La Seconde Guerre mondiale (partie VIII) : 1945
1945- La fin explosive d’une épopée cauchemardesque
Rappel : L’Allemagne est sur sa fin. Elle ne peut plus rien contre ses adversaires. A l’est, elle est écrasée par une progression soviétique implacable. A l’ouest, elle perd la France à la suite du débarquement de Normandie et ne peut résister aux Alliés malgré un dernier sursaut en décembre 44. La supériorité aérienne Alliée est indiscutable et le Reich est sous les bombes. Dans le Pacifique, les Japonais voient leur puissance maritime et aérienne définitivement anéantie et les Philippines, ultime étape avant le Japon, sont attaquées.
L’année 1945 commence ainsi sur les deux fronts à la frontière allemande (#sandwich dans les commentaires). Il faudra pourtant encore plus de quatre mois de combats pour en venir à bout. Dans le Pacifique, cette année s’ouvre sur l’idée d’une invasion de l’île du Japon (opération Downfall). En 1945, l’URSS atomise (c’est une métaphore) l’Allemagne et les US atomisent (ce n’est pas une métaphore) le Japon.
Pour bien comprendre la situation de l’Allemagne à l’ouverture de l’année 1945, regardons les rapports de forces. A l’ouest, un Allemand fait face à 5,7 Alliés (420 000 contre 2 420 000), équipé d’un char pour 6,5 (1 832 contre 12 000) et d’un avion pour 9,7 (1 900 contre 18 500). A l’est, un Allemand fait face à 2 Soviétiques (1 950 000 contre 4 000 000), équipé d’un char pour 2,4 (4 091 contre 10 000) et d’un avion pour 4,3 (1 875 contre 8 000). Du déroulement de la guerre, on comprend mieux que c’est largement l’URSS qui a vaincu l’Allemagne nazie en Europe et l’année 1945 va le confirmer.
A l’est, les Soviétiques ont eu le temps de se reposer (bon c’est pas les vacances à St Trop’ non plus) de leur extraordinaire progression de l’été précédent. Budapest tombe le 13 février après des combats de rue acharnés. Hitler ordonne alors une contre-attaque en mars (quelqu’un lui dit qu’il faut stopper les frais ?). Celle-ci obtient des succès pendant dix jours (impressionnante performance) avant d’être repoussée. Ces succès sont obtenus notamment grâce à la 6ème armée Panzer SS, une des rares armées allemandes encore efficaces. Ces succès montrent, sur le front est comme ouest, les derniers sursauts étonnants d’un empire en ruine. Guderian, excellent Generalfeldmarschall allemand en charge du front de l’est, s’agace de ces efforts faits pour combattre vers Budapest alors même que ces troupes auraient pu être utilisées contre l’opération Vistule-Oder (dirigée vers Berlin, s’agirait de revoir les priorités, Hitler). Cette dernière est une nouvelle opération d’envergure que les Allemands ne sont absolument pas en mesure de contenir. 900 000 soldats, appuyés par 80 000 Volkssturm (des unités mal équipées, mal entrainées, c’est simplement de la population envoyée au front), 1 664 tanks et 3 225 canons (1 816 de campagne, 793 antichars et 616 d’assaut) des groupes d’armées centre et A défendent le front allemand. En face, a shitload of men comme d’hab : 2,25 millions, mais aussi 6 500 tanks, 32 000 canons lourds et 4 500 avions soviétiques dirigés par les excellents Koniev et Joukov (s’étonne-t-on encore ? Plus vraiment hein !). Et ce ne sont là que les effectifs affectés à l’offensive de la Vistule-Oder. 1,7 million de soviétiques sont affectés à des objectifs secondaires au nord et au sud (donc encore 4 millions d’hommes que l’URSS sort de son cul alors qu’on est en 1945, on reviendra sur les pertes soviétiques titanesques).
