La Seconde Guerre mondiale (partie IX) : Bilan

La Seconde Guerre mondiale (partie IX) : Bilan

Une bombe volante V1 (devant) et une fusée V2 (derrière)

Hitler avait un fantasme pendant toute la fin de la guerre : il était persuadé que les Alliés occidentaux, une fois au contact des Soviétiques, attaqueraient ces derniers. Il pensait ainsi faire une paix séparée avec les Occidentaux pour participer à une poursuite de la guerre contre les Soviétiques avec eux. Obsession décuplée à la mort de Roosevelt juste avant la fin de la guerre. Parmi ses lubies, on peut également citer les Wunderwaffen (littéralement : armes extraordinaires) qui pouvaient, selon le Führer et surtout sa propagande, encore retourner le cours de la guerre. Ces Wunderwaffen sont des bombes volantes (V1) ou des fusées (V2 ou V4) destinées à bombarder l’Angleterre dans un premier temps, puis toutes les grandes villes libérées. La V1 (Vergeltungswaffe eins : littéralement « arme de représailles 1 ») est utilisée à partir du 12 juin 1944. Sa deuxième version, la V2, qui ressemble beaucoup aux premières fusées envoyées dans l’espace, est utilisée à partir du 8 septembre 1944. La V2 sera très peu utilisée, la V4 le sera en seulement quelques exemplaires (personne n’en parle d’ailleurs, sauf moi, deal with it). Les scientifiques qui ont développé ces fusées contribueront plus tard à lancer le programme spatial de la NASA. On peut aussi citer des monstres d’aciers tels que les tanks Maus (souris … Cocasse) dont seuls 2 prototypes sont sortis, Elefant (Eléphant, t’as pas besoin de ma traduction là) qui a participé à la bataille de Koursk avec de très bons résultats (mieux qu’à ton dernier contrôle de maths en tout cas), et bien d’autres.

Faisons ici un point chiffré sur les économies des pays impliqués. Tout d’abord, les Etats-Unis sont les maîtres incontestés de la détention du pétrole car l’Oncle Sam produit à lui seul 60% du pétrole brut soit par exemple en 1939 : 171 000 000 tonnes sur un total mondial de 284 849 000 tonnes. Sachant que les Amériques produisent 77,09% du pétrole (donc avec le Venezuela), il ne reste à l’Europe que 13,46% (du fait de l’URSS principalement). Cette ressource vitale est ainsi un problème constant des puissances de l’Axe. L’Allemagne compense jusqu’à hauteur de 40% (pic de 1943) de son utilisation d’or noir par la production frénétique de pétrole synthétique.

Les Etats-Unis méritent leur place de première puissance économique à plus d’un titre. Au-delà du pétrole, les USA produisent, pendant la guerre, pas moins de 2 382 311 camions et véhicules légers, soit 62,5% de la production totale pendant la guerre ; 72 538 half-tracks (43,5% de la production mondiale) ; 88 610 chars et canons d’assaut (32,4% du total) et 257 390 pièces d’artillerie, DCA ou canons anti-chars (23,9%). En ajoutant à ces chiffres ceux du Royaume-Uni (qui produit notamment 57 000 half-tracks soit 34,2% du total) et de l’URSS (qui produit notamment 105 251 chars et canons d’assaut, soit 38,4% du total ainsi que 516 648 pièces d’artillerie, DCA et canons anti-chars, soit 47,9% du total), on comprend rapidement que les puissances de l’Axe ne font pas le poids. Des camions et véhicules légers, 9,1% sont produits par le IIIe Reich, 5% par le Japon et 2,2% par l’Italie. Des half-tracks, 22,2% sont produits par l’Allemagne, 0,1% par le Japon et aucun par l’Italie. En ce qui concerne les chars et canons d’assaut, 17,1% proviennent des usines du Reich, 1% de celles du Japon et 0,9% de celles d’Italie. Les pièces d’artillerie, de DCA et de canons anti-chars n’affichent pas de meilleurs scores : 14,7% par l’Allemagne, 1,2% par le Japon et 0,7% par l’Italie. Ainsi, les Etats-Unis produisent à eux seuls plus que toutes les puissances de l’Axe réunies dans tous ces domaines d’armement. Mais quand est-il des munitions ? Le résultat est sans appel : les USA produisent 4 millions de tonnes de munitions, soit une dépense de 107,5 milliards de dollars (soit 36,38% des dépenses mondiales dans le domaine) quand l’Allemagne, comme l’URSS d’ailleurs, dépense 63 milliards de dollars (21,32%). Le Japon atteint péniblement 18,5 milliards de dollars (6,26%). De ce constat un fait : durant l’opération Bagration en 1944, les Allemands du groupe d’armées centre peuvent tirer 70 000 coups, les Soviétiques 1 million.

