Règne de Louis XIV (partie II) : le contexte de la Fronde (1635-1648)
Rappel : En 1517, les 95 thèses de Martin Luther donnèrent naissance au protestantisme. Cette nouvelle religion, dérivée du catholicisme, considérée comme une hérésie par le pape, gagna de nombreux Etats allemands du Saint Empire romain germanique, puis plusieurs Etats du nord de l’Europe. Cette nouvelle « religion prétendue réformée » engendra nombre de guerres, dont les huit guerres de Religion en France (1562-1598). En Allemagne, la situation se stabilisa avec la paix d’Augsbourg de 1555, permettant au protestantisme d’exister. Seulement, au début du XVIIe siècle, Ferdinand, fervent catholique, fut désigné héritier du Saint Empire romain. Alors, juste avant qu’il ne monte effectivement sur le trône (1619), les protestants d’Allemagne se liguèrent contre lui en 1618. La guerre de Trente Ans (1618-1648), débuta par les défenestrations de Prague. Depuis 1556, les Habsbourg s’étaient scindés en deux branches : celle d’Espagne et celle d’Autriche. Ferdinand II de Habsbourg fut donc aidé par la branche espagnole de sa maison, dirigée par Philippe III, roi d’Espagne. Les Pays-Bas espagnols, en révolte depuis 1568, brisèrent une trêve et affrontèrent de nouveau Madrid à partir de 1621. En France, le début du règne de Louis XIII avait été perturbé par la révolte de la noblesse, opposée à la centralisation du pouvoir de l’Etat absolu amorcé par Henri IV. Le roi prit le cardinal de Richelieu pour principal ministre à partir de 1624. Celui-ci lutta contre le soulèvement des protestants en France (huguenots) et réprima les soulèvements de la noblesse. En politique extérieure, il en allait autrement. L’objectif principal de Richelieu était de desserrer l’étau que formaient les deux branches habsbourgeoises autour du territoire français. Qu’importe que Louis XIII soit surnommé le roi Très-Chrétien, que la France soit la « fille aînée de l’Eglise », que sa politique intérieure s’applique à combattre les protestants français (huguenots) et que le principal ministre, chef d’orchestre de cette politique, soit un cardinal catholique (Richelieu) : la France fit passer ses intérêts géopolitiques et stratégiques avant la logique religieuse. Richelieu souhaitant voir déchoir les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, tous deux catholiques, subventionna les ennemis protestants de Vienne (surtout la Suède protestante) et de Madrid (soutenant la révolte indépendantiste des Provinces-Unies calvinistes). Après une décennie de « guerre de renard » à subventionner les ennemis des Habsbourg, la France engagea ses armées dans la guerre de Trente Ans, mais surtout contre l’Espagne, en 1635. A partir de 1643 et la bataille de Rocroi, remportée par le prince de Condé, la France enchaina les succès militaires jusqu’à la fin de la guerre et amena la majorité des belligérants à faire la paix par les traités de Westphalie (octobre 1648). Si celle-ci fut très bénéfique à la France, elle ne fit plier que l’Autiche et les Etats allemands. L’Espagne de Philippe IV, elle, resta confiante et prolongea la guerre franco-espagnole pour onze années. Or, en France, les impôts avaient été décuplés dans les années 1630 pour financer la guerre, faisant monter un sourd mécontentement.
La France du XVIIe siècle entretenait un fort clientélisme, sorte de résidu de féodalité, mais volontaire celui-ci, apparu au XVe siècle. Les réseaux de clients allaient de client à patron, ou maitre, en plusieurs couches, allant de la petite gentilhommerie (écuyers, hobereaux ou petits châtelains) à la « noblesse seconde » (barons, comtes et marquis), voire à la haute noblesse (ducs, pairs, princes du sang). La fidélité était très solide dans les hautes strates, moins dans les basses. Ce réseau de clientélisme fonctionnait aux intérêts, les clients appuyant leur patron par la plume, l’épée ou la voix, le suivant parfois dans l’adversité ; tandis que le patron prêtait ou donnait de l’argent, hébergeait parfois, casait les membres de la famille du client ou introduisait auprès des bonnes personnes. Cette haute noblesse, disposant de nombreux clients, formait les « Grands » du royaume. De fait, la France, aux institutions encore non abouties, ne pouvait organiser un pouvoir central en se passant d’utiles relais régionaux. Alors, le roi avait intéressé les « Grands » à l’administration en leur confiant une ville ou une région, dans laquelle ils étaient tout-puissants. La famille Condé, par exemple, « possédait » la Bourgogne. Cela avait ses dangers : les « Grands » voulaient parfois faire sentir au roi qu’il avait besoin d’eux. C’était risquer de faire naître un féodalisme, nouveau certes, mais morcelant tout autant le territoire : les clients d’un « Grand » étaient plus fidèles envers ce dernier qu’envers leur roi.
