En plein âge d’or de la Grèce antique, la montée en puissance d’Athènes et de son empire, la ligue de Délos, ne se fit pas sans accrochage avec les autres cité-Etats principales : Sparte, Thèbes ou encore Corinthe. Celles-ci s’étaient déjà alliées contre Athènes (461-446 av. J-C), en vain. Athènes, dirigée par Périclès, riche démocratie disposant de la meilleure marine grecque et de l’une des meilleures armées grecques, œuvrait pour démocratiser la Grèce et obtenir l’hégémonie. Malgré une paix, censée durer trente ans, signée en 445 av. J.-C., les tensions se firent vives dès 433 et 432 av. J.-C. Sparte, en particulier, s’inquiétait de la puissance grandissante d’Athènes et savait que le temps jouait en sa défaveur. L’affrontement était inévitable. La guerre du Péloponnèse allait être unique en cela qu’elle serait une guerre civile mais également car elle allait être inhabituelle tant par sa durée (27 ans) que par la forme de ses combats (sièges, combats maritimes, pillages) avec l’emploi inédit de troupes légères (cavaliers, archers, peltastes, frondeurs, infanterie légère, …). Finalement, l’élément déclencheur ne vint ni des Athéniens, ni des Spartiates. Les Thébains, alliés des Spartiates, menacèrent Platées, alliée d’Athènes. Lorsque les Thébains entrèrent dans Platées, les Platéens décidèrent de les massacrer : après tout, Athènes n’allait-elle pas les protéger ?

La guerre débuta par une invasion péloponnésienne de l’Attique en 431 av. J.-C. Cette expédition, menée par le roi spartiate Archidamos II, ne fut pas concluante malgré des effectifs impressionnants pour l’époque (60 000 soldats). La stratégie de Périclès, qui visait à accueillir tous les paysans de l’Attique dans Athènes et éluder tout affrontement avec les Péloponnésiens, fut payante. Tout au plus, les Péloponnésiens parvinrent à détruire quelques cultures céréalières et quelques vignes. Et encore, les sorties ponctuelles de la cavalerie athénienne limitèrent les dégâts. Pour Archidamos, il n’était pas question d’assiéger la cité : il n’en avait pas les capacités logistiques et son armée était trop importante pour qu’elle ne se nourrisse sur le terrain.

Les Péloponnésiens se retirèrent mais réitérèrent en 430 av. J.-C. avec la plus longue invasion de la guerre : ils restèrent un mois en Attique. Cette fois, la stratégie de Périclès se retourna contre Athènes : la surpopulation et la dégradation des conditions sanitaires dans la cité déclenchèrent une maladie qui décima les Athéniens. Périclès compta parmi les victimes et le peuple fut traumatisé. La maladie provoqua bien plus de morts que n’aurait jamais pu en faire une phalange d’hoplites spartiate et laisse un profond stigmate.

En totale rupture avec les guerres précédentes, la guerre du Péloponnèse vit les Etats grecs former des troupes légères non-conventionnelles. Pour Athènes, il n’était pas question d’affronter les redoutables hoplites péloponnésiens. Ainsi, la guerre du Péloponnèse fut bien davantage caractérisée par des sièges, des batailles navales, des raids, du pillage, de la piraterie et l’emploi d’archers, de peltastes, de frondeurs et de cavaliers. Pour les Grecs, il n’était pourtant pas noble de tuer à distance comme le faisait un archer. Mais durant la guerre du Péloponnèse, il fut de moins en moins question de noblesse et de plus en plus d’efficacité. Après les invasions péloponnésiennes de l’Attique en 431 et 430 av. J.-C. et la « peste* » qui décima Athènes subséquemment à l’invasion de 430 av. J.-C., les Spartiates n’osèrent pas réitérer en 429 av. J.-C., de peur de contracter la maladie.

*Nommée peste à l’époque, on pense toutefois que c’était une autre forme de maladie.

