La guerre des Gaules (partie II) : 57-55 avant J.C
Livre II : 57 avant J.C
Dès le début de l’année -57, l’agitation gagne les Gaulois. Les Belges, c’est-à-dire les peuples du nord-est de la Gaule, montent une puissante coalition. César, pressé par cette nouvelle, retourne en Gaule plus tôt que prévu. Le proconsul rassemble du blé et prend la direction du nord en hâte. Il arrive si vite chez les Rèmes que ceux-ci se disent amis des Romains et leur donnent des informations (capitulation + collabo, déjà ?). César obtient le nombre d’adversaire qu’il devra bientôt affronter provenant de nombreux peuples : Bellovaques, Suessions, Nerviens, Atrébates, Ambiens, Morins, Ménapes, Calètes, Véliocasses, Viromandues, Atuatuques, Condruses, Eburons, Caeroesi et Pémanes. Au total, ce sont là environ 310 000 guerriers dont le chef est le Suession Diviciacos (à ne pas confondre avec l’Héduen Diviciacos, ami de César, les mecs ont des noms provenant d’une pioche aléatoire au Scrabble et te trouvent le moyen d’avoir le même nom).
César voulait avant tout empêcher cette grande armée de se rassembler. Aussi demanda-t-il aux Héduens, menés par Diviciacos (son ami), d’attaquer les Bellovaques sur leur territoire pendant qu’il ferait lui face à la majeure partie de l’armée. César se place juste derrière l’Aisne et met 6 de ses légions en ordre de bataille sur une colline (on constate ici que César lève des légions et ne se contente même plus de ses 4 légions). Les Belges se refusent pourtant à engager le combat tout de suite, le terrain leur étant éminemment défavorable. Des combats de cavalerie ont cours, les Romains en sortent victorieux. Alors les Belges, n’ayant bientôt plus de blé, se résignent à attaquer. Ils sont repoussés lorsqu’ils tentent de passer la rivière qui sépare les armées. Attaquer un ennemi sur la défensive, qui plus est retranché derrière un obstacle maritime, est une folie, surtout à cette époque.
Les Belges, vaincus, se retirent mais ne capitulent pas : ils retraitent en territoire allié. César entre en territoire Suession et tente de suite une attaque sur la capitale, qui échoue. Le proconsul met en place un siège mais obtient rapidement la soumission du peuple. Il marche alors sur les Bellovaques qui s’empressent de le supplier de les épargner. Plein de mansuétude, comme toujours, ce dernier accepte la paix. Il faut dire que Diviciacos, son ami, lui a demandé d’être clément et que le général ne peut cracher sur l’abandon d’une tribu vu le nombre qui constituent la coalition. Dans la foulée, les Ambiens se soumettent également (se sont-ils seulement battus ? Qui se souvenait d’eux ?). En revanche les Nerviens, avec les Viromandues et les Atrébates, refusent de plier. Leur armée attend celle de César de pied ferme.
César est en marche et les Nerviens comptent bien dresser une embuscade pour créer une réaction de type « qu’est-ce que c’est que ce guet-apens ?! » chez les Romains. Attaquer la colonne romaine en déplacement, bien moins apte au déploiement militaire, offre en effet une chance significative de succès. Cependant, César connaissant le danger constant n’a pas laissé qu’une seule légion sur l’avant de la colonne mais six et sans bagages (c’est-à-dire parfaitement aptes à un combat). Deux autres légions, les plus récemment levées donc les moins expérimentées, transportent tous les bagages en fin de colonne. Les légions de tête, qui entreprenaient la construction du camp pour l’armée romaine, subissent soudainement l’offensive surprise des Belges. Le choc est rude pour les légions, la rapidité d’exécution ne permet aucune disposition correcte des forces romaines : les six légions sont isolées les unes des autres. La 10e légion parvient alors à enfoncer l’aile droite tenue par les Viromandues. L’aile gauche et le centre, en revanche, semblent crouler sous la pression. César, pour sauver la situation, se mêle à ses soldats pour leur donner du courage (quel homme ! Ou quel écrivain propagandiste ? hum …). Il s’en fallut de peu pour qu’ils ne craquent car contrairement aux Viromandues et aux Atrébates, les Nerviens ne sont pas de ceux qui cèdent, au contraire (solides les Gaulois, moi je dis « force et honneur »). La 10e légion ayant largement enfoncé l’aile droite se trouva dans le camp adverse et se retourna sur les arrières des Nerviens. Les deux légions de fin de garde, qui portaient les bagages, arrivèrent enfin sur le champ de bataille. Cet apport, de trois légions, décida du sort de la bataille. Les Nerviens ne cessèrent pas pour autant le combat (« respect et robustesse » dans les commentaires). Ils furent presque tous massacrés. Il s’en fallut de peu pour que le peuple des Nerviens ne soit exterminé.