Depuis bien longtemps, le roi de France avait doté son territoire de parlements, chambres des comptes, bureaux de finances, etc. Or, pour les faire fonctionner, il fallait du personnel. Le roi confia alors différents offices à des individus. Ceux-ci devinrent des fonctionnaires exerçant un office : des officiers. Le monde naissant des officiers prit un essor exponentiel. Ainsi, en 1515, il y avait 4 100 officiers (soit 1 pour 4 700 habitants) ; en 1665, la France en comptait 48 000 (1 pour 380 habitants) dont 9 000 magistrats, 5 000 officiers de finance et nombre d’huissiers, notaires, sergents, contrôleurs divers … Les offices devinrent héréditaires avec le temps, mais un garde-fou demeurait : le prédécesseur devait vivre au moins 40 jours après la désignation de son successeur, faute de quoi la charge revenait au roi. En 1604, Henri IV et son ministre Rosny (Sully) abolirent par l’édit Paulet (ou Paulette) ce délai, moyennant le paiement d’un « droit annuel » (le 60e de la valeur de la charge), sorte d’assurance contre une mort soudaine. Alors, l’office devint héréditaire, patrimonial. Un quatrième ordre émergeait dans la société. L’aristocratie s’en trouva menacée : elle ne pouvait plus prétendre à un contrôle total des hautes sphères et voyait nombre de prérogatives lui échapper. L’aristocratie ne pouvait plus administrer le pays, sauf dans quelques postes de « robes courtes » (sénéchaux, baillis, gouverneurs, …). Le roi avait atteint son but. La noblesse d’épée coexistait avec celle de robe longue (magistrature), moins fortunée mais plus intellectuelle et plus avide de pouvoir.
Pour autant, les « Grands » disposaient encore d’assez de puissance pour intégrer dans leurs réseaux les propriétaires d’offices en assurant protection et recommandation. Les « Grands » n’avaient pas été abattus et pouvaient même utiliser les officiers contre l’Etat. Alors, l’Etat réagit. Richelieu décida d’user des mêmes armes : il forma une clientèle de l’Etat. Du reste, ses moyens étaient autrement plus persuasifs et puissants que ceux des « Grands ». Surtout que la couronne s’enrichissait de plus en plus en parvenant à mieux collecter des taxes toujours plus élevées. Richelieu pouvait ainsi offrir des offices, des grades, octroyer des récompenses … Il infiltra ses « créatures » (ses clients) dans tous les réseaux. Richelieu, d’une modeste noblesse d’épée, devint ainsi le plus puissant des « Grands ». Reste qu’il pouvait être révoqué par le roi à chaque instant. Alors, le ministre-cardinal s’échina à placer sa famille élargie, surtout ses nièces, dans le lit des grands princes (notamment celui du futur Grand Condé) et d’user de toutes les fourberies pour détourner des fonds de l’Etat. Mazarin fut encore plus vorace que son devancier. Richelieu profita d’un roi qui s’intéressait peu à l’exercice du pouvoir, Mazarin d’une régente inexpérimentée. La fortune des Condé, famille la plus riche, était estimée à 14 millions de livres ; si Richelieu livra à sa mort 22,4 millions d’actif et 6,5 millions de passif ; Mazarin laissa dans son sillage 38 millions d’actif et 1,4 million de passif ! Mazarin disposait ainsi de l’équivalent du tiers des recettes annuelles du royaume le plus riche d’Europe. Les deux cardinaux furent les plus grands prédateurs de l’Etat. Et pourtant, ils usèrent tous deux de leur finances personnelles (extorquée, certes) pour payer de leur poche les avances de l’Etat, conforter les crédits, etc. Ils usèrent, en partie au moins, leur fortune pour favoriser l’Etat. Cette logique n’est pas intuitive aujourd’hui. Leur réussite les sauvegardait d’une disgrâce, alors les intérêts de la France étaient les leurs.