Côté aviation, les USA produisent 328 373 avions (la production étant multipliée par 27 de 1938 à 1944 !), le Reich en produit 194 542 (production multipliée par 7,6), l’URSS 162 728 (x7), le Royaume-Uni (RU) 134 386 (x9), le Japon 79 521 (x8,8) et l’Italie loin derrière avec 11 122. Les débats sont également menés sans partage par les Etats-Unis sur les océans : les chantiers navals américains produisent 141 porte-avions (!) sur un total de 171 (14 RU et 16 Japon) ; 8 cuirassés sur 20 (RU : 5) ; 48 croiseurs sur 97 (RU : 32) ; 349 destroyers sur 700 (RU : 240) et 498 des 911 escorteurs (RU : 413, soit le reste). En revanche, le Reich produit 1 156 sous-marins (U-Boot) sur 1 773, écrasant la production américaine de « seulement » 203. Remarquons cependant que le Silent Service (sous-marins) américain joue un rôle largement sous-estimé dans cette guerre et montre une efficacité impressionnante. Cette supériorité maritime américaine n’était pourtant pas acquise : en 1939, l’US Navy possède 348 bâtiments soit 20,45% du total mondial quand la Royal Navy (RU) en possède 310 (18,21%), la RKKF (soviétique) 286 (16,8%), la Regia Marina (Italie) 246 (14,45%) et la Nippon Kaigun (Japon) 236 (13,87%). La Kriegsmarine se classe en bonne dernière avec 103 navires (6,06%), derrière la Marine Nationale (France), forte de 173 navires (10,16%). A l’entrée en guerre en 1941, l’US Navy possède 345 navires dont 8 porte-avions. En 1945, ces chiffres se montent à 1 164 bâtiments et 99 porte-avions.

Dresde en février 1945

L’Allemagne, alors qu’elle luttait pour sortir toujours plus d’équipements (le plus haut niveau de production de matériel est enregistré en septembre 1944, soit à la toute fin de la guerre), était massivement bombardée par les Alliés. Ces bombardements, surtout anglo-saxons, dévastèrent toutes les grandes villes : Hambourg dont les raids entre le 24 et le 30 juillet 1943 détruisirent 80% des bâtiments ou encore le bombardement de Dresde le 14 février 1945 qui dévasta 90% des immeubles et même Berlin qui résista mieux aux bombardements mais ne fit pas exception, fauchant vies comme bâtiments mais dans une moindre proportion. Pourtant les vraies cibles prioritaires étaient les zones industrielles : pour ne donner qu’un exemple, de mars à septembre 1944, la production de pétrole synthétique mensuelle, vitale pour les armées du Reich, chuta de 316 000 tonnes à 17 000. Pour en comprendre l’ampleur, le Royaume Uni lâche 13 033 tonnes de bombes sur l’Allemagne en 1940 alors que le RU et les USA (pour 58% et 42% respectivement) lâchent 904 105 tonnes de bombes sur le Reich en 1944 ! L’Allemagne, durant la guerre, reçoit 51,1% des bombardements alliés d’Europe sur son territoire même ! Pourtant cette campagne de bombardement est un échec : le moral du peuple allemand n’est pas brisé, pas plus que la capacité industrielle allemande (de manière générale) et les pertes* alliées sont extrêmement lourdes. Le RU perd, dans ces bombardements, 10 045 chasseurs, 11 965 bombardiers et 79 281 pilotes, tandis que les Etats-Unis y laissent 8 420 chasseurs, 9 949 bombardiers et 79 265 pilotes !

*Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.

