La guerre des Gaules (partie III) : 54-53 avant J.C
Livre V : 54 avant J.C
Après un hiver partiellement passé en Italie et partiellement occupé par la résolution d’une affaire en Illyricum, César revient à la tête de ses légions en Gaule. Les Trévires sont en train de demander l’aide des Germains pour combattre les Romains et ne se présentent plus au conseil. Les Gaulois ne se lassent visiblement pas d’enchainer les défaites. César, comme à l’accoutumée, part en guerre ; cette fois avec 4 légions sans bagages. La situation, chez les Trévires est en réalité celle d’une crise politique. Indutiomaros (Ikea a choisi le nom ?) et Cingétorix (il manque pas « Ver » au début ? NON.) se disputent le pouvoir. Cingétorix est pro-romain, Indutiomaros leur est hostile. César calme la situation et favorise largement Cingétorix (on s’y attendait pas), gagnant pour lui tous les soutiens du pays des Trévires.
Cette affaire réglée, les legs de l’année précédente font effet dans le cerveau du proconsul qui n’est pas satisfait de son exploration de la Bretagne (Angleterre). César décide alors de préparer une nouvelle expédition dans cette contrée pourtant si lointaine des extrémités provinciales romaines. On rassemble des navires en nombre pour la traversée. Pourtant, un évènement vient contrarier l’entreprise du proconsul : Dumnorix se montre réticent. Souvenons-nous qu’en 58 avant J.C, déjà, Dumnorix avait fait des siennes, estimant l’influence romaine néfaste pour la grandeur des Héduens. L’Héduen accepte mal la férule romaine et se montre d’autant plus réticent à combattre dans les rangs de l’armée romaine. César parvient un temps à le garder, lui et sa cavalerie, à ses côtés. Juste avant la traversée, Dumnorix, ne voyant pas l’intérêt pour son peuple d’attaquer la Bretagne, s’échappe avec la cavalerie Héduen. César ordonne qu’on le rattrape, car le laisser s’enfuit serait prendre le risque non seulement de montrer un mauvais exemple mais, plus encore, de le voir nuire aux intérêts romains. Dumnorix refuse de déposer les armes et est donc tué. César récupère la cavalerie Héduen. Simple, efficace. Reste à voir comment vont le vivre les Héduens et Diviciacos, l’ami de César et frère de Dumnorix …
César peut enfin traverser la Manche et ce avec pas moins de 800 navires ! Les Bretons n’opposent aucune résistance face à une si grande armada : ils prennent peur. César débarque et fortifie son camp. S’ils ne sont pas attaqués lors de leur débarquement, les Romains ne sont pas pour autant accueillis à bras ouverts. Un premier combat intervient entre les cavaleries, les Bretons sont repoussés sans grand effort. Les Bretons fuient et se cachent dans une forêt dense, les Romains les suivent. Les Bretons ont là une position naturellement très fortifiée. Voilà qui explique leur faible résistance des premiers instants : il s’agissait d’attirer l’ennemi sur un terrain favorable. Le combat est rude mais les Romains parviennent à passer outre les fortifications naturelles à force de détermination et par les tactiques militaires classiques : la tortue joue ici un rôle de première importance.