Débutée le 12 janvier, l’opération Vistule-Oder emporte tout sur son passage (elle part simplement de la Vistule en Pologne et va jusqu’à l’Oder en Allemagne). En 23 jours, les Soviétiques avancent de 400 km. Varsovie est prise le 18 janvier, Cracovie et Lodz le 19. Le 27 janvier, le camp d’Auschwitz II-Birkenau est libéré. Les Soviétiques ne s’arrêtent que pour attendre la logistique (« Yuri ptn on a encore avancé plus vite que les camions alors qu’on est à pied et qu’on fait la guerre ! Merde ! »). Sur la partie nord du front, quelques poches sont formées et les Soviétiques ont bien du mal à les réduire à néant (récalcitrants les Germains). Notamment en Prusse orientale avec Königsberg. Les armées allemandes, de plus en plus composées de Volkssturm et des Hitlerjugend, les jeunesses hitlériennes (donc les vieux et les jeunes fanatisés) connaissent bien le terrain et mènent la vie dure aux Soviétiques (« Chef, y a Gunther, 12 ans, qui a encore détruit deux armées ! »). Depuis le sud et le nord, les Allemands harcèlent les flancs soviétiques. Ces derniers sécurisent les flancs au prix de lourdes pertes. La garnison de Königsberg se rend le 9 avril. Vienne tombe le 13 avril. Nous sommes à la mi-avril, les Soviétiques se préparent à fondre sur Berlin, l’ultime objectif. Staline veut absolument prendre la capitale avant les Américains (certainement un pari entre eux, rien à voir avec l’influence et la politique, ni la récup du matériel industriel bien sûr !). Les Américains se contentent de bombarder des villes allemandes, à l’instar de Dresde, détruite à 90% (ça fait beaucoup) du 13 au 15 février.
Par le fait de la propagande allemande et d’une réalité factuelle, le peuple Allemand fuit désormais massivement vers l’ouest pour échapper à tout prix aux Soviétiques qui sont vus comme des animaux. Les Allemands craignent pour leur vie à raison : les Soviétiques se vengent en Allemagne des maltraitances qu’ont fait subir les Allemands aux Soviétiques (pas un pour rattraper l’autre, de grands enfants !). Une revanche qui se fait au détriment d’innocents civils principalement.
Début février 1945 se tient la conférence de Yalta en Crimée avec F.D. Roosevelt, J. Staline et W. Churchill. On remarquera avec une grande peine qu’il manque un bon C. de Gaulle à l’appel (il manque du coup aussi du charisme à Yalta). Cette conférence a pour but de discuter de l’organisation de l’Europe d’après-guerre. Staline place ses pions, Roosevelt ne s’y oppose pas réellement car sa santé est fragile, Churchill ne se laisse pas faire (« on lance le dé pour savoir qui prend l’Autriche ? »).
A l’ouest, l’offensive des Ardennes tourne en la défaveur des Allemands dès les premiers jours de janvier. La météo permet de nouveau à la supériorité aérienne alliée de peser dans la balance et les contre-attaques ramènent les Allemands à leur point de départ le 15 janvier. Les Alliés rentrent en territoire allemand en franchissant le Rhin. En mars 1945, les derniers éléments de la Ligne Siegfried tombent. Les Britanniques attaquent vers Hambourg, les franco-américains prennent le sud de l’Allemagne, entrant dans Munich, et enfin passent en Tchécoslovaquie. Les Alliés font la jonction des deux fronts (est et ouest) à Torgau sur l’Elbe le 25 avril 1945 (« Dimitri, c’est John ! »). Franklin Delano Roosevelt, président américain depuis 1933, ne verra ni la jonction ni la chute de Berlin et la fin de la guerre : il expire le 12 avril 1945 (rt si t trist).