A la place, Archidamos II décida de poser un siège sur Platées, toujours impunie depuis son massacre des soldats Thébains en 431 av. J.-C. Ayant obtenu une promesse d’aide de l’allié athénien, les Platéens refusèrent de négocier avec Archidamos. Pourtant, Athènes n’était pas à côté. La cité démocratique ne protégeait pas même les champs de l’Attique visibles depuis ses murs, il était illusoire de penser qu’elle protègerait Platées, située de l’autre côté du Cithéron. Alors que les Platéens luttaient seuls face aux Spartiates, les Athéniens obtinrent la chute de Potidée, son tributaire rebelle assiégé depuis 432 av. J.-C., et punirent les civils d’un exode. En 428 av. J.-C., les adversaires d’Athènes à Mytilène, favorables à une oligarchie et poussés à la révolte par Sparte, se soulevèrent. Athènes réagit rapidement pour châtier son tributaire et posa immédiatement le siège sur Mytilène. Il faut dès à présent noter que le soutien d’Athènes ou de Sparte ne valait pas grand-chose. Qu’on en juge : sans aide d’Athènes, Platées tomba fin 428 av. J.-C., les hommes furent exécutés, les femmes et enfants réduits en esclavage ; sans aide de Sparte, Mytilène tomba en 427 av. J.-C. et ses habitants furent réduits en esclavage. Par crainte de se montrer faible ou par vengeance, Athènes et ses adversaires bafouaient une autre tradition grecque en châtiant les civils. En 427 av. J.-C., Corcyre se déchira dans une guerre civile entre les riches oligarques et le peuple démocrate. Spartiates comme Athéniens envoyèrent des flottes soutenir leur camp respectif, enveniment le conflit.

Les années 426 et 425 av. J.-C. virent la fin des invasions péloponnésiennes de l’Attique pour la première phase du conflit – la guerre dite d’Archidamos, de 431 à 421 av. J.-C. –. En 426 av. J.-C., les Péloponnésiens renoncèrent à l’invasion annuelle du fait d’une recrudescence de la « peste » à Athènes, alourdissant le bilan funeste de cette maladie : quelque 70 000 morts en Attique, un épisode qu’Athènes mettra quinze ans à surmonter. En 425 av. J.-C., l’invasion, menée par Agis, roi de Sparte et fils d’Archidamos II, fut écourtée par un débarquement inopiné des Athéniens dans le sud-ouest du Péloponnèse, à Pylos. La réponse spartiate, sous la férule du général Brasidas, tourna à la catastrophe : bloqués sur l’île de Sphactérie, les Spartiates furent étrillés à distance par les troupes non-conventionnelles des Athéniens et 120 soldats d’élite spartiates se rendirent. C’est l’existence de ces 120 otages qui mit un terme aux invasions péloponnésiennes de l’Attique à partir de 425 av. J.-C.

Après quoi, Athènes multiplia, sans grands résultats, les bastions similaires à Pylos tout autour du Péloponnèse pour tenter d’entraver l’afflux de marchandises vers Sparte et ses alliés. De son côté, Sparte se décida à imiter Athènes et enrôla des troupes non-conventionnelles à partir de 425 av. J.-C. En 424 av. J.-C., Athènes attaqua en Boétie pour tenter de sortir Thèbes de la guerre et provoqua, de ce fait, un combat d’hoplites à Délion. Les Athéniens et leurs alliés, dont les plans avaient été contrecarrés, furent en réalité surpris dans leur retraite et complètement écrasés par les Boétiens, notamment du fait de leur cavalerie.

Alors que les Athéniens subissaient un important revers à Délion face aux Boétiens, les Spartiates, emmenés par le général Brasidas, ouvraient un nouveau front en Chalcidique (nord-est de la Grèce). Brasidas y fit tomber ou se rebeller Skionè, Mendè, Toronè et Amphipolis que les Athéniens s’échinèrent à reprendre, une par une, entre 423 et 421 av. J.-C. Si Brasidas avait attaqué en Chalcidique, c’était pour priver Athènes du bois, de l’argent et de l’or de cette région, toutes les ressources nécessaires à la construction de navires et l’entretien d’une flotte. En 421 av. J.-C., Cléon reprit Amphipolis, au prix de sa vie mais en occasionnant également la mort de Brasidas. La même année, Sparte et Athènes s’entendirent pour faire la paix, dite de Nicias (421-415 av. J.-C.). Elle ne fut qu’une trêve. Et encore …

Le parti de la guerre, à Athènes, mené par le jeune Alcibiade, monta une alliance péloponnésienne antispartiate. En 418 av. J.-C., Sparte s’appliqua enfin à écraser, non sans mal, cette alliance durant la bataille de Mantinée. C’est donc durant la paix de Nicias que Spartiates et Athéniens (un contingent), censés être désormais alliés défensifs, se rencontrèrent pour la première fois du conflit sur le champ-de-bataille. Qu’importe la paix de Nicias, Athènes ne se privait pas de piller et attaquer partout : Lamsaque, Milet, Andros, Mélos, des villages siciliens, mais aussi en Lydie, à Lesbos, en Bithynie et en Carie. Tandis que les Spartiates attaquaient, eux, Salamine, Hysiai, Argos, Iasos, Clazomènes, Kéos ou encore Lesbos.