Je n’ai pas abordé la bataille de l’Atlantique pour ne pas rallonger un résumé qui s’étale déjà assez (notamment grâce à mes parenthèses prolixes … Oups, pardon). Ce qu’on peut rapidement en dire, c’est que les U-Boots (Unterseeboot : bateau sous la mer) allemands réussissent à détruire bien des ravitaillements et à isoler le RU de 1940 à 1942. A partir de 1943, les convois Alliés comptent des escortes militaires et l’utilisation massive des sonars met à mal les U-Boots dont l’importance devient peu à peu négligeable. L’Allemagne perd cette bataille de l’Atlantique. Il est important de rappeler ici que Dönitz exigeait 300 U-Boots pour mettre à genoux le RU. Ces effectifs, il ne les aura qu’en 1943, c’est-à-dire trop tard. S’il avait effectivement disposé de 300 U-Boots plus tôt, ses desseins auraient pu se réaliser. La bataille de l’Atlantique fut une réelle menace pour le RU et un réel tracas pour Churchill. En 1941 et surtout en 1942, les sous-marins allemands furent proches d’asphyxier les Britanniques. Cette réussite initiale s’explique largement par une donnée essentielle de la Seconde Guerre mondiale : le codage.

La machine Enigma

La guerre des ondes fut essentielle mais il est difficile de la dire décisive. Commençons par ce qui est le plus connu : Enigma, le système de codage allemand. Les services de décryptage alliés, respectivement Ultra (Anglais) et Magic (US) furent de première importance. Ils déchiffrèrent Enigma, ce qui leur donna de précieuses informations relatives aux opérations de la Wehrmacht. Dans le Pacifique, les clés JN 25b et Purple japonaises, respectivement pour la marine et la diplomatie, étaient déchiffrées avant même le début de la guerre. Pourtant, les Alliés eurent bien du mal à déchiffrer la clé Shark de la marine allemande et ne parvinrent pas à déchiffrer celles de la Luftwaffe ou de la Gestapo. De leur côté, les Allemands du B-Dienst déchiffrèrent sans problème les codes de la marine alliée des codes N°1 au N°3, c’est-à-dire jusqu’en 1943. La guerre de l’Atlantique est globalement perdue par les U-Boots de la Kriegsmarine à partir de 1944, coïncidence ? Non. Pourtant, même avec les codes déchiffrés, les Alliés connaissent des revers. Pourquoi ? Pour Pearl Harbor, les Japonais instaurent un silence radio rigoureux ; pour l’offensive des Ardennes, les Alliés refusent de croire que les Allemands ne sont pas à bout de souffle. Le décryptage n’est pas parfait et ceux qui reçoivent les informations ne sont pas toujours prêts à les entendre. S’ils ne sont pas infaillibles, les services de décryptage permettent néanmoins de récolter de précieuses informations.

Les services de renseignements ne sont pas toujours exacts : les Allemands pensaient que l’URSS possédait 10 000 tanks en juin 1941, la réalité est tout autre, ils en avaient 24 000. Hitler l’a lui-même admis, s’il avait eu la bonne information, il aurait hésité à attaquer. Ce fourvoiement sur les effectifs soviétiques ne sera pas le seul de la guerre. Pour en donner un second exemple criant : les renseignements allemands estiment à 180 le nombre de divisions soviétiques en juin 1941, ils réévalueront cette estimation fin décembre de la même année avec, cette fois, un chiffre plus correct : 580 divisions. Sachant qu’une division soviétique comporte 14 000 hommes, l’écart est de 5,6 millions d’hommes ! L’espionnage joue également un rôle dans cette guerre. Chaque camp avait ses espions. L’Allemagne faisait un peu trop confiance à des espions qui jouaient double jeu. On peut citer le plus incroyable d’entre eux : Juan Pujol Garcià. Espagnol comme l’indique son nom, cet homme offre ses services à l’ambassade britannique et essuie un refus. Il devient alors espion pour le compte des Allemands mais invente tout un réseau d’espions en Angleterre avec chacun une histoire différente. Hitler y croit dur comme fer. Grâce à Garcià, dont l’œuvre se joint avec celle de l’opération Fortitude (débarquement au Pas-de-Calais), Hitler pensera longtemps qu’un débarquement surviendrait plus au nord, même après celui de Normandie.