On se méprend souvent sur l’absolutisme de la monarchie française. Celle-ci s’est bâtie lentement, par une pratique gouvernementale nouvelle au XVIIe siècle, par la tendance à centraliser, à niveler, user les pouvoirs locaux ou sociaux et à faire disparaitre les anciens usages. On ne peut désigner une mesure qui établit l’absolutisme tout comme on ne peut dire quand il aurait atteint son apogée. Mais il est une chose qui précipita l’absolutisme : la guerre. Celle-ci, implacable révélateur des tensions latentes, chamboula l’Etat et engendra la modernité. La guerre contre l’Autriche, en 1635, en particulier, car elle provoqua la Fronde.
L’une des causes profondes de la Fronde fut l’argent. Financer la guerre, lever des armées, notamment des mercenaires, verser des subsides aux Suédois et entretenir les troupes du margrave de Hesse, voilà qui coûtait cher, beaucoup trop cher. Le budget annuel de l’Etat dépassait rarement les 40 millions de livres entre 1620 et 1630. En 1634, la seule préparation de la guerre coûta 120 millions. En 1635, la guerre coûta 208 millions à la France, plus de 5 fois son budget annuel normal. En 1642, le coût de la guerre retomba à 90 millions avant que Mazarin ne reprenne les rênes : 124 millions en 1643, 141 en 1644. Le système fiscal de l’Ancien régime était bien incapable de fournir tant d’argent. La taille, plus ancien impôt direct, ne passait plus auprès du peuple, tout comme la gabelle et les autres impôts indirects (aides sur les boissons, entrées ou octrois des villes…). Alors, la monarchie dépendait du prêt. Or, l’argent ne provenait pas uniquement de banques italiennes. Il affluait largement des grandes familles du royaume qui prêtaient avec intérêt, réalisant un juteux placement à court terme. Le monarque absolu était entièrement dépendant des puissants du royaume, de l’aristocratie et de la noblesse. Ce n’était pas l’absolutisme comme on l’imagine aujourd’hui. Gardons-nous d’aller trop loin : le roi disposait d’une puissance, d’une aura, d’une légitimité divine, donc d’une autorité inégalée. Il pouvait rayer d’un coup de plume une grande famille en l’envoyant croupir en prison. Il y avait assez de prêteurs pour que la monarchie ne soit pas entièrement dépendante d’une famille. Pour autant, une révolte concertée des puissants du royaume était un réel danger. En cela, la Fronde fut un véritable péril, car c’est ce qui se produisit.
D’autre part, les officiers, devenus privilégiés, ne faisaient plus efficacement leur travail de collecte d’impôts. Alors, le roi dut recourir aux intendants (à partir d’Henri II), des « commissaires » peu nombreux et plus brutaux. Les « commissaires départis » sous Richelieu, remplacèrent bientôt les officiers de finance et les juges ordinaires tandis que la fiscalité triplait en cinq ans dans les années 1630. Ce brusquement de la société brisa l’équilibre fragile des communautés locales rurales. Exaspéré par ces nouvelles pratiques fiscales, le peuple pencha vers la révolte populaire, rassemblant les paysans comme les seigneurs. Les « Croquants » (XVIe siècle) les « Gautiers » de Normandie (XVIe siècle) et à nouveau les « Corquants », cette fois du Quercy (en 1624) instauraient un cycle de sédition. L’entrée en guerre de la France en 1635 en provoqua un nouveau : croquanderies en Guyenne, Périgord, Poitou, Limousin (1636-1637), explosion des « Nu-pieds » en Normandie (1639-1642), jacqueries dans le Maine et l’Anjou (1639), violences en Auvergne (1640) et dans le Poitou (1641). Toutes ces révoltes antifiscales furent matées dans le sang. Le peuple, par ailleurs, ne blâmait pas le roi mais ses ministres ou ses officiers. La tradition voulait que le bon roi fût simplement ignorant des déboires de son peuple. Certainement que les mauvais conseillers n’informaient pas ce bon justicier.