Profitant de la « paix » de Nicias, Athènes se laissa convaincre par le parti de la guerre, mené par Alcibiade, qui préconisait de répondre à la demande d’aide des cités siciliennes en attaquant Syracuse. Une manière de priver les Péloponnésiens d’une partie de leur ravitaillement et de potentiels renforts. C’était enfin l’occasion de piller une grande cité. Pourtant, c’était également attaquer l’une des plus grandes cités grecques démocratiques, ce qui allait à l’encontre de la propagande athénienne et en diminuait la portée. Cela revenait par ailleurs à s’engager dans un long et dangereux périple alors que les cités tributaires étaient sur le point de se soulever et Sparte prête à repartir en guerre. C’était tout risquer pour se faire un nouvel ennemi très puissant. Mais Athènes s’était enfin remise de la peste et décida de la grande expédition en 415 av. J.-C.

Après une traversée sans accroc, l’expédition perdit immédiatement un de ses trois généraux : Alcibiade, accusé par l’Assemblée d’un crime religieux, fut sommé de revenir pour affronter son jugement. Celui-ci, condamné à mort s’il rentrait à Athènes, préféra se rendre à Sparte et pousser les Lacédémoniens* à reprendre la guerre en leur conseillant d’intervenir en Sicile et en leur donnant l’idée de la tactique qui ferait des ravages contre Athènes : établir une armée en Attique dans un fort pour que l’armée puisse y rester sur le long terme et se protéger des contre-attaques athéniennes. Il leur suggéra également d’aller quérir l’aide financière de l’Empire perse pour bâtir une flotte capable de concurrencer celle d’Athènes. Cette dernière, par ailleurs, se dégradait car elle devait maintenir un blocus constant sur Syracuse.

*Lacédémone et Sparte désignent la même ville, tout comme on parle indifféremment de Spartiates ou de Lacédémoniens.

Les stratèges Lamachos et Nicias n’ayant pas réussi à attaquer et assiéger Syracuse de suite, les Syracusains surmontèrent l’effet de surprise. Lamachos mort au combat, seul Nicias, le plus mou des trois généraux d’origine, restait. Il entreprit de construire un mur de circonvallation autour de Syracuse, mais bien trop lentement. Les Syracusains firent sortir de terre des murs de contre-approche et demandèrent l’aide des Péloponnésiens. Spartiates et Corinthiens, sous les ordres du Lacédémonien Gylippe, débarquèrent en Sicile et renforcèrent tant l’armée que la flotte syracusaines tout en empêchant les Athéniens de terminer leur mur. Après plusieurs batailles terrestres et navales, l’expédition athénienne tourna au désastre et, malgré des renforts athéniens menés par Démosthène, l’armée et la flotte d’Athènes furent étrillés.

Après la défaite athénienne à Syracuse en 413 av. J.-C. et la disparition de l’essentiel de sa flotte, la ligue de Délos était prête à se soulever tandis que Sparte engageait le reste de la flotte athénienne à Speiraion (en 412 av. J.-C.), Symé, Chios et Érétrie (en 411 av. J.-C.). La guerre de Ionie – 411-404 av. J.-C. – venait de débuter. Athènes perdit de suite l’Eubée (411 av. J.-C.). Les Spartiates s’étaient établis dans le fort de Décélie en Attique et faisaient peser une menace constante sur Athènes tout en attirant les esclaves athéniens. Sur la mer, Sparte cherchait à couper les voies de ravitaillement d’Athènes, l’amenant à déclencher la bataille navale de Cynossème dans l’Hellespont. La victoire athénienne restaura la confiance de la cité en sa marine. En parallèle, Alcibiade quitta Sparte car un complot visant à l’assassiner y grandissait : il changea de nouveau de camp. Quelques semaines après Cynossème, les Péloponnésiens provoquèrent une nouvelle bataille navale à Abydos et furent à nouveau vaincus. Ils furent encore défaits lors de la bataille de Cyzique en mars 410 av. J.-C. Athènes reprit Périnthe, Byzance et Thasos en 410 et 409 av. J.-C.