Soudain, une tempête met à mal la flotte de César. Les caprices de la nature n’avantagent définitivement pas les expéditions du proconsul en Bretagne. Cassivellaunos, qui dirige les forces bretonnes, y voit une occasion de contre-attaquer. Un violent affrontement entre la cavalerie romaine et les chars bretons prend place. Une tactique chère aux Bretons était de se battre en ordre dispersé (les soldats sont espacés, le contraire de l’ordre serré) et de feindre une retraite pour isoler des éléments, souvent la cavalerie, de l’armée adverse afin de les étriller. C’est exactement ce qu’il se passe. Les Romains remportent une victoire facile mais poursuivent les Bretons trop loin. Les Bretons descendent de leur char et font bien des victimes dans la cavalerie romaine. En règle générale, les fantassins romains sont trop lourdement équipés pour poursuivre des adversaires en fuite. L’armée de César ne fait pas figure d’exception, l’infanterie romaine ne poursuit pas les Bretons en fuite, ce qui interdit tout support de leur part à la cavalerie romaine qui, elle, tente d’alourdir le nombre des pertes de l’adversaire. Ce faisant, les cavaliers souffrent cette fois plus que leurs ennemis
Alors que le calme retombe, les Bretons tendent une embuscade à des Romains s’en allant fourrager (c’est-à-dire chercher de la nourriture pour les bêtes). Des renforts romains sont dépêchés sur les lieux et une grande victoire romaine sur les Bretons en découle. Cassivellaunos décide de prendre position derrière la Tamise. Intelligente décision que voilà, les fleuves représentant toujours un formidable obstacle pour les armées. Les légionnaires traversent malgré tout la Tamise, en dépit des tentatives de l’ennemi de les en empêcher. Attaquer frontalement un ennemi retranché derrière un fleuve relève presque de la témérité mais les Romains, disciplinés restent solides. Les Bretons s’enfuient à nouveau. Si Cassivellaunos décide de mener une terrible guérilla à l’encontre des Romains et se cache dans les forêts denses, tous les peuples bretons ne sont pas du même avis. Las de perdre, ils se soumettent rapidement, se détachant de la coalition. Les Trinovantes sont les premiers, puis viennent les autres : Cénimagnes, Ségontiaques, Ancalites, Bibroques et Casses. Cassivellaunos tente une dernière offensive, c’est un échec, il se soumet enfin.
César rejoint de suite le continent, la saison estivale étant déjà bien avancée. La sécheresse a frappé la Gaule. De ce fait, les récoltes de blé sont maigres. César se voit contraint de dispatcher ses légions dans la Gaule ; chaque légion, sous le commandement d’un légat, hivernant sur la terre d’un peuple différent. La pénurie de blé n’est ainsi plus un problème. Vaste erreur que voilà, les conséquences en seront dures : éclater ainsi les légions, bien qu’elles soient à une distance raisonnable les unes des autres, affaiblit grandement le potentiel militaire romain et tend à isoler les légions.
Le Trévire Indutiomaros, toujours amer de l’intervention politique de César en sa défaveur, pousse Ambiorix et Catuvolcos à se révolter. Ambiorix attaque ainsi le campement de la légion de Cotta. Après un bref combat, il demande à parler avec les Romains. Ambiorix raconte que c’est son peuple, et non lui, qui veut cette guerre pour chasser les Romains du territoire. Il leur dit donc que s’ils décident de partir d’eux-mêmes, il ne fera rien. En revanche, s’ils s’obstinent, les renforts viendront et il massacrera la légion. Cotta, clairvoyant, veut rester malgré tout dans le camp. Sabinus, un autre légat, préfère lui la fuite. Après un débat long et houleux, c’est finalement le parti de Sabinus qui est adopté (« c’est un piège ! C’est évident ! » « Mais noooon, un peu de confiance en ces Gaulois qui nous attaquent tous les ans depuis quatre ans ! »).
Les Romains sortent de leur camp avec leurs bagages en colonne. La ruse d’Ambiorix a fonctionné. Les Gaulois attaquent par surprise la colonne. Non seulement le piège était plus ou moins évident, mais en plus les Romains sortent en colonne, soit la pire des dispositions militaires en cas d’attaque. Quintus Titurius Sabinus est désemparé, Lucius Aurunculéius Cotta distribue les ordres. Ce dernier avait lui pris en compte la haute probabilité de cette attaque. Les Romains résistent des heures durant avec difficulté. Cotta est atteint au visage par le projectile d’une fronde (pierre lancée par un frondeur) mais ne cesse pas pour autant le combat. Sabinus tente de négocier en plein combat avec Ambiorix. Ce dernier le fait tuer sur-le-champ (loseur jusqu’au bout). Lucius Cotta meurt, debout, blessé, l’épée à la main. Rares sont les Romains qui s’en sortent vivants. Cette bataille représente la pire défaite que subira l’armée romaine durant la guerre des Gaules.