Un mot sur la résistance en Europe avant d’aborder un sujet que de Gaulle ne saurait supporter : la collaboration française (« Le général de Gaulle n’a-t-il pas dit que toute la France avait été résistante ? » dirait immédiatement le plus grand des espions, spécialiste du monde arabo-musulman (« Arabo ? ») et reporter de talent : OSS117). Des mouvements de résistance, il y en a eu partout en Europe (les nazis n’ont donc pas convaincu ? Quelle surprise !) avec plus ou moins de tonus. Les plus virulents sont, comme déjà évoqué, les Yougoslaves et les Polonais, avec de véritables armées partisanes derrière les lignes allemandes. En parlant de partisans (association d’idée oblige) : les partisans soviétiques lors de l’invasion de l’URSS furent à l’origine de quelques déboires pour la Wehrmacht. Parmi les peuples résistants à l’occupant, on peut citer les Grecs, les Néerlandais, les Français (bien entendu) : en fait, tous les pays envahis. Les résistants ont pourtant été d’une utilité tout à fait marginale au cours de la guerre. N’en déplaise aux historix (footix en histoire ?) les plus convaincants, l’Europe est restée largement docile à cause de la terreur des représailles que promettait quelle qu’action que ce soit à l’encontre de l’occupant allemand. La majorité des actions de sabotages, aussi courageuses fussent-elles, furent insignifiantes (déso les cheminots). Bien plus dommageables pour le Reich furent les bombardements et les organisations de décodages alliés. Il me faut toutefois parler de Jean Moulin, grand résistant, parachuté en France pour unir les mouvements de résistance. Il est capturé et torturé par Klaus Barbie. Moulin ne lâchera aucune info (de la part du tiécar que je n’ai jamais connu : respect). Il meurt sous la torture le 8 juillet 1943.

La rafle du vel d’Hiv (juillet 1943)

La collaboration fut factuelle dans tous les pays mais significative en France. Dès l’armistice, Pétain veut traiter avec Hitler d’égal à égal (mais bien sûr mon pote ! Crois en tes rêves garçon), ce ne sera jamais le cas. Aidé du détestable Pierre Laval, Pétain va tout donner au Führer. L’économie française ne tourne que pour le Reich, envoyant massivement des matières premières, du matériel et des hommes : qu’ils soient voués au travail ou aux folies idéologiques les plus infâmes. Les premiers sont d’abord échangés contre des prisonniers puis envoyés de force en Allemagne pour travailler, c’est le STO (Service de Travail Obligatoire). Les seconds, moins chanceux, sont naturellement les Juifs. Le fait le plus marquant étant la célèbre rafle du Vel d’hiv les 16 et 17 juillet 1942 où 13 152 Juifs sont arrêtés à Paris et déportés (dont plus de 4 000 enfants). On donne par ailleurs plus aux Allemands qu’ils ne nous en demandent pendant la collaboration, dans tous les domaines. On dira merci à Pierre Laval, un homme si pitoyable qu’il a même raté sa mort (réanimé alors qu’il avait pris une capsule de cyanure, pour mieux mourir au peloton d’exécution (cheh)). Ainsi, le PIB français est ponctionné à hauteur de 19,5% en 1940, 36,8% en 1941, 36,9% en 1942, 55,5% en 1943 et 27,9% en 1944. Par ailleurs, le IIIe Reich fonctionne grâce à une main-d’œuvre étrangère impressionnante : 5 976 673 personnes (33,3% de femmes). Les trois plus gros pourvoyeurs sont à 36,4% l’URSS (2 174 644 personnes dont 51,1% de femmes), à 28,6% la Pologne (1 701 412 personnes dont 34,4% de femmes) et à 10,8% la France (646 421 personnes dont 6,6% de femmes).