Dans le Pacifique, les Américains débarquent dans le nord de l’île de Luçon de décembre 1944 à janvier 1945. Les attaques kamikazes s’arrêtent le 15 janvier : les Japonais n’ont plus d’appareils à sacrifier. Malgré des diversions de MacArthur pour feindre un débarquement dans le sud de l’île, Yamashita n’est pas dupe et prépare de solides défenses au nord. Le général japonais ne défendra pas les plages : les Nippons ont compris que défendre les plages revenait à se faire écraser par l’artillerie navale américaine. Les Japonais attendent donc juste hors de portée des batteries navales et installent une solide défense (technique déjà utilisée dans la défense de l’île de Peleliu). Yamashita a inutilement perdu 50 000 hommes dans la défense de Leyte, ces hommes vont manquer. Il lui reste néanmoins 260 000 hommes. MacArthur comptait sur une victoire éclair et éclatante pour son retour aux Philippines : il aura droit à une terrible guerre d’attrition. Paradoxe, le mauvais matériel de Yamashita l’avantage : les radios sont défectueuses, or c’est au signal des radios que les renseignements américains estiment les effectifs de l’adversaire. De ce fait, MacArthur croit attaquer 150 000 hommes et non 260 000. Après moult efforts, les Américains parviennent enfin à isoler Manille, la capitale des Philippines, le 9 février. Or, ce ne sont pas là les hommes de Yamashita qui défendent la capitale. Le général japonais avait de longue date prévu d’abandonner la capitale pour laisser aux Américains le soin de s’occuper du million d’âmes qui l’habitent : il voulait éventuellement créer une crise logistique et alimentaire chez son adversaire. Contrairement à ce que dit une croyance populaire, Yamashita n’en a pas pour autant déclaré Manille « ville ouverte », et pour cause, il n’avait pas encore évacué tous les stocks qu’il voulait récupérer. Néanmoins, Yamashita ne défend pas la ville. Alors qui se voit encerclé dans Manille ? La rivalité entre la Marine et l’armée de terre se fait ici encore sentir. Le contre-amiral Iwabuchi Sanji*, de la Marine, n’a pas à obéir aux ordres du général de l’armée de terre. Et si ce dernier ne compte pas défendre Manille, alors le contre-amiral se donne un point d’honneur à le faire.
*A noter qu’en japonais, le nom vient avant le prénom, usage que je me propose de respecter ici.
Manille est une ville fortifiée disposant d’arsenaux et d’un port. La capitale offre une parfaite place forte et est facilement défendable. Iwabuchi, disposant de 20 000 hommes, va tenir la ville jusqu’à la fin. Les Américains sont ici contraints à l’un des rares combats urbains qu’ils devront affronter. Semblable à Stalingrad, Manille sera une boucherie inutile. Pour ne rien arranger, MacArthur, qui sous-estime les défenseurs japonais, renâcle à détruire la ville. Il interdit de ce fait l’artillerie lourde et, à plus forte raison, le bombardement aérien. Les Américains ne peuvent donc user de la combinaison interarmes qui est pourtant le principe tactique qu’ils appliquent systématiquement. MacArthur, après quelques jours, autorisera finalement l’artillerie lourde à tonner. Le 3 mars, la ville tombe et n’est plus qu’un champ de ruine. Un millier d’hommes sont morts pour prendre Manille, ce à quoi s’ajoutent 5 500 blessés et 100 000 Philippins morts. Pour la seule défense de Luçon, 256 000 Japonais sont morts, tout comme 10 000 Américains (ainsi que 36 000 blessés et 86 000 malades). Yamashita n’est toujours pas vaincu et ne le sera jamais. Il se retire dans les montagnes et résistera jusqu’à la capitulation. MacArthur pourtant, continue son chemin. Les Philippines sont dévastées.
En Birmanie, l’objectif principal est de reprendre la route de Birmanie qui permettrait un ravitaillement bien plus aisé de la Chine. Les Britanniques ont hésité. Les victoires de Slim redonnent du crédit à l’empire britannique en Asie mais faut-il continuer en Birmanie, à présent reconnu comme un théâtre d’opération secondaire, ou participer à la grande chevauchée océanique américaine ? La seconde option parait plus attirante. Un seul homme s’y oppose : Churchill. Or, en tant que Premier Ministre et homme au charisme délirant, il obtient gain de cause. Churchill ne veut pas que le rôle des Britanniques se limite à être les auxiliaires de l’US Navy ! Il estime que c’est en Birmanie et à Singapour, lieu des humiliations de 1942, que l’empire pourra reprendre des couleurs. La 14ème armée de Slim (britanniques), la force Y (chinois) et les Américains dirigés par le général Sultan affronteront les Japonais, sous la férule de l’excellent Kimura Hyôtarô. Mais tout comme Yamashita, que peuvent encore les excellents généraux japonais dans cette guerre ? Les Japonais manquent de tout et n’alignent que 160 000 hommes.
