La guerre de Sécession (partie XI) : front Ouest mouvant, front Est stagnant (janvier – mai 1862)

La guerre de Sécession (partie XI) : front Ouest mouvant, front Est stagnant (janvier – mai 1862)

Rappel : Dès le début de la guerre, l’Union imposa un blocus maritime aux Etats Confédérés. Cette ceinture de navires s’étoffa au fil du temps jusqu’à asphyxier les Confédérés. Ce blocus était opposable aux pays neutres, entrainant une reconnaissance de facto de la belligérance des Etats Confédérés. Pourtant, Lincoln ne voulait pas reconnaitre en ces Etats Confédérés un belligérant, ce qui leur aurait conféré le statut d’Etat et les droits qui vont avec. Le paradoxe n’existait pas que du côté de l’Union. La Confédération voulait, elle, convaincre les Européens que le blocus était fictif (donc illégal) tout en réduisant les exportations de coton pour pousser les Européens à intervenir. Expliquer la chute des exportations sans admettre ni le chantage commercial ni l’efficacité du blocus était bien périlleux. Les Européens restèrent neutres et commercèrent avec les deux camps. Une affaire diplomatique manqua pourtant de faire rentrer le Royaume-Uni dans le conflit, contre l’Union. Un officier de la marine fédérale arrêta deux émissaires confédérés sur un paquebot battant pavillon britannique. C’était violer les droits conférés par ce drapeau et insulter le Royaume-Uni qui exigea la liberté pour ces émissaires et des excuses officielles en menaçant d’entrer en guerre. Washington ne pouvait se permettre une guerre avec Londres, surtout qu’elle venait d’acheter des milliers de tonnes de salpêtre (bloquées au Royaume-Uni pour le moment) pour la poudre à canon et n’en avait plus en réserve. Les émissaires furent libérés avec un compromis. Au milieu de ces débats de droit international, l’affrontement terrestre connaissait son pendant maritime. Confédérés comme Fédéraux mirent au point leur premier cuirassé – sur le modèle des Européens – en 1862. Le CSS Virginia (Confédération) affronta le Monitor (Union) en mars. Le combat entre les deux premiers cuirassés américains dura des heures sans déterminer de vainqueur. En 1862, la guerre fut également fluviale : Cairo, ville la plus méridionale de l’Union, donnant sur les fleuves Mississippi, Tennessee et Cumberland devint stratégique à bien des égards. Si le Mississippi était bien gardé par les Confédérés, le Tennessee et le Cumberland l’étaient bien moins. Les Fédéraux de Grant (armée) et Foote (flotte fluviale) savaient où frapper.

Des Appalaches aux monts Ozark, le front ouest était géré par le général Albert Sidney Johnston pour les Confédérés. Celui-ci commandait à quelque 70 000 hommes. En face, le commandement de l’Union était partagé entre Henry W. Halleck et Don Carlos Buell. Les deux hommes étaient de bon administrateurs et organisateurs mais craignaient d’attaquer. Pourtant, les Fédéraux alignaient quelque 100 000 hommes. Grant, sous les ordres d’Halleck et commandant à 15 000 hommes, proposa d’agir. Les troupes de Grant avaient déjà attaqué par deux fois. L’ennemi avait fui la première fois, faisant réaliser à Grant que ses ennemis avaient autant peur que lui du combat. Il avait attaqué une deuxième fois, en novembre 1861 ; offensive durant laquelle il avait délogé des Confédérés durant la petite bataille de Belmont mais s’était trouvé encerclé. Grant avait fait montre d’un grand sang-froid en perçant l’encerclement alors que ses subordonnés paniquaient. Grant, simple, résolument offensif, ne demandant jamais de renforts, était apprécié de ses soldats.

Henry W. Halleck (1815-1872), général en chef des armées de l’Union (1862-1864).

Halleck hésita à laisser Grant agir, refusa puis revint sur sa décision. Grant et Foote avaient identifié le fort Henry comme le point faible des Confédérés, à raison. Début février 1862, Grant et Foote avancèrent sur le Tennessee et le Cumberland avec 15 000 hommes à pied et une flottille de plusieurs canonnières et cuirassées. Johnston, souhaitant défendre Columbus et Bowling Green, en avait négligé la défense du fort Henry (au milieu des deux points précédents). Le 6 février, les canonnières des Fédéraux engagèrent le combat. La garnison du fort Henry – qui tombait en ruine – recula 20 km plus au sud pour tenir le fort Donelson. Seule une compagnie d’artillerie tint valeureusement la position au fort Henry pour retarder l’offensive fédérale.

Attaque des canonnières de Foote (Union) sur le fort Henry (Confédération) le 6 février 1862.