Les vieillards et les enfants, laissés derrière, firent soumission à César. Les Atatuques, qui allaient rejoindre les Nerviens dans le combat, firent demi-tour en apprenant la défaite (mépris et couardise pour eux). César les poursuivit dans leur pays. En mettant le siège sur leur place forte, César fit construire de grandes tours de sièges. En voyant ces tours et avec quelle facilité les Romains les déplaçaient, les Atatuques, croyant avoir affaire à des dieux, capitulèrent. Pourtant ils dissimulèrent un tiers des armes. A la faveur de la nuit, une partie des Atatuques se jeta sur les Romains, 4 000 d’entre eux perdirent la vie avant que leur armée ne parte en déroute.
De son côté, Publius Crassus, avec une légion, obtient la soumission des turbulents peuples de l’Océan : Vénètes, Unelles, Osismes, Coriosolites, Esuvii, Aulerques et les Redons. Les peuples de l’Océan n’ont pas voulu combattre (pas encore) mais n’avaient pas encore fait soumission aux Romains. La renommée des Romains est désormais telle que des peuples Germains donnent également des otages et envoient des ambassades. César établit ses quartiers d’hiver chez les Gaulois (Carnutes, Andes, Turons et autres peuples voisins des lieux des affrontements). Le proconsul espère, par ce biais, prévenir la constitution d’une nouvelle coalition.
Livre III : 57/56 avant J.C
Servius Galba avait été envoyé par César avec la 12e légion proche du lac Léman où il connut quelques succès. Les Gaulois, une fois soumis, avaient envoyé des otages. Après quoi, Servius Galba avait installé ses quartiers d’hiver sur place. Son camp était construit entre des hauteurs, dans un creux (comment ce gars est devenu général ?! Ah non, il est légat, soit littéralement un chargé de mission du Sénat … Je comprends mieux : c’est rarement des génies militaires). Galba donnait là un sérieux avantage à ses ennemis. Ceux-ci se rebellèrent (quelle surprise) et, attaquant depuis les collines, disposaient d’une position très avantageuse. La légion, de plus, n’était pas au complet et les réserves de blé insuffisantes (Galba président !). En 57 avant J.C, le camp est attaqué et les Romains sur le point d’essuyer une rude défaite. Soudain, les Romains sortent de toutes les portes du camp en même temps, un geste désespéré mais étonnement salvateur. Les Gaulois, surpris, sont mis en déroute contre toute attente. Les Séduns, leaders de l’attaque, étaient vaincus. Galba obtient difficilement la victoire dite d’Octoduros.
César pensait ainsi être tranquille : les Belges, les Germains et les Séduns étant vaincus. Les Vénètes se révoltèrent pourtant. Ce peuple est appuyé sur le golfe du Morbihan et possède la plus puissante flotte gauloise. César ordonne de construire une flotte au plus vite pour contester son adversaire sur l’aspect maritime. Les Vénètes s’assurent l’alliance des peuples de l’Océan : Osismes, Lexovii, Namnètes, Ambiliates, Morins, Diablintes, Ménapes et demandent l’aide de la Bretagne (les Bretons qui vivent dans l’actuelle Angleterre).
