Brièvement : la guerre de Cent Ans (1337-1453)

Brièvement : la guerre de Cent Ans (1337-1453)

Si la guerre commence, c’est parce qu’une crise dynastique frappe la France agrémentée des problèmes aquitain, écossais et flamand. Le roi d’Angleterre, Edouard III (de la maison, très française, des Plantagenêts), se trouve également être sujet du roi de France par sa possession du duché de Guyenne (Aquitaine) et doit ainsi prêter serment, ce qu’il rechigne à faire. La France est alliée avec l’Ecosse dans l’unique but de prendre l’Angleterre entre deux feux en cas de guerre. Enfin, le roi d’Angleterre restreint le commerce de la laine, cœur de l’industrie flamande, si bien que la région, sous contrôle français, se tourne vers l’Angleterre.

C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre en 1337. A l’époque, lever une armée est aussi compliqué que coûteux. Les offensives prennent généralement la forme de chevauchées. C’est exactement l’exercice auquel se plie Edouard III en France. En 1340, la flotte française adopte une stratégie d’une profonde stupidité et est vaincue par la flotte anglaise durant la bataille de l’Ecluse le 24 juin. Gardons-nous d’aller trop loin : les flottes de l’époque n’en sont pas vraiment, il s’agit surtout de rassembler le plus grand nombre d’embarcations possible. Mais de fait, la France voit son importance maritime réduite d’entrée de jeu. C’est là une variable importante : les Anglais doivent constamment passer la Manche, l’absence d’opposition française en facilite la traversée qui ne reste périlleuse que par les conditions naturelles.

L’Europe en 1330

Au gré des chevauchées, le territoire français est saccagé. Philippe VI de Valois évite trop souvent le combat et finit par le chercher pour l’honneur. Le 26 août 1346, Philippe VI rattrape Edouard III à Crécy et attaque en large supériorité numérique. Les archers expérimentés anglais, couplés à une incompétence française patente, conduisent Philippe VI au désastre. Ruiné, humilié, le roi est tout de même soutenu par les nobles. Edouard III, lui, prend son temps pour s’emparer de Calais : port essentiel pour le débarquement des prochaines troupes anglaises sur le continent. La peste noire s’installe en Europe de 1347 à 1352, laps de temps durant lequel elle a raison de 25 millions d’âmes, soit 50% de la population européenne. Pourtant, la guerre suit son cours. Philippe VI meurt et laisse place à son fils : Jean II le Bon (qui sera pire). Alors que des chevauchées se préparent encore depuis l’Aquitaine et la Normandie, Jean II décide d’empêcher la concentration des forces anglaises à Poitiers. Le 19 septembre 1356, le roi mène son armée contre celle du Prince Noir, Edouard, fils d’Edouard III. La victoire anglaise est totale et le roi français, chose rare dans l’Histoire de France, est capturé.

La révolte gagne Paris mais est écrasée. Le dauphin Charles redresse le pays pendant que son père, prisonnier en Angleterre, tente de faire des traités de paix délirants avec Edouard III. Le dauphin est enfin sacré Charles V, roi de France. Il met en œuvre la technique dite du sage : faute de moyens pour lever une armée, il laisse les chevauchées anglaises sans réponses et fortifie les villes. Or, une chevauchée ne peut guère mener de sièges contre des villes fortifiées. Dès lors, les chevauchées entreprises par les Anglais se font écho dans l’échec, se ruinent et ne raflent aucun butin. En 1360, une trêve (de Brétigny) est signée. En revanche, la noblesse française se trouve frustrée par le manque de combativité du roi et les paysans désapprouvent de voir leurs champs brûler constamment sans être défendus. Ils payent des taxes précisément pour être protégés ; s’ils ne le sont plus, pourquoi payeraient-ils ? En 1364, la guerre de succession de Bretagne, qui avait commencé en 1341, prend fin à l’avantage des Anglais. Alors qu’une lutte de pouvoir se joue en Castille (Espagne), les Compagnies, des hommes de guerre qui, licenciés en l’absence de combats, désolent et pillent la France, sont employées des deux côtés pour éviter de lever de réelles armées. Véritable combat par successeur légitime de Castille interposé, la guerre s’achève par le triomphe d’Henri, soutenu par la France. Cela n’est pas sans conséquence : la Castille peut fournir une flotte à la France.

Dans les années 1370, Charles V prend pour connétable (sorte de généralissime) l’extrêmement compétent Bertrand du Guesclin. Charles V l’envoie aux quatre coins de la France où il gagne du terrain : Bretagne, Normandie, Aquitaine, Languedoc. Si bien qu’une trêve est signée en 1375. Edouard III et son fils, le prince noir, meurent avant que la guerre ne reprenne. Du Guesclin et Charles V les suivent peu après, en 1380, dans la tombe. La mort de ces quatre hommes plus redoutables les uns que les autres tourne une page. Désormais, les oncles dirigent des deux côtés de la Manche : les rois d’Angleterre et de France, Richard II et Charles VI respectivement, sont mineurs. En France c’est Philippe, duc de Bourgogne, qui possède la réalité du pouvoir, tandis qu’outre-Manche, Henry de Lancastre prend carrément le pouvoir en 1400. Du reste, la guerre civile éclate en France entre Jean Sans Peur, duc de Bourgogne (fils de Philippe) et le parti des princes en 1411 alors que le roi Charles VI tombe dans la folie. Les deux camps vont rapidement faire appel à Henry IV qui aura tôt fait de se laisser convaincre par le plus offrant. En 1413, Henry IV meurt et laisse sa place au très compétent Henry V. Celui-ci débarque en Normandie alors que les Français se sont momentanément réconciliés : ils veulent en découdre, « bouter l’Anglois hors de France ». Les Français provoquent le combat le 25 octobre 1415 à Azincourt. D’une supériorité numérique écrasante, l’armée française est commandée par de profonds et multiples imbéciles : la défaite est totale. Henry V jubile.