Cette résistance écrasée, les canonnières de Foote continuèrent leur chemin tandis que les soldats de Grant étaient ralentis par la boue. Foote détruisit un pont sur lequel passait la ligne ferroviaire joignant Columbus à Bowling Green, arriva en Alabama et attaqua la ville de Muscle Shoals, capturant neuf navires Confédérés dont un cuirassé. Johnston était dans une mauvaise situation. La force de Grant séparait les deux siennes et Buell attaquait de front avec 50 000 hommes. Le général confédéré décida de se replier sur la ligne Nashville-Memphis puis changea d’avis et décida de se replier mais tout en envoyant 12 000 hommes vers le fort Donelson. Ce fort n’en était par ailleurs pas vraiment un, c’était des tranchées, des palissades entourant un camp et des pièces d’artillerie intégrées à un à-pic.

Du fort Henry au fort Donelson, la progression de l’Union (février 1862).
Andrew H. Foote (1806-1863), contre-amiral de l’Union.

Grant attaqua le fort Donelson le 13 février et fut repoussé. Renforcé par 10 000 hommes et des cuirassés de Foote, il tenta de nouveau le 14. La flottille subit de lourdes pertes et les Confédérés, dirigés par Floyd, tinrent la position. La nuit, les Confédérés firent une sortie pour percer l’encerclement et rejoindre Nashville. Ils portèrent leur attaque sur la droite des forces fédérales. Grant et Foote, tous deux à l’autre bout de la ligne, mirent du temps à se rendre compte de ce qu’il se passait. Or, Grant avait ordonné à ses commandants de division de tenir leur position. Cet ordre empêchait certains commandants de venir en aide à l’aile droite attaquée. Grant pensait toujours à ce qu’il allait faire, non à ce que l’ennemi pouvait faire, ce qui se révèlera terrible dans certaines situations. Grant intervint tardivement mais les Confédérés s’étaient finalement décidés par eux-mêmes à retourner dans le fort devant leurs fortes pertes.

Sortie de Floyd du fort Donelson (nuit du 14-15 février 1862).

Une partie de la garnison confédérée s’enfuit avec Floyd dans la nuit. Puis, le fort Donelson capitula le 16 février. Grant fut élevé au rang de général de division. Nashville et Columbus furent évacuées fin février. Nashville devint ainsi la première capitale d’un état confédéré à tomber. Le moral connut un pic dans le Nord tandis qu’il sombrait dans le Sud. Davis fut investi dans ses fonctions pour 6 ans dans cette atmosphère, le 22 février 1862, jour de l’anniversaire de George Washington. Pire : le Kentucky et le Tennessee passèrent sous l’autorité fédérale. Earl Van Dorn fut chargé par Johnston de tenir l’ouest du Mississippi. Van Dorn promit de remonter par le Missouri pour attaquer Grant de flanc. Pour cela, il disposait de 16 000 hommes dont une partie d’Amérindiens des Cinq tribus civilisées (Cherokees, Séminoles, Chikasaws, Choctaws et Creeks). En luttant avec les Confédérés, ceux-ci espéraient bénéficier d’une plus grande autonomie à l’avenir. Ils aidaient ainsi ces mêmes sudistes qui avaient chassé les Amérindiens 25 ans plus tôt.

John B. Floyd (1806-1863), gouverneur de Virginie (1849-1852), secrétaire d’Etat à la Guerre (1857-1860) puis général confédéré.

Van Dorn tenta de contourner les 11 000 Fédéraux de Curtis, un commandant compétent, pour les couper du leur ligne de ravitaillement. Le 7 mars, Van Dorn attaqua mais les Fédéraux s’étaient retournés. La gauche confédérée perdit sa cohérence avec la mort de ses officiers. La droite fédérale fut néanmoins enfoncée par un assaut commandé par Sterling Price. Seulement voilà, les Confédérés manquaient désormais de munitions : tourner l’ennemi éloigne de son propre ravitaillement. Les Confédérés furent donc vaincus le 8 mars par une armée de l’Union moins nombreuse. Après avoir abandonné le Mississippi à l’est, Johnston devait ordonner à Van Dorn d’abonner le pan occidental. Durant cette bataille dite de Pea Ridge, chaque camp avait perdu environ 1 300 hommes.

Représentation de la bataille de Pea Ridge (6-8 mars 1862).