Censés être presque vaincus après la Sicile, les Athéniens faisaient preuve d’une incroyable capacité de résilience. Les navarques athéniens, tels que Thrasybule, Théramène et Alcibiade démontraient là tout leur talent. Les Spartiates firent une offre de paix, qu’Athènes refusa avec hauteur. Mais les Athéniens commirent l’erreur de rester sur la défensive de 410 à 407 av. J.-C. De son côté, Sparte formait une nouvelle flotte avec les subsides perses, engageait des mercenaires et désignait le brillant Lysandre comme navarque. En 407 av. J.-C., un accord fut conclu entre Lysandre et le satrape perse d’Asie Mineure pour un crédit à solde illimité en or, mercenaires, bois, argent, vêtements … Tout le nécessaire pour une flotte.

Dès lors Lysandre attaqua systématiquement les navires de ravitaillement athéniens. Au printemps 406 av. J.-C., il engagea une bataille navale à Notion contre la flotte d’Alcibiade alors que ce dernier était absent. Lysandre écrasa la flotte athénienne et Alcibiade tomba à nouveau en disgrâce. La cité perdait ainsi son navarque le plus compétent et populaire.

En mer Egée, le navarque spartiate Lysandre affronta la flotte athénienne aux Arginuses en octobre 406 av. J.-C. Les Athéniens l’emportèrent contre toute attente. Pourtant, l’Assemblée athénienne, prise d’une fièvre collective, condamna les navarques vainqueurs à la mort ou l’exil pour faute religieuse. Après quoi, la flotte Athénienne, privée de ses navarques compétents, fut surprise et anéantie par Lysandre à Aigos-Potamos en 405 av. J.-C. Maitre de la mer Egée, Lysandre s’appliqua à compléter le siège terrestre d’Athènes, mené par les rois spartiates Agis et Pausanias, par un blocus maritime. En 404 av. J.-C., Athènes capitula.

Pour clore cette guerre, il faut en dresser le bilan. La société grecque fut chamboulée par la guerre du Péloponnèse du fait d’un changement de l’ordre établi : des centaines de milliers d’esclaves furent affranchis en s’engageant dans l’infanterie ou la marine tandis que nombre de citoyens devenaient esclaves parce que leur ville était tombée. La guerre brisa les codes : le statut social n’importait plus, les esclaves étaient enrôlés en masse et pouvaient tuer des hoplites. Conserver un exclusivisme, fondement du fonctionnement de la société grecque, était alors bien compliqué. Cette guerre montra également qu’il fallait désormais tuer le plus possible, pas simplement être courageux. Les Macédoniens exploiteront cette métamorphose. Sans compter que l’image noble de l’hoplite fut durement frappée par la reddition de Sphactérie. Le conflit révéla en sus l’importance de l’argent et du nombre. C’est l’Etat le plus traditionnellement isolé qui triompha en recevant de l’argent perse et en engageant des mercenaires.

La guerre était autrefois courte ou au moins nationale et glorieuse (contre les Perses). La guerre révéla cette fois-ci le visage qu’on lui connait bien aujourd’hui. Découvrant l’horreur d’un conflit long et sans lois, les Grecs se prirent à redouter la guerre. Les Acharniens, La Paix et Lysistrata d’Aristophane ou Andromaque, Hélène, Hécube et Les Troyennes d’Euripide font part des pires aspects de la guerre. Or, ces œuvres ont toutes été écrites pendant la guerre du Péloponnèse.