Carte de la France vers 1420

La guerre civile reprend avec, au sud, le dauphin Charles VII. Henry V en profite pour assurer l’héritage de son fils. Henry V meurt peu après, en 1422, prématurément. Son frère Bedford assure la régence du jeune Henry VI qui est promis aux couronnes anglaise et française. Bedford n’a pas une tâche facile et les alliances sont fluctuantes entre les Anglais, les ducs de Bourgogne et de Bretagne et Charles VII. Charles est défait à Verneuil et le siège est posé sur Orléans. C’est dans ce contexte qu’apparait un personnage surcoté de ouf : Jeanne d’Arc. Elle ne servira à rien mais Bedford l’utilisera pour justifier son échec devant Orléans (le siège devenait trop couteux). Charles VII est fait roi à Reims puis la Pucelle perd de sa superbe devant Paris qu’elle cherche à prendre avec une force proprement ridicule. Charles VII s’en débarrasse donc et Jeanne d’Arc est brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431. Du reste, les Français ont obtenu une grande victoire à Patay le 18 juin 1429. La guerre devient alors décousue, entre guerres privées et coups de main jusqu’en 1435. Bedford meurt cette même année en plein congrès d’Arras qui rassemble tous les partis. Les Français, laissés seuls par les Anglais, se pardonnent et s’allient. Paris tombe de nouveau dans l’escarcelle française en 1436.

Charles VII réforme l’armée et contre-attaque partout. Une trêve, la dernière, est signée en 1444. La France unifiée de Charles VII est dans une excellente situation militaire et économique alors que l’Angleterre s’enfonce dans des troubles internes des plus graves. En 1449, Charles VII relance les hostilités et mène une guerre éclair en Normandie, notamment par la bataille de Formigny le 15 avril 1450, victoire française décisive. Charles VII enchaine avec l’Aquitaine et prend Bordeaux le 30 juin 1451, mettant fin à 300 ans de domination anglaise. Cependant, le roi doit s’occuper de son fils turbulent au sud-est : Bordeaux est reprise par les Anglais sans combattre. Charles VII, furieux, reconquiert l’Aquitaine et met fin à la guerre de Cent Ans lors de la bataille de Castillon le 17 juillet 1453. Talbot, le chef anglais, était vieux mais surtout littéralement bourré : la victoire fut facile.

Figures historiques principales :

Philippe VI de Valois (1293-1350) : roi de France (1328-1350), premier de la maison Valois.

Edouard III Plantagenêt (1312-1377) : roi d’Angleterre (1327-1377).

Edouard de Woodstock « Prince Noir » (1330-1376) : fils d’Edouard III, prince de Galles.

Jean II le Bon (1319-1364) : roi de France (1350-1364), fils de Philippe VI.

Bertrand du Guesclin (1320 ? – 1380) : connétable de France sous Charles V.

Jeanne d’Arc (1412 ? – 1431) : bergère illuminée.

Henry V de Lancastre (1386-1422) : roi d’Angleterre (1413-1422), second de la dynastie Lancastre.

Bedford (1389-1435) : frère cadet de Henry V, régent (1422-1435) pendant la minorité d’Henry VI.

Jean Sans Peur (1371-1419) : duc de Bourgogne (1404-1419), fils de Philippe le Hardi.

Charles V le Sage (1338-1380) : roi de France (1364-1380), fils de Jean II le Bon.

Charles VII le Bien Servi (1403-1461) : roi de France (1422-1461), fils de Charles VI le Fou.

John Talbot (1384 ? – 1453) : général anglais vaincu à Castillon.

Dates importantes :

1337 : début de la guerre de Cent Ans.

24 juin 1340 : bataille de l’Ecluse, victoire anglaise décisive.

26 août 1346 : bataille de Crécy, victoire anglaise décisive.

19 septembre 1356 : bataille de Poitiers, victoire anglaise décisive.

25 octobre 1415 : bataille d’Azincourt, victoire anglaise décisive.

17 août 1424 : bataille de Verneuil, victoire anglaise décisive.

18 juin 1429 : bataille de Patay, victoire française décisive.

15 avril 1450 : bataille de Formigny, victoire française décisive.

17 juillet 1453 : bataille de Castillon, victoire française décisive, fin de la guerre de Cent Ans.

Source (texte) :

Minois, Georges (2010). La guerre de Cent Ans. Paris : Perrin, 832p.

Résumés affiliés :

Article sur la période 1337-1350
Article sur la période 1350-1380
Article sur la période 1380-1422
Article sur la période 1422-1440
Article sur la période 1440-1453

Sources (images) :

https://www.reddit.com/r/europe/comments/8v1kgi/europe_in_1300/ (l’Europe en 1330)

https://freyr1978.skyrock.com/photo.html?id_article=2906345641&id_article_media=33568491 (carte 1420 environ)

Les commentaires sont clos.