Quelques survivants rentrent au camp, quelques autres parviennent à trouver la légion la plus proche, celle du légat Titus Labiénus, excellent chef militaire. Ambiorix, dont le zèle se trouve décuplé par la fièvre de la victoire, veut immédiatement détruire une autre légion : celle de Cicéron. Il rallie le plus de gaulois possible à sa cause et attaque ensuite par surprise le camp de Cicéron. Celui-ci mène une défense active, plusieurs jours durant : les Romains se battent sans jamais avoir de relève alors que les Gaulois envoient des troupes fraîches régulièrement. La nuit, les Romains réparent les dégâts, ils dorment peu. Cicéron lui-même, bien que de santé fragile, se bat et ne s’autorise aucun repos. Cicéron tente d’écrire à César plusieurs fois mais les courriers sont interceptés.
Les Gaulois attaquent sans relâche et parviennent à déclencher un grave incendie dans le camp romain. Cicéron tient. Enfin une lettre parvient à César. Le proconsul rassemble 2 légions et part pour le pays des Nerviens, où se trouve Cicéron.
A la nouvelle de l’arrivée de César, les Nerviens lèvent le siège pour attaquer le général en chef. César use de ruses : il construit un camp très serré pour faire croire que ses effectifs sont plus maigres encore. Voyant que les Gaulois ne veulent pas avancer, il ordonne aux cavaliers d’engager le combat et de reculer. Il veut simuler la fuite. Il fait vite fermer le camp pour faire croire à la panique, il vide les remparts d’hommes. Les Gaulois, après tant de signes, attaquent. César sort alors par toutes les portes et inflige une sévère défaite aux Nerviens. Il est à noter le sang-froid et la maîtrise militaire que requièrent la simulation de la panique et de la fuite. Cette technique militaire repose sur une discipline de fer des soldats et une confiance infaillible du général.
César, constatant l’agitation de la Gaule ne pouvait que rester avec ses troupes au lieu de rentrer en Italie. Les Trévires de Indutiomaros avaient renoncé à attaquer le camp de Labiénus qu’en apprenant la défaite des Nerviens. Pendant tout l’hiver, Indutiomaros rassemble les Gaulois autour de son idée de révolte mais ne réussit pas à convaincre les Germains. Il convoque alors l’assemblée armée de la Gaule. Il y déclare Cingétorix, son rival choisi par César, hors-la-loi. Il promet ensuite d’attaquer Labiénus. Il fait pour cela rôder ses cavaliers tous les jours devant le camp du légat romain. Un jour, Labiénus décide de faire poursuivre ces cavaliers mais sans les tuer dans l’optique de trouver Indutiomaros et de le tuer. Il promet de grandes récompenses pour qui le tuerait. Le soir même, la tête d’Indutiomaros lui est rapportée. La Gaule s’en trouve pacifiée pour l’hiver, les forces gauloises se dispersent.
Livre VI : 53 avant J.C
Très tôt en -53, les Nerviens redeviennent dangereux. César lève 3 nouvelles légions et part immédiatement à leur rencontre. L’hiver n’est pas encore terminé, l’arrivée des légions surprend tout le monde et les Nerviens se soumettent.
César convoque l’assemblée de la Gaule mais les Sénons, les Trévires et les Carnutes ne s’y présentent pas. C’est, pour César, un casus belli. Le proconsul déplace alors l’assemblée à Lutèce, sur le territoire du peuple Parisii, voisins des Sénons. César annonce qu’il va attaquer les Sénons et, étant juste à côté, surprend les Sénons qui ne sont pas prêts à faire la guerre (un peu lâche ça César … Mais intelligent). Acco, dirigeant de la révolte, renonce et se soumet. Les Carnutes suivent l’exemple et se rendent également. Le belliqueux Ambiorix a rejoint la coalition chez les Trévires. César lance son armée à la conquête du territoire des Ménapes. Le proconsul veut d’abord dépouiller Ambiorix de ses alliés pour s’assurer qu’il ne pourra trouver asile chez eux. César part ainsi avec 5 légions sans bagages et en envoie 2 supplémentaires à Labiénus, qui, on s’en rappelle, campe chez les Trévires. César dévaste le territoire des Ménapes. Ces derniers se rendent.