Johnston fut rejoint par Beauregard qui lui insuffla son dynamisme. Johnston rassembla 42 000 hommes à Corinth, un important centre ferroviaire. Il décida d’attaquer les divisions de Grant qui se trouvaient à Pittsburg Landing, non loin de Corinth, avant que celles-ci ne soient renforcées par le gros de l’armée dirigé par Buell. Grant ne s’attendait absolument pas à une attaque confédérée et ne prépara rien en conséquence. William Tecumseh Sherman, à qui on avait enfin redonné une division, ne voulait pas croire à une attaque sur sa position. Il voulait se montrer confiant. Le 6 avril 1862, les Confédérés fondirent sur deux divisions – notamment celle de Sherman – isolées proches de Pittsburg Landing, à Shiloh. De part et d’autre, les hommes étaient inexpérimentés. Une patrouille repéra les Confédérés et mena une lente et bruyante retraite pour alerter les divisions en plein petit déjeuner. Sherman et Prentiss formèrent la ligne. Sherman montra un dynamisme qui permit de tenir le terrain en attendant Grant. Il eut 3 chevaux tués sous lui. C’est à Shiloh que Sherman apprit son métier de commandant. Grant arriva avec le reste des divisions dans la journée. Les cinq divisions de l’Union tinrent contre les six divisions confédérées.

Albert Sidney Johnston (1803-1862), général confédéré.

Johnston se rendit sur le champ de bataille en personne pour encourager ses hommes. Une balle l’atteignit rapidement, sectionnant une artère : il mourut sur le coup. Il était considéré par le président Davis comme son meilleur général. Il fut le plus haut gradé tué dans la guerre de Sécession. Beauregard prit le commandement de l’offensive. Nombreux furent les fuyards des deux côtés. Les deux ailes de l’Union furent repoussées mais le centre de Prentiss tint. Il avait ordre de tenir la position à n’importe quel prix. Cernés par 18 000 Confédérés, les 4 500 Fédéraux de Prentiss ne lâchèrent pas le terrain avant que leurs effectifs aient fondu à 2 200. Les attaques sur ce centre dur furent non coordonnées, permettant à Prentiss de tenir et à Grant d’installer son artillerie.

Vision tactique de la bataille de Shiloh le 6 avril 1862.

Le soir du 6, les 15 000 Fédéraux de Grant reçurent le renfort de 25 000 hommes de Buell mais les combats cessèrent avec la nuit tombante. Beauregard, qui n’avait aucune idée des renforts dont bénéficiait Grant, pouvait lui aligner quelque 25 000 hommes épuisés. Il pensait être en passe de l’emporter. La surprise de la contre-attaque fédérale le lendemain n’en fut que plus complète. Les Fédéraux devaient reprendre le terrain où gisaient les morts et blessés de la veille, ce qui horrifia les hommes. À 14h30, en ce 7 avril, Beauregard sonna la retraite. La bataille de Shiloh, la première d’envergure de la guerre de Sécession et préfigurant bien d’autres, fit 25 000 victimes réparties également entre les deux camps. Le romantisme de la guerre, tout comme sa fugacité, s’envolèrent. Les États, Unis comme Confédérés, plongèrent dans les affres de la guerre totale.

Vision tactique de la bataille de Shiloh le 7 avril 1862.

Le 7 avril, alors que la bataille de Shiloh prenait fin, des Fédéraux dirigés par Pope s’emparèrent de la garnison laissée par les Confédérés à Columbus, capturant 7 000 hommes et 50 canons lourds qui feraient cruellement défaut à la Confédération plus tard. Malgré sa victoire à Shiloh, Grant fut honni dans le Nord : Buell avait largement arrangé la réalité et disait avoir sauvé Grant de la catastrophe à Shiloh. Beauregard, de son côté, parlait de victoire confédérée. Mais les critiques affluèrent rapidement. Sur le front Ouest, on trouvait tous les futurs grands généraux en chef de l’Union : Halleck, Grant, Sherman et Philip Sheridan (alors capitaine) ainsi que d’importants généraux : Buell, Pope, Rosecrans, Thomas, McPherson et Bragg. Halleck, avec plus de 100 000 hommes, vint sur le front et commença à encercler Corinth. Il refusait les combats. Beauregard avait rassemblé 70 000 hommes mais la maladie en tua plus qu’à Shiloh. De ce fait, Beauregard s’extirpa – non sans talent – de Corinth. Une fuite qu’il présenta encore comme une victoire.

Progression sur le théâtre d’opérations de l’ouest (septembre 1861 – avril 1862).

Pendant ce temps, une flottille fédérale descendait le Mississippi, direction Memphis. Le 10 mai 1862, les Confédérés attaquèrent la flottille fédérale. Durant cette bataille navale de Plum Run Bend, les Confédérés eurent largement le dessus grâce aux éperons qu’arboraient leurs navires. L’éperon, qui n’était plus utilisé depuis quelques siècles, faisait ainsi son grand retour avec la révolution du navire à vapeur. Les membres de la famille Ellet se firent, dans l’Union, les chantres de l’usage de l’éperon. Plusieurs Ellet dirigèrent la flottille fédérale qu’ils venaient de doter d’éperons pour égaler les Confédérés. La flottille des Ellet affronta une flotte confédérée venue de Louisiane le 6 juin. Les Confédérés se firent étriller, leur flotte fut anéantie. Grâce à ce succès, les Fédéraux prirent Memphis.