Mais la fin de la guerre du Péloponnèse annonça-t-elle véritablement le déclin de la Grèce comme on le prétend souvent ? À court terme, on pourrait le penser. La guerre met fin à la Pentécontaétie (l’âge d’or d’Athènes). Sparte imposa une oligarchie à Athènes (qui ne tint que jusqu’à fin 403 av. J.-C.). Les cités tributaires, « libérées », se virent également imposer des oligarchies faibles, ce qui permit aux Perses de prendre la direction de l’Asie Mineure. Mais le peuple athénien resta soudé, les problèmes de ravitaillement durèrent six mois tout au plus. En 394 av. J.-C., Athènes défit la flotte spartiate dans la bataille navale de Cnide. Certains historiens considèrent d’ailleurs que cette bataille constitue la véritable fin d’une guerre du Péloponnèse (qui aurait alors duré 38 ans). En 393 av. J.-C., les murs d’Athènes furent reconstruits et une ligne de fortification émergea aux frontières de l’Attique. En 378 av. J.-C., Athènes créa la seconde Confédération athénienne, cette fois-ci sans tribut ou confiscation de terres, sans exploitation. Cette confédération se voulait équilibrée et, par-là, était proche de la ligue délienne. La confédération disposait d’une flotte d’environ 300 trières qui surveillaient la mer Egée.

Alors pourquoi parle-t-on de décadence ? On peut avancer au moins deux raisons qui sont autant de biais. D’abord, notre source principale d’information vient d’Athènes elle-même. Les Athéniens virent évidemment en cette guerre une catastrophe et firent facilement le lien entre cette catastrophe et la suprématie macédonienne qui survint en 340 av. J.-C. Ensuite, nous sommes également biaisés par notre calendrier. Le calendrier des Grecs débute avec les premiers jeux olympiques, celui des Romains débute avec la création légendaire de Rome (que nous plaçons au 21 avril 753 av. J.-C.). Le nôtre, créé au VIe siècle av. J.-C., vient de la naissance de Jésus Christ. Ce choix a, par un heureux hasard, placé la fin de la guerre du Péloponnèse à la fin de ce V^e siècle av. J.-C. qui vit rayonner Athènes. Les historiens aiment qualifier les siècles, faisant du XVIII^e siècle celui des Lumières ou du XX^e celui du modernisme… Ils firent pareil avec le V^e av. J.-C. La guerre du Péloponnèse débuta avec les nobles Périclès et Archidamos et se termina avec Alcibiade et Lysandre, des hommes totalement différents. Euripide et Sophocle, les deux grands auteurs grecs de la tragédie, moururent probablement en 406 av. J.-C., l’un comme l’autre. La mort brutale (des suites d’un jugement) de Socrate en 399 av. J.-C., considéré comme un esprit des Lumières, marque à merveille la fin d’un temps ! C’est voir une rupture où il n’y en a pas. Athènes se redressa rapidement de la guerre, tout comme le reste de la Grèce. Malgré les pertes importantes, c’est essentiellement le traumatisme psychologique qui marqua la société.

Après la guerre, Sparte s’isola rapidement de nouveau et, sans l’or perse, ne parvint pas à gérer son empire. Sujets à la corruption, les Spartiates furent incapables de remplacer les Athéniens et leur empire implosa. Des principaux protagonistes de la guerre, Thèbes fut la cité qui subit le moins de pertes. Ce coût léger explique en partie comment les Thébains parvinrent à devenir les nouveaux maitres de la Grèce en écrasant Sparte au début du IV^e siècle av. J.-C. La guerre du Péloponnèse vit l’image du général évoluer. Des stratèges comme Brasidas, Gylippe, Lysandre ou Alcibiade ouvrirent la voie à des généraux adorés, puis à des chefs charismatiques comme le Thébain Épaminondas ou le Macédonien Alexandre le Grand au IV^e siècle av. J.-C. Les généraux commençaient à être plus que des politiciens. L’ère de la Grèce classique, à son crépuscule, annonçait l’aube de la période hellénistique.

Figures historiques principales :

Périclès (v.495 – 429 av. J.-C.) : stratège, orateur et homme d’Etat d’Athènes, dirigeant de facto d’Athènes presque sans interruption de 461 av. J.-C. à 430 av. J.-C.

Archidamos II (mort en 422 av. J.-C.) : roi de Sparte de 469 à 425 av. J.-C.

Brasidas (? – 422 av. J.-C.), stratège spartiate.

Nicias (v470 – 413 av. J.-C.) : stratège athénien.

Alcibiade (450-404 av. J.-C.) : stratège, navarque et homme politique athénien.

Lysandre (? – 395 av. J.-C.) : navarque spartiate.

Gylippe (?-après 413 av. J.-C.): stratège spartiate.

Dates importantes :

431-421 av. J.-C. : guerre d’Archidamos.