L’offensive commence en janvier. Le 28, la route de Birmanie est récupérée par les Alliés. La Chine n’a plus à être ravitaillée uniquement par les airs. Lashio tombe le 6 mars, ce qui handicape gravement le dispositif défensif japonais en son centre. Mandalay est la prochaine cible, ensuite viendra Rangoon. Slim et ses 260 000 Britanniques, espèrent bien vaincre Kimura dans la plaine devant Mandalay. Ce dernier n’est pas dupe et compte seulement verrouiller l’accès de Mandalay. Slim a sous-estimé son adversaire, mais Kimura également. Le général britannique possède l’avantage inestimable d’avoir de bons services de renseignements. Slim change ses plans au dernier moment et, simulant une attaque sur Mandalay, dirige le gros de ses troupes sur Meitkila, une ville bien plus au sud. De la sorte, il prend son adversaire à revers. Meitkila tombe le 28 février, condamnant Mandalay qui tombe le 20 mars. Néanmoins, les pertes* s’élèvent à 10 500 hommes pour cette offensive. Rangoon est le prochain objectif mais plusieurs obstacles se dressent sur le chemin. D’abord, les Américains se retirent de Birmanie pour mieux combattre en Chine où le front ne cesse de reculer : cela oblige les Britanniques à occuper plus de front, au détriment de la force de frappe prévue pour la prise de Rangoon. Ensuite, il faut aux Britanniques un soutien aérien que les Américains assurent. Churchill devra supplier pour que des avions soient prêtés sur une période allongée : jusqu’au 1er juin. Slim, enfin, doit prendre garde à la mousson qui mettrait un coup d’arrêt à l’offensive. La mousson arrive généralement vers juin. Or cette année, elle a deux semaines d’avance : l’offensive est enrayée. Slim est prévoyant, il a ordonné de mettre en action un débarquement sur la côte sud de la Birmanie, nom de code « Dracula », qui avait pourtant été annulé. Les Japonais ne défendent pas Rangoon si bien que la ville est prise après un débarquement le 6 mai 1945. Fait rare, les prisonniers ont été libérés.
*Notons que le terme de perte, militairement parlant, compte tous ceux qui sont définitivement ou momentanément hors combat : tués, blessés, malades, prisonniers, disparus.
La Birmanie est sur le point d’être libérée et, sous l’urgence, les Britanniques ont opéré un virage en épingle dans leurs soutiens. Les Britanniques, depuis le début de la guerre, soutiennent des minorités de Birmanie pour combattre l’occupant japonais et aider à la libération. Dans l’urgence, le soutien britannique passe à l’autre camp : la majorité birmane, conduite sous le nom d’armée nationale birmane. Cette armée, ayant collaboré avec l’occupant, change de camp le 27 mars. Aung San, à la tête de cette armée, orchestre là un coup de maître : il se place en favori pour la prochaine indépendance du pays. En Indochine, c’est l’amiral Decoux qui est à la tête du gouvernement et qui a collaboré avec l’occupant. La chute de Vichy en France et de la Birmanie rend sa survie politique impossible. Des agents gaullistes sont entrés en Indochine et la résistance donne des renseignements aux Alliés. Le Japon décide d’envahir l’Indochine le 9 mars. L’armée française, surprise et mal équipée, est trop faible pour s’y opposer avec seulement 30 000 hommes. Surtout que les combats ne sont pas seulement franco-japonais mais aussi franco-français. Decoux déchu, le Japon proclame l’indépendance du Laos, du Cambodge et du Viêt-Nam. Cette proclamation est vide, seulement un coup marketing, mais donnera de la légitimité aux indépendantistes, ce qui aboutira à la guerre d’Indochine de 1946 à 1954 et se terminera par l’indépendance effective de ces pays.