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César s’applique alors à empêcher que d’autres peuples n’entrent en révolte. Il envoie des hommes dans toute la Gaule. On lui indique que des Germains sont appelés en renforts, il s’assure qu’ils ne puissent venir. Il donne le commandement de sa toute nouvelle flotte, pour partie construite mais largement donnée par des alliés (les Pictons et les Santons notamment), au jeune Decimus Brutus (ce même Brutus qui, en 44 avant J.C, poignardera César durant les Ides de mars, c’est-à-dire le 15 mars). César constate bien rapidement que, les places fortes des Vénètes étant des terres qui deviennent des îles au gré des marées, il ne pouvait en faire le siège. La seule victoire qu’il pouvait obtenir serait de nature maritime.
Brutus vient à la rencontre de la flotte Vénètes forte de 220 navires. Les navires romains avancent avec les rames, ceux des Gaulois grâce à de grandes voiles en peaux. Les Romains mettent alors en place un outil décisif : une sorte de faux. Ils coupent, avec ces faux, les cordes tirant les voiles gauloises : la voile se rétracte alors, les navires gaulois ne bougent plus. Brutus tient là sa victoire. Celle-ci est d’autant plus complète que le vent tombe et empêche la fuite des navires encore non touchés des Gaulois. Les Vénètes se soumettent, quelques peuples de l’Océan également.
Pendant ce temps, le romain Sabinus est attaqué par les Unelles, menés par Viridovix, soutenus par les Aulerques, les Eburovices et les Lexovii. Sabinus refuse d’engager le combat sans l’accord de César. Les Gaulois, sûrs de leur victoire, attaquent n’importe comment et sont vaincus (« monsieur ils attaquent ! Il faut réagir ! » « Non, on attend le boss. » « Bah on a gagné en fait »).
Crassus, lui, connait également un soulèvement mais dans l’Aquitaine. Les Sotiates (un des peuples Aquitains) attaquent et sont vaincus après un dur combat. Crassus, plus sévère que César, les massacre avant d’accepter leur soumission.
Seulement les peuples Aquitains n’en ont pas fini. Ils demandent l’aide des Espagnols. Crassus doit encore livrer bataille : il attaque le camp gaulois. Le combat est équilibré jusqu’à ce que Crassus découvre qu’un côté du camp est moins fortifié. Des Romains parviennent à s’engouffrer dans le camp gaulois, scellant le sort de ces derniers. Les Gaulois et les Espagnols prennent la fuite et sont massacrés par la cavalerie romaine. Des 50 000 Aquitains et Cantabres (les Espagnols), le quart seulement en réchappe.
César s’efforce alors de combattre les derniers Gaulois hostiles : les Ménapes et les Morins. Ceux-ci se cachent dans les forêts. Pour régler ce problème, César fait, sans pression, couper les forêts et harcèle ses ennemis (bah ouais, pourquoi s’emmerder !). Puis il prend ses quartiers d’hiver sur les territoires des peuples qu’il vient de vaincre pour bien asseoir sa suprématie.
Livre IV : 55 avant J.C
Nouvelle année, nouvelles confrontations bien entendu ! A cause des Suèves qui s’amusent à combattre et vaincre tous les peuples les entourant (tiens, ça me rappelle les Romains), les Usipètes et les Tencthères, des Germains, franchissent le Rhin et s’installent sur le territoire des Ménapes. Alors qu’ils progressent en Gaule, César décide de les arrêter (quelle surprise). Les Germains envoient rapidement des ambassades. En réalité, ils ne voulaient pas engager le combat avec les Romains parce que leur cavalerie était momentanément absente. César accepte de parlementer mais continue d’avancer. Une seconde ambassade des Germains demande de ne pas combattre. César accepte uniquement si les Germains amènent à sa rencontre tous les chefs. Mais à peine l’ambassade est repartie et la trêve d’un jour déclarée que la cavalerie des Germains attaque les Romains. Naturellement, la cavalerie romaine répond immédiatement. Pourtant, cette dernière n’est pas préparée à la méthode qu’emploient par les Germains qui consiste à mettre le pied à terre pour couper les sangles qui tiennent la selle des adversaires. Ainsi tombent les cavaliers romains, littéralement puis métaphoriquement. César perd 78 cavaliers. Le lendemain, les chefs Germains se rassemblent effectivement devant le camp romain, le slip plein d’excuses. César en profite pour tous les faire prisonniers. Il attaque ensuite immédiatement le camp germain. Il y a là 430 000 hommes. Mais ils n’ont plus de chefs et sont totalement pris par surprise. Les Romains les massacrent en grand nombre.