431 av. J.-C. : massacre par les Platéens des Thébains dans Platées, casus belli.

431-425 av. J.-C. : invasions récurrentes des Péloponnésiens en Attique.

430-429 av. J.-C. : principales années des ravages de la « peste » à Athènes.

425-409 av. J.-C. : avant-poste de Pylos tenu par les Athéniens dans le Péloponnèse.

425 av. J.-C. : défaite des Spartiates à Sphactérie et prise d’otage de 120 guerriers d’élite.

424 av. J.-C. : bataille de Délion, victoire décisive des Thébains contre les Athéniens. Première grande bataille rangée.

421-415 av. J.-C. : paix de Nicias

418 av. J.-C. : bataille de Mantinée entre l’alliance péloponnésienne anti-spartiate et Sparte.

415-413 av. J.-C. : expédition athénienne en Sicile.

413 av. J.-C. : bataille navale du Grand Port et massacre de l’Assinaros. Défaite décisive d’Athènes à Syracuse et anéantissement de son armée.

413-404 av. J.-C. : présence des Spartiates dans le fort de Décélie en Attique.

411-404 av. J.-C. : guerre de Ionie.

411 av. J.-C. : batailles navales de Cynossème et Abydos, victoires athéniennes.

410 av. J.-C. : bataille navale de Cyzique, victoire athénienne.

407 av. J.-C. : le navarque spartiate Lysandre conclut un accord avec l’Empire perse pour financer les flottes péloponnésiennes.

406 av. J.-C. : batailles navales de Notion (victoire spartiate) et des Arginuses (victoire athénienne).

405 av. J.-C. : bataille navale d’Aigos-Potamos, victoire décisive de Sparte.

404 av. J.-C. : Siège sur Athènes et capitulation de la cité-Etat démocratique.

Sources (texte) :

Hanson, Victor Davis (2005). La guerre du Péloponnèse. Paris : Flammarion, 593p.

Orrieux, Claude et Schmitt Pantel, Pauline (2020 pour la 4^e édition). Histoire grecque (4^e édition mise à jour). Paris : PUF, 511p.

Sources (images) :

https://www.timetoast.com/timelines/chronologie-generale-du-programme-8a0b990e-889b-4adf-94e1-759f26d57bee (carte de la ligue de Délos avant la guerre du Péloponnèse)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Archidamos_II (Archidamos II)

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ricl%C3%A8s (Périclès)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_d%27Ath%C3%A8nes (longs murs et représentation de la peste)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_D%C3%A9lion (vision tactique de la bataille de Délion)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Brasidas (Brasidas)

https://external-preview.redd.it/SY15VfdTrExWY-oY5w53yGxHC2CmhNRR9wuUEKtcI0M.jpg?auto=webp&v=enabled&s=04bf8aec4710803be233197a4c95d7f8cf929ed6 (grande carte détaillée de la Grèce antique)

https://en.wikipedia.org/wiki/Sicilian_Expedition (trajet des Athéniens vers la Sicile)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alcibiade (Alcibiade)

https://www.penfield.edu/webpages/jgiotto/onlinetextbook.cfm?subpage=1649849 (représentation du siège de Syracuse et ses étapes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lysandre (navarque Lysandre)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Arginuses (vision tactique de la bataille des Arginuses)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Aigos_Potamos (lieu de la bataille d’Aigos-Potamos)

https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/La_guerre_du_P%C3%A9loponn%C3%A8se_431-404_avant_J-C/1313188 (résumé de la guerre du Péloponnèse)

---

Liens vers les différentes parties du dossier :

La guerre du Péloponnèse (partie I) : contexte, forces en présence et casus belli (479-431 av. J-C)

La guerre du Péloponnèse (partie II) : Invasions de l’Attique et peste à Athènes (431-430 av. J-C)

La guerre du Péloponnèse (partie III) : les aspects de la guerre non-conventionnelle (429-427 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie IV) : Pylos, Délion, la guerre partout (426-424 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie V) : affrontements en Chalcidique et paix de Nicias (424-415 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie VI) : l’expédition de Sicile (415-413 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie VII) : début de la guerre de Ionie et résilience athénienne (413-406 av. J.-C.)

La guerre du Péloponnèse (partie VIII) : l’issue du conflit se décide à Aigos-Potamos (406-404 av. J.-C.)