Le 19 février commence la bataille d’Iwo Jima, une toute petite île au sud du Japon. 21 000 Japonais défendent la place et le lourd bombardement de l’île n’y changera pas grand-chose : les Marines connaissent encore une journée à l’opposé du fun. Ils sont bloqués sur la plage pendant une journée, sous des tirs croisés nippons d’artillerie et de snipers (un peu toi quand t’es dans les embouteillages mais avec un sérieux risque de mort soudaine). Le nettoyage de l’île se fera au prix de tous les Japonais (20 000 des 21 000 défenseurs tués, c’est ce qu’on appelle une annihilation) et de nombreux américains. Le lance-flamme est utilisé à cœur-joie. La bataille ne prend fin que le 26 mars avec une dernière attaque suicide japonaise (tellement classique qu’on est déçus). Après cette coûteuse victoire se profile bien pire à l’horizon : la bataille d’Okinawa.
Il est ici impératif de mentionner les naval construction battalions (NCBs), surnommés, d’après leur abréviation, les Seabees (« Abeilles de la mer »). Ces unités américaines, créées en mars 1942, construisent tout avec leurs hommes à tout faire. Au nombre de 325 000, ces hommes bâtiront, durant la guerre, 111 aérodromes, 441 embarcadères, 2 558 dépôts de munitions, quantités d’hôpitaux, de réservoirs (pour stocker l’essence), de bâtiments, de routes, de pontons, de pipelines … Tout le nécessaire pour assurer les bonds d’une île à la suivante. Leur rôle n’est pas à sous-estimer dans cette guerre. La lutte pour Iwo Jima est d’ailleurs menée principalement pour mieux bombarder le Japon. Cela nécessite des aérodromes, donc les Seabees. De manière générale, le Japon est désormais constamment sous les bombes. Le 9 mars, Tôkyô est bombardée avec des bombes incendiaires : les habitations japonaises sont, pour la plupart, faites de bois, c’est un massacre. La chaleur y est si infernale que lorsque des Japonais veulent se réfugier dans l’eau pour échapper aux flammes, ceux-ci bouillent littéralement. Nagoya est bombardée le 12, Osaka le 13, Kôbe le 17, Nagoya à nouveau le 18. En tout, ces bombardements représentent 49 km² de ville dévastés, plus de 38 000 morts. Cela au prix de 22 bombardiers B-29. Les Américains vont même jusqu’à manquer d’objectifs à bombarder. Bien d’autres villes seront ainsi bombardées et détruites.
En Europe, l’Armée rouge se met de nouveau en branle pour l’assaut final (mode rouleau compresseur activé). La bataille de Berlin commence le 16 avril 1945. Les maréchaux Koniev, Joukov et Rokossovsky (qui lui attaque au nord-est et non la capitale elle-même du fait de ses origines polonaises), alignent 1,5 million de soviétiques avec 6 000 blindés et canons d’assaut, 40 000 canons et mortiers, 7 000 avions. Berlin est défendue par des ombres d’unités allemandes, les jeunes fanatisés (Hitlerjugend), les plus vieux et les malades (Volkssturm) ainsi que les derniers fanatiques étrangers, parmi lesquels les Français de la SS Charlemagne (ça fait mal mais la ref histo est bien trouvée), les Anglais du SS British Free Corps, des Néerlandais du SS Nordland, des Baltes, des Espagnols, etc … Les Allemands combattent à 1 pour 15 hommes, 1 pour 30 chars … L’Armée rouge encercle la ville au prix de lourdes pertes et bombarde Berlin. 40 000 pièces d’artillerie sont disposées autour de la capitale allemande (pour te donner une petite idée, c’est une pièce tous les dix mètres : ça fait beaucoup).