Représentation de la bataille navale de Memphis (6 juin 1862)
David Farragut (1801-1870), contre-amiral en 1862 et premier amiral de l’histoire des Etats-Unis en 1866.

A cette heure la Nouvelle-Orléans, plus grande ville du sud, était elle aussi tombée. Une division de Louisiane avait été envoyée à Shiloh et une flottille à Memphis, laissant la ville peu défendue. Farragut, commandant une flotte fédérale, attaqua la Nouvelle-Orléans, bravant les canons des forts, quelques navires confédérés et des brûlots, du 24 au 29 avril. Une force terrestre prit la ville le 1er mai. La flotte fédérale remonta le Mississippi et prit Bâton Rouge ainsi que Natchez. Puis, la flotte de Farragut et celle des Ellet se retrouvèrent devant le dernier bastion confédéré sur la Mississippi : Vicksburg. Celui-ci était juché en hauteur, de sorte que seule une attaque terrestre pouvait l’enlever. Van Dorn y dirigeait 10 000 hommes. Devant cet indomptable obstacle, les flottes de l’Union durent finalement renoncer fin juillet. Van Dorn tenta de reprendre Bâton Rouge aux Fédéraux le 5 août, en vain.

Earl Van Dorn (1820-1863), général confédéré.

À l’est, McClellan ne faisait rien. À la tête de 150 000 hommes, il refusait d’attaquer Joseph Johnston à Manassas (homonyme de Sidney Johnston, mort à Shiloh à sur le front Ouest), arguant qu’il était retranché derrière de solides fortifications. Johnston avait 45 000 hommes. McClellan les estimait au double. Johnston finit par quitter sa position de lui-même pour se placer plus au sud – ce qui ne manqua pas d’énerver Davis – pour occuper une meilleure position. Ses défenses à Manassas n’étaient en rien solides. Lincoln était exaspéré par son général démocrate. Politiquement, il avait besoin que McClellan soit victorieux. Celui-ci proposait de se rapprocher de Richmond. Lincoln était réticent, il s’inquiétait de la défense de Washington. C’est que Stonewall Jackson venait d’attaquer avec 4 200 Confédérés une division de 9 000 Fédéraux dans le nord de la Virginie. Jackson s’était trompé dans ses estimations, il pensait n’attaquer qu’une arrière-garde, et avait été laminé. Mais son attaque poussa l’Union à s’inquiéter d’une attaque des Confédérés sur Washington. Si Jackson avait attaqué, c’est qu’il avait nécessairement une plus ample force, pensaient-ils. Ce n’était pas le cas.

Lincoln retira à McClellan son titre de général en chef, ne le laissant que général de l’armée du Potomac. Le président se justifia en disant qu’en attaquant, il ne pourrait plus avoir la vision globale. Lincoln lui ôta des divisions pour la défense de Washington. McClellan, avec 55 000 hommes, se porta devant Yorktown. Il y avait là 13 000 Confédérés, retranchés derrière de faibles positions. McClellan n’attaqua pas, estimant la place trop fortement défendue : il préféra préparer un siège et pilonner la ville. Johnston prit en main les défenses de Yorktown et demanda immédiatement à abandonner cette position très désavantageuse. Malgré le véto de Davis et de Lee, Johnston se retira dans la nuit du 3 au 4 mai 1862. En parallèle, une flottille de l’Union tenta de prendre Richmond mais renonça, vaincue par les canons des forts protégeant l’accès à la capitale confédérée, durant la bataille de Drewry’s Bluff le 15 mai. Le Congrès confédéré instaura la loi martiale et la conscription.

Source (texte) :

McPherson, James M. (1991). La guerre de Sécession. Paris : Robert Laffont, 1020p.

Sources (images) :

https://en.wikipedia.org/wiki/Henry_Halleck (général H. Halleck)

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Fort_Henry (bataille du fort Henry + progression jusqu’au fort Donelson)

https://en.wikipedia.org/wiki/Andrew_Hull_Foote (contre-amiral Foote)

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Fort_Donelson (contre-attaque confédérée au fort Donelson)

https://en.wikipedia.org/wiki/John_B._Floyd (général J. B. Floyd)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Pea_Ridge (représentation de la bataille de Pea Ridge)

https://en.wikipedia.org/wiki/Albert_Sidney_Johnston (général A. S. Johnston)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Shiloh (bataille de Shiloh et carte du théâtre Ouest)

https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Farragut (amiral Farragut)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_bataille_de_Memphis (bataille navale de Memphis)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Earl_Van_Dorn (général Earl Van Dorn)

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