La Fronde ne fut ni une révolution ni un soulèvement populaire. Ce furent les classes moyennes qui se révoltèrent contre la pression fiscale. Ce fut un refus de la bourgeoisie de financer la suite de la guerre (la guerre de Trente Ans prenant fin mais la guerre avec l’Espagne se poursuivant), un mouvement de citadins privilégiés auxquels se mêlèrent les princes, ducs et gentilhommes friands d’aventures. Les frondeurs ne s’opposèrent à l’absolutisme que parce qu’ils refusaient une plus grande solidarité entre les groupes sociaux. Une solidarité rendue indispensable par la guerre menée à l’extérieur.
Pour gérer les finances de l’Etat, Mazarin s’appuya sur Particelli d’Emery, placé là par Richelieu. Celui-ci se mit en tête, à partir de 1644, de faire payer la bourgeoisie parisienne et les détenteurs d’offices. Ainsi se déchaîna une série de taxes (le Toisé, les Aisés, le Tarif) qui rencontra la farouche opposition du Parlement. Arrêtons-nous un instant sur cette institution. Le Parlement remontait à la curia regis médiévale, le plus vieux et célèbre tribunal au monde, ayant le droit d’enregistrer les actes royaux. Les rois de France, contrairement aux autocrates russes ou ottomans étaient liés par leur législation et celle de leurs prédécesseurs. Il était des lois fondamentales du royaume, permanentes et immuables (sans qu’une sanction n’existe pour autant en cas de transgression). Le Parlement enregistrait donc les ordonnances (lois générales) et édits (lois particulières) du roi après en avoir vérifié la cohérence et la conformité au droit public. En cas de désaccord, les magistrats pouvaient faire d’« humbles remontrances » puis des « remontrances itératives » que le roi, disposant du droit suprême de justice, pouvait écarter en faisant une lettre de jussion ou un « lit de justice » (en venant personnellement présider la séance du Parlement).
Or, le Parlement cherchait à obtenir de plus en plus de prérogatives, à devenir un sénat ou à copier le Parliament anglais (authentique assemblée représentative des corps de la nation). Le Parlement était excessivement jaloux de ses privilèges. Seulement, le roi avait toujours refusé aux légistes le pouvoir législatif. En février 1641, Louis XIII avait même supprimé le droit de remontrance, du fait de tensions persistantes entre le Parlement et le pouvoir royal. Si le Parlement avait retrouvé sa force, c’est parce qu’Anne d’Autriche, sous la Régence, un régime faible, s’était abaissée à flatter la noblesse et les magistrats pour ne pas appliquer le testament de son défunt mari. Pour autant, les magistrats ne formaient pas un bloc uni : certains étaient d’une loyauté sans faille, d’autres contestaient sans cesse le pouvoir, au premier rang desquels se trouvait Pierre Broussel, vieillard défendant le peuple par des discours enflammés. C’est ce Parlement qui prit cause de la bourgeoisie parisienne, classe sociale dont ils faisaient partie. Ils défendaient leurs propres intérêts.
Les magistrats tirèrent une forte popularité de leur opposition aux taxes et Anne d’Autriche dut, après la victoire militaire de Nördlingen (7 septembre 1645), se rendre au Parlement avec l’enfant-roi, arborant un habit militaire, pour imposer plusieurs édits par lit de justice. Paris, seule ville exonérée de la taille, comprenait alors 100 000 rentiers sur 430 000 habitants. Or, les difficultés économiques et la contrebande empêchant le prélèvement de la gabelle, le versement de la rente (qui se faisait par « quartiers », ce qu’on nomme des trimestres aujourd’hui) par l’Hôtel de Ville avait trois ans de retard en 1648. Alors, les rentiers se groupèrent en un syndicat, comme les trésoriers et les élus. D’une manière générale, les officiers entrèrent en résistance contre les « novelletés » : les intendants, traitants et partisans (signataires de « traité » ou de « partis »). Certains officiers s’appauvrissaient par la mise en vente de charges identiques, les découpages administratifs et les « augmentations de gages » (un versement d’argent supplémentaire contre une promesse, non honorée, d’augmenter le revenu de sa charge). Les contestations convergèrent vers le Parlement de Paris et dans une moindre mesure les parlements provinciaux, défenseurs des rentiers opprimés et officiers spoliés.