Le 20 avril 1945, on fête le 56ème printemps de notre bon vieux Moustachu (haaaappy birthdaaaay ! Oh, des Soviétiques lol). Pour cadeau d’anniversaire, Hitler est abandonné par les hauts dignitaires nazis dans ce que l’on nomme « la fuite des faisans dorés » qui comptent se la couler douce en Amérique du sud (mojito à la main, accessoirement). Même Himmler, son horrible séide préféré, tente de se casser bien rapidement. Le 25 avril 1945, les festivités commencent : les Soviétiques entrent dans la ville. Les Allemands se défendent selon l’opération Clausewitz qui s’appuie sur les trois Flaktürme : d’énormes tours de DCA (Défense Contre Avions) de Berlin. Les rues sont fortifiées. Les Soviétiques auront bien du mal à en venir à bout. Les terribles combats de rue visent à se rapprocher du Führerbunker où se terre Hitler (pour lui souhaiter bon anniversaire et lui faire un bisou sur la joue certainement) et le Reichstag (le parlement), cible ultime.
Le 30 avril 1945, alors que commence l’attaque soviétique sur le Reichstag, Hitler se suicide dans son bunker (en compagnie de sa femme Eva Braun : ils viennent de se marier, une superbe lune de miel en enfer en perspective) vers 15h30 (et 12 secondes) avec une capsule de cyanure ET une balle dans la bouche (il fait pas les choses à moitié). Hitler voulait, de fait, éviter à tout prix le funeste destin de Mussolini, fusillé le 28 avril 1945 en Italie puis pendu par les pieds dans Milan pour que la population se déchaîne sur sa dépouille (un peu soupe-au-lait les Italiens). Hitler, pour cette raison, ordonne qu’on le brûle après son suicide. Goebbels est nommé chancelier à sa suite mais ne tarde pas à se suicider lui-même après que sa femme ait froidement empoisonné leurs 6 enfants dont les prénoms commencent tous par « H » en l’honneur, bien sûr, du Führer. Le grand Amiral Dönitz, l’un des derniers grands dignitaires, est nommé par le testament d’Hitler à sa suite en tant que président du Reich (je te cache pas que ça va être chaud de relever le pays Dönitz). L’amiral annonce la mort du Führer au combat (mais bien sûr !) le 1er mai. Le 2, les combats s’interrompent. Dönitz signe la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945.
Le groupe d’armées centre allemand résistera pourtant encore, il faudra lancer une dernière offensive, dite de Prague (car sur la ville de Prague, logique en fait) du 2 au 11 mai 1945.
Dans le Pacifique, les Etats-Unis attaquent maintenant Okinawa. Si Iwo Jima c’était déjà l’éclate, Okinawa est bien pire. Les Japonais savaient que les Américains devraient prendre Okinawa avant de lancer une attaque sur le Japon. Le Japon croit ici tenir son éternelle « bataille décisive ». Les défenses sont donc très solides (l’inverse de toi en soirée), tout est prêt. En trois lignes de défenses, du 1er avril au 22 juin 1945 (encore un 22 juin ! Ça alors !), les Japonais offrent une farouche résistance. Les Japonais lancent trois vastes contre-attaques les nuits du 12 au 14 avril. Pour des raisons évidentes d’effet de surprise, les Japonais retournent à la défensive après le 14. La ligne Machinato est arrachée par les ricains le 24 avril. C’était pourtant une balade de santé comparé à la ligne suivante : j’ai nommé la ligne Shuri. Celle-ci est mieux fortifiée et profite d’un avantage naturel. Les attaques Kamikazes pleuvent sur la flotte US qui croise au large. Par ailleurs, la Royal Navy s’est enfin jointe aux opérations malgré les réticences de l’amiral King (américain). Les pertes américaines sont lourdes.
