillement athéniens dès 407. Au printemps 406, il engagea une bataille navale contre les Athéniens à Notion. Cette flotte athénienne était celle d’Alcibiade, qui avait fait un retour triomphal à Athènes en 407, avait été pardonné, avait récupéré ses biens et s’était vu confier une flotte. Mais ce dernier était momentanément absent et avait ordonné à son replaçant de ne surtout pas engager le combat. Cet ordre ne fut pas respecté et Lysandre écrasa la flotte athénienne. Alcibiade tomba à nouveau en disgrâce. Aux anciens chefs d’accusation se greffa celui d’abandon de poste : il quitta pour la seconde fois Athènes. La cité perdait ainsi son amiral le plus compétent et populaire.

Hanson, Victor Davis (2005). La guerre du Péloponnèse. Paris : Flammarion, 593p.

Orrieux, Claude et Schmitt Pantel, Pauline (2020 pour la 4e édition). Histoire grecque (4e édition mise à jour). Paris : PUF, 511p.

https://www.timetoast.com/timelines/chronologie-generale-du-programme-8a0b990e-889b-4adf-94e1-759f26d57bee (carte de la ligue de Délos avant la guerre du Péloponnèse)

https://www.militaer-wissen.de/les-campagnes-persanes/?lang=fr (représentation d’une trière grecque)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tri%C3%A8re (schémas de l’intérieur d’une trière grecque)

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