Une fois cette victoire acquise, César décide de passer le Rhin pour entrer en territoire germain. Plusieurs raisons à cela : des cavaliers Usipètes et Tencthères s’y sont enfuis, les Ubiens, seul peuple Germain allié de Rome, se disent menacé par les Suèves mais surtout les Sugambres qui font un peu trop les malins. Le Rhin représente un formidable obstacle pour une armée à cette époque. César construit ingénieusement un pont et traverse (ça peut paraitre con mais son pont est bien pensé et puis, à l’époque, certains privilégient le radeau … Pour faire passer une armée … LE RADEAU). La panique gagne les Germains. Beaucoup lui envoient des ambassades, les Sugambres se soumettent et les Suèves se retirent dans les confins de leurs terres pour organiser la défense. César est satisfait, il a calmé les Germains sans même combattre, fait peur aux Suèves et assuré les Ubiens de son soutien inconditionnel. Il passe de nouveau le Rhin 18 jours plus tard, dans l’autre sens. Il avait d’autres chats à fouetter que d’aller imposer une PLS aux Suèves retranchés dans leurs forêts.
César voulait en effet débarquer en Bretagne (Angleterre). Il avait remarqué que les Gaulois obtenaient toujours leur aide dans leurs guerres contre Rome. Il voulait surtout découvrir cette nouvelle contrée (et faire une nouvelle guerre, comme d’hab). Or la saison permettant ce genre d’expédition touchait bientôt à sa fin. César rassembla sa flotte, vestige de la guerre contre les Vénètes, ainsi que le maximum d’informations. Le bruit se répandit rapidement. Les peuples de Bretagne envoyèrent des ambassades pour faire soumission. César les accepta. Il ne restait que très peu de jours d’été, César devait agir vite.
Il traversa la Manche et fut immédiatement attaqué (drôle de soumission). Le combat fut rude car les légionnaires se faisaient harceler de traits, par la cavalerie et par les chars ennemis dès qu’ils posaient le pied dans l’eau. Ils se battaient d’ailleurs dans l’eau, ce qui est un désavantage conséquent pour des troupes combattant à terre. Par le courage des légions, la victoire fut finalement acquise. César installa son campement et poursuivit la coalition bretonne. Les Bretons se soumirent ainsi à César.
Un fâcheux incident vint bouleverser cette campagne parfaite : une tempête balaya les navires de César, en envoyant un certain nombre par le fond. Les Bretons, voyant les Romains affaiblis, relancèrent les hostilités par une embuscade (vicelards les Bretons). Une attaque du camp romain suivit quelques jours plus tard. César n’eut pas de mal à les défaire rapidement et les tua massivement dans leur fuite (affaiblis, affaiblis … Bof du coup). César exigea bien plus d’otages, durcissant ses conditions de paix. Il rentra ensuite en Gaule. A peine eut-il débarqué que les Morins, attirés par le butin, attaquèrent par une embuscade les Romains. César envoya sa cavalerie et repoussa l’assaut gaulois (il est jamais tranquille). Il envoya ensuite Titus Labiénus en territoire Morin pour en obtenir la soumission. Lucius Cotta, de son côté, ne parvint pas à venir à bout des Ménapes car ceux-ci se cachaient dans les forêts denses. César établit néanmoins ses quartiers d’hiver.
Source (texte) :
César, Jules (1981). Guerre des Gaules. France : Gallimard, 481p.
Sources (images) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arioviste (découpage de la Gaule en grands peuples)
https://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/731-la-guerre-des-gaules.html (carte détaillée des tribus)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Servius_Sulpicius_Galba_(pr%C3%A9teur_en_-54) (Galba)
https://www.biography.com/political-figure/marcus-junius-brutus (Brutus)