« Le travail rend libre » entrée d’Auschwitz

Toujours dans un registre de bonheur, de sympathie et d’humanité : Auschwitz. La Shoah n’est pas le cœur du sujet que je voulais aborder mais il est important d’en toucher un mot. Quel que soit le camp de concentration, les prisonniers (Juifs mais aussi handicapés, homosexuels et Tziganes par exemple) travaillent dans des conditions effroyables. Pour en tirer une utilité, les Nazis les obligent à construire des trucs un minimum utile, c’est ce qu’on appelle l’industrialisation des camps. Ils sont traités comme des animaux et ce dès le transport en train (de bétail, pas en 1ère classe) et le traumatisme est de mise (puissance infinie + 1). Après Wannsee, les camps de la mort font leur sympathique apparition. Ils sont par ailleurs, à l’exception d’un en URSS et un en Yougoslavie, tous regroupés en Pologne. Le pire d’entre eux est bien sûr Auschwitz II-Birkenau. Les « détenus », même si le mot est faible, sont divisés en deux groupes dès l’arrivée : ceux qui sont destinés à travailler avant de mourir et ceux qui sont trop faibles et doivent mourir immédiatement (grosse ambiance). Ces derniers, déshabillés et dépouillés de leurs biens, sont rassemblés sous les « douches » qui crachent un gaz mortel. Tout est récupéré, jusqu’aux couronnes dentaires. Mengele, un médecin dont les impulsions humanistes que requièrent la profession sont mortes depuis longtemps si elles ont jamais existé, fait des prisonniers ses cobayes pour des expériences garanties avec danger. A Auschwitz, 1,1 million de personnes perdent la vie (au moins !) sur les 1,3 million qui y sont passées. Pour dresser un rapide tableau de la Shoah (« Catastrophe » en hébreu), des 11,5 millions de juifs européens, environ 6 millions sont morts. Concernant ces malheureux, 1 620 000 sont assassinés dans des chambres à gaz par du monoxyde de carbone ; 1 050 000 le sont sous des « douches » crachant du Zyklon B, un autre gaz mortel (ce sont également des chambres à gaz) ; 1 000 000 périssent du fait de la Shoah par balle en URSS ; 750 000 de faim, de maladie, d’esclavage dans les camps de concentration ; 700 000 par des camions mobiles à gaz ; 500 000 de faim, de maladie, de froid dans les ghettos et 100 000 durant les marches de la mort.

Pour clore la Seconde Guerre mondiale proprement (« on n’est pas au Viêt-Nam, il y a des règles ! »), il me faut aborder la conférence de Potsdam (17 juillet – 2 août 1945). Staline, Truman et Churchill puis Clement Atlee lorsque ce dernier n’est pas réélu Premier Ministre (quelle ingratitude envers un tel homme) se rassemblent en Allemagne. Les « 6 D » sont décidés (pour des raisons évidentes de bon sens) : démilitarisation, dénazification (je sais, celle-ci peut étonner), démocratie, décentralisation, décartellisation et désindustrialisation. Il y est également décidé le partage en 4 zones d’occupation de l’Allemagne ET de l’Autriche ainsi que leur capitale respective (je tiens à rappeler que l’Autriche a connu le même sort, ce qui est moins connu). Ces quatre zones sont tenues par les quatre grands vainqueurs indiscutables en Europe à commencer par la France bien sûr (notre légitimité est si bancale), mais aussi le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’URSS (par ordre croissant des efforts de guerre). Des grandes décisions, il est aussi à rappeler que les criminels de guerre comparaitront devant un tribunal international : ce sont les procès de Nuremberg. Pourtant de nombreux scientifiques sont dispensés de jugement car estimés trop utiles aux intérêts tant américains que soviétiques. Pour ne prendre qu’un exemple : Wernher von Braun, brillant scientifique ayant mis au point les V2, va donner une sérieuse impulsion à la NASA en dirigeant son programme Apollo. Même topo pour le Japon : les tribunaux d’Asie sont encore plus biaisés. Les futurs Deux Grands (USA et URSS) s’arrachent les scientifiques japonais travaillants sur des programmes militaires chimiques et bactériologiques (dont les armes biologiques). En Asie, les jugements se font également au gré des guerres. Pour ne prendre qu’un exemple : la Chine tombe dans une guerre civile de 1945 à 1949 et montre donc quelque mauvaise volonté à juger des officier japonais expérimentés qui les aident (du côté communiste de Mao comme du côté nationaliste de Tchiang).