Le 4 mai, voyant les ricains avancer à grand peine, les Japonais lancent une grande contre-offensive : la dernière grande offensive japonaise de la guerre, un superbe échec (ce genre d’excès de confiance calmé en règle). La mousson amène la boue et complique les choses. Les Américains font du surplace dans des conditions horribles. Le 29 mai, le château de Shuri est capturé, point clé de l’île. La ligne Shuri tombée, les Japonais se retranchent derrière leur dernière ligne : celle de Itoma. Les ricains lancent l’offensive le 4 juin. Les combats dans les grottes sont terribles. Pour y remédier, les Américains commencent à faire sauter les entrées des grottes, enterrant vivants les Japonais (c’est une astuce). Le 19 juin, la côte est atteinte. Une grande vague de suicides prend alors cours : soldats et civils japonais se donnent la mort (« Tiens, 15h ! C’est l’heure du suicide ! » une tradition somme toute un peu différente du limousin, entre nous). Le 22 juin 1945, la bataille prend fin. A savoir qu’Okinawa n’est pas à proprement parler une île japonaise. Ses habitants sont les Okinawans, la langue est différente… Les militaires japonais étaient ainsi d’autant plus enclins à y mener une bataille d’attrition. Le rôle des Kamikazes n’est pas à sous-estimer. Les Kamikazes, ou « vent divin », se jettent avec leurs appareils OU leurs navires (les navires aussi se suicident) sur les bâtiments de l’US Navy. Le terme de « vent divin » provient d’une tempête qui, par deux fois, avait sauvé le Japon d’une invasion mongole en 1274 et 1281, balayant la flotte mongole. En 1945, les Kamikazes infligent des pertes bien plus importantes à l’US Navy que ne le fait la Marine Impériale. L’amiral Spruance le dira lui-même : l’opération « Chrysanthème flottant », c’est-à-dire les attaques Kamikazes pendant la bataille d’Okinawa, ont provoqué « les plus grandes pertes navales jamais subies à ce jour ». De manière générale, on estime que 48% des navires endommagés et 21% des navires coulés de l’US Navy l’auraient été par les Kamikazes, occasionnant 6 830 tués et 9 931 blessés (chiffres difficiles à estimer), et ce en moins d’un an (!), faisant de ce « vent divin » l’arme japonaise la plus puissante de la guerre.
Les Japonais voulaient dégoûter les Américains d’attaquer l’île du Japon, c’est chose faite. L’opération Downfall, envisagée avec les deux plus grands débarquements de l’Histoire, n’aura pas lieu. Les estimations pessimistes de la prise du Japon font état de 800 000 pertes américaines et 10 millions de pertes japonaises (ce sont les estimations PESSIMISTES, j’insiste). Et il est vrai que le Japon manque de tout mais pas d’hommes. Dès lors, les deux bombes nucléaires sont presque un geste pour épargner des vies nippones … Non ? (Je déconne). Truman, qui a succédé à Roosevelt dans le bureau ovale, fera le choix décisif. Pour l’heure, si les Japonais ne veulent pas admettre la capitulation sans condition, c’est parce qu’ils pensent pouvoir faire de l’URSS leur médiateur. Truman fait une pause dans les bombardements. Mais Staline veut gagner du temps. Les choses traînent. Truman demande à Staline de déclarer la guerre au Japon pour en accélérer la reddition. Le président américain confie également à Staline qu’il est en possession d’une arme nouvelle qui pourrait bien mettre fin à la guerre. Et pour cause, les Américains travaillent depuis 1942 sur le projet Manhattan, qui a coûté 1,9 milliard de dollars et regroupé les plus brillants cerveaux. En 1944, alors qu’il est clair que le IIIe Reich ne pourra se doter de l’arme nucléaire (première motivation du projet Manhattan : devancer Hitler), le projet se poursuit. Le 16 juillet 1945, un premier test fructueux est fait au Nouveau-Mexique, c’est là la toute première bombe nucléaire qui explose. Staline n’est pas surpris par l’annonce de Truman : il a lui-même enclenché des recherches sur le sujet et se dotera finalement de la puissance nucléaire en 1949. La bombe nucléaire sera ainsi une bombe atomique et non une bombe diplomatique.