Chez les Trévires, les Gaulois, en voyant 2 légions rejoindre celle de Labiénus, veulent attaquer. Cependant, ils savent leurs chances de victoire décuplées s’ils attendent les Germains. Labiénus sort de son camp, se rapproche de celui des Gaulois. Les deux camps sont séparés par une rivière. Labiénus, constatant que les Gaulois ne semblent pas enclins à l’affrontement immédiat, ruse. Le légat fait savoir à ses soldats qu’il ne restera pas car il ne peut affronter une telle multitude. Il sait que des Gaulois de son armée, par affinité culturelle, vont rapporter ses paroles à ses ennemis. Labiénus fait semblant de fuir et ordonne qu’on fasse plus de bruit que d’habitude pour faire croire à la panique.
Les Gaulois ne peuvent laisser une telle occasion passer : ils attaquent (les Gaulois de l’armée de Labiénus ont passé l’info mais n’ont pas jugé bon de dire combien d’hommes avait le légat ?). Labiénus dispose les Romains en formation de combat peu avant le choc. Au premier contact, les Gaulois, comprenant leur erreur, prennent la fuite. La cavalerie de Labiénus s’en donne à cœur joie, massacrant les fuyards en grand nombre. Les renforts Germains, en apprenant la défaite, font demi-tour.
Les Germains, pourtant, ne sont pas encore tirés d’affaire : César passe de nouveau le Rhin pour punir les Germains qui ont voulu aider les Trévires. Les Ubiens, qui sont toujours les amis de Rome, réitèrent leur soumission. César découvre que ce sont les Suèves qui ont envoyés des renforts. Les Suèves se préparent, à la lisière de la forêt la plus dense de leur territoire. Tout ceci a un air de déjà-vu. Une fois encore, le proconsul n’ira pas au bout de son entreprise : il se montre en réalité raisonnable car il sait pertinemment que les Germains négligent l’agriculture et craint la pénurie de blé. Il rentre donc en Gaule et se dirige vers les Ardennes, la plus grande forêt de la Gaule, où s’est retiré Ambiorix.
Ce dernier échappe de peu aux Romains et fuit dans la forêt mais perd son matériel et ses hommes. César opère ici une scission de son armée : à Titus Labiénus, il ordonne de marcher avec 3 légions sur les Ménapes, au nord ; à Caïus Trébonius de se diriger vers les Atuatuques avec 3 légions également. César, lui, avec 3 légions, se dirige vers l’Escaut pour pourchasser Ambiorix. Les 3 armées doivent revenir à leur point de départ dans 7 jours. Cicéron, lui, reste au point de départ pour tenir la position.
César demande à tous les peuples voisins des Éburons d’attaquer ces derniers. Le pays est pillé par tous. Les Germains entendent cette invitation et, les Sugambres, avec les Usipètes et les Tencthères, passent le Rhin pour piller. Mais pourquoi ne pas en profiter pour attaquer Cicéron qui est non loin dans la place forte nommée Atuatuca ? Cicéron respecte les ordres de César de ne jamais laisser sortir ses hommes jusqu’à ce qu’il soit de retour. Mais au 7e jour, voyant que César était en retard, il envoie 5 cohortes chercher du blé. Les Germains décident, exactement à ce moment, d’attaquer. Il s’en faut de peu pour que le camp soit préservé de la destruction tant l’effet de surprise est fort. Les 5 cohortes, revenant finalement au camp, s’engagent dans la bataille. Les vétérans traversent les rangs Germains et rejoignent les assiégés. Les inexpérimentés préfèrent prendre position sur une petite colline proche. Seulement voilà, à la vue des vétérans qui parviennent à percer les lignes ennemies, ils veulent tenter le coup aussi : la demi-mesure et l’hésitation les condamnent. Finalement, les Romains tiennent et les Germains décident d’abandonner et de rentrer chez eux.
César revient peu après, Ambiorix est toujours insaisissable. Le proconsul installe ses quartiers d’hiver en Gaule et retourne en Italie. La prochaine année sera enfin décisive.
Source (texte) :
César, Jules (1981). Guerre des Gaules. France : Gallimard, 481p.
Sources (images) :
https://www.issoire-philatelie.com/prestashop/fr/818-piece-de-monnaie-grecques-d-illyrie (Illyrie)
http://www.eskiceminiature3d.fr/2011/09/tortue-romaine-25mm.html (tortue romaine)
http://www.maquetland.com/article-1680-char-de-guerre (char de guerre)
https://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/731-la-guerre-des-gaules.html (carte détaillée des tribus)