La Seconde Guerre mondiale, par ailleurs, a des conséquences multiples : guerres civiles (Chine, Birmanie, Inde, Philippines, Grèce …), guerres coloniales d’indépendance (Indonésie, Indochine, Algérie, Laos (après celle d’Indochine) …) ou encore les guerres israélo-arabes, mais surtout la guerre froide (qui engendre d’autres guerres telles que celles de Corée du Vietnam ou d’Afghanistan). Si la Première Guerre mondiale provoque la Seconde, cette dernière provoque toutes les autres.

L’heure est au bilan. Pour cette guerre, l’Allemagne mobilise 18,1 millions d’hommes (soit 42% de la population masculine) ; l’Italie mobilise 9,1 millions (soit 41,5% des hommes) ; L’URSS 34,476 millions (35%) ; le Japon 9,1 millions (25,5%) ; les USA 16,354 millions (24,7%) ; le Royaume-Uni 5,896 millions (24,4%). Au total, ce sont 127 171 000 de personnes qui sont mobilisées (dont 4% de femmes) sur une population mondiale de 2,2 milliards d’êtres humains (chiffre de 1939). Un homme sur neuf est mobilisé dont 40,480 millions le sont par les forces de l’Axe (31,83%) et 86,691 millions le sont par les Alliés (68,17%).

Je ne recenserai pas le nombre de morts de tous les pays ayant participé, seulement les principaux. Militairement, les USA déplorent 418 500 morts dont les ¾ tombent en Europe, le Royaume-Uni est au même stade avec 439 300 morts. La France a perdu plus de 200 000 militaires. Les morts français se montent à 523 369 avec les civils. Toutes pertes confondues, rappelons que les civils représentent plus de la moitié des victimes, ainsi les chiffres totaux les plus élevés sont ceux de la Pologne (en proportion de population) : 6,540 millions de morts (soit 18,77% de la population) ; du Reich : 8,667 millions de morts ; de la Chine : 15 millions de morts au moins et de l’URSS : 27,917 millions (!) de morts (dont environ 12 millions de militaires). Les pertes japonaises sont, elles, plus basses avec « seulement » 3,366 millions de morts. Au total, la guerre a fait quelques 75 millions de morts, dont 40 millions en Europe. Les chiffres sont si démesurés qu’ils varient beaucoup en fonction des sources (ils peuvent varier de plusieurs millions). Les bilans récents font état de 75-80 millions de morts alors que le bilan « classique » est de 40-50 millions (on passe du simple au double). 6 millions de Juifs sont morts. 6 millions de morts en Asie sont imputables aux crimes de guerre Japonais (pour les pires perpétrés par l’unité 731). Avec le bilan récent de 75 421 000 morts, cela représente 3,5% de la population mondiale de 1940. Aujourd’hui, proportionnellement, cela représenterait 200 millions de morts. Après ce désastre tout est à reconstruire mais une lueur d’espoir réside dans la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 24 octobre 1945, dont les contours sont définis avec la Charte de l’Atlantique le 14 août 1941 et la Déclaration des Nations Unies le 1er janvier 1942. Cette lueur est rapidement étouffée car le monde plonge déjà dans la guerre froide.

Sources (texte) :

Keegan, John (2009). La Deuxième Guerre mondiale. Paris : Perrin, 817p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1941-1943. Paris : Tallandier, 448p.

Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1943-1945. Paris : Tallandier, 576p.

Bernard, Nicolas (2016). La Guerre du Pacifique, 1941-1945. Paris : Tallandier, 816p.

Lopez, Jean ; Wieviorka, Olivier (2015). Les mythes de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 350p.

Lopez, Jean ; Aubin, Nicolas ; Bernard, Vincent (2018). Infographie de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 192p.

http://fr.fallen.io/ww2/ (vidéo sur le bilan humain WWII)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale

Sources (images) :

https://www.landmarkscout.com/historisch-technisches-museum-peenemunde-germany/ (V1 et V2)

https://www.mdr.de/sachsen/dresden1052_v-variantBig16x9_zc-3e8b21fb.jpg?version=21111 (Dresde)

https://en.wikipedia.org/wiki/Enigma_machine (énigma)

https://arunwithaview.wordpress.com/2012/07/16/rafle-du-vel-dhiv/ (rafle Vel d’Hiv)

http://auschwitz-2012.blogspot.com/2012/01/auschwitz-1-arbeit-macht-frei.html (Auschwitz)

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