Les Japonais voulaient éviter une attaque américaine sur le Japon, ils auront deux bombes nucléaires à la place (outstanding move !). Les USA lancent un ultimatum en juillet : reddition sans condition du Japon. La population est pour (peu de gens aiment se faire bombarder avec des bombes incendiaires, demande aux Vietnamiens), les militaires sont contre. Ils veulent un meilleur accord. Surtout, l’empereur Hiro-Hito veut à tout prix sauvegarder son trône tandis que les militaires veulent conserver le principe du kokutai. Le kokutai représente le Japon sous la férule d’une monarchie et de l’armée. Ils utilisent le mot « mokusatsu » pour répondre à l’ultimatum. Ce mot se traduit par : « ignorer », « sans commentaire » mais aussi par « traiter avec un mépris silencieux ». Les deux bombardements nucléaires se font donc en partie sur un QUIPROQUO ! Le 6 août 1945, à 8h15, Hiroshima est bombardée par une unique bombe nucléaire, « Little Boy » (pour rire certainement), une bombe A (à l’uranium-235), bilan : 120 000 morts environ. Le 8 août 1945, l’URSS déclare officiellement la guerre au Japon et lance, le lendemain, une offensive éclair qui balaye les Japonais de l’armée du Kwantung en Manchourie. Le 9 août 1945, parce que les Japonais n’ont pas encore répondu qu’ils se rendaient et surtout pour leur montrer qu’ils en possèdent plus d’une, les USA réitèrent l’expérience : Nagasaki connait le feu nucléaire, la bombe à hydrogène, dite bombe H (au plutonium-239), « Fat Man », fait environ 70 000 morts (Les US ont plus de limite « As-tu une limite USA ? » « Non. » tu vois ?). On voit ici que les bombes atomiques n’ont pas fait bien plus de morts que les tapis de bombes incendiaires. Contrairement à ce qui est souvent écrit, la seconde bombe nucléaire n’avait pas vocation à impressionner l’URSS. Le feu nucléaire aurait-il pu être évité ? Très probablement. Etant donné l’entrée en guerre de l’URSS, le Japon aurait certainement jeté l’éponge. Truman voulait essayer sa nouvelle arme, comme toutes les inventions technologiques qui ont peuplé notre Histoire, elles suscitent d’abord la fascination, ensuite la crainte. Le 2 septembre 1945, le Japon capitule sans condition. Ainsi se termine la Seconde Guerre mondiale.
Sources (texte) :
Keegan, John (2009). La Deuxième Guerre mondiale. Paris : Perrin, 817p.
Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1941-1943. Paris : Tallandier, 448p.
Bernard, Nicolas (2015). La Guerre germano-soviétique, 1943-1945. Paris : Tallandier, 576p.
Bernard, Nicolas (2016). La Guerre du Pacifique, 1941-1945. Paris : Tallandier, 816p.
Lopez, Jean ; Wieviorka, Olivier (2015). Les mythes de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 350p.
Lopez, Jean ; Aubin, Nicolas ; Bernard, Vincent (2018). Infographie de la Seconde Guerre mondiale. Paris : Perrin, 192p.
Sources (images) :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/51/Easterneurope10.jpg (op Vistule-Oder)
https://westpoint.edu/sites/default/files/inline-images/academics/academic_departments/history/WWII%20Asia/ww2%2520asia%2520map%252033.jpg (bataille de Luçon)
https://weaponsandwarfare.com/2019/04/06/winning-the-burma-air-battle-and-breaking-the-ground-siege-at-imphal/ (campagne de Birmanie)
http://www.lecrayon.net/Le-blog/Histoire/LE-CRAYON-S-EMPARE-DE-LA-PHOTO-Joe-Rosenthal-ELEVATION-DU-DRAPEAU-sur-Iwo-Jima (drapeau US sur Iwo Jima)
http://www.pearltrees.com/bzh29/bataille-berlin/id6150660/item57177128 (bataille de Berlin)
http://www.pearltrees.com/bzh29/bataille-berlin/id6150660/item57177128 (Reichstag 1945)
https://rarehistoricalphotos.com/soviet-flag-reichstag-berlin-1945/ (drapeau soviet 1945)
http://nezumi.dumousseau.free.fr/japon/okinawab.htm (Okinawa 1945)
http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/carte/NAZICARTUSAS0001.jpg (guerre du Pacifique de 1942 à 1945)
https://www.the-declaration.org/2018/03/21/mysticism-magic-and-defense-technologies/ (bombes)