Soyons clairs : la paysannerie subissait l’inflation des taxes depuis plus d’une décennie et la Fronde ne se déclencha que quand on essaya de faire payer, dans de mêmes proportions, les plus riches. Le dernier acteur de la Fronde, et non des moindres, fut le peuple, à la fidélité changeante, allumant des feux de joie à l’arrestation de Condé … Mais également à sa libération ; un peuple utilisé par les différents partis comme chair à canon. Le peuple fut la grande victime de cette guerre civile.
Tous ces acteurs ne rentrèrent pas spontanément en sédition. Ils y furent menés par les « clans », menés par des « Grands », qui formèrent des « partis ». Il y avait d’abord celui de Gaston d’Orléans, oncle du roi. Il y avait également la famille Condé, rivale des Orléans, avec Louis II de Bourbon, vainqueur à Rocroi, éduqué par Richelieu, mais aussi son frère cadet Armand Conti et leur sœur Anne Geneviève, qui épousa le duc de Longueville, gouverneur de Normandie, descendant de Dunois, le bâtard d’Orléans. Enfin, loin derrière, il y avait la branche bâtarde de la famille Bourbon, les Vendôme, dont le chef était César, duc de Vendôme, fils naturel d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées. Orléans, Condé et Vendôme, ces trois puissantes familles rassemblaient une importante clientèle de haut rang, comme les La Tour d’Auvergne (le duc de Bouillon et son frère Turenne), les Guise (duc d’Elbeuf), les Rochefoucauld ou encore les Rohan. N’oublions pas Paul de Gondi, futur cardinal de Retz et neveu de l’archevêque de Paris, personnage laid mais intelligent et charismatique, prince de l’Eglise disposant d’une clientèle nombreuse et disparate, l’homme du parti dévot. Ce parti, dit des dévots, rassemblait les lointains héritiers de la Ligue catholique (datant des guerres de Religion), morte politiquement mais dont les idées demeuraient fortes : des ultra-dévots dénonçant les impies et blasphémateurs, défenseurs de la chrétienté n’acceptant pas que les souverains catholiques puissent se servir de la croix pour légitimer leurs ambitions dynastiques. Surtout, la Fronde émana des guerres extérieures. Gouffre financier gourmand en vies humaines, la guerre de Trente Ans prit fin en 1648 et fit espérer au peuple une paix finale. Alors même que la paix de 1648 fermait pour l’Espagne un front usant, il était évident que Madrid allait lutter de plus belle contre la France et exiger l’inacceptable. La population française fut exaspérée de voir la guerre contre l’Espagne perdurer.
La Fronde fut, ainsi, une réaction d’une partie de l’aristocratie et de la noblesse de robe contre la transformation en profondeur du royaume depuis un demi-siècle, en particulier une forte poussée centralisatrice sous Louis XIII ; elle fut une tentative infructueuse de mise sous tutelle de la monarchie, en mutation vers l’absolutisme, par les corps privilégiés ; une lutte des parlementaires pour garder leurs privilèges, des officiers contre les commissaires royaux et une conspiration des « Grands » contre la concurrence du clientélisme ministériel. La Fronde ne fut pas une révolution : dans un système où tous, propriétaires d’offices, courtisans et membres de l’élite militaire étaient unis par des intérêts communs, personne ne souhaitait aller jusqu’à la rupture complète. Toutefois, son ampleur la rendait incomparable aux épisodes de séditions, notamment antifiscales, secouant les campagnes depuis la fin du XVIe siècle. La Fronde fut une crise générale du régime et de la société, une guerre civile.
Sources (texte) :
Petitfils, Jean-Christian (1995). Louis XIV. Paris : Tempus Perrin, 785p.
Bluche, François (1986). Louis XIV. Paris : Fayard, 1040p.
Lynn, John A. (1999). Les guerres de Louis XIV. Londres : Tempus Perrin, 568p.
Sources (images) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Particelli_d%27%C3%89mery (Particelli d’Emery)